Sous Xi Jinping, une société civile chinoise démantelée

Xi Jinping (Photo, AFP).
Xi Jinping (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Sous Xi Jinping, une société civile chinoise démantelée

  • Beaucoup citent 2015 comme le moment où tout a basculé: plus de 300 avocats et militants avaient été arrêtés
  • Cette année-là a été présenté le projet de loi interdisant aux ONG de recevoir des fonds de l'étranger, entré en vigueur en 2017 et fatal à plusieurs d'entre elles

PÉKIN: "Charles", un Chinois spécialisé dans la défense des droits des travailleurs, se rappelle encore les beaux jours de la société civile en Chine, quand il était possible de militer activement pour une cause.

Aujourd'hui, 10 ans après l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, ses amis militants sont en prison et lui-même a dû fuir le pays.

"Après 2015, toute la société civile a commencé à s'effondrer", confie-t-il, en utilisant un pseudonyme par sécurité.

Un employé d'une ONG environnementale étrangère confirme ce retour en arrière.

"En 2014, on pouvait déployer des banderoles de protestation, mener des travaux scientifiques sur le terrain et collaborer avec les médias chinois pour dénoncer les atteintes à l'environnement", se souvient-il, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

"Maintenant, on doit informer la police avant de faire quoi que ce soit".

L'AFP a parlé avec huit activistes et intellectuels chinois. Tous décrivent le même phénomène: une situation qui s'est nettement détériorée sous Xi Jinping.

En 10 ans, médias indépendants, militants et universitaires ont été muselés.

Les activistes encore actifs racontent un harcèlement constant des services de sécurité. Certains sont convoqués chaque semaine.

"On se sent de plus en plus impuissants".

2015, la bascule

Beaucoup citent 2015 comme le moment où tout a basculé: plus de 300 avocats et militants avaient été arrêtés. La fameuse répression "709" (la date où cela a commencé, le 9 juillet).

Cette année-là a été présenté le projet de loi interdisant aux ONG de recevoir des fonds de l'étranger, entré en vigueur en 2017 et fatal à plusieurs d'entre elles.

Rien à voir avec le climat relativement permissif du début des années 2010, sous l'ex-président Hu Jintao.

En 2018, les choses se sont encore corsées.

Soudain sur les campus, "les activités auparavant tolérées ont été bannies et le travail idéologique, comme les cours d'éducation politique, a été renforcé", selon Carl.

En juillet cette année, la prestigieuse université Tsinghua, à Pékin, a sanctionné deux étudiants qui avaient distribué des drapeaux arc-en-ciel à leurs camarades.

L'ère Mao de retour?

Dès 2013, un document interne du Parti communiste donnait un avant-goût des changements à venir, en interdisant la promotion des valeurs libérales occidentales, comme la société civile et la liberté de la presse.

"Dans les années 1980 on pouvait discuter (de ces idéologies) et publier des livres dessus", se rappelle Gao Yu, journaliste indépendante basée à Pékin et emprisonnée de 2015 à 2019, accusée d'avoir fait fuiter le document.

"Dans une société normale, les intellectuels peuvent interroger le gouvernement sur ses erreurs. Sinon quoi? Serait-on de retour à l'ère Mao?", s'interroge-t-elle.

Âgée de 78 ans, Mme Gao reste dans la ligne de mire des autorités: elle ne peut recevoir d'appels de l'étranger ni se réunir avec des amis.

"On est comme des grains de maïs broyés par une meule", se désole-t-elle.

Pour remplacer les voix critiques, des universitaires répétant le discours du pouvoir sont mis en avant. Ceux qui ne suivent pas la ligne sont éjectés de leurs postes ou surveillés par leur propres étudiants.

"Une culture de la délation s'est développée parmi les intellectuels chinois ces 10 dernières années", regrette Wu Qiang, ancien professeur de sciences politiques à Tsinghua, critique envers le parti.

"Les étudiants sont devenus des censeurs contrôlant chaque phrase de leur professeur, au lieu d'apprendre par la discussion."

«Impossible à gagner»

Dans ce contexte, de nombreux militants ont quitté la Chine ou choisi "d'hiberner", comme Carl.

D'autres persévèrent malgré tout.

"Peut-être que maintenant, on est au plus bas, mais les gens continuent de dire ce qu'ils pensent", assure Feng Yuan, fondatrice d'Equity, une association de défense de l'égalité des genres.

L'employé de l'ONG environnementale parle lui d'une "guerre impossible à gagner" face aux nationalistes qui affirment que toute personne travaillant pour une ONG est "anti-chinoise" ou "a subi un lavage de cerveau par l'Occident".

Deux amis de Charles, l'activiste #Metoo Huang Xueqin et le militant de défense des travailleurs Wang Jianbing, sont emprisonnés depuis plus d'un an en Chine et accusés de subversion.

Selon lui, ce sont leurs réunions hebdomadaires qui ont été perçues comme une menace potentielle par les autorités.

"Le gouvernement cible désormais les individus faisant de l'activisme à petite échelle et de façon discrète", s'inquiète-t-il.

"Il fait en sorte qu'il n'y ait pas de nouvelle génération de militants. C'est un danger mortel pour notre mouvement."


