Présidentielle au Brésil: Débat télévisé décisif avec Lula et Bolsonaro

Ce débat devrait être suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs, sur TV Globo, la plus grande chaîne du pays (Photo, AFP).
Ce débat devrait être suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs, sur TV Globo, la plus grande chaîne du pays (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 30 septembre 2022

Présidentielle au Brésil: Débat télévisé décisif avec Lula et Bolsonaro

  • Selon un sondage publié jeudi par l'institut Datafolha, Lula conserve un avantage confortable sur Bolsonaro
  • «Comment peux-tu te regarder dans le miroir, quand on voit ce qui s'est passé sous ton gouvernement?», a déclaré Lula, citant des soupçons de détournements de fonds de Flavio Bolsonaro, fils aîné du président

RIO DE JANEIRO: L'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva et le chef de l'Etat sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro, favoris de la présidentielle de dimanche au Brésil, ont échangé des propos haineux lors du dernier débat télévisé jeudi soir, se traitant mutuellement de "menteur" et de "corrompu".

Les premières minutes de ce débat -- auquel des dizaines de millions de téléspectateurs ont assisté durant plus de trois heures sur la chaîne TV Globo -- ont donné lieu à de violentes passes d'armes, à trois jours du scrutin le plus polarisé de l'histoire récente du Brésil.

Lula comme Bolsonaro sont sortis de leurs gonds et ont dû être rappelés à l'ordre à plusieurs reprises par le médiateur.

La tension a ensuite baissé d'un cran, mais peu de propositions concrètes ont été formulées par les sept candidats présents (sur les 11 en lice), lors d'un débat jugé d'un faible niveau par les commentateurs.

Dès sa première prise de parole, Jair Bolsonaro, 67 ans, a accusé Lula, 76 ans, d'avoir été le chef de file d'une bande de "voleurs", quand la gauche a dirigé le pays de 2003 à 2016, tout en le traitant de "menteur" et "traitre à la patrie".

Une allusion au scandale de corruption de Petrobras, pour lequel l'ancien syndicaliste a été incarcéré pendant 18 mois en 2018 et 2019, avant de voir ses condamnations annulées par la Cour suprême.

"C'est moche de voir un président de la République mentir sans arrêt", a rétorqué Lula, qui l'a à son tour accusé de corruption.

"Comment peux-tu te regarder dans le miroir, quand on voit ce qui s'est passé sous ton gouvernement?", a-t-il déclaré, citant notamment des soupçons de détournements de fonds de Flavio Bolsonaro, fils aîné du président.

"Le peuple va te renvoyer chez toi le 2 octobre!", a lancé Lula, à qui les sondages prédisent une victoire possible dès dimanche.

Brésil: Jair Bolsonaro, l'ex-capitaine sûr de sa victoire

Le président brésilien sortant Jair Bolsonaro, donné battu dans tous les sondages par son ennemi juré Lula, se dit sûr de sa victoire dès le premier tour dimanche, après quatre années d'un mandat pourtant marqué par les crises.

Cet ancien capitaine de l'armée nostalgique de la dictature militaire (1964-1985), âgé de 67 ans, a multiplié les attaques contre les institutions, s'en prenant avec virulence à la Cour suprême, et n'a cessé de critiquer la crédibilité d'un système électoral qui a pourtant fait ses preuves.

Méprisant les médias traditionnels et fuyant les conférences de presse, le président d'extrême droite a préféré s'adresser directement à ses dizaines de millions d'abonnés sur les réseaux sociaux.

Cet admirateur de l'ex-président américain Donald Trump a été régulièrement accusé de disséminer lui aussi de fausses informations, notamment sur la Covid-19 ou sur le système d'urnes électroniques.

Son style provocateur et viril plaît à son noyau dur de partisans, mais les nombreux dérapages du "Mythe" (son surnom) lui valent le pire taux de rejet (52%) d'un président briguant un second mandat au Brésil.

Largement devancé par l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva dans les intentions de vote, il a misé sur un coûteux programme d'aides sociales pour renverser la vapeur, sans effet dans les sondages.

Le manque d'empathie dénoncé par de nombreux commentateurs chez Jair Bolsonaro durant la dramatique crise de Covid, qui a fait au moins 685 000 morts au Brésil, a choqué une grande partie de la population.

