Le Nobel d'économie à trois experts des banques, dont l'ex-président de la Fed Bernanke

Photo prise lors de l'annonce du Prix Nobel 2022 de littérature à Borshuset à Stockholm, Suède, le 6 octobre 2022 (Photo, AFP).
Photo prise lors de l'annonce du Prix Nobel 2022 de littérature à Borshuset à Stockholm, Suède, le 6 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 octobre 2022

Le Nobel d'économie à trois experts des banques, dont l'ex-président de la Fed Bernanke

  • Le trio récompensé «a significativement amélioré notre compréhension du rôle des banques dans notre économie, particulièrement durant les crises financières, ainsi que la façon de réguler les marchés financiers», a salué le jury Nobel
  • Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d'Alfred Nobel, ce prix créé par la Banque centrale suédoise s'est ajouté en 1969 aux cinq traditionnelles récompenses

STOCKHOLM: Il était un des grands visages de la crise financière de 2008: le prix Nobel d'économie a été décerné lundi à Ben Bernanke, l'ancien président de la banque centrale américaine (Fed) et ses compatriotes Douglas Diamond et Philip Dybvig, pour leurs travaux sur les banques et leurs sauvetages nécessaires durant les tempêtes financières.

L'ex-banquier central, même s'il n'a pas empêché la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en 2008, est resté dans l'histoire économique récente comme l'"hélicoptère Ben", qui a ouvert les vannes financières de la Fed pour ne pas reproduire les erreurs des tours de vis trop brutaux de ses prédécesseurs des années 1930, qui avaient propagé le marasme boursier à la production et à l'emploi.

L'ancien professeur d'économie, spécialiste de la Grande dépression, avait quitté son poste à la tête de la Federal Reserve il y a huit ans en voyant salué son rôle pour sortir l'économie américaine de la crise.

Le trio récompensé "a significativement amélioré notre compréhension du rôle des banques dans notre économie, particulièrement durant les crises financières, ainsi que la façon de réguler les marchés financiers", a salué le jury Nobel.

"Une importante découverte de leurs recherches", dont les travaux commencent à partir des années 1980, "a été de montrer pourquoi éviter l'effondrement des banques est vital", a souligné le comité de l'Académie suédoise des sciences chargé de décerner le prix.

Agé de 68 ans, Ben Bernanke a été président de la Federal Reserve (Fed) entre 2006 et 2014, bail marqué par la crise financière de 2008-2009 et la chute de la banque américaine Lehman Brothers. La plus grande faillite bancaire dans l'histoire des Etats-Unis avait déclenché une crise financière mondiale et souligné le risque posé par des géants bancaires "too big to fail" ("trop grands pour faire faillite").

"Je suis incroyablement honoré, évidemment", a réagi l'ancien banquier central, lors d'une conférence de presse à Washington.

"Nous avions éteint nos téléphones portables, mon épouse et moi. (...) C'est finalement notre fille à Chicago qui a été contactée et nous a appelés sur notre téléphone fixe", a-t-il raconté.

L'économiste a analysé la Grande Dépression des années 1930 et a notamment montré comment les retraits massifs - les "bank runs" ("ruée aux guichets") -  "étaient un facteur décisif dans la prolongation et l'aggravation des crises".

Le jury ne fait toutefois aucune référence directe à l'action de Ben Bernanke à la tête de la Fed dans les motivations de son prix.

Douglas Diamond, né en octobre 1953, et Philip Dybvig, 67 ans, respectivement professeurs à l'université de Chicago et à l'université Washington de Saint-Louis, ont développé des modèles théoriques montrant comment les banques peuvent être vulnérables à la rumeur sur leur effondrement imminent.

Ces travaux ont notamment débouché sur le modèle Diamond–Dybvig sur les paniques bancaires "autoréalisatrices", rappelle le comité Nobel.

"Je dormais profondément quand au téléphone j'ai entendu une voix suédoise (...). Je me suis demandé si c'était authentique", a plaisanté Douglas Diamond, en racontant comment il a réagi à l'annonce de son nouveau prix Nobel d'économie. "Oh, c'est pas mal !", a-t-il pensé ensuite. "Il ne faut pas le gagner trop jeune, après, cela vous monte à la tête", a ajouté ce professeur, qui se dit "obsédé par la stabilité financière et les banques".

