Iran: 35 morts dans la répression de manifestations, plus de 700 interpellations

Des Iraniens défilent lors d'un rassemblement pro-hijab dans la capitale Téhéran le 23 septembre 2022. (AFP)
Des Iraniens défilent lors d'un rassemblement pro-hijab dans la capitale Téhéran le 23 septembre 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 26 septembre 2022

Iran: 35 morts dans la répression de manifestations, plus de 700 interpellations

  • Des centaines de manifestants ont été appréhendés. Dans le nord du pays, le chef de la police de la province de Guilan a annoncé l'arrestation de «739 émeutiers parmi lesquels 60 femmes»
  • De son côté, le Comité pour la protection des journalistes a indiqué que 11 journalistes avaient été arrêtés en Iran depuis lundi

PARIS: Au moins 35 personnes ont été tuées et des centaines arrêtées en Iran en huit nuits de manifestations déclenchées par la mort d'une jeune femme arrêtée par la police pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire de la République islamique.

Les autorités nient toute implication dans la mort de Mahsa Amini, 22 ans, et fustigent les manifestants, qualifiés d'"émeutiers" ou de "contre-révolutionnaires", qui crient leur colère chaque soir à travers l'Iran depuis le 16 septembre.

"La télévision d'Etat a annoncé vendredi soir que le nombre de personnes décédées lors des récentes émeutes dans le pays est passé à 35 personnes", contre 17 selon un précédent bilan, a rapporté samedi l'agence de presse Borna News.

Mais le bilan risque d'être plus lourd, l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, faisant état vendredi d'au moins 50 morts dans la répression des manifestations.

«Groupes contre-révolutionnaires»

Pendant huit nuits de suite, des manifestants ont affronté les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles à la République islamique dans la capitale Téhéran, à Ispahan et Qom (centre), Machhad (nord) et dans des dizaines d'autres villes du pays, selon des médias et des militants.

Des centaines d'entre eux ont été appréhendés. Rien que dans la province de Guilan (nord), "739 émeutiers parmi lesquels 60 femmes" ont été arrêtés, a indiqué son chef de la police, selon l'agence de presse Tasnim.

De son côté, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux Etats-Unis, a indiqué que 11 journalistes avaient été arrêtés en Iran depuis le 19 septembre.

Mahsa Amini, originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest),a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran, pour "port de vêtements inappropriés", par la police chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l'hôpital.

En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et le corps jusqu'en dessous des genoux et ne doivent pas porter des pantalons serrés ou des jeans troués.

En disant se baser sur des témoins, des vidéos et des avis médico-légaux, le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi a réaffirmé vendredi soir que Mahsa Amini n'avait pas été frappée par les forces de l'ordre, comme l'affirment ses proches.

Il a dit que le gouvernement enquêtait sur la cause de sa mort. "Il faut attendre l'avis définitif du médecin-légiste, ce qui prend du temps", a-t-il précisé.

M. Vahidi a accusé les manifestants de "suivre les Etats-Unis, les pays européens et les groupes contre-révolutionnaires".

Son ministère a promis samedi qu'il continuerait à "faire face aux émeutes (...) en respectant toutes les règles juridiques et islamiques".

En riposte à ces manifestations, le gouvernement a mobilisé vendredi plusieurs milliers de personnes, qui ont défilé à travers l'Iran pour défendre le port obligatoire du voile et fustiger les "émeutiers".

Mais de nouvelles manifestations nocturnes avaient eu lieu quelques heures plus tard, des vidéos en ligne montrant des scènes de violence à Téhéran et dans d'autres grandes villes comme Tabriz (nord-ouest).

Tirs «délibérés»

Certaines images montrent les forces de sécurité tirant sur des manifestants non armés à Piranshahr, Mahabad et Urmia (nord-ouest).

Une vidéo, partagée par IHR sur les réseaux sociaux, montre un homme en uniforme militaire tirant avec un fusil d'assaut AK-47 vers des manifestants à Téhéran.

Amnesty International accuse les forces de sécurité de tirer "délibérément (...) à balles réelles sur des manifestants", appelant à une "action internationale urgente pour mettre fin à la répression".

Amnesty s'est en outre inquiétée de la "panne d'Internet délibérément imposée" en Iran où les connexions sont toujours très perturbées, avec le blocage de WhatsApp et Instagram.

L'organisation kurde de défense des droits humains Hengaw a de son côté affirmé que des manifestants avaient pris le contrôle de certaines parties de la ville de Oshnaviyeh (nord-ouest).

Des vidéos montrent des protestataires marcher en faisant le signe de la victoire et l'ONG dit redouter une répression dans cette ville kurde.

L'autorité judiciaire a reconnu que des "émeutiers (y) avaient attaqué trois bases des Bassidjis", en référence aux miliciens islamiques. Mais elle a démenti, selon son agence, que les forces de sécurité aient perdu le contrôle d'Oshnaviyeh.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a promis samedi d'agir de façon "décisive" contre les manifestants dans un appel téléphonique à la famille d'un bassidj tué à Machhad, selon l'agence officielle Irna.


