La gauche défile à Paris pour faire monter la température sociale

Le poing levé, Jean-Luc Mélenchon, cravate rouge et cocarde tricolore au revers de la veste, a pris place aux côtés de la Prix Nobel de Littérature Annie Ernaux (à gauche) dans le carré de tête de la manifestation, qui a démarré avec un peu de retard à 14H30 (Photo, AFP).
Le poing levé, Jean-Luc Mélenchon, cravate rouge et cocarde tricolore au revers de la veste, a pris place aux côtés de la Prix Nobel de Littérature Annie Ernaux (à gauche) dans le carré de tête de la manifestation, qui a démarré avec un peu de retard à 14H30 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 16 octobre 2022

La gauche défile à Paris pour faire monter la température sociale

  • Une centaine de bus ont été affrétés de toute la France pour cette marche soutenue par des associations et certaines fédérations syndicales
  • La marche survient en pleine grève dans les raffineries de TotalEnergies, qui entraîne des pénuries de carburant

PARIS: Des milliers de personnes ont commencé à défiler  dimanche à Paris pour une "marche contre la vie chère et l'inaction climatique" organisée par la gauche unie dans la Nupes, qui veut contribuer à l'ébullition sociale de l'automne.

Le poing levé, Jean-Luc Mélenchon, cravate rouge et cocarde tricolore au revers de la veste, a pris place aux côtés de la Prix Nobel de Littérature Annie Ernaux dans le carré de tête de la manifestation, qui a démarré avec un peu de retard à 14H30.

On retrouvait au milieu des drapeaux nombre de députés LFI comme Manuel Bompard, Alexis Corbière, Clémentine Autain, le numéro un du PS Olivier Faure, les écologistes Sandrine Rousseau et Eric Piolle, et encore Philippe Poutou (NPA).

Une centaine de bus ont été affrétés de toute la France pour cette marche soutenue par des associations et certaines fédérations syndicales.

"Il y a quelque chose qui se réveille et c'est très bon signe", s'est rejouie la députée LFI Clémence Guetté, en évoquant une "démonstration de force".

"Canicule sociale, le peuple a soif de justice", pouvait-on lire sur une pancarte brandie près de la place de la Nation. Une autre avertissait: "La retraite c'est bien, l'offensive c'est mieux".

"On a vraiment besoin d'avoir un grand rapport de force populaire face à la politique de maltraitance sociale et écologique de ce gouvernement", a lancé dans la matinée la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot. Il s'agit de "remettre de l'ardeur dans les coeurs pour qu'ensuite (le mouvement) s'étende", selon l'insoumis François Ruffin.

Marche contre la vie chère: «30 000 personnes» manifestent à Paris, selon la police

La marche contre la vie chère et l'inaction climatique organisée par l'alliance de gauche Nupes a rassemblé dimanche à Paris "30.000 personnes", a appris l'AFP de source policière.

Peu auparavant, les organisateurs avaient revendiqué "140.000" participants en affirmant, selon les mots de la députée LFI Aurélie Trouvé, avoir "déjà réussi (leur) pari".

Les services de renseignement s'attendaient, en milieu de semaine, à une participation de l'ordre de 30.000 personnes.

La manifestation, qui s'est dans l'ensemble tenue dans une ambiance bon enfant, a pris fin peu avant 19H00. Quelques échauffourées ont néanmoins émaillé la marche. Une agence de la Société générale, dans laquelle des individus ont réussi à pénétrer, a notamment été dégradée, a constaté une journaliste de l'AFP.

Mais, de même source policère, plusieurs tentatives de dégradations d'enseignes commerciales (Afflelou, Mc Donald) ou d'établissements bancaires (BNP) ont été "empêchées par les interventions des policiers de la préfecture de police, les BRAV", brigades de répression de l'action violente.

Dans un tweet, le ministre de l'Intérieur a remercié les forces de l’ordre pour "avoir assuré la sécurité des personnes et empêché la dégradation de commerces durant la manifestation".

Gérald Darmanin avait décidé d'annuler un déplacement dans le Nord ce week-end pour rester à Paris en raison des risques de débordements entourant cette marche.