Interrogé sur les risques actuels du système financier, M. Diamond a reconnu que les hausses d'intérêts menées actuellement par les banques centrales dans le monde pour juguler l'inflation revenaient à "ôter de la liquidité dans le système".

"Les banques centrales doivent être prudentes quant au rythme auquel elles réduisent cette liquidité ou bien elles feront face à des crises financières qui vont leur lier les mains et les empêcher d'atteindre leur but macro-économique", a averti le Nobelisé.

«Faux Nobel»

Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d'Alfred Nobel, le prix d'économie "à la mémoire" de l'inventeur s'est ajouté bien plus tard aux cinq prix traditionnels, lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de "faux Nobel".

Vendredi, le prix Nobel de la paix a récompensé le militant bélarusse emprisonné Ales Beliatski, l'ONG Memorial et le Centre ukrainien pour les libertés civiles en pleine invasion de l'Ukraine par Moscou.

La veille, Annie Ernaux était devenue la première Française à remporter le Nobel de littérature, après 15 hommes.

Le Nobel de médecine avait ouvert le bal en couronnant lundi dernier le Suédois Svante Pääbo, père de l'homme de Denisova et cartographe de l'ADN de l'homme de Néandertal.

Celui de physique a récompensé le Français Alain Aspect, l'Autrichien Anton Zeilinger et l'Américain John Clauser pour leurs découvertes sur le mécanisme révolutionnaire de "l'intrication quantique".

Un trio, les Américains Carolyn Bertozzi et Barry Sharpless conjointement avec le Danois Morten Meldal, a été couronné en chimie pour "le développement de la chimie click et de la chimie bioorthogonale", avec un rarissime deuxième prix pour M. Sharpless.

Malgré une seule femme sacrée en sciences et des Nobélisés 100% américano-européens cette année, les prix Nobel progressent en termes de diversité, a affirmé lundi à l'AFP un des principaux responsables des comités attribuant les récompenses.

Hans Ellegren, secrétaire général de l'Académie royale suédoise des sciences, s'est dit "plutôt satisfait" de l'évolution du nombre de femmes couronnées en sciences, pointant le nombre croissant de lauréates ces cinq dernières années.


La France encouragée à donner plus vite la priorité à l'électricité

Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
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  • RTE appelle à accélérer l’électrification pour réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles, combler le retard de la France et tenir ses objectifs climatiques et industriels
  • Le gestionnaire du réseau prône une stratégie combinant nucléaire et renouvelables,

PARIS: En plein débat sur les choix énergétiques de la France, le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE sonne la mobilisation générale pour accélérer la transition vers l'électricité et réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles.

Sans cela, le pays pourrait manquer ses objectifs de décarbonation et de réindustrialisation, avertit l'opérateur.

"La pertinence d’une électrification rapide du pays pour réduire ses dépendances aux fossiles importés, améliorer sa balance commerciale et permettre sa décarbonation rapide est attestée", écrit RTE dans son bilan prévisionnel 2025, destiné à éclairer les choix du gouvernement sur le futur énergétique du pays.

Le gardien de l'équilibre électrique français rappelle que les importations d'hydrocarbures (gaz, pétrole) constituent la première source du déficit commercial, une note salée de 50 à 70 milliards d'euros chaque année, et même près de 120 milliards lors de la crise énergétique.

La stratégie de décarbonation de la France vise à réduire d'ici 2035 la part des hydrocarbures dans sa consommation d'énergie de 60% aujourd'hui à 30-35% en augmentant l'usage de l'électricité bas carbone - nucléaire ou renouvelable - dans les transports, l'industrie, les bâtiments...

Problème: le pays accuse aujourd'hui un "retard" dans cette "électrification" alors qu'il dispose de "l’avantage quasi-unique en Europe d’une production d’électricité particulièrement abondante et déjà décarbonée à 95%", avec des prix sur les marchés de gros parmi les plus bas du continent, souligne RTE.

L'impératif de remplacement des énergies fossiles par de l’électricité décarbonée "va bien au-delà" des objectifs climatiques de baisse des émissions, précise à l'AFP Thomas Veyrenc, directeur général Economie, stratégie et finances de RTE. "C’est un enjeu de souveraineté de réduire des importations d’énergies fossiles de la Russie, du Moyen-Orient, ou même des Etats-Unis".

