Le Nobel de médecine au Suédois Svante Pääbo, chasseur de l'ADN préhistorique

Un écran montre le lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine 2022, le paléogénéticien suédois Svante Paabo, lors d'une conférence de presse à l'Institut Karolinska de Stockholm, en Suède, le 3 octobre 2022. (AFP).
Un écran montre le lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine 2022, le paléogénéticien suédois Svante Paabo, lors d'une conférence de presse à l'Institut Karolinska de Stockholm, en Suède, le 3 octobre 2022. (AFP).
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Publié le Lundi 03 octobre 2022

Le Nobel de médecine au Suédois Svante Pääbo, chasseur de l'ADN préhistorique

  • «En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des homininés disparus, ses découvertes ont donné la base à l'exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques», a salué le jury Nobel
  • Grâce au séquençage d'un os retrouvé en Sibérie en 2008, le Suédois de 67 ans a également permis de révéler l'existence d'un autre homininé distinct et inconnu jusqu'alors, l'homme de Denisova, qui vivait dans l'actuelle Russie et en Asie

STOCKHOLM : Le prix Nobel de Médecine a couronné lundi le pionnier de la paléogénomique, le Suédois Svante Pääbo, pour le séquençage complet du génome de l'homme de Néandertal et la fondation de cette discipline qui remonte à l'ADN du fond des âges pour éclairer les gènes humains d'aujourd'hui.

"En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des homininés disparus, ses découvertes ont donné la base à l'exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques", a salué le jury Nobel.

Grâce au séquençage d'un os retrouvé en Sibérie en 2008, le Suédois de 67 ans a également permis de révéler l'existence d'un autre homininé distinct et inconnu jusqu'alors, l'homme de Denisova, qui vivait dans l'actuelle Russie et en Asie.

Installé en Allemagne depuis des décennies - il travaille au prestigieux Institut Max-Planck pour la recherche fondamentale - Svante Pääbo a découvert en 2009 qu'un transfert de gènes de l'ordre de 2% avait eu lieu entre ces homininés disparus, comme Neandertal, et l'Homo sapiens.

Ce flux ancien de gènes vers l'homme actuel a eu un impact physiologique sur l'homme d'aujourd'hui, affectant par exemple la façon dont son système immunitaire réagit aux infections.

Ses travaux avaient ainsi récemment montré que les malades du Covid-19 portant un segment d'ADN de Neandertal - notamment en Europe, et plus notablement en Asie du Sud - hérité d'un croisement avec le génome humain il y a quelque 60 000 ans, ont plus de risques d'avoir des complications sévères de la maladie.

"Les différences génétiques entre Homo Sapiens et nos plus proches parents aujourd'hui éteints étaient inconnues jusqu'à ce qu'elles soient identifiées grâce aux travaux de Pääbo", a salué le comité Nobel dans sa décision.

Le chercheur suédois a su surmonter les difficultés posées par la dégradation de l'ADN dans le temps: après des milliers d'années, seules des traces demeurent, de surcroît largement contaminées par des bactéries ou des traces humaines modernes.

Dans une interview à la Fondation Nobel, le paléogénéticien a raconté qu'il était "en train d'avaler sa dernière gorgée de thé" quand il a reçu le coup de téléphone de Stockholm.

"Je ne pensais pas vraiment que (ses découvertes) me qualifieraient pour un prix Nobel", a-t-il affirmé.

L'homme de Néandertal a cohabité un temps avec l'homme moderne en Europe avant de disparaître totalement il y environ 30 000 à 40 000 ans, supplanté par Sapiens, aux racines africaines.

"Les 40.000 dernières années sont assez unique dans l'histoire de l'humanité puisque nous somme la seule forme d'humain en vie. Avant cela il y avait presque tout le temps eu d'autres types d'humains", a souligné M. Pääbo jeudi.

Natif de Stockholm, il était considéré comme nobélisable depuis longtemps. Mais il avait disparu de la liste des favoris ces dernières années.

L'Institut Max-Planck s'est réjoui de son prix, saluant un travail "qui a révolutionné notre compréhension de l'évolution historique de l'humain moderne".

Nobel de médecine: les lauréats des dix dernières années

Voici la liste des lauréats des dix dernières années du Nobel de médecine, dont le prix 2022 a été attribué lundi par l'Assemblée Nobel de l'Institut Karolinska de Stockholm:

- 2022: Svante Pääbo (Suède), pour son séquençage de l'ADN de l'homme de Neandertal et la fondation de la paléogénomie

- 2021: David Julius (Etats-Unis) et Ardem Patapoutian (Etats-Unis) pour leurs découvertes sur la façon dont le système nerveux transmet la température et le toucher.

- 2020: Michael Houghton (Grande-Bretagne), Harvey J. Alter (Etats-Unis) et Charles M. Rice (Etats-Unis) pour leur rôle dans la découverte du virus responsable de l'hépatite C.

- 2019: William Kaelin (Etats-Unis), Gregg Semenza (Etats-Unis) et Peter Ratcliffe (Grande-Bretagne) pour leurs travaux sur l'adaptation des cellules aux niveaux variables d'oxygène dans le corps ouvrant des perspectives dans le traitement du cancer et de l'anémie.

- 2018: James P. Allison (Etats-Unis) et Tasuku Honjo (Japon) pour leurs recherches sur l'immunothérapie qui se sont révélées particulièrement efficaces dans le traitement de cancers virulents.

- 2017: Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young (Etats-Unis), qui ont démonté les mécanismes complexes de l'horloge biologique.

- 2016: Yoshinori Ohsumi (Japon) pour ses travaux sur l'autophagie, processus par lequel nos cellules digèrent leurs propres déchets et qui, en cas de dysfonctionnement, déclenche la maladie de Parkinson ou le diabète.

- 2015: William Campbell (Irlande/États-Unis), Satoshi Omura (Japon) et Tu Youyou (Chine) pour leurs découvertes de traitements contre les infections parasitaires et le paludisme.

- 2014: John O'Keefe (Grande-Bretagne/États-Unis) et May-Britt et Edvard Moser (Norvège), pour leurs recherches sur le "GPS interne" du cerveau, qui pourrait permettre des avancées dans la connaissance de la maladie d'Alzheimer.

- 2013: James Rothman, Randy Schekman et Thomas Südhof (États-Unis), pour leurs découvertes sur les transports intracellulaires, qui font mieux connaître des maladies comme le diabète.

Nobel et fils de Nobel

Svante Pääbo remporte seul ce Nobel scientifique, doté d'une récompense de 10 millions de couronnes (environ 920 000 euros). Un exploit de plus en plus rare, le dernier Nobel de médecine pour un lauréat seul remontant par exemple à 2016.

La récompense ouvre une dynastie improbable: son père, Sune Bergström (1916-2004), avait également reçu le Nobel de médecine en 1982 pour avoir découvert des prostaglandines.

Il est en réalité le père naturel de Svante, qui avait expliqué publiquement en 2014 être le fruit secret d'une aventure extraconjugale, d'où leurs noms différents.

"Je ne l'ai vu qu’occasionnellement comme adulte", racontera Svante Pääbo dans ses mémoires "L'Homme de Néandertal: à la recherche des génomes perdus".

Le millésime Nobel se poursuit à Stockholm mardi avec la physique et mercredi avec la chimie, avant les très attendus prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le plus récent prix d'économie clôt le millésime lundi prochain.

L'an dernier, le prix de médecine était allé à deux Américains, David Julius et Ardem Patapoutian, pour leurs découvertes sur le fonctionnement du toucher.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.