La flottille pour Gaza a dû revenir à Barcelone à cause de vents violents

Selon plusieurs médias espagnols, les organisateurs devraient se réunir lundi dans la journée pour décider de la reprise de la mission. (AFP)
Selon plusieurs médias espagnols, les organisateurs devraient se réunir lundi dans la journée pour décider de la reprise de la mission. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux avaient quitté Barcelone dimanche avec l'objectif “d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien” dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas
  • Parmi les militants venus de dizaines de pays figurent la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, les acteurs irlandais Liam Cunningham et espagnol Eduard Fernandez, ainsi que des élus européens et des personnalités publiques

BARCELONE: Des vents violents en Méditerranée ont contraint les bateaux partis dimanche de Barcelone vers Gaza, transportant de l'aide humanitaire et des centaines de militants pro-palestiniens dont la Suédoise Greta Thunberg, à retourner à leur port de départ, ont déclaré les organisateurs lundi.

"En raison de conditions météorologiques dangereuses, nous avons effectué un essai en mer puis sommes revenus au port pour laisser passer la tempête. Cela a entraîné un retard de notre départ afin d'éviter les complications avec les bateaux plus petits", a déclaré la Global Sumud Flotilla, sans préciser à quel moment les navires étaient revenus au port de Barcelone.

“Nous avons pris cette décision afin de privilégier la sécurité et le bien-être de tous les participants et d'assurer le succès de notre mission”, précise le communiqué.

Selon plusieurs médias espagnols, les organisateurs devraient se réunir lundi dans la journée pour décider de la reprise de la mission.

Une vingtaine de bateaux avaient quitté Barcelone dimanche avec l'objectif “d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien” dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas.

Parmi les militants venus de dizaines de pays figurent la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, les acteurs irlandais Liam Cunningham et espagnol Eduard Fernandez, ainsi que des élus européens et des personnalités publiques, dont l'ancienne maire de Barcelone Ada Colau.

Les navires de la Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe) ont prévu d'atteindre Gaza à la mi-septembre afin d'y acheminer de l'aide humanitaire, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation "catastrophique"

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Les représailles militaires israéliennes ont depuis fait au moins 63.459 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé de Gaza, jugés fiables par l'ONU.


Une rencontre entre Zelensky et des «dirigeants européens» prévue à Paris jeudi

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  • "Une telle rencontre est prévue" pour discuter des garanties de sécurité pour l'Ukraine "et pour faire avancer la diplomatie parce que les Russes sont en train de s'échapper à nouveau", a indiqué à l'AFP cette source sous le couvert de l'anonymat
  • La participation du président américain Donald Trump à ce sommet à Paris "n'est pour l'instant pas prévue", a-t-elle ajouté

KIEV: Une rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs "dirigeants européens" est prévue jeudi à Paris, a annoncé lundi à l'AFP une source politique européenne alors que les efforts de Washington pour mettre fin à l'invasion russe de l'Ukraine semblent bloqués.

"Une telle rencontre est prévue" pour discuter des garanties de sécurité pour l'Ukraine "et pour faire avancer la diplomatie parce que les Russes sont en train de s'échapper à nouveau", a indiqué à l'AFP cette source sous le couvert de l'anonymat.

La participation du président américain Donald Trump à ce sommet à Paris "n'est pour l'instant pas prévue", a-t-elle ajouté.

Les efforts diplomatiques pour trouver une issue à la guerre en Ukraine se sont accélérés ces dernières semaines sous la houlette de Donald Trump qui a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine en Alaska en août, mais n'ont produit pour l'heure aucun effet concret.

L'Ukraine accuse la Russie de jouer la montre et de feindre de vouloir négocier pour mieux préparer de nouvelles attaques.

L'armée russe contrôle actuellement environ 20% du territoire ukrainien et a l'avantage sur le front.

La Russie a lancé son invasion de l'Ukraine en février 2022, pire conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale qui a fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts dans les deux pays.


Journalistes tués à Gaza: opération de RSF dans la presse internationale

Depuis le début de la guerre, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien.  Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire. (AFP)
Depuis le début de la guerre, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien. Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire. (AFP)
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  • La campagne de lundi, à laquelle participent aussi L'Orient le jour (Liban), The Intercept (média d'investigation américain) ou die Tageszeitung (Allemagne), intervient une semaine après les frappes israéliennes ayant tué cinq journalistes
  • "Ces organisations et rédactions dénoncent les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les reporters palestiniens en toute impunité, appellent à leur protection et évacuation d’urgence, et exigent un accès indépendant de la presse internationale

PARIS: Bandeau noir en Une du journal, message en page d'accueil du site internet ou éditoriaux: plus de 150 médias d'une cinquantaine de pays participent lundi à une opération pour dénoncer le nombre de journalistes tués à Gaza, à l’appel de Reporter Sans Frontières (RSF) et de l'ONG Avaaz.

"Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l’armée israélienne, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer": tel est le message affiché sur fond noir en Une notamment des quotidiens L'Humanité en France, Publico au Portugal ou La Libre en Belgique.

Le média en ligne Mediapart et le site du journal La Croix proposent un article présentant cette opération.

RSF a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste Hamas.

La campagne de lundi, à laquelle participent aussi L'Orient le jour (Liban), The Intercept (média d'investigation américain) ou die Tageszeitung (Allemagne), intervient une semaine après les frappes israéliennes ayant tué cinq journalistes à l'hôpital Nasser de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza.

"Ces organisations et rédactions dénoncent les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les reporters palestiniens en toute impunité, appellent à leur protection et évacuation d’urgence, et exigent un accès indépendant de la presse internationale dans l’enclave palestinienne", explique RSF dans un communiqué.

L'organisation de défense de la presse indique avoir déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre les journalistes dans la bande de Gaza au cours des 22 derniers mois.

Depuis le début de la guerre, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien.

Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP reposant sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent désormais retenues dans la bande de Gaza dont une vingtaine présumés vivants.

L'offensive de représailles israéliennes a fait au moins 63.459 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugés fiables par l'ONU.