Ce "corona-sceptique" a refusé de se faire vacciner et a poussé la provocation jusqu'à plaisanter sur les possibles effets secondaires des vaccins, susceptibles de transformer les gens en "crocodile" ou en "femme à barbe".

Jair Bolsonaro a assuré récemment devant l'Assemblée générale de l'ONU que son gouvernement "avait tout fait pour sauver des vies". Pourtant une commission d'enquête parlementaire a réclamé son inculpation pour "crime contre l'humanité".

Défiance et outrances 

C'est avec la même défiance qu'il a fait face aux quelque 150 demandes de destitution déposées au Parlement et à l'ouverture de plusieurs enquêtes contre lui à la demande de la Cour suprême, notamment pour désinformation.

Elu pour "rétablir l'ordre", Jair Bolsonaro a gouverné en multipliant les crises, à la tête d'un gouvernement secoué par de nombreux limogeages ou démissions.

Haranguant la foule lors de manifestations en son soutien, ce catholique avait lancé que "seul Dieu" pourrait le chasser du pouvoir. Il pourrait contester le résultat des élections dimanche.

Rare occasion où il a mis de l'eau dans son vin, Bolsonaro s'est allié au "Centrao" -- nébuleuse de partis qui monnaient leur soutien contre des avantages -- afin de consolider sa base parlementaire et éloigner le risque d'une destitution.

Fervent patriote et défenseur de la souveraineté de son pays, il a vertement critiqué plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement étrangers, quitte à isoler le Brésil sur la scène internationale.

La plus violente polémique l'opposa au président français Emmanuel Macron en 2019, alors qu'était en feu l'Amazonie, où la déforestation a battu des records sous son mandat.

Puissants lobbys 

En 2018, Jair Bolsonaro avait séduit 55% des Brésiliens, malgré ses dérapages racistes, misogynes ou contre les populations autochtones. Il avait promis de mater corruption, violence et crise économique et d'en finir avec la gauche "pourrie".

Piètre orateur, ce populiste à la syntaxe approximative et au regard bleu avait réussi à faire mouche avec des phrases simples.

Surtout, il s'est assuré le soutien des puissants lobbys de l'agronégoce et des évangéliques, confession de son épouse Michelle, âgée de 40 ans seulement.

Ce fervent défenseur de la famille a néanmoins été épinglé par certains pour avoir eu cinq enfants de trois femmes différentes.

Jair Bolsonaro est très proche de ses trois fils aînés, tous des élus, et qui collectionnent eux aussi les polémiques.

Né en 1955 à Campinas, près de Sao Paulo, dans une famille d'origine italienne, Jair Bolsonaro a eu une carrière militaire émaillée d'épisodes d'insubordination.

Il a été élu député pour la première fois en 1991. Seuls deux de ses propositions de loi ont été adoptées en 27 ans de mandat.

Ayant frôlé la mort en 2018 après un attentat au couteau en pleine campagne électorale, Bolsonaro souffre de problèmes intestinaux qui l'ont plusieurs fois conduit à l'hôpital, et en souffrira probablement pour le restant de ses jours.

Neymar avec Bolsonaro 

Selon la dernière enquête d'opinion publiée par l'institut Datafolha peu avant ce troisième débat télévisé, l'ex-syndicaliste conserve un avantage confortable sur Bolsonaro, avec 48% des intentions de vote contre 34%.

Le Parti des Travailleurs (PT) de Lula fait campagne auprès des Brésiliens pour le "vote utile" afin d'accorder leurs voix au vieux lion de la politique brésilienne dès ce premier tour, avec l'appui de stars de la chanson comme la chanteuse Anitta.

Mais Jair Bolsonaro a obtenu un soutien de poids jeudi: Neymar, superstar du football brésilien, qui a ouvertement déclaré sa préférence dans une vidéo publiée sur TikTok.

Interpellé sur sa politique environnementale, très critiquée par les écologistes, le président d'extrême droite a répondu: "nous n'avons pas entendu parler de feux de forêt en Amazonie, à part ceux qui ont lieu habituellement".

Mais les données officielles recueillies par satellite par l'Institut national de recherche spatiale (INPE) ont montré que le Brésil avait enregistré en moins de neuf mois davantage d'incendies dans la plus grande forêt tropicale de la planète que pendant toute l'année 2021.

