Nord Stream: Une 4ème fuite, l'Otan dénonce des sabotages «irresponsables»

Ci-dessus, fuites de gaz sur le gazoduc Nord Stream 2 (Photo, Commandement de la défense danoise via AFP).
Ci-dessus, fuites de gaz sur le gazoduc Nord Stream 2 (Photo, Commandement de la défense danoise via AFP).
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Publié le Vendredi 30 septembre 2022

Nord Stream: Une 4ème fuite, l'Otan dénonce des sabotages «irresponsables»

  • «Il y a deux fuites côté suédois et deux fuites côté danois», a déclaré un responsable de l'autorité suédoise
  • L'Otan a dénoncé des actes de sabotage «délibérés, inconsidérés et irresponsables», et assuré que l'Alliance atlantique se défendrait

STOCKHOLM: Une quatrième fuite a été révélée jeudi sur les gazoducs Nord Stream en mer Baltique, visés selon l'Otan par des actes de sabotage "irresponsables", Moscou se retranchant derrière la nécessité d'une "enquête.

Lors d'un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le président russe "a donné son point de vue sur cet acte de sabotage sans précédent, en réalité un acte de terrorisme international", a affirmé dans la soirée le Kremlin dans un communiqué.

Les dégâts provoqués sur ces installations stratégiques entre la Russie et l'Allemagne, sur fond de conflit en Ukraine et de tensions entre la Russie et les Occidentaux, doivent être au centre d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU vendredi à New York, réclamée mercredi précisément par la Russie, au moment même où elle faisait l'objet de toutes les suspicions.

Sans attendre, l'Otan a dénoncé jeudi des sabotages "délibérés et irresponsables", et laissé transparaître ses soupçons en faisant valoir sa volonté de se défendre contre toute attaque "hybride" utilisant le "levier de l'énergie".

La Russie, qui a pointé avec insistance mercredi l'hostilité affichée des Etats-Unis à Nord Stream, a observé que le sabotage supposait "l'implication d'un Etat", et affirmé vouloir une "enquête urgente".

La quatrième fuite, en zone suédoise, révélée par les gardes-côtes suédois, s'ajoute aux trois déjà connues dans cette partie de la Baltique, deux du côté danois et une du côté suédois, qui provoquent d'importants bouillonnements à la surface.

Consécutives à des explosions suspectes lundi, ces fuites se trouvent dans les eaux internationales au large de l'île danoise de Bornholm mais dans les zones économiques exclusives respectives des deux pays scandinaves.

Les gardes-côtes suédois n'ont pas pu préciser dans l'immédiat pourquoi le signalement de cette nouvelle fuite avait lieu tardivement, mais ils ont précisé que les deux fuites du côté suédois étaient situées "à proximité" l'une de l'autre.

Ils n'étaient toutefois pas en mesure de confirmer des informations de médias suédois selon lesquelles cette nouvelle fuite était située au-dessus du gazoduc Nord Stream 2.

Guerre «hybride»

L'Otan a dénoncé des actes de sabotage "délibérés, inconsidérés et irresponsables", et assuré que l'Alliance atlantique se défendrait "face à l'utilisation, à des fins coercitives, du levier de l'énergie ou de tout autre procédé hybride par des acteurs étatiques ou non étatiques".

Des formulations pouvant être considérées comme des accusations implicites contre la Russie, accusée depuis le début de la guerre en Ukraine de chercher à user de la dépendance de l'Europe à l'égard de ses livraisons de gaz.

Moscou avait récusé mercredi des allégations "stupides et absurdes" sur sa responsabilité, et accusé implicitement les Etats-Unis en demandant des "réponses" au président américain Joe Biden sur une implication de son pays, renvoyant à ses déclarations hostiles au gazoduc.

La Maison Blanche a rétorqué qu'il était "ridicule" d'insinuer que les Etats-Unis pourraient avoir commis ces sabotages, et dénoncé une opération de "désinformation" russe.

Dans l'immédiat, à la suite de l'Allemagne et de la Norvège notamment, la Suède et la Finlande ont annoncé jeudi renforcer la surveillance de leurs installations stratégiques.

Vigilance accrue

Une attention particulière est portée au réseau électrique finlandais, a précisé la ministre des Finances de ce pays, Annika Saarikko.

En Suède, ce sont les deux principales centrales nucléaires du pays, situées à Forsmark (centre-est) et Ringhals (sud-ouest), qui sont passées en régime de "vigilance accrue".

La réunion du Conseil de sécurité, présidé par la France, se tiendra vendredi à la demande la Russie, a déclaré la ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde.

La Suède et le Danemark ont été chargés de donner des informations aux membres du Conseil sur ces fuites survenues dans leurs zones économiques exclusives, a-t-elle précisé.

Selon les autorités danoises, plus de la moitié du gaz contenu dans les deux gazoducs s'est déjà échappé dans l'atmosphère avec ces fuites, et le reste pourrait être parti d'ici dimanche.

Les deux gazoducs, depuis longtemps au centre de tensions géopolitiques aggravées par l'invasion russe en Ukraine, sont exploités par un consortium alliant le géant russe Gazprom à des groupes occidentaux, dont les allemands Wintershall et E.ON et le français Engie.

Les gazoducs ne sont pas opérationnels à cause de la guerre en Ukraine, mais tous deux étaient remplis de gaz.

Les vastes fuites provoquent d'importants bouillonnements marins de plusieurs centaines de mètres de large en surface.

Le consortium a indiqué dans un communiqué jeudi soir qu'il pourrait "commencer à évaluer les dommages causés au gazoduc dès qu'il aura reçu les autorisations officielles nécessaires", soit "lorsque la pression dans le gazoduc se sera stabilisée et la fuite de gaz aura cessé".

"Tant que l'évaluation des dommages n'est pas terminée, il n'est pas possible de prévoir le calendrier de restauration de l'infrastructure", a poursuivi Nord Stream, dont le siège se trouve en Suisse.

Nord Stream 2, achevé en 2021, était initialement destiné à doubler la capacité d'importation de gaz russe en Allemagne. Sa mise en service a été suspendue en représailles à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.