L’Arabie saoudite et la France signent un programme de coopération culturelle

Les parties ont signé un programme exécutif de coopération culturelle entre le ministère de la Culture et le Grand Palais, représenté par le ministère français de la Culture. (SPA)
Les parties ont signé un programme exécutif de coopération culturelle entre le ministère de la Culture et le Grand Palais, représenté par le ministère français de la Culture. (SPA)
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  • La rencontre s’inscrivait dans le cadre de la visite officielle du prince en France pour renforcer la coopération culturelle existante entre les deux pays

PARIS : Le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, a rencontré jeudi la ministre française de la Culture, Rachida Dati, au Château de Versailles, en marge du concert « Orchestral Masterpieces ».

Cette rencontre faisait partie de la visite officielle du prince en France, visant à renforcer la coopération culturelle entre les deux pays, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Les deux parties ont signé un programme exécutif de coopération culturelle entre le ministère saoudien de la Culture et le Grand Palais, représenté par le ministère français de la Culture.

La réunion a porté sur les relations culturelles dans divers secteurs, notamment la musique, le cinéma, le patrimoine, les musées, la mode, les bibliothèques, le théâtre et les arts visuels. Elle a également permis d’activer le programme exécutif entre la Commission saoudienne du cinéma et le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) pour développer des méthodes éducatives dans le domaine du cinéma.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: l'armée va mettre en oeuvre le plan de désarmement du Hezbollah, annonce le gouvernement

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, salue à son arrivée au palais présidentiel de Baabda, le 5 septembre 2025, lors d'une réunion du cabinet pour discuter d'un plan de l'armée visant à désarmer le groupe musulman chiite Hezbollah. (AFP)
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, salue à son arrivée au palais présidentiel de Baabda, le 5 septembre 2025, lors d'une réunion du cabinet pour discuter d'un plan de l'armée visant à désarmer le groupe musulman chiite Hezbollah. (AFP)
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  • L'armée libanaise va entamer la mise en œuvre d’un plan de désarmement du Hezbollah, sur décision du gouvernement, malgré le boycott des ministres chiites
  • Des bombardements israéliens sur le sud du Liban compliquent la mise en œuvre, alors que le parti chiite exige un retrait israélien préalable

BEYROUTH: L'armée libanaise va entamer l'application de son plan pour désarmer le Hezbollah, a indiqué le ministre de l'Information, Paul Morcos, à l'issue d'une réunion vendredi du gouvernement consacrée à cette épineuse question qui divise le pays.

En août, sous la forte pression des Etats-Unis et la crainte d'une intensification des bombardements israéliens au Liban, le gouvernement de Nawaf Salam a ordonné à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le mouvement chiite pro-iranien d'ici la fin de l'année.

Le Hezbollah s'oppose à son désarmement accusant les autorités de faire le jeu d'Israël et des Etats-Unis, et les discussions du gouvernement sur la question ont une nouvelle fois été boycottées par les ministres chiites, notamment ceux du Hezbollah et de son allié Amal.

M. Morcos a déclaré que le gouvernement saluait les mesures proposées par l'armée pour "mettre en œuvre la décision d'étendre l'autorité de l'Etat par ses propres forces et de limiter la détention d'armes aux autorités légitimes".

Répondant aux questions des journalistes, il a affirmé que "l'armée libanaise allait entamer la mise en oeuvre du plan (de désarmement du Hezbollah), mais dans la limite des moyens disponibles, qui sont restreints sur les plans logistique, matériel et humain".

Le gouvernement a décidé de garder les détails du plan "secrets", selon la déclaration lue par le ministre, ajoutant que l'armée "présenterait au gouvernement un rapport mensuel sur la question".

- "Une nouvelle ère" -

Selon les médias locaux, les cinq ministres chiites du cabinet, parmi lesquels des représentants du Hezbollah et du mouvement Amal, son allié, ont quitté la réunion à l'arrivée du chef de l'armée pour présenter son plan.

Ce n'est pas la première fois qu'ils se retirent des discussions sur le sujet. Le président du Parlement et chef d'Amal, Nabih Berri, avait appelé dimanche à un "dialogue calme et consensuel".

Le Hezbollah est la seule faction à avoir conservé ses armes au sortir de la guerre civile (1975-1990). Après avoir dominé la vie politique au Liban pendant de nombreuses années, il est sorti très affaibli d'un conflit de plus d'un an contre Israël, dont deux mois de guerre ouverte de septembre à novembre 2024. Une partie de son arsenal a été détruite et sa direction décimée.

Avant la réunion du gouvernement vendredi, des panneaux représentant Nawaf Salam et le président Joseph Aoun ont été placardés dans des rues de Beyrouth avec la légende: "Nous sommes tous avec vous. Une armée (...) un Etat. Une nouvelle ère pour le Liban".

Dans la capitale, Raseel, une femme au foyer qui n'a pas souhaité donner son nom, estime que "seule l'armée peut protéger le pays" désormais après que le Hezbollah "a fait ce qu'il pouvait".

Mais Ali Khalil, 20 ans, employé dans un restaurant, craint que si le gouvernement décide "de saisir les armes, il y aura une confrontation".

