France: Goélands ou Fous de Bassan, la grippe aviaire tue aussi les espèces sauvages

Des fous de Bassan, une espèce d'oiseau marin connue localement sous le nom de "Fou de Bassan", reposent à côté d'un fou de Bassan mort sur l'île Rouzic au large de Perros-Guirec, en Bretagne, dans l'ouest de la France, le 15 septembre 2022. (AFP)
Des fous de Bassan, une espèce d'oiseau marin connue localement sous le nom de "Fou de Bassan", reposent à côté d'un fou de Bassan mort sur l'île Rouzic au large de Perros-Guirec, en Bretagne, dans l'ouest de la France, le 15 septembre 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 16 septembre 2022

France: Goélands ou Fous de Bassan, la grippe aviaire tue aussi les espèces sauvages

  • A plusieurs centaines de kilomètres au sud-ouest, sur l'île bretonne du Rouzic, dans l'ouest de l'Hexagone, ce sont des Fous de Bassan morts qui jonchent la côte. Par dizaines
  • L'influenza aviaire, grippe saisonnière qui frappe d'habitude à l'automne et en hiver, a entraîné l'abattage de près de 20 millions de volailles d'élevage en France entre novembre et septembre, un nombre record

SAINT-QUENTIN -EN-TOURMENT: Sur l'immense étendue de sable face à la Manche, un goéland titube. Son aile droite traîne au sol, symptôme d'une grippe aviaire fulgurante et à l'ampleur inédite en France, qui ne décime pas que les élevages, mais aussi des colonies entières d'oiseaux marins protégés.

A plusieurs centaines de kilomètres au sud-ouest, sur l'île bretonne du Rouzic, dans l'ouest de l'Hexagone, ce sont des Fous de Bassan morts qui jonchent la côte. Par dizaines.

L'influenza aviaire, grippe saisonnière qui frappe d'habitude à l'automne et en hiver, a entraîné l'abattage de près de 20 millions de volailles d'élevage en France entre novembre et septembre, un nombre record.

Outre le fait qu'elle a sévi hors saison, l'épizootie a également frappé cette année des espèces marines protégées, comme les sternes caugek et les goélands dans la Somme (nord) ou les Fous de Bassan en Bretagne, avec des conséquences potentiellement dévastatrices.

"En France, c'est la première fois qu'il y a une telle mortalité chez les oiseaux sauvages", assure à l'AFP Anne Van De Wiele, coordinatrice des actions sanitaires à l'Office français de biodiversité.

"C'est arrivé en pleine couvaison, alors que les poussins sont vulnérables et très contaminateurs", poursuit cette vétérinaire de formation.

Paralysie 

Au parc du Marquenterre, au coeur de la baie de Somme, les découvertes de cadavres, "par dizaines", ont commencé à la mi-mai, explique Philippe Kraemer, qui y est garde. "On a d'abord pensé à une pollution en mer."

"Nos collègues du Pas-de-Calais (nord) ont eux aussi constaté des morts et fait des recherches de botulisme, en vain. Du coup, on a demandé des analyses pour la grippe aviaire. Et chaque semaine, de mai à juillet, on a eu 100% de positifs", poursuit-il.

Dans la baie qui débouche sur les falaises de craie normandes, les mouettes rieuses, goélands argentés et sternes caugek s'ébattent par centaines, profitant du soleil rasant et de la vase fraîchement découverte par la marée.

Mais certains semblent anormalement apathiques. Une sterne, reconnaissable à sa crête noire sur un plumage blanc, vole de travers, manifestement touchée par un début de paralysie. Un goéland traine son aile folle.

"Dans 48 heures, il sera probablement mort", se désole M. Kraemer.

Les communes avoisinantes se sont organisées pour ramasser les cadavres afin d'éviter les contaminations. L'Office français de la biodiversité en récupère ponctuellement, pour suivre l'évolution géographique de la maladie et protéger les élevages.

"On est en pleine flambée, c'est une course contre la montre", explique Mme Van de Wiele.

Difficile de mesurer l'ampleur des dégâts sur les espèces les plus menacées: "Cela dépend de l'impact de la maladie sur les adultes reproducteurs", explique-elle.

«Désolant»

Pour les sternes, les goélands ou les mouettes, ce sont quelques milliers de cadavres qui ont été retrouvés pour chaque espèce. Chez les Fous de Bassan, près de la moitié des oiseaux semblent avoir succombé.

"Ça a commencé début juillet, avec la découverte d'un premier cadavre, en haut de Rouzic", dans l'archipel des Sept-îles, raconte Pascal Provost, agents de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

L'île, qui abrite en temps normal jusqu'à 19.000 couples d'oiseaux, est désormais complètement contaminée.

Durant le trajet d'une demi-heure qui la sépare du port de Ploumanac'h, en Bretagne, pas un Fou de Bassan en vol, ni même sur l'eau, comme il est portant coutume d'en voir à cette époque de l'année.

Un spectacle "inédit" et "désolant" pour M. Provost et son collègue Armel Deniau, sidérés par la vélocité de l'épizootie.

"Ça sera l'année prochaine, à la réinstallation de la colonie, qu'on va avoir une réelle idée de la perte des effectifs", précise M. Deniau, profondément inquiet de la disparition de "ce fleuron de notre biodiversité nationale".

En attendant, "face aux mortalités groupées observées dans l'avifaune sauvage sur le littoral nord de la France depuis mai 2022", le ministère français de l'Agriculture a appelé le 5 septembre à "une vigilance renforcée" et à l'application des règles de biosécurité.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".