Ethiopie: frappes aériennes au Tigré tandis que le gouvernement tente de rassurer

Zeleke Alabachew, agriculteur et combattant de milice, pose sur ses terres près du village de Tekeldengy, au nord-ouest de Gondar, en Éthiopie. (EDUARDO SOTERAS / AFP)
Zeleke Alabachew, agriculteur et combattant de milice, pose sur ses terres près du village de Tekeldengy, au nord-ouest de Gondar, en Éthiopie. (EDUARDO SOTERAS / AFP)
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Publié le Lundi 09 novembre 2020

Ethiopie: frappes aériennes au Tigré tandis que le gouvernement tente de rassurer

  • L'aviation éthiopienne a mené lundi de nouvelles frappes dans la région dissidente du Tigré tandis que le Premier ministre Abiy Ahmed
  • "L'aviation bombarde actuellement des zones choisies dans la région"

L'aviation éthiopienne a mené lundi de nouvelles frappes dans la région dissidente du Tigré tandis que le Premier ministre Abiy Ahmed tente, en affirmant que le conflit sera terminé « sous peu », de rassurer ses alliés inquiets de voir l'Ethiopie sombrer dans le chaos.

Lauréat 2019 du prix Nobel de la paix, M. Abiy a lancé le 4 novembre une intervention militaire dans cette région du Nord de l'Ethiopie. Une réponse selon lui aux attaques de deux bases de l'armée éthiopienne par les forces des autorités tigréennes, lesquelles l'ont accusé en retour de les avoir inventées pour justifier une « invasion » du Tigré.

La situation sur le terrain reste peu claire lundi et la coupure des réseaux internet et téléphoniques au Tigré rendent extrêmement difficile la vérification des affirmations de chaque camp.

« L'aviation bombarde actuellement des zones choisies dans la région » du Tigré, a déclaré lundi un haut responsable de l'armée éthiopienne, le général Mohammed Tessema, à la télévision d'Etat EBC.

Plus tôt, le Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région, avait affirmé que l'aviation éthiopienne bombardait dix localités du Tigré.

Il avait aussi revendiqué avoir abattu un appareil éthiopien, une assertion qualifiée de « complètement fausse » par le général Mohamed Tessema.

Plusieurs frappes aériennes ont lieu ces derniers jours au Tigré, ciblant, selon le Premier ministre, des objectifs militaires.

Lundi, un journaliste de l'AFP a vu des camions remplis de soldats sur la route menant à la ville tigréenne de Dansha, qui abrite l'une des deux bases que le gouvernement dit avoir été attaquée par le TPLF.

« Inquiétudes infondées »

Sur place, ladite base - qui dépend du Commandement- Nord de l'armée éthiopienne - semblait sous contrôle de l'armée fédérale et des policiers s'y prêtaient à des séances photo, selon ce journaliste.

Le TPLF avait récemment affirmé que les troupes du Commandement-Nord, lesquelles comptent de nombreux soldats tigréens dans leurs rangs, avaient fait défection et rejoint les forces du TPLF.

Les journalistes qui visitaient la base ont été cependant rapidement priés de quitter la zone par des responsables militaires selon lesquels des combats avaient lieu à proximité, laissant penser que cette dernière n'était pas entièrement sous contrôle.

La communauté internationale a fait part de son inquiétude de voir le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 100 millions d'habitants) sombrer dans un long conflit opposant la puissante armée fédérale aux très aguerries forces de sécurité tigréennes, susceptible de déborder hors du Tigré et de miner l'unité de l'Ethiopie, mosaïque ethnique.

« Les inquiétudes sur le fait que l'Ethiopie va sombrer dans le chaos sont infondées et résultent d'une incompréhension profonde de notre contexte », assure lundi sur Twitter M. Abiy, qui qualifie, comme il le fait depuis plusieurs jours, l'intervention militaire de simple « opération de maintien de l'ordre ».

« Notre opération de maintien de l'ordre, en tant qu'Etat souverain capable de gérer ses affaires internes, se terminera sous peu en mettant fin à l'impunité existante », ajoute-t-il.

Elle a pour « objectif de garantir la paix et la stabilité une bonne fois pour toutes en amenant devant la justice les responsables de l'instabilité », souligne M. Abiy, en référence aux dirigeants du TPLF.

« abus systématiques et corruption massive »

Dimanche, tout juste nommé, le nouveau chef d'état-major de l'armée Berhanu Jula avait affirmé que l'armée éthiopienne s'était « emparée » de quatre villages de l'Ouest du Tigré, zone où semblent s'être concentrés les combats.

Selon un décompte de l'AFP basé sur des sources médicales et de travailleurs humanitaires, plus de 200 soldats ont été blessés et huit tués.

Après avoir mené la coalition armée qui a renversé en 1991 la dictature militaro-marxiste du Derg en 1991, le TPLF a dominé les structures politiques et sécuritaires en Ethiopie durant près de 30 ans, jusqu'à ce que M. Abiy - un Oromo - devienne Premier ministre en 2018 et entame la mise à l'écart du parti.

Progressivement mis à l'écart du pouvoir à Addis Abeba depuis deux ans, les dirigeants du TPLF défient depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral.

De son côté, M. Abiy accuse le TPLF d'avoir, quand il était au pouvoir, « joué un rôle majeur dans les abus systémiques en matière de droits humains et dans la corruption massive » et de chercher à miner son agenda de réformes.

La tension entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités régionales du Tigré s'était considérablement accrue depuis l'organisation par le TPLF en septembre d'élections régionales, qualifiées d' « illégitimes » par Addis Abeba.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.