Peut-on inverser le recul des progrès vers les objectifs mondiaux de l'ONU?

Le PDG de la Fondation Gates, Bill Gates, souhaite que l'aide immédiate et l'investissement dans la durabilité à long terme aillent de pair (Photo, AFP).
Le PDG de la Fondation Gates, Bill Gates, souhaite que l'aide immédiate et l'investissement dans la durabilité à long terme aillent de pair (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 septembre 2022

Peut-on inverser le recul des progrès vers les objectifs mondiaux de l'ONU?

  • Le philanthrope Bill Gates a déclaré dans un récent rapport que les 17 objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU, qui doivent être atteints d'ici 2030, ne sont pas sur la bonne voie
  • Mark Suzman, directeur général de la Fondation Gates, estime que l'investissement dans la durabilité à long terme doit aller de pair avec l'aide immédiate

NEW YORK: «L'objectif ne devrait pas simplement consister à fournir davantage d'aide alimentaire. Il devrait être de s'assurer qu'aucune aide n'est nécessaire en premier lieu», a écrit Bill Gates, le philanthrope et fondateur de Microsoft, dans un essai à l'occasion du lancement par sa fondation d'un nouveau rapport sur les objectifs de développement durable des Nations unies, publié en marge de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies.

L'initiative Goalkeepers a été lancée par la Fondation Bill et Melinda Gates en 2017 afin de réunir les dirigeants du monde entier dans le but d’accélérer les progrès vers la réalisation des ODD.

Les 17 objectifs mondiaux, fixés par l'ONU en 2015, visent à contribuer à l'élimination de la pauvreté et à l'amélioration des conditions de vie des populations du monde entier d'ici 2030.

Alors qu'il reste moins de huit ans pour atteindre les objectifs — qui concernent notamment l'éducation, l'égalité des sexes, l'énergie propre et l'élimination de la faim — le rapport des Goalkeepers indique que chaque indicateur des ODD n'est pas sur la bonne voie.

Au début du mois de septembre, ONU Femmes a publié un rapport indiquant qu'il faudrait 286 ans afin de parvenir à une égalité totale entre les sexes dans le système juridique mondial. Ce rapport montre également que 10 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences de la part de leur partenaire intime au cours de l'année passée.

«La vérité est que nous n'avons jamais été sur la bonne voie pour atteindre l'ODD 5, concernant l'égalité des sexes à l'échelle mondiale, d'ici 2030», a écrit Melinda Gates dans un essai publié par l'initiative Goalkeepers.

«Les experts en développement le savaient avant même de finaliser les objectifs. Mais aujourd'hui, à mi-chemin de notre échéance, les progrès restent lents, voire au point mort», a-t-elle écrit, ajoutant que l'inégalité économique est l'une des principales causes du manque de progrès.

Si vous cherchez profondément sous la métrique des «années pour l'égalité des sexes», vous verrez que l'inégalité économique est l'une de ces causes profondes. La Banque mondiale a indiqué que la différence entre les revenus attendus des femmes et des hommes au cours d'une vie s'élevait à 172,3 billions de dollars américains (1 dollar américain = 1,03 euro) dans le monde avant même la pandémie, soit deux fois le produit intérieur brut annuel de la planète», écrit Gates.

Tout en exposant les difficultés auxquelles se heurte la réalisation de ces objectifs — de la pandémie de la Covid-19 à la guerre en Ukraine — le rapport sur les ODD met en lumière les possibilités d'accélérer les progrès en préconisant un investissement à long terme dans des approches novatrices de manière à résoudre des problèmes tenaces tels que la pauvreté, les inégalités et le changement climatique.

Mark Suzman, directeur général de la Fondation Gates, a estimé que les revers subis par les objectifs peuvent «absolument être inversés», en utilisant des technologies et des outils différents, en particulier pour les objectifs liés au sexe, au climat et à la sécurité alimentaire.

«Nous ne devons pas nous contenter de ces trajectoires», a indiqué Suzman à Arab News lors d'une conversation en marge de l'AGNU.

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La Fondation Bill et Melinda Gates, dirigée par Mark Suzman, surveille les progrès réalisés dans le monde pour atteindre les objectifs de développement des Nations unies (Photo fournie).

Il a affirmé que le rapport n'est pas seulement «un message de réalisme sur l'état du monde», étant donné les chocs sans précédent de la pandémie et de la guerre en Ukraine, mais aussi «un message d'optimisme».

«Les objectifs de développement durable sont des engagements pris par tous les gouvernements du monde envers leurs propres citoyens. Il ne s'agit pas d'une sorte de vague campagne de la société civile», a-t-il assuré.

Zuzman a ajouté: «Il s'agit ici d'une déclaration officielle de solidarité mondiale partagée et nous avons tous appris ensemble à la dure ces dernières années que si nous ajoutons des ressources, nous pouvons accélérer d’une manière considérable les progrès dans les prochaines années.»

Le rapport révèle que les reculs actuels font suite à près de deux décennies de progrès mondiaux sans précédent, au cours desquelles on a assisté à des réductions annuelles de l'extrême pauvreté, de la mortalité infantile et à des améliorations de l'accès à l'éducation.

«Mais maintenant, avec la crise de la sécurité alimentaire et les chocs inflationnistes qui ont été aggravés par le conflit en Ukraine, nous avons eu les deux premières années de véritables revers où certaines de ces tendances se sont inversées», a avisé Suzman.

