100 ans après, la «  Catastrophe de Smyrne » continue de hanter la Grèce

La Grèce commémore cette semaine le centenaire de ladite "Catastrophe de Smyrne" (Izmir en turc), le massacre et l'exode des centaines de milliers de Grecs en septembre 1922 chassés de la Turquie voisine. (AFP).
La Grèce commémore cette semaine le centenaire de ladite "Catastrophe de Smyrne" (Izmir en turc), le massacre et l'exode des centaines de milliers de Grecs en septembre 1922 chassés de la Turquie voisine. (AFP).
Short Url
Publié le Mardi 13 septembre 2022

100 ans après, la «  Catastrophe de Smyrne » continue de hanter la Grèce

  • Le 14 septembre est décrété comme jour de mémoire nationale des Grecs disparus en Asie Mineure
  • Cette semaine, des expositions, conférences, spectacles ou concerts sont prévus pour "1922", une année charnière pour le pays

ATHENES: La Grèce commémore cette semaine le centenaire de ladite "Catastrophe de Smyrne" (Izmir en turc), le massacre et l'exode des centaines de milliers de Grecs en septembre 1922 chassés de la Turquie voisine, l'une de plus douloureuses pages de l'histoire contemporaine du pays.

"Il y a cent ans, notre corps national perdait une part précieuse de lui-même en Asie Mineure, une tragédie indicible", a indiqué Kyriakos Mitsotakis le week-end dernier pour les  manifestations dédiées à cet évènement gravé dans la mémoire collective.

C'était après l'effondrement de l'Empire ottoman en 1918 et la fin de la première guerre mondiale que l'armée grecque tenta de reprendre les terres d'Asie mineure (côtes occidentales turques ndrl) perdues depuis plus de 500 ans et où habitait une importante minorité grecque parmi d'autres.

Mais en 1922, l'armée de Mustafa Kemal Atatürk inflige à la Grèce sa plus grande défaite et les populations grecques d'Anatolie en subissent les conséquences avec des exactions, des pillages, des viols dans les villages de la côte turque.

En revanche, en Turquie, l'offensive des forces kémalistes visant à expulser les soldats grecs, est fêtée comme une étape importante menant à la proclamation de la République de Turquie.

Du 13 au 17 septembre 1922, un incendie ravage la métropole cosmopolite de Smyrne, et se solde par l'expulsion des populations grecques de cette région, arrivées massivement en Grèce.

Le 14 septembre est décrété comme jour de mémoire nationale des Grecs disparus en Asie Mineure.

Cette semaine, des expositions, conférences, spectacles ou concerts sont prévus pour "1922", une année charnière pour le pays.

« La plaie reste ouverte »

"Nous avons été bercés par les histoires de nos grands-parents d'Asie Mineure, les souvenirs de leur paradis perdu", raconte Roula Chatzigeorgiou dont la grand-mère a fui les massacres et la destruction seule avec huit enfants. Les hommes étaient souvent envoyés dans des camps de travail forcé en Turquie.

"Cent ans après, la plaie reste ouverte. La peine transmise par les générations précédentes est toujours vivace", estime cette responsable du musée sur l'hellénisme d'Asie Mineure à Nea Philadelphia, l'une des banlieues athéniennes où étaient alors installés des réfugiés grecs.

Parmi eux, de nombreux commerçants, qui emportèrent avec eux des idées progressistes, la musique orientale, leur savoir-faire, la cuisine anatolienne.

Lors du recensement de 1928, 1,22 million de réfugiés d'Asie Mineure ont été enregistrés, un cinquième de la population grecque de l'époque.

Éparpillés dans un premier temps dans des tentes dans les rues, devant un temple antique, des bâtiments publics d'Athènes, ils finissent par être relogés dans des maisonnettes modestes.

"Ma mère avait huit ans quand elle est arrivée en Grèce. Son père avait été tué au palier de sa maison à Vourla (Urla en turc), sa plus jeune sœur de six mois était morte durant le voyage", relate la voix nouée la septuagénaire Despina Mogogiannis.

"A Athènes, l'accueil qui leur était réservé était glacial. Nous avons été perçus comme des réfugiés, des graines de Turcs", poursuit-elle.

« La Grèce n'est plus la même »

Après l'incendie de Smyrne, le traité de Lausanne en 1923 a fixé les frontières entre la Grèce et la Turquie et décrété un échange de populations entre les Grecs d'Anatolie et les Turcs de Thrace (nord-est de la Grèce).

"Après 1922, la Grèce n'est plus la même", explique Giannis Glavinas, historien et curateur de l'exposition "Je me rappelle 1922" au musée Technopolis de la mairie d'Athènes, ancienne usine à gaz où de nombreux exilés travaillaient.

"Les conséquences sont politiques, économiques, sociologiques, démographiques", poursuit-il.

Athènes et Ankara conservent toujours des relations tendues. "Nous avons un mot pour la Grèce: n'oubliez pas Izmir", a lancé la semaine dernière le président turc Recep Tayyip Erdogan accusant Athènes de violer son espace aérien.

Pour Rena Zalma dont la famille est originaire d'Anatolie, "ses propos ne peuvent provoquer que de la tristesse et attisent la haine entre des peuples qui vivaient jadis ensemble".

"Les tensions sont alimentées par les dirigeants. Mais les peuples se comprennent et se respectent", ajoute cette septuagénaire qui a visité la terre de ses ancêtres.

Mais pour Despina Mogogiannis, poser un pied en Asie Mineure est impossible.

Rien que d'en parler, elle laisse couler une larme: "Cette histoire m'a perturbée toute ma vie, mes enfants aussi. Quatre générations ont porté le poids de cette tragédie, nous n'aurons jamais droit à un pardon".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.