Zelensky discrédite les référendums russes, remercie le prince héritier pour l'échange de prisonniers

Zelensky s'adresse à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen, dans une interview exclusive réalisée par visioconférence sur Zoom depuis Kiev (Capture d'écran/Photo AN).
Zelensky s'adresse à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen, dans une interview exclusive réalisée par visioconférence sur Zoom depuis Kiev (Capture d'écran/Photo AN).
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Zelensky discrédite les référendums russes, remercie le prince héritier pour l'échange de prisonniers

  • Les menaces nucléaires du leader tchétchène Ramzan Kadyrov «ne doivent pas être prises au sérieux», déclare le président ukrainien
  • Les pays et entreprises arabes sont invités à investir et à contribuer à la reconstruction des villes et secteurs ukrainiens

RIYAD: Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a qualifié les référendums et les accords du président russe Vladimir Poutine reconnaissant officiellement l'annexion de territoires dans l'est de l'Ukraine de «coup de communication sanglant sur fond de victimes humaines».

«Je ne suis pas sûr du type de référendums qu'ils ont eu. Nous n'avons pas de tels référendums en Ukraine. Nous n'avons même pas de loi à cet effet», a déclaré Zelensky à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen, lors d'une interview exclusive par visioconférence sur Zoom depuis Kiev.

Les référendums organisés à Luhansk, Donetsk, Zaporizhzhia et Kherson ont vu une majorité écrasante voter en faveur de l'adhésion à la Fédération russe, dans un processus qui, selon de nombreux observateurs internationaux, a été truqué.

Zelensky a également réfuté les récentes déclarations de Poutine concernant des victoires majeures sur le champ de bataille. La semaine dernière encore, les forces ukrainiennes ont repris la ville orientale stratégique de Lyman, située dans l'une des quatre régions annexées par la Russie, ce qui a incité Moscou à annoncer le «retrait» de ses troupes vers des «lignes plus favorables».

«Ce qu'ils déclarent est clairement différent de ce qu'ils peuvent faire. Ils ont dit qu'ils occuperont notre territoire, notre nation. Mais en huit mois de guerre, je peux vous dire que nous avons regagné une autre ville, la ville de Lyman dans l'Oblast de Donetsk, exactement celle que la Russie a déclarée comme entièrement occupée il y a quelques jours», a affirmé Zelensky.

«Je peux assurer la Russie et le peuple russe que, contrairement à la Russie, nous ne sommes pas intéressés par les territoires russes. Nous sommes intéressés par notre territoire, par nos frontières fondées sur la reconnaissance internationale de 1991.»

La guerre en Ukraine a ébranlé la région et l'ordre géopolitique et économique mondial en raison des perturbations dans le commerce de l'énergie, de la hausse du coût du pétrole et du gaz et de la reconfiguration des chaînes d'approvisionnement.

Plus de six millions d'Ukrainiens ont fui vers les pays voisins. Les tensions diplomatiques se sont accrues, les pays étant contraints de choisir leur camp. La sécurité alimentaire mondiale suscite également des inquiétudes croissantes.

La nouvelle de l'annexion par Poutine de quatre régions ukrainiennes a inquiété une fois de plus les dirigeants du monde entier, car la guerre ne semble pas toucher à sa fin.

Pour Zelensky, trois éléments contribueront à la victoire ultime de l'Ukraine.

«Je pense que c'est une grande victoire pour n'importe quelle nation dans le monde lorsque son peuple est uni et que les gens sont capables de laisser de côté certaines petites querelles et divergences historiques. C'est très important», a-t-il déclaré.

«Une autre étape importante est que nous avançons contre la deuxième plus grande armée du monde, et nous sommes capables de montrer que la vraie force est dans l'unité, pas dans les armements.»

«La troisième victoire est que nous avons été capables d'unir l'Europe et le monde entier. Vous savez, avant, c'était plutôt chacun pour soi. Maintenant, nous voyons cette unification et nous voyons qu'il y aura beaucoup plus de défis également sur le plan international, et il y en aura davantage.»