«Après avoir réduit de moitié l'incidence et la mortalité du VIH/sida au cours des 20 dernières années, nous avons soudainement constaté une nouvelle hausse. Après avoir réduit de moitié l'incidence et la mortalité causées par la malaria, nous avons constaté une nouvelle hausse. Nous avons vu des centaines, voire des dizaines de millions de personnes retomber dans l'extrême pauvreté. Et maintenant, nous assistons à ce choc massif d'insécurité alimentaire avec bien plus de 100 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire, du Yémen à l'Afghanistan, en passant par la Corne de l'Afrique», a-t-il expliqué.

«Et donc, tous ces éléments ne sont pas seulement un appel à l'action, mais une demande d'action pour inverser la tendance», a-t-il insisté, déplorant le manque d'engagement de nombreux pays pour inverser ces tendances et accélérer le chemin vers la réalisation des ODD.

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Le Sud-Soudan a été déclaré site de la première famine au monde depuis six ans, touchant environ 100 000 personnes. Plus de trois ans de conflit ont perturbé l'agriculture, détruit les stocks de nourriture et forcé les gens à fuir les attaques récurrentes (Photo, AFP).

Il faut agir dès maintenant, a maintenu Suzman, en utilisant des «outils extraordinaires», qu'il s'agisse de fournir aux femmes un accès financier numérique au système formel, ou de développer rapidement des cultures plus productives et des semences résistantes, plus durables face aux sécheresses qui provoquent une insécurité alimentaire massive.

Ces outils pourraient changer la vie des petits exploitants agricoles d'Asie du Sud et d'Afrique subsaharienne, deux régions qui ont été les plus touchées par le changement climatique, alors qu'elles contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre.

«Si les gouvernements et les autres partenaires, le secteur privé et la philanthropie étaient en mesure de répondre à l'échelle requise, nous pourrions voir ces tendances changer très rapidement», a jugé Suzman.

La Fondation Gates apporte «un ensemble très important d'engagements » liés à l'adaptation au climat — que Suzman appelle «l'enfant orphelin des discussions sur le climat» — à la conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2022, qui se tiendra en Égypte plus tard cette année.

La Fondation invitera le monde à donner la priorité aux investissements à long terme dans l'agriculture et l'adaptation au climat afin de répondre aux besoins des communautés les plus pauvres, tels que la santé des sols, les outils d'irrigation et les services de vulgarisation pour les agriculteurs, «car nous pouvons et nous avons les atouts disponibles pour aider à générer l'autosuffisance dans ces régions. C'est éminemment possible, même dans le contexte du changement climatique.»

«Cela doit se faire maintenant. Il ne peut s'agir d'une énième promesse vide de sens pour des ressources qui viendront dans l'abstrait dans un, deux, trois ou cinq ans.»

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Les talibans ont ordonné la fermeture des écoles secondaires de filles en Afghanistan le 23 mars, quelques heures seulement après leur réouverture, suscitant confusion et désarroi face à ce revirement de politique de la part du groupe radical (Photo, AFP).

Les propos de Suzman font écho à ceux de l'envoyé spécial de la Somalie pour la lutte contre la sécheresse, Abdirahman Abdichakur, qui a déclaré à Arab News en début de semaine qu'il ne voulait pas «frapper à nouveau aux portes dans cinq ans ou jamais».

Bien qu'il appelle à une aide humanitaire immédiate pour sauver des vies et éviter une famine causée par la sécheresse dans son pays, il plaide également en faveur de solutions à long terme adaptées au climat pour les agriculteurs somaliens afin de leur permettre une plus grande autosuffisance.

«Si nous n'investissons qu'un milliard de dollars par an dans la recherche agricole, mais 10 milliards de dollars par an dans l'aide humanitaire, cela est une erreur», a affirmé Suzman.

«Les outils, la technologie et la possibilité d'utiliser une irrigation et des engrais ‘plus réfléchis’ sont disponibles aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Le Fonds pour les vies et les moyens d'existence, un partenariat entre la Fondation Gates et la Banque islamique de développement, dont l'Arabie saoudite est un partenaire clé, a investi plus de 1,4 milliard de dollars dans ces outils au cours des dernières années.

Cela a contribué à développer une production nationale de riz plus résiliente en Guinée, qui doit servir de modèle à plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest — la plus grande région importatrice de riz au monde — qui, selon Suzman, devraient être en mesure de cultiver leur propre riz. 

S'exprimant sur le travail de la Fondation Gates au Moyen-Orient, Suzman a soutenu: «Nous avons travaillé, par exemple, sur l'élimination de la polio, l'Afghanistan et le Pakistan étant les derniers pays où le poliovirus est largement endémique, et les inondations actuelles au Pakistan constituent un profond défi à cet égard.»

Lors de la septième conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et la malaria, organisée par le président américain, Joe Biden, à New York le 21 septembre, les donateurs ont promis 14,25 milliards de dollars pour mettre fin à la propagation des trois maladies, avec des «contributions généreuses» de plusieurs pays du Golfe.

«Notre principal partenariat avec le Moyen-Orient consiste à tirer parti de certaines des ressources logistiques et financières du Moyen-Orient pour nous aider dans notre travail dans le monde islamique et, plus largement, dans certains de ces efforts mondiaux », a conclu Suzman.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.