Ce rapport "confirme la nécessité d’accélérer sur l’électrification des usages pour atteindre nos objectifs: transition écologique, des logements plus résilients, décarbonation de l’industrie et réindustrialisation, indépendance énergétique", a commenté le ministère français de l'Industrie et de l'Energie.

Sa publication doit ouvrir une séquence politique avec des annonces du gouvernement sur une "stratégie d'électrification complémentaire" à la future feuille de route énergétique de la France, selon le ministère. Des décisions seront d'ailleurs "prises d’ici Noël", assure-t-il.

- Avancer sur deux jambes -

La publication du décret sur cette feuille de route a déjà plus de deux ans de retard en raison de profondes divisions politiques sur le partage entre nucléaire et énergies renouvelables, auxquelles est notamment opposé le Rassemblement national, le principal parti d'extrême droite français.

Leurs adversaires venus aussi d'une partie de la droite les accusent de coûter cher en aides publiques et de déséquilibrer le système électrique en raison de leur intermittence.

Mais du point de vue de RTE, nucléaire et renouvelables ne se concurrencent pas. "Le système énergétique de demain devra marcher sur deux jambes, les renouvelables et le nucléaire. Il n'y aurait aucun intérêt à se priver de l'une maintenant, au risque de ne plus pouvoir avancer", estime Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Le rapport actualise la trajectoire de décarbonation de la France en tenant compte du retard pris dans l’électrification depuis 2023, de la dégradation du contexte macroéconomique et des conséquences durables des actions de sobriété instaurées durant la crise énergétique de 2022-2023.

La France tend ainsi à s'inscrire actuellement dans une trajectoire de décarbonation dite "lente" dans laquelle elle n'atteint pas ses objectifs climatiques et voit la part de l'industrie manufacturière dans son PIB (Produit intérieur brut) baisser. Cela se traduit par une demande d'électricité en berne et un épisode de surcapacité avérée jusqu'en 2027-2028.

Pour en sortir, RTE prône une accélération de la consommation électrique dans les secteurs qui n'en consomment pas, correspondant à une trajectoire de décarbonation "rapide" alignée sur ses objectifs climatiques et de réindustrialisation - la solution la moins coûteuse et la plus efficace selon RTE.

"Face à cette situation de surcapacité électrique temporaire, la France a le choix entre actionner un levier de décarbonation rapide, possible car les projets industriels existent ou bien ralentir transitoirement le rythme d’installation des renouvelables", ajoute M. Piechaczyk.

Mais il met en garde: ce levier-là est "bien moins efficace économiquement".


Les Bourses mondiales patientent avant la Fed

Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine. (AFP)
Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine. (AFP)
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  • "Toutes les attentions cette semaine seront tournées vers la réunion (de politique monétaire) de mercredi" de la Réserve fédérale américaine, commente Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank
  • Les marchés "s'attendent à ce que la Fed procède à une dernière et troisième baisse de taux de 0,25% pour 2025, portant à 6 le nombre de baisses et à 1,75% l'assouplissement cumulé depuis septembre 2024", résume M. Reid

PARIS: Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine.

En Europe, dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,30% quand Francfort (+0,02%), Londres (+0,06%) et Milan (-0,01%) restaient à l'équilibre.

En Asie, à la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a oscillé autour de l'équilibre, terminant en hausse de 0,18%. A Séoul, l'indice Kospi a gagné 1,34%. A Hong Kong, l'indice Hang Seng lâchait 1,23% dans les derniers échanges.

"Toutes les attentions cette semaine seront tournées vers la réunion (de politique monétaire) de mercredi" de la Réserve fédérale américaine, commente Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.

Les marchés "s'attendent à ce que la Fed procède à une dernière et troisième baisse de taux de 0,25% pour 2025, portant à 6 le nombre de baisses et à 1,75% l'assouplissement cumulé depuis septembre 2024", résume M. Reid.

