Opérations militaires au Tigré: l'Ethiopie tente de rassurer face aux inquiétudes croissantes

Capture d'image d'une vidéo obtenue du radiodiffuseur public éthiopien (EBC) montrant le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. (AFP)
Capture d'image d'une vidéo obtenue du radiodiffuseur public éthiopien (EBC) montrant le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. (AFP)
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Publié le Vendredi 06 novembre 2020

Opérations militaires au Tigré: l'Ethiopie tente de rassurer face aux inquiétudes croissantes

  • Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit jeudi « profondément alarmé par la situation » au Tigré, soulignant que « la stabilité de l'Ethiopie est importante pour l'ensemble de la Corne de l'Afrique »
  • Il a appelé à une « désescalade immédiate des tensions » et à une « résolution pacifique » des différends entre Addis Abeba et les autorités du Tigré

GONDAR : L'opération militaire contre la région dissidente du Tigré (Nord) a des « objectifs limités », a assuré vendredi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, atténuant la rhétorique guerrière utilisée la veille par les deux camps, sur fond d'inquiétudes sur les conséquences d'un éventuel conflit hors de contrôle.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit jeudi « profondément alarmé par la situation » au Tigré, soulignant que « la stabilité de l'Ethiopie est importante pour l'ensemble de la Corne de l'Afrique ».

Il a appelé à une « désescalade immédiate des tensions » et à une « résolution pacifique » des différends entre Addis Abeba et les autorités du Tigré.

Les dirigeants de la région, issus du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), parti qui a, durant près de 30 ans et jusqu'à l'arrivée de M.Abiy en 2018, dominé les structures de pouvoir en Ethiopie, défient depuis plusieurs mois le gouvernement fédéral.

Prix Nobel de la paix en 2019, M. Abiy a annoncé mercredi le lancement d'opérations militaires au Tigré, justifiées par des attaques de bases militaires sur place, que le TPLF accuse le gouvernement d'avoir inventées.

« Les opérations (...) en cours dans le Nord de l'Ethiopie ont des objectifs clairs, limités et réalisables: rétablir l'Etat de droit et l'ordre constitutionnel, et protéger les droits des Ethiopiens à vivre paisiblement où qu'ils soient dans le pays », écrit M. Abiy sur Twitter.

M. Abiy dénonce « l'orgueil démesuré et l’intransigeance criminels du TPLF » qui a entravé les efforts du gouvernement de « résoudre pacifiquement ses différends » avec les autorités de la région.

Guerre « longue et sanglante »

Aucune information officielle n'est disponible sur les opérations en cours. La coupure des réseaux internet et téléphoniques au Tigré rendent extrêmement difficile de vérifier la situation sur place.

Des sources diplomatiques ont fait état d'activités militaires sur les principaux axes reliant le Tigré à la région frontalière Amhara, signalant des combats intenses et des tirs d'artillerie sur la route menant à Humera, aux confins du Soudan et de l'Erythrée.

Des mouvements de troupes sont aussi signalés dans la région Afar, également voisine du Tigré.

Jeudi, le général Berhanu Jula, chef d'état-major adjoint de l'armée éthiopienne, avait affirmé que l'Ethiopie était désormais « entrée en guerre » contre les autorités du Tigré.

Le président de la région Debretsion Gebremichael avait parallèlement déclaré qu'Addis Abeba avait déclenché « une guerre, une invasion » contre le Tigré.

Les récentes escalades militaire et verbale font désormais craindre un long conflit dévastateur, susceptible de menacer la stabilité déjà fragile du deuxième pays le plus peuplé du continent avec plus de 100 millions d'habitants.

L'International Crisis Group (ICG) a averti jeudi soir que si « elle n'est pas rapidement arrêtée, l'actuelle confrontation armée (...) sera dévastatrice, non seulement pour l'Ethiopie, mais pour la Corne de l'Afrique toute entière ».

« Une guerre, que de nombreux Ethiopiens craignaient possible mais espéraient n'arriver jamais, semble se dessiner », potentiellement « longue et sanglante », écrit également le centre de réflexion.

ICG rappelle que les autorités du Tigré peuvent compter sur « une importante force paramilitaire et une milice bien entraînée, dont les effectifs combinés sont estimés à 250.000 hommes » et « semblent bénéficier d'un soutien significatif des six millions de Tigréens ».

Pays mosaïque

Le conflit pourrait également mettre à l'épreuve l'unité d'un pays mosaïque éthnique, secoué récemment par des épisodes de violences communautaires, mais aussi la cohésion de l'armée, qui compte de nombreux officiers tigréens.

ICG craint également que le conflit finisse par impliquer l'Erythrée, frontalière du Tigré. Le pouvoir d'Asmara, avec qui M. Abiy a conclu une paix historique, est l'ennemi juré du TPLF qui dominait le pouvoir éthiopien durant la guerre frontalière meurtrière entre les deux pays (1998-2000).

Voisins de l'Ethiopie, « Djibouti, le Soudan et le Soudan du Sud nous ont répété que la paix et la sécurité de l'Ethiopie est aussi la leur », a souligné jeudi lors d'une conférence de presse le ministre éthiopien des Affaires étrangères Dina Mufti.

Le gouvernement a « informé la communauté internationale (...) nous leur avons dit que (...) le gouvernement a été entraîné dans cette situation », a-t-il ajouté.

Le TPLF accuse M. Abiy - un oromo, ethnie la plus importante en Ethiopie - d'avoir progressivement marginalisé la minorité tigréenne (6% de la population) au sein de la coalition au pouvoir, que le parti a depuis quittée, se positionnant de facto dans l'opposition.

Les tensions n'ont cessé de croître depuis la convocation en août pour le mois suivant d'élections régionales par le TPLF - qui a raflé la quasi-totalité des sièges - enfreignant le report par Addis Abeba de tous les scrutins en Ethiopie en raison du coronavirus.

 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.