Malgré la note d'optimisme de Zelensky, Moscou a juré de ne jamais abandonner ses zones nouvellement annexées et de les défendre avec tous les moyens disponibles. Ramzan Kadyrov, chef de la République tchétchène, est même allé jusqu'à suggérer l'utilisation d'armes nucléaires de faible puissance en Ukraine.

Zelensky a rejeté ces menaces, qualifiant Kadyrov de «terroriste qui n'a même pas été élu par son propre peuple».

«Ce n'est pas sérieux. Allons donc. Dans le monde moderne, comment quelqu'un peut-il menacer autrui avec des armes nucléaires ? Oui, nous avons beaucoup de terroristes dans le monde. Nous avons des tueurs, mais je ne peux pas condescendre à parler à un terroriste comme ça», a-t-il lancé.

Depuis les annexions, Zelensky a signé une requête demandant l'accélération du processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Toutefois, de nombreux sceptiques considèrent qu'il s'agit d'une demande futile, d'autant plus que la réponse de Washington n'a pas signalé d'action immédiate.

Samedi, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que les États-Unis estimaient que la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN «devrait être examinée à un autre moment».

«À l'heure actuelle, nous pensons que la meilleure façon pour nous de soutenir l'Ukraine est de lui apporter un soutien pratique, sur le terrain, et que le processus à Bruxelles devrait être repris à un autre moment», a estimé Sullivan.

Malgré cela, Zelensky a déclaré que les pays devraient «faire attention aux faits, pas seulement aux mots».

Le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'une réunion avec l'envoyé spécial du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, Rustem Umerov, en septembre (Photo, SPA).

«Nous avons obtenu des déclarations de 10 alliés, membres de l'OTAN, avec un soutien total à l'Ukraine», a-t-il déclaré. Le pays devrait rejoindre l'OTAN «dès que possible».

«Je préférerais dire non pas quand, en termes de temps, mais en termes de géographie. Je pense que cela pourrait arriver quand nous serons debout à nos frontières.» 

Dans le même temps, l'acteur ukrainien devenu chef de guerre a également répété son rejet de l'offre de négociation de Poutine, réitérant fermement qu'il ne négociera qu'avec un autre président.

«Nous les avons prévenus, si vous voulez lancer ces faux référendums, il n'y aura pas d'autres discussions avec le président de la Fédération russe, car si le président russe ne peut pas respecter la loi, le droit international, la constitution, et d'ailleurs, pas seulement notre constitution, mais celle de son propre pays, il ne devrait pas violer notre intégrité territoriale si cela se produit», a déclaré Zelensky.

«Suis-je en mesure de lui parler ? Ce n'est pas un président.»

Cependant, il semble qu'il y ait de la place pour une médiation et des initiatives qui pourraient aider à résoudre différentes questions urgentes telles que les échanges de prisonniers et la libération des céréales de la mer Noire des ports du sud de l'Ukraine. 

Le mois dernier encore, l'Arabie saoudite a négocié un échange de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine, jouant ainsi un rôle diplomatique important entre les nations en guerre.

Le mois dernier, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a tenu des séances de médiation fructueuses pour libérer de Russie dix prisonniers de différents pays (Photo, SPA).

«Je voudrais remercier l'Arabie saoudite pour cet effort», a déclaré Zelensky. «Compte tenu des liens que le prince héritier entretient avec la Russie, il y avait probablement, vous savez, de bonnes chances de succès, et je lui suis très reconnaissant pour ce remarquable résultat.»

L'accord a permis le retour de près de 300 personnes, dont 10 étrangers, dans leur pays d'origine, la première des très rares avancées depuis le début de la guerre.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré à cette occasion que l'initiative était fondée sur le soutien du prince héritier Mohammed ben Salmane, et dans le prolongement de ses efforts pour adopter des initiatives humanitaires envers la crise russo-ukrainienne.

«Nous sommes ouverts à toutes les propositions lorsqu'il s'agit des résultats à atteindre, des résultats de ces efforts», a déclaré Zelensky.

Alors que l'Arabie saoudite tente de jouer les médiateurs, l'Iran est accusé d'avoir menti à de hauts responsables ukrainiens et d'avoir vendu des drones à la Russie.