Fausses informations 

La cellule de fact-checking de l'AFP a relevé plusieurs fausses informations lors du débat de jeudi soir. Pour se défendre d'accusations de retards dans l'achat de vaccins contre le Covid-19 au Brésil, le président Bolsonaro a dit qu'"aucun pays au monde n'avait acheté de vaccin en 2020", tandis que plusieurs pays avaient commencé à immuniser leur population dès la fin de cette année-là.

Lula, pour sa part, a affirmé qu'il avait été "innocenté dans 26 procès", mais ses condamnations ont été annulées pour vice de forme, sans que le fond soit analysé.

Lors des deux précédents débats télévisés, le président Bolsonaro avait essuyé une pluie de critiques après ses attaques sexistes envers l'une des journalistes l'ayant interrogé.

Après une performance jugée décevante par les commentateurs lors du premier débat -- il n'avait notamment pas su se défendre des accusations de corruption lancées par Jair Bolsonaro -- Lula n'avait pas participé au deuxième débat, invoquant un emploi du temps déjà très chargé.

La campagne électorale à la radio et télévision a pris fin ce jeudi à minuit, mais les meetings et la distribution de tracts resteront autorisés jusqu'à samedi soir, veille du scrutin.


Mouvement de soutien à Gaza: l'université américaine Columbia ajourne l'évacuation du campus

Des dizaines d'arrestations y ont été effectuées la semaine dernière après le recours à la police effectué par les responsables de l'université pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. (AFP).
Des dizaines d'arrestations y ont été effectuées la semaine dernière après le recours à la police effectué par les responsables de l'université pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. (AFP).
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  • "Ils nous traitent de terroristes, ils nous traitent de violents. Mais le seul outil dont nous disposons ce sont nos voix", a déclaré une des étudiantes présente au rassemblement pro-palestinien
  • Le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens, qui s'est généralisé sur les campus américains, est parti de l'université Columbia à New York

NEW YORK: L'université américaine Columbia a ajourné la date limite de vendredi fixée aux étudiants pro-palestiniens pour évacuer le campus, occupé pour protester contre la guerre à Gaza, un mouvement qui s'est généralisé sur les campus américains.

Le bureau de la présidence de l'université new-yorkaise, d'où est parti le mouvement de soutien à Gaza il y a plus d'une semaine, est revenu sur l'échéance de minuit heure locale (04H00 GMT vendredi), fixée pour démanteler un village de tentes où quelque 200 étudiants pro-palestiniens se sont rassemblés.

"Les négociations ont progressé et se poursuivent comme prévu", a affirmé le bureau de la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans un communiqué diffusé à 23H07 (03H07 GMT vendredi).

"Nous avons nos demandes, ils ont les leurs", poursuit le bureau de la présidence, en démentant qu'une intervention de la police ait été réclamée.

"Ils nous traitent de terroristes, ils nous traitent de violents. Mais le seul outil dont nous disposons ce sont nos voix", a déclaré une des étudiantes présente au rassemblement pro-palestinien, se présentant sous le nom de Mimi.

Le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens, qui s'est généralisé sur les campus américains, est parti de l'université Columbia à New York.

Des dizaines d'arrestations y ont été effectuées la semaine dernière après le recours à la police effectué par les responsables de l'université pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. Les manifestations pro-palestiniennes se sont ensuite poursuivies mercredi sur le campus.

Certaines des universités les plus prestigieuses au monde sont concernées par ce mouvement d'étudiants américains, telles Harvard, Yale ou encore Princeton.

Centaines d'arrestations

Plus de 200 manifestants ont été arrêtés mercredi et jeudi dans des universités de Los Angeles, de Boston et d'Austin, au Texas, où quelque 2.000 personnes se sont à nouveau rassemblées jeudi.

Les scènes à travers le pays se suivent et se ressemblent: des élèves installent des tentes sur leurs campus, pour dénoncer le soutien militaire des Etats-Unis à Israël et la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza.

Puis ils sont délogés, souvent de façon musclée, par des policiers en tenue anti-émeute, à la demande de la direction des universités.

Sur le campus de l'université Emory d'Atlanta, dans le sud-est des Etats-Unis, des manifestants ont été évacués manu militari par la police, certains projetés au sol pour être arrêtés, selon des images d'un photojournaliste de l'AFP.

La police d'Atlanta a reconnu avoir utilisé des agents "chimiques irritants" sur les manifestants, face à la "violence" de certains.