Le gouvernement affirme que le désarmement du Hezbollah est prévu dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement chiite, négocié par les Etats-Unis et entré en vigueur le 27 novembre 2024.

L'accord est basé sur une résolution de l'ONU stipulant que le port d'armes est réservé aux forces de sécurité et à l'armée libanaises.

- Bombardements israéliens -

Il prévoit aussi que seules l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU soient déployés dans le sud du pays, à la frontière avec Israël, y excluant la présence à la fois du Hezbollah et de l'armée israélienne.

Mais celle-ci maintient toujours des troupes dans le sud du Liban et mène régulièrement des attaques, principalement contre des sites et des cadres du Hezbollah.

La réunion du gouvernement s'est tenue au moment où les bombardements israéliens se sont intensifiées ces deux derniers jours, faisant au moins cinq morts, selon Beyrouth.

"Israël tente de faire passer le message que seules des actions concrètes de désarmement, et non des promesses, seront efficaces", estime David Wood, analyste à l'International Crisis Group.

M. Morcos a souligné que le commandant de l'armée avait évoqué des "restrictions" à la mise en œuvre du plan, notamment les "attaques israéliennes."

Tout en condamnant les attaques israéliennes, les autorités libanaises insistent sur un désarmement du Hezbollah, fondé et financé par l'Iran, ennemi juré d'Israël.

Mercredi, le mouvement a réitéré son refus de désarmer. Il conditionne toute discussion sur ses armes à un retrait israélien du sud du Liban, à l'arrêt des attaques israéliennes, à la libération de prisonniers et au lancement de la reconstruction.


L’ONU relance le sommet sur la solution à deux États, à l’initiative saoudo-française

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  • « La reprise de la conférence constitue un engagement substantiel de la communauté internationale à agir avec détermination, cohérence et responsabilité », déclare l’envoyé saoudien
  • Israël et les États-Unis rejettent la décision, qualifiant l’initiative de politiquement motivée et nuisible aux efforts de paix

NEW YORK: L’Assemblée générale des Nations Unies a voté vendredi en faveur de la reprise, le 22 septembre, d’un sommet international de haut niveau sur la solution à deux États, relançant ainsi un processus suspendu cet été en raison de la recrudescence des violences au Moyen-Orient.

La décision fait suite à une proposition conjointe de l’Arabie saoudite et de la France, adoptée malgré les vives objections d’Israël et des États-Unis, qui se sont tous deux désolidarisés de la résolution, dénonçant une initiative politiquement motivée et nuisible aux efforts diplomatiques.

La Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine avait été initialement convoquée lors de la 79e session de l’Assemblée générale, avant d’être suspendue le 30 juillet. Elle reprendra désormais dans le cadre de la 80e session, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, soulignant ainsi, selon ses partisans, l’urgence d’une mobilisation internationale en faveur d’une paix juste et durable entre Israël et la Palestine.

Prenant la parole avant le vote, le représentant saoudien auprès de l’ONU, Abdulaziz Alwasil, s’exprimant au nom de Riyad et de Paris, a affirmé que l’initiative ne visait aucun camp en particulier, mais qu’elle était « le reflet de notre engagement commun à respecter le droit international et les résolutions pertinentes de l’ONU ».

Il a ajouté : « La situation sur le terrain en Palestine n’a jamais été aussi critique. L’escalade de la violence, l’aggravation de la souffrance humanitaire et l’effondrement de l’espoir d’une paix durable soulignent l’urgence de notre responsabilité collective.

Ce processus ne peut pas rester en suspens. La reprise de la conférence est un engagement concret de la communauté internationale à agir avec détermination, cohérence et responsabilité. »

Israël a rejeté la décision, accusant les soutiens de la proposition de « manœuvres procédurales » et dénonçant un manque de transparence dans son élaboration.

« Ce n’est pas une véritable tentative de paix, mais une mise en scène, une opération de communication », a déclaré le représentant israélien.

« Loin de favoriser la paix, cela risque de prolonger la guerre, d'encourager le Hamas et de saper les véritables efforts diplomatiques. »

Le représentant a averti que de telles initiatives envoient un mauvais signal aux groupes militants, soulignant que des organisations terroristes comme le Hamas ont salué ces gestes internationaux, les interprétant comme une validation de leurs tactiques.

Les États-Unis ont également exprimé leur opposition formelle à la décision de l’Assemblée générale, estimant que la conférence, ainsi que la résolution qui l’impose, manquent de légitimité.

« Nous avons été surpris et consternés de voir cette proposition ajoutée à l’ordre du jour seulement hier », a déclaré le représentant américain, critiquant le manque de transparence concernant le texte, son calendrier et ses implications budgétaires.

Qualifiant la reprise du sommet de « coup médiatique malvenu », l’envoyé a averti que la conférence risquait de renforcer le Hamas et de prolonger le conflit, affirmant que Washington n’y participerait pas.

« C’est une insulte aux victimes du 7 octobre », a-t-il ajouté, en référence aux attaques menées par le Hamas en 2023.

« Nous restons engagés dans une diplomatie sérieuse, pas dans des conférences mises en scène pour donner une illusion de pertinence. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com