"La faiblesse récente des données sur l'emploi et un indice PCE stable (...) soutiennent cette perspective", note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

A 2,8% sur un an contre 2,7% en août, l'inflation s'éloigne encore de la cible de la banque centrale américaine, qui est de 2%. L'inflation sous-jacente (hors prix de l'énergie et de l'alimentation) a, elle, légèrement ralenti à 2,8% en glissement annuel, contre 2,9% le mois précédent.

La répartition des votes au sein du FOMC, le Comité de politique monétaire de la Fed, devrait également être scrutée.

"Le FOMC est divisé", souligne Mme Ozkardeskaya. "Certains membres craignent qu'une inflation alimentée par les droits de douane ne contrebalance les forces désinflationnistes et plaident pour la prudence — face à ceux qui veulent des baisses plus rapides, en ligne avec les pressions politiques et la préférence du public."

L'hypothèse la plus probable pour l'analyste reste que "les taux continueront de baisser à mesure que le comité se tourne vers des membres plus alignés sur les positions de la nouvelle administration, à commencer par un nouveau président de la Réserve fédérale".

Parmi les personnalités vues comme de potentiels successeurs de Jerome Powell, l'actuel principal conseiller à l'économie du président américain, Kevin Hasset, est régulièrement cité.

Et "au-delà de cette décision de premier plan, le ton de la conférence de presse du président Powell et le communiqué qui l'accompagne seront essentiels", note Jim Reid.

La Chine menacée de droits de douane

L'excédent commercial colossal de la Chine a dépassé pour la première fois les 1.000 milliards de dollars en 2025, les exportations à travers le reste du monde compensant la forte baisse des livraisons vers les États-Unis, indiquent des chiffres officiels publiés lundi.

Le président français Emmanuel Macron, tout juste de retour de Chine où il a plaidé la cause européenne en fin de semaine passée, a menacé Pékin dimanche de droits de douane "dans les tout prochains mois" si la Chine ne prend pas des mesures pour réduire le déficit commercial qui ne cesse de se creuser avec l'Union européenne.

Lundi, les valeurs européennes exposées à la Chine comme le luxe français, perdaient du terrain. A Paris, L'Oréal cédait 1,64%, Hermes 1,57%, Christian Dior 1,36%, LVMH 1,00% et Kering 0,59% vers 08H30 GMT.

La défense japonaise soutenue

"Les tensions entre la Chine et le Japon montent, soutenant les actions japonaises de la défense", commente Ipek Ozkardeskaya.

Tokyo a convoqué l'ambassadeur de Chine au Japon pour lui exprimer sa "vive protestation" après que des avions militaires chinois ont verrouillé leurs radars sur des chasseurs japonais, au moment où les tensions sont fortes entre les deux pays au sujet de Taïwan.

La Première ministre Sanae Takaichi a suggéré le mois dernier que le Japon pourrait intervenir militairement en cas d'attaque chinoise contre Taïwan, île dont Pékin revendique la souveraineté. La Chine n'exclut pas de recourir à la force pour la reprendre.

A Tokyo, Mitsubishi Heavy Industries a terminé en hausse de 3,06%, Kawasaki Heavy Industries de 2,48% et Japan Steel Works de 4,68%.


L'Arabie saoudite approuve le budget 2026 avec 306 milliards de dollars de recettes prévues

 Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a approuvé le budget 2026 du royaume lors d'une réunion du cabinet à Dammam mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a approuvé le budget 2026 du royaume lors d'une réunion du cabinet à Dammam mardi. (SPA)
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  • Le budget 2026, approuvé mardi par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'une réunion du cabinet à Dammam, fixe les dépenses totales à 1,31 trillion de SR
  • Le déficit budgétaire devrait atteindre environ 165 milliards de SR en 2026, soit 3,3 % du PIB, grâce à des politiques de dépenses anticycliques ciblées

RIYADH : L'Arabie saoudite devrait générer des recettes de 1,15 trillion de francs suisses (306 milliards de dollars) en 2026, soit une augmentation de 5,1 pour cent par rapport à l'estimation de 2025, soulignant les gains du programme de diversification économique en cours du Royaume.

Le budget 2026, approuvé mardi par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'une réunion du cabinet à Dammam, fixe les dépenses totales à 1,31 trillion de SR, soit un peu moins que les 1,34 trillion de SR prévus pour 2025, selon la déclaration budgétaire publiée par le ministère des Finances.