"Manifester est un droit que les agents du ministère de l’Intérieur, avec courage, garantissent. Honte aux quelques casseurs qui ont nui à ce droit", a-t-il conclu.

Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a lui fustigé "une marche des partisans du blocage du pays".

Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà fait défiler au printemps dernier plusieurs dizaines de milliers de personnes, avait lancé cette idée de marche dès juillet en estimant que la gauche devait impulser la contestation sociale contre le gouvernement en s'associant avec les syndicats, mais ceux-ci ne l'ont pas attendu pour faire monter la température.

La marche survient en pleine grève dans les raffineries de TotalEnergies, qui entraîne des pénuries de carburant. Et après la mobilisation du 29 septembre, une autre journée interprofessionnelle a été lancée pour mardi par la CGT, avec FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse.

Le patron de la puissante confédération, Philippe Martinez, goûte peu à l'initiative de la gauche: "Les syndicats doivent être soutenus et on ne doit pas faire les choses en parallèle", a-t-il confié vendredi.

Prise en sandwich entre les deux manifestations syndicales, la "marche" est néanmoins complémentaire des efforts de la CGT, estiment ses organisateurs. Ainsi la députée LFI Aurélie Trouvé, cheville ouvrière de l'événement de dimanche, anticipe: "D'expérience, il y a du monde à une manifestation quand il y a un climat insurrectionnel".

Quelque 30 000 manifestants sont attendus par les services de police. Ceux-ci nourrissent cependant de "vraies craintes" face "à la venue de personnes violentes de l’ultra gauche, des ultra gilets-jaunes qui voudraient perturber la manifestation". "L’organisateur a été prévenu de ces craintes", a ajouté une source policière.

Jérôme Rodrigues, figure emblématique des "gilets jaunes", était présent en début d'après-midi, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Meeting en marchant»

La perspective d'éventuelles violences agace Jean-Luc Mélenchon, qui s'est interrogé auprès de l'AFP: "Combien de fois on va devoir supporter que les gens aient peur d’aller en manif?" Mais il s'est aussi réjoui que la manifestation permette à la Nupes "de remonter sur le cheval", après les douloureuses affaires Quatennens et Bayou.

Si la coalition continue de connaître quelques dissensions, ses composantes (LFI, le PS, EELV et le PCF) défileront toutes dans le cortège, de Nation à Bastille. Le chef des communistes Fabien Roussel et l'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, sceptiques sur la Nupes, ont cependant indiqué avoir mieux à faire.

Le socialiste Olivier Faure a lui critiqué les propos de M. Mélenchon comparant la marche à un épisode de la Révolution française. Mais il prendra bien la parole lors d'un "meeting en marchant", sur le camion de la tête du cortège, ainsi que Léa Balage El-Mariky pour EELV, Ian Brossat pour le PCF et Jean-Luc Mélenchon.

Et ce, malgré des réserves sur le bien-fondé de l'intervention du leader de LFI, formulées par certains partenaires. "Il n'est pas une personnalité rassembleuse", estimait par exemple un cadre écologiste en privé.

Bien que Jean-Luc Mélenchon, malgré ses pressions, ait dû faire une croix sur l'appel à manifester conjoint des confédérations syndicales, certaines fédérations comme la CGT Commerce et la CGT Energie Île-de-France seront de la partie. Un délégué CGT de la raffinerie en grève de Gravenchon en Normandie, Germinal Lancelin, participera au meeting.

Pour Jacques Montal, cheminot retraité venu du Lot, "les réquisitions des raffineries ça va très loin". "Aujourd'hui est une première étape, mardi je pense qu'il y aura un mouvement fort. Et c'est fort possible que ça se poursuive après mardi".


Les autorités françaises tentent de préparer les esprits à la guerre

Le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d'accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu'il fallait que le pays restaure sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d'information. (AFP)
Le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d'accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu'il fallait que le pays restaure sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d'information. (AFP)
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  • Les autorités tentent depuis des mois de préparer les esprits des Français à des sacrifices en cas de guerre, mais le message peine à infuser dans une population qui se sent loin des combats en Ukraine et protégée par sa dissuasion nucléaire
  • Les partis politiques d'opposition au camp présidentiel se hérissent, accusant Emmanuel Macron de préparer la guerre contre la Russie

PARIS: Les autorités tentent depuis des mois de préparer les esprits des Français à des sacrifices en cas de guerre, mais le message peine à infuser dans une population qui se sent loin des combats en Ukraine et protégée par sa dissuasion nucléaire.

