Argentine: l'urgente quête des identités «volées» sous la dictature

Les membres des Grands-mères de la Place de Mai se réunissent à Buenos Aires le 19 décembre 2011, alors que le Congrès argentin reconnaissait le groupe de défense des droits à l'occasion de son 35e anniversaire. (AFP)
Les membres des Grands-mères de la Place de Mai se réunissent à Buenos Aires le 19 décembre 2011, alors que le Congrès argentin reconnaissait le groupe de défense des droits à l'occasion de son 35e anniversaire. (AFP)
Les membres des Grands-mères de la Place de Mai se réunissent à Buenos Aires le 19 décembre 2011, alors que le Congrès argentin reconnaissait le groupe de défense des droits à l'occasion de son 35e anniversaire. (AFP)
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Publié le Jeudi 06 octobre 2022

Argentine: l'urgente quête des identités «volées» sous la dictature

  • Sous la dictature militaire (1976-1983), un peu moins de 500 enfants ont été «appropriés», nés d'une mère détenue puis disparue, et donnés à un foyer souvent ami du régime
  • Depuis, 130 cas ont été «résolus» --c'est-à-dire l'identité originelle de l'enfant restituée-- souvent en d'émouvantes retrouvailles, parfois après la mort. Mais rien, aucune «restitution», depuis juin 2019

MORON: Les "Grands-mères" de la Place de Mai s'éteignent l'une après l'autre, les souvenirs -et les doutes- s'enfouissent,et le temps presse : en Argentine la quête, toujours délicate, de l'identité d'enfants "volés" sous la dictature, reprend depuis peu alors que les restitutions se raréfient.

Le doute, ce peut être cette dissemblance physique d'avec ses parents, qui avec le temps a fini par interpeller. Cette absence dans l'album-photos de la grossesse de sa mère, ou ces trous dans le récit familial. Le déclic, c'est parfois le décès d'un parent, parfois sa propre paternité, maternité, qui fait réaffleurer le doute : "Je viens de donner la vie, mais ma vie à moi vient d'où ?"

"Ils viennent à nous dans divers états, avec cette +chaîne de doutes+, ils ont porté une charge de silence pendant 20 ans, parfois plus, sans en parler à personne, même pas leur conjoint. Certains ont pris rendez-vous plusieurs fois, et finalement ne sont pas venus", explique à l'AFP Laura Rodriguez, de la jeune génération de l'organisation "Abuelas" qui regroupait à l'origine ces grands-mères d'enfants "volés" à leurs filles ou fils sous la dictature.

Aussi Abuelas multiplie depuis quelques semaines des sessions dites d'"approche spontanée", les décentralise dans la vaste province de Buenos Aires. Pour aller à la rencontre, au plus près, de ceux auxquels ce pas coûte. Il n'est jamais facile de venir dire qu'"+on n'est pas sûr d'être qui on nous a toujours dit qu'on était+", excuse Laura.

Sous la dictature militaire (1976-1983), un peu moins de 500 enfants ont été "appropriés", nés d'une mère détenue puis disparue, et donnés à un foyer souvent ami du régime, dans un curieux mélange de service à une famille voulant un enfant et de délire de voir élever un être "bien pensant" politiquement.

«Saut dans le vide»

Depuis, 130 cas ont été "résolus" --c'est-à-dire l'identité originelle de l'enfant restituée-- souvent en d'émouvantes retrouvailles, parfois après la mort. Mais rien, aucune "restitution", depuis juin 2019. La faute en grande partie à la pandémie, qui a tari les contacts, les recherches.

Dans la province de Buenos Aires, plus de 600 "présentations spontanées" étaient ainsi reçues par an vers 2012-14, chiffre tombé à 250 -et tout en virtuel- en 2020. Et six "Grands-mères" sont décédées durant les années Covid.

Aussi Moron, à 40 km de Buenos Aires, accueille une de ces sessions  --une demi-douzaine sont prévues sur les semaines à venir-- où Abuelas, et Defenseur du peuple, vont au contact, invitent, incitent, quiconque aurait des doutes sur son identité à venir s'exprimer.

Car parler n'est pas facile. "C'est un saut dans le vide", insiste Guillermo Amarilla Molfino, "petit-fils N.98" qui a lui-même mis des années à verbaliser, puis récupérer son identité, sa fratrie, en 2009 après un long processus. Il dispense à présent des conseils à l'équipe qui va accueillir en présentiel des quadra, quinquagénaires, nés dans cette fourchette fin des années 70-début des 80. Et qui "doutent".

"Il y a beaucoup de craintes, il y a une culpabilité, cette culpabilité qui nous fait taire : +pourquoi je doute de mes parents, pourquoi je trahis ceux qui m'ont donné à manger, un toit ?", poursuit-il. "Il y a le silence qui parfois devient un allié avec lequel on vit". Et venir parler  "c'est comme +remettre sa vie+" à quelqu'un.

D'où l'importance du doigté, de qui va recueillir ces doutes, en tête-à-tête. Equilibrisme entre une écoute empathique et le "devoir, pas forcément agréable, de doucher les espoirs, trier ce qui est une information fiable dans ce que nous dit la personne, et ce qui relève du récit qu'elle a commencé, seule, à se tisser", pose patiemment Luciano Lahiteau, Défenseur des droits.

Je doute, donc je suis 

La quête, poursuit-il, emprunte ensuite un protocole établi : stricte confidentialité bien sûr, prise de toute donnée, document, acte, dont dispose cette personne, croisement avec les données de la "grande" histoire, registres récupérables, état-civil, hôpitaux, témoignages ou éléments émergés lors de procès de militaires.

Puis, s'il y a "présomption", un prélèvement ADN est proposé, croisé avec la Banque nationale de données génétiques, qui détient une grande partie -pas tous- des ADN des familles recherchant un enfant "approprié" sous la dictature.

"Quand on en retrouve un, c'est le gros lot à la loterie !", convient Laura Rodriguez. "Mais on se conçoit comme travaillant dans un +univers plus vaste+". Qu'ils soient enfants adoptés, illégitimes, confiés, "on reçoit énormément de gens qui ne sont pas fils de disparus. Et on s'assure d'accueillir, d'aider de la même façon, donner les outils, à quiconque fait ce pas" d'exprimer son doute sur sa vraie identité.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.