Les forces ukrainiennes ont abattu des drones kamikazes iraniens vendus à la Russie dans le but de cibler des civils, ce qui a conduit Zelensky à renvoyer des diplomates iraniens du pays.

«Il est triste que nous devions reconnaître que le gouvernement iranien ment, tout comme le gouvernement de la Fédération russe, car nous avons eu des contacts avec les dirigeants iraniens au plus haut niveau. Nous avons parlé à l'ambassade, nous avons fait appeler les ambassadeurs au ministère des Affaires étrangères, et on nous a assuré que rien n'avait été vendu à la Russie, que ce n'était pas leurs drones, rien de ce genre», a-t-il signalé.

Au cours de son interview, Zelensky a réfuté les récentes déclarations de Poutine concernant des victoires majeures sur le champ de bataille (Photo AN/Screenshot)

«Nous avons un certain nombre de ces drones iraniens abattus, et ceux-ci ont été vendus à la Russie pour tuer notre peuple, et – vous avez raison – ils sont utilisés contre des infrastructures civiles et des civils, des civils pacifiques. À cause de cela, nous avons renvoyé des diplomates iraniens du pays. Nous n'avons rien à discuter avec eux.»

Alors que la guerre fait rage, Zelensky se tourne également vers l'avenir et insiste sur le fait qu'il existe de grandes opportunités pour les nations arabes d'investir dans la reconstruction de l'Ukraine.

«Nous aimerions vraiment voir des entreprises et des pays arabes être présents, travailler dans notre pays. Nous sommes prêts à offrir des conditions merveilleuses pour les entreprises, au niveau fiscal, etc. Et il y a aussi un objectif ambitieux pour chaque pays qui souhaite venir en Ukraine avec une idée de récupération.»

«Il y aura une possibilité pour les entreprises privées, pour les pays arabes aussi, car il s'agit de reconstruire – de récupérer l'ensemble de l'État, de la nation.»

Cependant, une récente étude d'Arab News/YouGov réalisée en mai a montré qu'une majorité (66 %) d'Arabes se sentait indifférente au conflit russo-ukrainien. En outre, une majorité de personnes interrogées dans le monde arabe ont estimé que la responsabilité de la guerre n'incombait pas à la Russie, mais au président américain Joe Biden et à l'OTAN, qui n'a pas autorisé l'Ukraine à adhérer il y a des années – une conclusion que Zelensky a contestée.

«En vérité, cette guerre a été déclenchée par la Russie, et la Russie est la seule à blâmer. Que pouvait faire l'Occident uni pour l'éviter ? Peut-être qu'ils pouvaient faire davantage, mais accuser les États-Unis que la guerre est à cause d'eux, ce n'est pas juste, ce n'est pas vrai. Seule la Russie est coupable de cela», a-t-il déclaré.

Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), du Levant et d'Afrique du Nord, bien que l'OTAN soit plus souvent perçue comme la partie responsable du conflit, la répartition des responsabilités est plus équilibrée. Les habitants des pays du Golfe, par exemple, accusent l'OTAN (23 %) à peine plus que la Russie (19 %).

Bien qu'ils aient choisi de condamner l'agression russe lors d'un vote de l'ONU en mars dernier, les principaux pays arabes, tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte et les Émirats arabes unis, sont restés largement neutres et ont exprimé le souhait de servir de médiateur entre Moscou et Kiev.

 

Clause de non-responsabilité d'Arab News

* Il est important de noter que depuis le début de cette guerre, Arab News a contacté à de nombreuses reprises divers responsables russes pour obtenir des commentaires. Plus récemment, le journal a également contacté la porte-parole officielle du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, afin qu'elle participe à l'émission Frankly Speaking.

À ce jour, toutes nos demandes d'interview sont restées lettre morte. Cependant, Arab News souhaite réitérer que, dans le respect de notre devoir professionnel, l'invitation de Mme Zakharova à participer à Frankly Speaking reste ouverte, et l'émission se réjouit de l'accueillir sur son plateau dès qu'elle y consent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.