Le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d'accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu'il fallait que le pays restaure sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".

La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d'information.

Les partis politiques d'opposition au camp présidentiel se hérissent, accusant Emmanuel Macron de préparer la guerre contre la Russie: "Un chef d'état-major des Armées ne devrait pas dire ça" (groupe parlementaire LFI, gauche radicale), "51.000 monuments aux morts dans nos communes ce n'est pas assez ? Oui à la défense nationale mais non aux discours va-t-en-guerre" (Fabien Roussel, parti communiste).

"Il faut être prêt à mourir pour son pays (...) en revanche, il faut que la guerre qui soit menée soit juste (...) ou que la nécessité fasse que ce soit carrément la survie de la nation qui soit en jeu", a dit Louis Aliot, du Rassemblement national (extrême droite). "Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de Français qui sont prêts à aller mourir pour l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les autorités françaises - à l'instar d'autres gouvernements européens - déploient un discours récurrent pour faire comprendre à la population l'instabilité croissante provoquée par les ambitions de Moscou et les positions mouvantes de l'allié américain.

La France doit "se préparer à l'hypothèse d'un engagement majeur de haute intensité dans le voisinage de l'Europe à horizon 2027-2030, parallèle à une hausse massive des attaques hybrides sur son territoire", résume la Revue nationale stratégique de 2025, feuille de route des autorités.

Plus largement, elles essayent aussi d'accroître la capacité de la société à surmonter une crise éventuelle.

Le gouvernement publie ce jeudi un guide "face aux risques", regroupant des conseils pour réagir à un large éventail de menaces, des inondations aux cyberattaques ou des guerres.

Territoire national 

Mais même si 64% des Français craignent que le conflit militaire se propage jusqu'en France (sondage Elabe de mars 2025), nombre d'entre eux continuent de se sentir éloignés de la guerre.

"Parce que la France a été un champ de bataille pendant les deux guerres mondiales, que leurs traces sont visibles, il faut comprendre que la représentation de la guerre pour les Français, demeure très nettement l'invasion du territoire", explique à l'AFP la chercheuse Bénédicte Chéron, qui publie en janvier "Mobiliser. Faut-il rétablir le service militaire en France?" (Éditions du Rocher).

Et les déclarations du général Mandon interviennent dans un contexte "de forte défiance envers les autorités politiques", rappelle Mme Chéron, estimant que les Français ont "du mal à accepter l'idée d'engager massivement des forces, d'en payer le prix — des morts, des blessés, coût économique etc —  pour autre chose que protéger le territoire d'une invasion".

Quant à la perception de la dissuasion nucléaire, elle est peut-être myope. "La dissuasion nucléaire ne peut pas nous protéger de toutes les menaces, elle n'a pas été conçue dans ce but, malgré ce que peut penser la population", explique Héloïse Fayet, chercheuse sur la dissuasion à l'institut français des relations internationales (IFRI). "La résilience et les forces armées conventionnelles sont donc aussi indispensables".

"Par exemple ce n'est pas la dissuasion nucléaire qui va empêcher des incursions de drones sur le territoire, des actions de sabotage ou la désinformation", toute la palette des actions dites hybrides, explique-t-elle.

Mais "ces actions hybrides sont sans commune mesure avec ce que les Français continuent de percevoir comme étant, à tort ou à raison, la +vraie guerre+", estime Mme Chéron.

"En l'état, les seuils de perturbation qu'elles franchissent ne sont pas très élevés et pas de nature à faire accepter les contraintes d'une mobilisation des Français", assure-t-elle.


