L'Élysée veut installer Luc Rémont à la tête d'EDF pour relancer le nucléaire

À la tête de l'électricien français, Luc Rémont va devoir relever un nombre de défis colossaux, tant pour EDF que pour la sécurité de l'approvisionnement électrique du pays qui fait face à sa pire crise énergétique depuis des décennies. (Photo, AFP)
À la tête de l'électricien français, Luc Rémont va devoir relever un nombre de défis colossaux, tant pour EDF que pour la sécurité de l'approvisionnement électrique du pays qui fait face à sa pire crise énergétique depuis des décennies. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 29 septembre 2022

L'Élysée veut installer Luc Rémont à la tête d'EDF pour relancer le nucléaire

  • À 53 ans, l'actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric va devenir le nouveau pilote du vaisseau EDF, fragilisé par sa situation financière et sa production électrique en panne
  • L'Élysée a officialisé son choix, sur « proposition de la Première ministre», en précisant que le Parlement devra donner son aval à cette nomination

PARIS : L'Élysée a proposé jeudi de nommer à la tête d'EDF Luc Rémont, actuel dirigeant de Schneider Electric, en remplacement de l'actuel PDG du géant de l'électricité Jean-Bernard Lévy, pour relever le défi majeur de la relance de la production nucléaire.

À 53 ans, l'actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric va devenir le nouveau pilote du vaisseau EDF, fragilisé par sa situation financière et sa production électrique en panne.

L'Élysée a officialisé son choix, sur "proposition de la Première ministre", en précisant que le Parlement devra donner son aval à cette nomination.

Le futur PDG remplacera Jean-Bernard Lévy, aux manettes depuis 2014, bientôt atteint par la limite d'âge mais dont le départ anticipé a été annoncé dès cet été en même temps que la renationalisation d'EDF à 100%.

Peu connu du grand public, Luc Rémont présente toutefois un profil public-privé "très complet" pour diriger le géant industriel bientôt renationalisé, souligne une source proche du dossier. Bon connaisseur des rouages de l'État pour être passé dans des cabinets ministériels dont Bercy, il a acquis aussi une "légitimité d'entreprise".

Emmanuel Da Cruz, coordinateur syndical FO Groupe Schneider, salue une "personne très compétente, ingénieur, reconnu chez Schneider Electric, bienveillant vis-à-vis de ses équipes".

Avec son passage de plus de huit ans chez Schneider, d'abord comme directeur France puis à l'international où il a piloté "des dizaines de sites industriels et des dizaines de milliers de salariés", selon la source proche du dossier, il connaît désormais bien ce secteur de l'énergie français et mondial aujourd'hui en plein bouleversement.

"Ce n'est pas tant l'homme que l'on jugera, c'est son projet", a réagi de son côté Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa énergies pour EDF.

Pour l'instant, Luc Rémont sera le seul capitaine à bord, les statuts actuels de la société prévoyant une gouvernance unique dans les mains d'un PDG. Mais Bercy reste favorable à l'idée d'une dissociation entre les fonctions de président et directeur-général, un temps évoquée par l'Élysée. Sa rémunération fixe restera "dans le cadre de la loi", soit un maximum de 450 000 euros brut par an, selon une autre source proche du dossier.

Défis colossaux

Luc Rémont va devoir relever un nombre de défis colossaux, tant financiers qu'industriels, alors que la France fait face à sa pire crise énergétique depuis des décennies.

Dossier au sommet de la pile : relancer une production électrique en berne, en raison de problèmes sur certains réacteurs nucléaires, mais aussi de la sécheresse qui a fragilisé la production hydroélectrique.

Sur 56 réacteurs, environ la moitié sont à l'arrêt en raison de problèmes de corrosion ou pour des maintenances, ce qui devrait faire chuter pour 2022 la production à un plus bas historique de 280 TWh. Or tout l'enjeu sera de faire redémarrer suffisamment de réacteurs pour faire face aux pics de consommation, notamment en cas d'hiver très froid.

D'autres chantiers plus structurels attendent le nouvel homme fort d'EDF. À moyen et long terme, le nouveau patron aura aussi à gérer le branchement de l'EPR Flamanville, qui accuse dix ans de retard, et de faramineux investissements à venir pour relancer le nucléaire, selon la feuille de route fixée par Emmanuel Macron en février 2022.

L'exécutif veut doter la France de six nouveaux EPR de seconde génération, avec une option pour huit autres tout en prolongeant la durée de vie d'un parc vieillissant au-delà de 50 ans, pour accroître la sécurité énergétique de la France, alors qu'il faudra de plus en plus se passer des énergies fossiles. Et le gouvernement veut presser le pas.

Des défis d'autant plus compliqués à affronter que la situation financière du groupe est plombée par une dette colossale qui pourrait culminer à 60 milliards d'euros fin 2022. Une situation due à l'écroulement de la production, aggravée par la décision du gouvernement de faire vendre à EDF davantage d'électricité à prix cassé à ses concurrents pour protéger la facture des ménages.

Dans ce contexte, il aura fort à faire pour rassurer salariés et syndicats. "On a de grosses craintes", a indiqué Amélie Henri, chez CFE-Énergie, qui redoute une "vente à la découpe des différentes activités d'EDF" et la fin du "modèle intégré de l'entreprise", après la renationalisation.

Sa feuille de route est attendue avec impatience.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.