En Bulgarie, des russophiles célèbrent Poutine

La guerre en Ukraine n'a pas ébranlé les convictions des russophiles bulgares, qui se sont rassemblés dimanche dans le centre du pays dans une ambiance festive. (Photo, AFP)
La guerre en Ukraine n'a pas ébranlé les convictions des russophiles bulgares, qui se sont rassemblés dimanche dans le centre du pays dans une ambiance festive. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 25 septembre 2022

En Bulgarie, des russophiles célèbrent Poutine

La guerre en Ukraine n'a pas ébranlé les convictions des russophiles bulgares, qui se sont rassemblés dimanche dans le centre du pays dans une ambiance festive. (Photo, AFP)
  • Dans cet Etat pauvre des Balkans qui a rejoint l'Otan en 2004 et l'UE en 2007, de nombreux habitants, nostalgiques du régime communiste, regardent encore vers l'Est
  • Cette fête se tient habituellement au bord du lac Koprinka. Mais cette année, la maire de la commune, Galina Stoïanova, a refusé d'accueillir l'événement vu le contexte international

KALOFER: Chanson Kalinka, drapeaux russes et tee-shirts à l'effigie de Poutine: la guerre en Ukraine n'a pas ébranlé les convictions des russophiles bulgares, qui se sont rassemblés dimanche dans le centre du pays dans une ambiance festive. 

Dans cet Etat pauvre des Balkans qui a rejoint l'Otan en 2004 et l'UE en 2007, de nombreux habitants, nostalgiques du régime communiste, regardent encore vers l'Est. 

Hristo Ganev, chauffeur de 60 ans, est arrivé sur place en tout début de matinée. 

Sur les stands proposant toutes sortes de produits à la gloire de la Russie, des casquettes aux tasses de thé, il a acheté un tee-shirt frappé du "Z" de l'offensive en Ukraine, avec le dessin d'un soldat armé jusqu'aux dents. 

"Sans la Russie, la Bulgarie n'aurait pas existé", dit-il à l'AFP, en référence notamment à la guerre russo-turque de 1877-1878, qui a mis fin à cinq siècles de domination ottomane. 

Marié à une Russe qu'il a rencontrée quand il travaillait en Sibérie à la fin des années 1980, cet homme à la carrure imposante défend la politique du président Vladimir Poutine, convaincu qu'il "combat le nazisme". 

Il se déclare même "favorable à une guerre nucléaire, si c'est le prix à payer pour se libérer de la domination américaine". 

« Aimer la Russie comme sa sœur » 

Cette fête se tient habituellement au bord du lac Koprinka. Mais cette année, la maire de la commune, Galina Stoïanova, a refusé d'accueillir l'événement vu le contexte international. 

Et c'est à une demi-heure de route de là, dans un site montagneux surplombant la ville de Kalofer, que les participants se sont retrouvés. 

"C'est le seul rassemblement libre dans le monde", se félicite Nikolaï Malinov, responsable d'un parti rassemblant les russophiles bulgares. 

Il oeuvre pour une association internationale, idée approuvée selon lui par le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov qu'il a rencontré en personne début septembre à Moscou. 

Accusé en 2019 d'espionnage en faveur de Moscou, M. Malinov a été décoré la même année de l'Ordre de l'amitié par Vladimir Poutine. 

"Pour les Bulgares, aimer la Russie, c'est comme aimer sa soeur, sa mère", a-t-il lancé dimanche, sous les applaudissements de la foule. 

Parmi les plus jeunes venus au rassemblement, le président d'une formation de la jeunesse communiste, Gueorgui Ivanov, 17 ans, emmitouflé dans un drapeau en l'honneur de Staline. 

"J'apprécie les régimes autoritaires parce qu'ils garantissent l'unité sans se soucier des minorités ethniques et sexuelles", argue ce lycéen, peu ému par les accusations de crimes de guerre qu'auraient commis Moscou en Ukraine. 

Impasse politique 

A ses côtés, Veneta, une septuagénaire qui n'a pas voulu donner son nom de famille, porte une banderole défendant les "référendums" d'annexion à la Russie menés dans quatre régions ukrainiennes... et souhaite le même sort à la Bulgarie. 

Les deux pays partagent des langues proches, l'alphabet cyrillique et le christianisme orthodoxe. Et sous la dictature communiste, Sofia était considéré comme l'allié le plus fidèle de Moscou. 

Les Bulgares sont encore près de la moitié à juger que la Russie n'est pas responsable de la situation actuelle et nombreux sont ceux qui s'opposent à la livraison d'armes à Kiev, selon un sondage Eurobaromètre effectué en avril. 

A une semaine de nouvelles élections législatives dans ce pays meurtri par les crises politiques, on regrette la stabilité passée. 

Pour Tatiana Ivanova, une Russe de 66 ans qui vit depuis 40 ans en Bulgarie, "il est fâcheux que les Bulgares, largement russophiles, se laissent gouverner par une poignée de pro-occidentaux". 

Dans son viseur, l'ancien Premier ministre libéral Kiril Petkov, pro-européen convaincu. Vainqueur du dernier scrutin de novembre 2021, son cabinet a été renversé par une motion de censure en juin. 

Dimanche, il tentera de revenir au pouvoir. Mais la tâche paraît ardue: le conservateur Boïko Borissov, qui a dirigé le pays quasiment sans interruption de 2009 à avril 2021, est donné gagnant même s'il aura du mal à former une coalition, de l'avis des analystes. 

Après quatre votes en un an et demi, ils pronostiquent déjà un retour aux urnes dans les mois à venir. 


Inde: les pilotes rejettent les premières conclusions sur l'accident du vol 171 d'Air India

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.  Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad. Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
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  • L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB
  • Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue

NEW DELHI: Deux associations de pilotes de ligne indiens ont vivement rejeté les résultats préliminaires de l'enquête sur l'accident du Boeing 787 d'Air India le 12 juin dans le nord-est de l'Inde, qui suggèrent la possibilité d'une erreur humaine.

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.

Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts.

Le document de l'AAIB ne tire pour l'heure aucune conclusion ni ne pointe aucune responsabilité .

L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB.

Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue.

"Nous avons le sentiment que l'enquête suit une piste qui présume la responsabilité des pilotes et nous nous y opposons fermement", a réagi l'Association des pilotes de ligne indiens (ALPA).

L'ALPA, qui revendique 800 membres, a regretté le "secret" qui entoure l'enquête et regretté de ne pas y être associée en tant qu'"observatrice".

Une autre organisation, l'Association des pilotes commerciaux indiens (ICPA), s'est pour sa part déclarée "très perturbée par ces spéculations (...) notamment celles qui insinuent de façon infondée l'idée du suicide d'un pilote".

"Une telle hypothèse n'a aucune base en l'état actuel de l'enquête", a poursuivi l'ICPA en réaction aux propos d'experts suggérant que la catastrophe pourrait être le fruit du suicide d'un pilote.

La catastrophe aérienne, la plus meurtrière depuis 2014 dans le monde, a causé la mort de 241 passagers et membres d'équipage du Boeing 787, ainsi que 19 autres personnes au sol.

Un passager a miraculeusement survécu.

 


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".