Mehdi Kerkouche, de la « révélation » du confinement à l'Opéra de Paris

Le chorégraphe Mehdi Kerkouche (Photo, Joel SAGET/AFP).
Le chorégraphe Mehdi Kerkouche (Photo, Joel SAGET/AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 08 novembre 2020

Mehdi Kerkouche, de la « révélation » du confinement à l'Opéra de Paris

  • Mehdi Kerkouche, chorégraphe venu du monde du hip-hop, a été invité à entrer dans la danse par la grande porte, avec une création à l'Opéra de Paris
  • Un rêve presque parfait, car le deuxième confinement a stoppé net les spectacles dans la prestigieuse maison où devait se produire la première le 10 novembre

PARIS: Entre deux confinements, son « rêve de gamin » est devenu réalité : Mehdi Kerkouche, chorégraphe venu du monde du hip-hop, a été invité à entrer dans la danse par la grande porte, avec une création à l'Opéra de Paris.

Un rêve presque parfait, car le deuxième confinement a stoppé net les spectacles dans la prestigieuse maison où devait se produire la première le 10 novembre. L'artiste de 34 ans ne se départ pas pour autant de son côté gouailleur et enthousiaste.

« Même si c'est un crève-cœur, on y va à 400% », raconte-t-il. Les répétitions se poursuivent en effet au Palais Garnier en prévision d'une captation et peut-être d'un live feed sur internet.

La chorégraphie de 20 minutes, qui devait être présentée aux côtés d'autres créations de chorégraphes établis comme Sidi Larbi Cherkaoui, est baptisée « Et si ».

Depuis le premier confinement, « je me posais énormément cette question. Et si c'était la dernière fois que je pouvais créer ? », affirme le chorégraphe. « J'avais en tête la phrase de Pina Bausch ‘dansez, dansez, sinon nous sommes perdus’. Cette phrase nous a guidés (comme si c'était) les 20 dernières minutes de création possibles », confie-t-il.

« Bonheur ultime »

Malgré le rendez-vous raté avec le public, cet ex-collaborateur de Chris(tine and the Queens) est encore sur un petit nuage. En mars, le grand public le découvre grâce à une petite vidéo devenue virale (1,5 million de vues) le montrant et des danseurs de sa compagnie EMKA dansant chacun dans leur appartement. 

Puis il organise un marathon de danse en ligne qui récolte 15 000 euros pour la Fondation des hôpitaux de Paris. Brigitte Macron l'appelle pour le féliciter.

Mais c'est un autre message qui le surprend, celui d'Aurélie Dupont, directrice de la danse à l'Opéra. « Elle m'a fait le plus beau compliment possible : ‘j'ai vu le travail de ta compagnie, je vois complètement mes danseurs faire ça’. Je suis rentré chez moi, j'ai versé ma petite larme », rit-il.

Pour le chorégraphe qui a grandi en banlieue parisienne, à Rueil-Malmaison, c'est le « bonheur ultime d'artiste ». « C'est un rêve de gamin. Petit, je ne savais pas que j'avais le droit d'aller à l'Opéra », affirme ce fils de parents divorcés, une employée de maison et un plombier chauffagiste.

Pas de moyens pour aller voir des spectacles. « La culture, c'était la télé (...) mes premiers profs, c'était Michael et Janet Jackson », se rappelle-t-il. A six ans, sa mère l'inscrit dans un cours de modern jazz où on lui dit qu'il avait « le rythme dans la peau ».

Après des essais chorégraphiques avec les copines dans la cité, l'adolescent veut devenir danseur. « Ma mère a d'abord rigolé et m'a dit ‘trouve-toi un autre sport histoire de te défouler un peu, et on en parlera plus tard’ ».

Il ne lâche pas, se forme à tous les styles, hip-hop, jazz, salsa, street, puis rencontre Laure Courtellemont, chorégraphe de danse urbaine réputée, qui le prend sous son aile. Depuis dix ans, il chorégraphie un jeu vidéo très populaire, « Just dance » pour l'entreprise Ubisoft.

Mais avec le temps, « j'ai eu besoin de me reconnecter », assure celui qui a chorégraphié pour sa compagnie la pièce « Dabkeh », du nom de cette danse traditionnelle moyen-orientale qu'il déstructure en mode hip-hop.

Pour la pièce à l'Opéra, il ajoute un clin d'œil en hommage aux tatouages de sa grand-mère berbère, à travers le maquillage des danseurs.

Dans cette maison, la danse contemporaine s'est installée depuis longtemps, mais « Mehdi nous a appris le langage hip-hop, son côté animalier et compact, qui vient du ventre... ceci est nouveau pour nous », affirme Axel Ibot, un des dix danseurs sélectionnés.

Dans une compagnie très hiérarchique, la personnalité du chorégraphe a amusé les danseurs. « Dès le premier jour, il nous appelait mes petits cœurs, mes petits chats, on était un peu surpris », sourit Axel Ibot. « C'est la première fois que le rapport (avec un chorégraphe) est aussi spontané ».


Le patrimoine de la conservation des dattes se perpétue à Al-Jouf

Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Short Url
  • La région d’Al-Jouf préserve une tradition ancienne de conservation des dattes, appelChaque année, le festival des dattes de Dumat Al-Jandal célèbre cette culture locale tout en servant de vitrine économiqueée Al-Maknuz, en parallèle des méthodes modernes
  • Chaque année, le festival des dattes de Dumat Al-Jandal célèbre cette culture locale tout en servant de vitrine économique pour les producteurs

RIYAD : Parmi les nombreuses pratiques sociales traditionnelles héritées dans la région d’Al-Jouf figure la coutume du remplissage des dattes.

Les dattes fraîches récoltées en été sont conservées selon une méthode qui permet de les stocker en toute sécurité et de les consommer durant tout l’hiver.

Malgré le développement des techniques agricoles modernes utilisées dans les usines actuelles, les familles de la région tiennent à cette tradition ancestrale.

Ahmed Al-Arfaj et sa famille réalisent chaque année le processus de remplissage et de conservation de la récolte de leur ferme, et il tient à transmettre ce savoir-faire à ses enfants — qui, à leur tour, le transmettront aux générations futures.

Ils s’appuient principalement sur la production de dattes Hilwah Al-Jouf, a-t-il expliqué, et le processus commence par ce qu’on appelle Al-Laqat (cueillette) ou Al-Haddad (récolte). Les dattes sont ensuite séchées au soleil afin d’en évaporer toute l’humidité.

La prochaine étape est celle de Al-Taqmi‘ (tri), durant laquelle les noyaux sont retirés et les dattes non conformes écartées. Elles sont ensuite conditionnées dans des contenants hermétiquement fermés — une technique moderne, car auparavant, on utilisait de grands récipients en argile appelés Al-Khawabi.

Al-Arfaj a précisé que cette coutume est localement appelée Al-Maknuz (conservation). Elle permet notamment de produire du mélasse de dattes et des dattes Al-Mujarrash (transformées), dont les sucres ont cristallisé, leur donnant un goût et une texture uniques.

La région d’Al-Jouf célèbre cette production à travers le festival annuel des dattes qui se tient à Dumat Al-Jandal. En plus de mettre en valeur les différentes variétés de dattes, cet événement constitue un outil marketing important.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Short Url
  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Short Url
  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com