Inflation, frais de chauffage: l'hiver risque d'être rude pour les plus modestes

"L'électricité, le gaz, ça va être horrible. Je préfère ne pas y penser" pour "ne pas avoir mal au ventre", confie une mère de trois enfants toujours à sa charge. "On vit au jour le jour et on verra". (Photo d'illustration/AFP).
"L'électricité, le gaz, ça va être horrible. Je préfère ne pas y penser" pour "ne pas avoir mal au ventre", confie une mère de trois enfants toujours à sa charge. "On vit au jour le jour et on verra". (Photo d'illustration/AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 16 octobre 2022

Inflation, frais de chauffage: l'hiver risque d'être rude pour les plus modestes

  • Le gouvernement a mis en place cette année un «bouclier tarifaire» qui limite à 4% la hausse des prix de l'électricité. Mais la mesure est insuffisante pour les foyers aux budgets serrés, préviennent les associations
  • «Encore plus de personnes risquent de mal ou de ne pas se chauffer», déclare le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui demande une «très forte hausse» du chèque énergie

PARIS : Elise*, mère de trois enfants, a sollicité cet automne le Secours populaire pour la première fois de sa vie. A l'approche de l'hiver, les associations de lutte contre la pauvreté alertent sur l'afflux des appels des familles les plus modestes, au budget mis à mal par l'inflation.

Pour cette habitante de Roubaix (Nord) âgée de 34 ans, le quotidien s'apparente à de "la survie", avec un budget mensuel d'environ 1.200 euros. "On se restreint, on tient, mais c'est de plus en plus dur", dit-elle à l'AFP.

Inquiète face à des factures qui augmentent, elle fait "tout (son) possible pour économiser": "Pour dormir, on a mis tous les matelas dans une pièce en bas, cela évite de chauffer ailleurs".

Samuel Coppens, porte-parole de l'Armée du Salut, explique nourrir de "vraies craintes". "Les gens rognent déjà de tous les côtés et il va y avoir en plus la question du chauffage" qui va peser sur les budgets, souligne-t-il auprès de l'AFP. "Nous essayons de nous mettre en ordre de bataille pour être en capacité d'accueillir un plus grand nombre de personnes" cet hiver.

Le gouvernement a mis en place cette année un "bouclier tarifaire" qui limite à 4% la hausse des prix de l'électricité. Mais la mesure est insuffisante pour les foyers aux budgets serrés, préviennent les associations.

Les prix à la consommation ont grimpé de 5,6% en septembre (contre 5,9% en août). La hausse pour les seuls produits alimentaires toutefois, à laquelle les ménages les plus modestes consacrent une part plus importante de leurs revenus, s'est accélérée sur un an: elle était de 7,9% en août, elle est passée à 9,9% en septembre.

Dans ce contexte, "encore plus de personnes risquent de mal ou de ne pas se chauffer", déclare auprès de l'AFP Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui demande une "très forte hausse" du chèque énergie.

«Contraintes de revenir»

Autre point d'inquiétude: le "bouclier tarifaire" sera moins protecteur l'an prochain, puisqu'il prévoit de limiter l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz à 15%.

Jean Stellittano, secrétaire national du Secours populaire, anticipe "des régularisations très importantes sur les factures". "Cela va entraîner une onde de choc, il faut s'y préparer".

L'association constate une hausse de la fréquentation de ses points d'accueil: +15% dans les Alpes-Maritimes en août par rapport à l'été 2021, +14% en Haute-Garonne, +6% dans le Rhône etc.

"Ce sont surtout des familles, des travailleurs pauvres. Et parfois des personnes qui avaient quitté nos dispositifs et sont contraintes de revenir", décrit le responsable.

A Paris, l'association les Marmoulins de Ménil' reçoit elle aussi plus de sollicitations depuis la rentrée, selon son président, Yves Leccia. Les bénévoles récupèrent trois fois par semaine des invendus au marché de Rungis pour composer des paniers et les distribuer à des personnes aux revenus modestes, dans le 20e arrondissement (nord-est).

Face à la hausse de la fréquentation, "on demande aux gens de venir une seule fois par semaine", indique Yves Leccia à l'AFP.

Hayette, 58 ans, se rend régulièrement à ces distributions. Son salaire de gestionnaire et la "petite retraite" de son mari "ne suffisent pas" pour les dépenses du quotidien, explique-t-elle après avoir rangé dans son sac son panier du jour.

"L'électricité, le gaz, ça va être horrible. Je préfère ne pas y penser" pour "ne pas avoir mal au ventre", confie cette mère de trois enfants toujours à sa charge. "On vit au jour le jour et on verra".

Plus de 9 millions de personnes en France métropolitaine (14,6% de la population) vivent sous le seuil de pauvreté, soit moins de 1.102 euros par mois pour une personne seule et 2.314 euros pour un couple avec deux enfants, selon des données de l'Insee.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

Short Url
  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.