Tôt jeudi, un nouveau campement a été installé sur le campus de l'université George Washington dans la capitale.

Sur celui de l'université UCLA, à Los Angeles, plus de 200 étudiants ont installé un mini-village d'une trentaine de tentes, barricadés par des palettes et des pancartes.

Kaia Shah, une étudiante en sciences politiques de 23 ans, s'enthousiasme de l'élargissement du mouvement. "C'est formidable ce que nous voyons dans d'autres campus", estime-t-elle, "cela montre combien de personnes soutiennent cette cause".

Pour Kit Belgium, une professeure de l'université d'Austin, le campus a besoin de voir "la libre expression et le libre échange des idées". Et si l'université ne peut pas tolérer cela, alors elle n'est pas digne de ce nom", ajoute-t-elle à l'AFP.

Près du rassemblement pro-palestinien, une trentaine d'étudiants ont organisé une contre-manifestation. Jasmine Rad, une étudiante juive à l'université du Texas, estime que les manifestations de soutien à Gaza sont "dangereuses pour les étudiants juifs".

"Cela nuit aux étudiants juifs et aux étudiants qui ne se sentent pas en sécurité à cause de la violence sur notre campus", explique cette étudiante en journalisme de 19 ans.

L'université USC à Los Angeles, où 93 personnes ont été interpellées mercredi, a annoncé jeudi l'annulation de sa principale cérémonie de diplôme cette année, officiellement en raison de "nouvelles mesures de sécurité".

Jason Miller, un conseiller de Donald Trump, s'est emparé de l'annonce, affirmant sur X, que "sous Joe Biden, votre cérémonie de diplôme ne sera pas assurée" de se dérouler.

La Maison Blanche assure de son côté que Joe Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutient la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.


L'aide américaine n'est pas une «baguette magique» pour l'Ukraine

Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • «Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite», a reconnu Joe Biden mercredi
  • Jake Sullivan a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine

WASHINGTON: Un soutien massif, pas une "baguette magique": l'aide américaine à l'Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes sur les fronts, et les Etats-Unis sont les premiers à le reconnaître.

"Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite", a reconnu Joe Biden mercredi.

Il venait de promulguer une loi, âprement débattue pendant des mois au Congrès américain, qui prévoit 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique pour Kiev.

"C'est un montant important", mais "ce délai a coûté cher", souligne Garret Martin, chercheur à l'American University de Washington.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en a convenu lui-même.

"Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d'attente" au Congrès, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine.

"Le chemin qui est devant nous n'est pas facile", mais "nous pensons que l'Ukraine peut, et va, gagner", a encore indiqué" Jake Sullivan, en se gardant bien toutefois de définir ce que serait une "victoire" ukrainienne.

Au-delà du montant très conséquent voté par le Congrès, les Etats-Unis ont aussi décidé d'aller plus loin dans la nature des armes fournies.

Ils ont ainsi commencé, discrètement, à livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type "ATACMS", et vont continuer à le faire.

Mobilisation

L'Ukraine avait utilisé pour la première fois en octobre contre la Russie des missiles américains ATACMS, mais ceux dont il est question désormais peuvent frapper plus loin, jusqu'à 300 km de distance.

"Cela aura un impact", mais "ce n'est pas un seul équipement qui résoudra tout", a dit le conseiller à la sécurité nationale.

Par ailleurs, "il y a une chose que cette aide ne peut pas faire, à savoir résoudre le problème du manque de combattants" de Kiev, souligne Garret Martin, même s'il estime que le vote du Congrès américain pourrait doper le moral des troupes ukrainiennes.

Ce sujet de la mobilisation a fait l'objet de discussions entre Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la Maison Blanche.

L'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

Kiev vient d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans.

Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi.

Max Bergmann, Directeur au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), souligne lui que l'impact de l'aide américaine dépendra aussi, en partie, de l'attitude des Européens.

Ces derniers "doivent doper dès maintenant la production" d'armement, écrit-il dans une note récente, avec pour "objectif de pouvoir combler la lacune que laisseraient les Etats-Unis" si le financement américain devait s'arrêter pour de bon, par exemple en cas de victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Pour l'expert, l'Ukraine devra s'attacher en 2024 à "tenir ses positions, fatiguer les forces russes, reconstruire et restaurer ses propres forces et ses capacités de défense civile", avant, éventuellement, de repartir "à l'offensive" l'an prochain.


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.