Sobriété énergétique: après les promesses, la distribution attendue sur les actes

La maire de Paris, Anne Hidalgo (au centre), s'entretient avec le maire du 13e arrondissement, Jérôme Coumet, aux côtés des adjoints au maire, Ian Brossat (3e à gauche) et Dan Lert (2e à droite), et de l'architecte Philippe Roux (à droite), alors qu'elle visite un chantier de réhabilitation énergétique d'un immeuble, le 13 septembre 2022. (Photo par Emmanuel Dunand / AFP)
La maire de Paris, Anne Hidalgo (au centre), s'entretient avec le maire du 13e arrondissement, Jérôme Coumet, aux côtés des adjoints au maire, Ian Brossat (3e à gauche) et Dan Lert (2e à droite), et de l'architecte Philippe Roux (à droite), alors qu'elle visite un chantier de réhabilitation énergétique d'un immeuble, le 13 septembre 2022. (Photo par Emmanuel Dunand / AFP)
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Publié le Vendredi 23 septembre 2022

Sobriété énergétique: après les promesses, la distribution attendue sur les actes

  • Les célèbres Champs-Élysées entendent participer «aux efforts demandés aux Français» en matière de consommation d'énergie, en les éteignant à 23H45 contre 02H00 auparavant
  • LVMH, qui dit consommer en France autant qu'une ville de 150.000 habitants, s'est engagé à éteindre dès le mois d'octobre l'éclairage de ses 522 boutiques en France entre 22H00 et 07H00 du matin

PARIS : Réduction des éclairages, baisse de température: la distribution, du supermarché au groupe de luxe, s'est engagée à limiter sa consommation énergétique et le passage des paroles aux actes sera d'autant plus surveillé que ces enseignes sont souvent présentes dans la vie quotidienne des Français.

Des illuminations de Noël un (petit) peu moins lumineuses: les célèbres Champs-Élysées entendent participer «aux efforts demandés aux Français» en matière de consommation d'énergie, en les éteignant à 23H45 contre 02H00 auparavant, et une semaine plus tôt que les années précédentes. De quoi réduire leur consommation de 44%.

Les commerçants et enseignes de l'avenue sont également invités à éteindre leurs vitrines et écrans entre 22H00 et 07H00.

Ces mesures sont symboliques, de la part d'une avenue revendiquant d'être, «pour le monde entier», «une vitrine, celle de Paris, celle de la France», dixit Marc-Antoine Jamet, le président du Comité Champs-Élysées, qui rassemble 180 enseignes, bailleurs ou lieux de culture.

Ils sont d'ailleurs loin d'être les seuls à avoir pris ce genre de mesures. Récemment, le numéro un mondial du luxe, LVMH, qui dit consommer en France autant qu'une ville de 150.000 habitants, s'est engagé à éteindre dès le mois d'octobre l'éclairage de ses 522 boutiques en France entre 22H00 et 07H00 du matin, d'y baisser la température d'un degré en hiver et d'augmenter d'un degré le seuil de déclenchement de la climatisation en été.

– Flambée des factures –

Il s'agit aussi d'une nécessité pour des professionnels inquiets du «mur» à venir des factures d'électricité. «Le coût de l'énergie commence à faire paniquer» les commerçants, explique à l'AFP Yves Audo, propriétaire de magasins Intermarché dans le Pays basque et président du Conseil du Commerce de France (CDCF).

Cette organisation professionnelle, qui rassemble une trentaine de fédérations commerçantes, a publié mardi un «protocole» se projetant au-delà de l'hiver pour permettre aux commerces de réduire leur consommation d'énergie de 10% d'ici à fin 2024, conformément aux objectifs fixés par le gouvernement.

Baisse du chauffage «d'au moins un degré», ce qui représente 7% d'économie du budget chauffage, fermeture des portes extérieures «sous réserve de faisabilité technique et d'accessibilité des clients», diminution de l'éclairage...

Les fédérations professionnelles du commerce avaient été les premières à annoncer cet été des mesures pour faire face au «risque de pénuries d'approvisionnement électrique» cet hiver.

Mais ces annonces, notamment la fermeture des portes des magasins ou l'extinction des enseignes lumineuses le soir ont été accompagnées d'un certain scepticisme, cette dernière mesure notamment étant déjà obligatoire, mais pas toujours respectée, dans de nombreuses agglomérations françaises.

En outre, plusieurs municipalités ont dû prendre pendant les fortes chaleurs des arrêtés, voire verbaliser, pour empêcher les commerces de faire marcher la climatisation portes ouvertes. A Paris, «il y a eu sur l'été 150 verbalisations» de commerces à la suite de l'arrêté municipal sur le sujet, a indiqué jeudi à l'AFP l'adjoint (EELV) à la transition écologique Dan Lert.

Des décrets généralisant ces deux interdictions, promis par le gouvernement pour «la fin de l'été», sont toujours attendus.

– Exemplarité attendue –

En attendant, l'application par ce secteur très diversifié et fragmenté des mesures de réduction de la consommation énergétique sera observée. «Les clients des magasins ont critiqué les enseignes commerçantes qui climatisaient porte ouverte cet été», explique Dan Lert.

Le spécialiste de la grande distribution française Olivier Dauvers a lancé sur son blog un «observatoire des enseignes allumées la nuit», notant à Saint-Étienne, Chartres, Grasse ou Fougères, quel magasin de zone commerciale a bien éteint son enseigne... ou non.

Le mauvais élève y est pour l'instant une zone commerciale de Plan-de-Campagne, dans les Bouches-du-Rhône. Olivier Dauvers se dit toutefois «à peu près certain que ça va vite s'éteindre» quand les commerçants recevront les factures.

C'est aussi la conviction d'Yves Audo, du CDCF : «Beaucoup d'indépendants doivent prendre à leur compte les recommandations, mais on pense qu'il va y avoir un entraînement collectif, et que la notion d'exemplarité fait que ça ira très vite».

C'est aussi un enjeu d'image pour les enseignes, qui y sont très attentives.

Comme l'a synthétisé le président du comité stratégique des magasins E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, «ce ne serait pas honnête de demander au consommateur de faire preuve de sobriété si on n'est pas nous-mêmes exemplaires».


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.