Santé: créer des mini-organes pour soigner les maladies

Avoir recours à ces mini-organes offre de nouvelles possibilités pour mieux comprendre les étapes d'une maladie, le fonctionnement et l'action d'une molécule pharmacologique, sa toxicité éventuelle. Cela correspond aussi à la volonté de réduire le recours aux expériences animales. (Photo, AFP)
Avoir recours à ces mini-organes offre de nouvelles possibilités pour mieux comprendre les étapes d'une maladie, le fonctionnement et l'action d'une molécule pharmacologique, sa toxicité éventuelle. Cela correspond aussi à la volonté de réduire le recours aux expériences animales. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 12 octobre 2022

Santé: créer des mini-organes pour soigner les maladies

Avoir recours à ces mini-organes offre de nouvelles possibilités pour mieux comprendre les étapes d'une maladie, le fonctionnement et l'action d'une molécule pharmacologique, sa toxicité éventuelle. Cela correspond aussi à la volonté de réduire le recours aux expériences animales. (Photo, AFP)
  • A l'Institut Pasteur à Paris, l'équipe de la chercheuse Miria Ricchetti, à la tête du laboratoire de mécanismes moléculaires du vieillissement pathologique, se consacre à la production de mini-cerveaux, ou plus exactement d'organoïdes de cerveaux
  • Dans la nature, après la fécondation de l'oeuf, apparaissent rapidement des cellules souches dites pluripotentes, qui ont la capacité de générer tous types de cellules du corps humain --des cellules neuronales, des cellules de peau, etc.

PARIS: Des mini-organes, sortes d'avatars de cerveaux, de pancréas ou de vessie, pour mieux connaître (et soigner) les maladies: cette vision, qui pourrait sortir tout droit d'un roman d'Aldous Huxley, est pourtant bien réelle et étudiée par des équipes de chercheurs du monde entier. 

A l'Institut Pasteur à Paris, l'équipe de la chercheuse Miria Ricchetti, à la tête du laboratoire de mécanismes moléculaires du vieillissement pathologique, se consacre à la production de mini-cerveaux, ou plus exactement d'organoïdes de cerveaux. 

Depuis le début des recherches, fin 2020, plusieurs milliers de ces organoïdes ont vu le jour, dont des centaines sont maintenues en vie dans un biofermenteur. A l'oeil nu, cela donne de petites boules blanches minuscules, conservées à 37 degrés dans des boîtes de Pétri, qui vont être conservées sous un mouvement constant permettant de faire circuler les nutriments nécessaires et éviter que ces organoïdes ne s'agglutinent les uns aux autres. 

Un petit élément d'explication s'impose: dans la nature, après la fécondation de l'oeuf, apparaissent rapidement des cellules souches dites pluripotentes, qui ont la capacité de générer tous types de cellules du corps humain --des cellules neuronales, des cellules de peau, etc. 

Or, le chercheur japonais Shinya Yamanaka (Nobel de médecine 2012) a réussi, il y a moins d'une vingtaine d'années, à mettre au point une méthode qui permet de reprogrammer en laboratoire les cellules adultes déjà spécialisées (foie, neurones etc.), afin qu'elles puissent de nouveau donner tous types de cellules. Ces "cellules souches pluripotentes induites", qui répondent à l'acronyme iPS, ont marqué un tournant dans l'histoire de la biologie humaine, permettant nombre de nouvelles recherches. 

C'est justement à partir de cellules iPS que l'équipe de l'Institut Pasteur, s'appuyant sur des protocoles développés par différents laboratoires, génère des organoïdes de cerveaux, obtenant en quelques mois des cellules structurées de 3 ou 4 mm. 

Organoïdes dans l'espace 

"Il s'agit de quelque chose de beaucoup plus simple que le cortex humain, mais ces organoïdes sont composés de différents types de cellules, qui interagissent entre elles, et forment des couches qui se positionnent correctement", décrit Miria Ricchetti. En gros, cela donne "une structure en trois dimensions, assez proche d'un cerveau humain en développement âgé de vingt semaines". 

C'est l'une des clefs pour comprendre l'intérêt de cette technologie révolutionnaire. Car les organoïdes transforment la façon d'étudier les cellules, quand la plupart des recherches actuellement s'effectuent sur des cellules en deux dimensions. 

Or, la complexité de la biologie humaine ne se comprend pas toujours en deux dimensions et avec un seul type de cellules. "Certains médicaments vont fonctionner sur des cellules 2D. Puis on se rend compte qu'ils ne marchent pas sur des cellules en 3D", souligne la chercheuse de l'Institut Pasteur. 

Avoir recours à ces mini-organes offre donc de nouvelles possibilités pour mieux comprendre les étapes d'une maladie, le fonctionnement et l'action d'une molécule pharmacologique, sa toxicité éventuelle. Cela correspond aussi à la volonté de réduire le recours aux expériences animales. 

Plus largement, pour l'équipe de Miria Ricchetti, ces organoïdes permettent d'étudier la gestation d'un cerveau humain malade. Avec à la clef, la possibilité de travailler sur tous types de maladies dégénératives. 

Les organoïdes sont une révolution, pas uniquement utilisés par l'Institut Pasteur. Des laboratoires du monde entier sont engagés dans la recherche. Des "micro-organes" humains de côlon, prostate, poumon, sein ou pancréas ont déjà été créés. 

Une étude internationale, publiée mercredi dans le journal scientifique Nature, montre notamment l'intérêt d'implanter des organoïdes de cerveaux humains dans le cortex de jeunes rats, dans le but d'étudier des maladies psychiatriques. 

D'ici l'an prochain, des organoïdes de l'Institut Pasteur seront même envoyés sur la Station spatiale internationale, afin de déterminer, au retour, les effets au niveau moléculaire de la vie dans l'espace sur les cellules du cerveau humain. 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.