Marseille attend des «actes» de Darmanin et Nuñez pour faire face au narcobanditisme

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d'après-midi avec la famille Kessaci. (AFP)
Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d'après-midi avec la famille Kessaci. (AFP)
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  • Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur est arrivé à la préfecture de police où il a salué les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP
  • Son homologue de la justice commençait lui par une visite à la prison des Beaumettes

MARSEILLE: Une semaine après l'assassinat de Mehdi Kessaci, les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont jeudi à Marseille, dans un contexte où la lutte contre le narcobanditisme "est loin d'être gagnée".

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d'après-midi avec la famille Kessaci.

Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur est arrivé à la préfecture de police où il a salué les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. Son homologue de la justice commençait lui par une visite à la prison des Beaumettes.

L'assassinat en plein jour de Mehdi Kessaci, qui voulait devenir policier, a tétanisé la ville. La justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" visant Amine. Mais ce dernier a prévenu qu'il ne se tairait pas et a appelé à descendre dans la rue "par milliers" samedi pour une marche blanche.

"Le premier sentiment que j'ai c'est la culpabilité", a confié Amine Kessaci à la radio Franceinfo, la voix brisée par l'émotion. "Ce qu'on peut reprocher aujourd'hui à Mehdi Kessaci c'est d'être le frère d'Amine Kessaci et de me dire que mon frère est aujourd'hui dans ce cercueil à ma place."

Enchaînant les interventions dans les médias, il a demandé que son frère soit reconnu à titre posthume "comme un gardien de la paix".

Le "haut du spectre" 

Interrogée sur l'assassinat de Mehdi Kessaci, la procureure de Paris Laure Beccuau, en charge de l'enquête, a estimé mercredi soir sur Franceinfo que "ceux qui étaient capables de ce type d'agissement scandaleux faisaient partie du haut du spectre de la criminalité organisée".

Avant la marche blanche de samedi, le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan a lui appelé à ne "pas avoir peur". Même si dans les milieux associatifs, dans les médias et dans les couloirs du palais de justice, la peur, les doutes, l'envie d'être prudent sont bien là.

Des magistrats plaident pour une anonymisation dans les procédures concernant des narcotrafiquants, comme la DZ Mafia, qui n'hésitent pas à recruter des adolescents sur les réseaux sociaux pour leur demander d'exécuter "un contrat" pour quelques milliers d'euros seulement.

"La lutte contre la criminalité organisée est de plus en plus dure. Le climat se tend, va crescendo (...) La lutte n'est pas perdue mais elle est difficile et loin d'être gagnée", confie à l'AFP une source judiciaire.

Au tribunal, tout le monde se souvient de la soufflante reçue de la part de l'ex-garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, en mars 2024. Il leur avait reproché leur défaitisme: une juge d'instruction avait dit devant une commission parlementaire craindre "que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille".

Mardi, le président Emmanuel Macron a appelé à adopter face au narcotrafic la même approche que contre "le terrorisme". Sur cette stratégie, des détails sont attendus jeudi.

500 dossiers à juger 

Les effectifs de police et de justice ont été musclés à Marseille ces dernières années pour rattraper un retard historique dans la 2e ville de France.

Benoît Payan réclame aujourd'hui "encore plus" de moyens.

"On n'a rien trouvé de mieux que de supprimer la préfecture de police à Marseille", tacle-t-il, interrogé par l'AFP et "si on avait plus d'effectifs de policiers judiciaires, de magistrats, peut-être que ça serait différent".

"Il faut s'attaquer à tous les niveaux de la chaîne, du chef de réseau international au consommateur", a déclaré de son côté Renaud Muselier, président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Gérald Darmanin a dit avoir réclamé aux Emirats l'extradition d'"une quinzaine" de narcotrafiquants présumés.

La juridiction marseillaise, troisième de France, a été renforcée ces dernières années avec aujourd'hui 143 magistrats du siège et 60 au parquet, mais toujours moins qu'à Bobigny.

A la cour d'appel d'Aix-en-Provence, 500 procédures criminelles sont en attente de jugement. Parmi elles, le dossier des assassins présumés de Brahim, le grand frère d'Amine, tué en 2020 avec deux autres jeunes hommes.

Mais l'embolie judiciaire est telle que des dates de procès n'ont toujours pas été fixées même si ce dossier "fera l'objet d'un audiencement prioritaire", promet-on.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.