Migration : la politique de visas de la Serbie dans le collimateur de l'UE

Le ministre allemand de l'Économie et de la Protection du climat Robert Habeck (à gauche) discute avec la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser avant le début de la réunion hebdomadaire du cabinet allemand à la chancellerie à Berlin, le 12 octobre 2022. (Photo de Tobias Schwarz / AFP)
Le ministre allemand de l'Économie et de la Protection du climat Robert Habeck (à gauche) discute avec la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser avant le début de la réunion hebdomadaire du cabinet allemand à la chancellerie à Berlin, le 12 octobre 2022. (Photo de Tobias Schwarz / AFP)
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

Migration : la politique de visas de la Serbie dans le collimateur de l'UE

  • Plus de 106.000 entrées irrégulières dans l'UE ont été enregistrées depuis la route des Balkans occidentaux sur neuf mois, soit une hausse de 170% par rapport à la même période de l'an dernier
  • La Commission explique cette hausse en partie par le fait que les pays des Balkans occidentaux voisins de l'UE, et particulièrement la Serbie, pays candidat à l'UE depuis 2012, ont une politique de visas qui n'est pas alignée sur celle de l'UE

LUXEMBOURG : La politique de visas de la Serbie a concentré les critiques vendredi, lors d'une réunion des ministres européens de l'Intérieur, qui l'accusent de contribuer à une forte hausse des arrivées de migrants dans l'UE par la route des Balkans occidentaux.

Les pays de l'UE reprochent à Belgrade d'être une porte d'entrée vers l'Union européenne pour des migrants turcs, indiens, tunisiens, cubains et burundais, qui n'ont pas besoin de visa pour se rendre en Serbie.

«J'espère que la Serbie et les autres pays partenaires des Balkans occidentaux vont coopérer avec nous et aligner leur politique de visas avec l'UE», a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson en arrivant à la réunion à Luxembourg.

Plus de 106.000 entrées irrégulières dans l'UE ont été enregistrées depuis la route des Balkans occidentaux sur neuf mois, soit une hausse de 170% par rapport à la même période de l'an dernier, selon l'agence Frontex. Toutes routes confondues, Frontex a enregistré le niveau le plus élevé d'entrées irrégulières dans l'UE depuis 2016 (228.240 sur cette période).

La route des Balkans occidentaux a été empruntée principalement par les migrants syriens et afghans comme en 2021. Mais la Commission note cette année une hausse des arrivées de Turcs, Tunisiens, Indiens, Cubains et Burundais depuis cette route.

- «Stopper ces flux» -

«Beaucoup d'entre eux doivent être renvoyés dans leurs pays d'origine mais nous devons aussi faire en sorte de stopper ces flux», a ajouté la commissaire aux Affaires intérieures.

L'Autriche et la Belgique notamment se plaignent de devoir gérer un afflux de demandeurs d'asile inédit depuis la crise de 2015-2016.

La Commission explique cette hausse en partie par le fait que les pays des Balkans occidentaux voisins de l'UE, et particulièrement la Serbie, pays candidat à l'UE depuis 2012, ont une politique de visas qui n'est pas alignée sur celle de l'UE.

En clair, ces pays dispensent de visa des ressortissants de pays tiers qui sont soumis à une obligation de visa pour entrer dans l'UE. Or ces exilés peuvent ensuite poursuivre leur route et entrer de façon irrégulière dans l'UE.

La ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser a renouvelé ses critiques à l'égard de la politique de Belgrade, indiquant qu'elle consistait à exempter de visas les ressortissants d'«Etats qui ne reconnaissent pas le Kosovo».

Cette ancienne province serbe majoritairement albanaise a proclamé en 2008 son indépendance, que Belgrade ne reconnaît pas.

Les ressortissants de Serbie, comme ceux de quatre autres pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie, Macédoine du Nord, Monténégro), sont exemptés de visa pour se rendre dans l'UE depuis 2009-2010.

Mais l'Union européenne insiste pour que ces pays, qui sont officiellement candidats à l'UE ou aspirent à la rejoindre, s'alignent sur la politique européenne en matière de visa.

«La Serbie doit adapter sa pratique en matière de visas à celle de l'UE si elle veut progresser dans la procédure d'adhésion à l'UE», a commenté Nancy Faeser.

En réponse, la Commission pourrait décider de suspendre ce régime d'exemption de visa accordé aux ressortissants de Serbie. «Ce n'est bien sûr pas quelque chose que je peux exclure», a indiqué Ylva Johansson.

La commissaire européenne a précisé qu'elle rencontrerait des représentants des pays des Balkans occidentaux la semaine prochaine à Berlin, puis à Prague et à Tirana.

L'UE reproche par ailleurs à la Serbie de ne pas être alignée sur les sanctions prises par les 27 à l'encontre de Moscou en raison de la guerre en Ukraine.

Et Belgrade a récemment suscité l'irritation de ses partenaires européens quand son ministre des Affaires étrangères Nikola Selakovic a signé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies un accord avec son homologue russe Sergueï Lavrov pour des «consultations» mutuelles en matière de politique étrangère.

«Cela pose de graves questions», avait réagi le 26 septembre Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. «Le processus d'adhésion à l'UE requiert un alignement avec les politiques européennes, notamment dans les affaires étrangères», avait-il rappelé.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.