Egypte: malgré la croissance du PIB, la pauvreté est en hausse à l’ère Covid

Une ONG égyptienne prépare des cartons de nourriture destinées aux personnes ayant perdu leur emploi durant la pandémie (Photo, Mohamed EL-SHAHED/AFP).
Une ONG égyptienne prépare des cartons de nourriture destinées aux personnes ayant perdu leur emploi durant la pandémie (Photo, Mohamed EL-SHAHED/AFP).
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Publié le Dimanche 08 novembre 2020

Egypte: malgré la croissance du PIB, la pauvreté est en hausse à l’ère Covid

  • Au 3 novembre, 108 122 cas d'infections au coronavirus -dont 6 305 décès- ont été recensés officiellement
  • Le Fonds monétaire international (FMI) a prévu en septembre que le PIB égyptien serait le seul à progresser en 2020 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec +3,6%

LE CAIRE: Quatre ans après que L'Egypte a misé sur la dévaluation de sa monnaie et la rigueur pour relancer l'économie, le Produit intérieur brut poursuit sa croissance, au ralenti toutefois, pendant la pandémie mais les Egyptiens pâtissent de conditions de vie toujours plus difficiles.

Gaber a été pris au dépourvu par son licenciement en avril. Cet habitant de Haute-Egypte (sud) travaillait dans un hôtel du littoral de la mer Rouge jusqu'à ce que l'Egypte ferme ses frontières en raison de la maladie de Covid-19.

« Je subviens aux besoins de mes quatre enfants, de mon épouse et de ma mère », raconte l'homme de 36 ans. « Mais c'est parfois difficile d'avoir de la viande aux repas à cause des prix et de la situation ».

Au 3 novembre, 108 122 cas d'infections -dont 6 305 décès- ont été recensés officiellement. 

Le Fonds monétaire international (FMI) a prévu en septembre que le PIB égyptien serait le seul à progresser en 2020 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec +3,6%.

Le taux de croissance s'est établi à 5,6% au premier semestre de son année fiscale décalée 2019-2020. Le gouvernement égyptien tablait sur 6% sur l'ensemble de l'année, avant la crise sanitaire.

A rebours des tendances régionales voire mondiales, cette croissance économique étonne les observateurs. Certains y voient le fruit des réformes, d'autres sont plus nuancés.

Investissement étranger

Le pays bénéficie depuis 2016 du soutien du FMI --avec un prêt de 12 milliards de dollars-- en échange de mesures d'austérité drastiques dont la dévaluation de la livre égyptienne.

Pour l'économiste Ahmed al-Safti, cette dévaluation de près de 50% en novembre 2016 a contribué à rééquilibrer la balance des paiements, en favorisant l'entrée de devises cruciales pour l'Egypte notamment via le tourisme avant la pandémie.

Après un déclin lié aux troubles politiques et sécuritaires ayant secoué le pays depuis 2011, ce secteur-clé a engrangé 12,6 milliards de dollars en 2018-2019, soit les recettes touristiques les plus élevées de la décennie, selon la Banque centrale égyptienne.

Et les transferts des Egyptiens de l'étranger vers leur pays d'origine ont atteint 28 milliards de dollars en 2019-2020, un record.

Selon Safti, la libéralisation du taux de change, la hausse des taux d'intérêt et une forte rentabilité ont de plus entraîné « l'augmentation des investissements étrangers dans les titres d'Etat, surtout les bons du Trésor ».

Le Caire mène en parallèle depuis quatre ans une politique de rigueur, réduisant les aides étatiques --surtout liées à l'énergie-- avec pour effet de précipiter nombre d'habitants dans la précarité.

Selon les chiffres officiels, 32,5% des quelque 100 millions d'Egyptiens vivaient déjà sous le seuil de pauvreté en 2017-2018, soit une hausse de 4,7 points par rapport à 2015.

« Le prix à payer pour les réformes », relève l'économiste.

Et la pandémie a aggravé la situation, en particulier pour les plus de quatre millions de travailleurs du secteur informel dont beaucoup, déjà vulnérables, risquent de perdre leur emploi. Le chômage a bondi à 9,7% au trimestre mars-juin 2020, contre 7,7% au trimestre précédent, d'après la Banque mondiale.

Chiffres « trompeurs »

Sarah Smierciak, experte en économie politique, estime que les « programmes sociaux mis en place par l'Etat (pour pallier l'effet des réformes, NDLR) ne représentent qu'une goutte d'eau (...) et ne parviennent pas à atteindre les millions d'indigents ».

Et les chiffres concernant la croissance du PIB « sont extrêmement trompeurs », selon elle.

« L'année fiscale en Egypte s'étend du 1er juillet au 30 juin donc quand ils parlent d'une croissance de 3,5% pour 2020, seuls quelques mois sont touchés par la crise du Covid-19 », explique-t-elle.

Le poids de l'investissement public injecté dans de grands projets d'infrastructures doit aussi être nuancé, selon l'experte.

Elément moteur de la croissance en Egypte, cet investissement est « amplement financé par l'emprunt, ce qui signifie que les sommes contribuant aujourd'hui au PIB devront, plus tard, être remboursées avec intérêts », avertit-elle.

La dette extérieure a plus que doublé entre 2015 et 2020 : de 48 milliards de dollars à 111,2 milliards.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le président Abdel Fattah al-Sissi a lancé plusieurs méga-projets dont celui d'une nouvelle capitale administrative, située dans le désert à 45 kilomètres du Caire et considérée comme la future vitrine du « développement » du pays.

Mais, selon l'universitaire, ces projets ne génèrent pas de « revenus durables ».

Gaber estime que ces initiatives « créent de l'emploi (...) et vont renouveler l'image de l'Egypte mais une grande partie du peuple n'en bénéficiera pas ».


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.