La multiplication des attaques de colons en Cisjordanie occupée inquiète les autorités

Des Palestiniens affrontent des colons israéliens tandis que des soldats se tiennent à distance lors de récents affrontements dans la ville de Huwara, en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
Des Palestiniens affrontent des colons israéliens tandis que des soldats se tiennent à distance lors de récents affrontements dans la ville de Huwara, en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 17 octobre 2022

La multiplication des attaques de colons en Cisjordanie occupée inquiète les autorités

  • Les familles palestiniennes «craignent de cueillir leurs olives à proximité des colonies de peur d'être attaquées»
  • Telegram a rejeté une demande israélienne de supprimer le compte du groupe de résistance palestinien armé Areen al-Osood

RAMALLAH: Les Nations unies mènent des efforts visant à calmer la situation à Naplouse et à Jénine en Cisjordanie, a annoncé dimanche sur Twitter Tor Wennesland, coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient. 

M. Wennesland a déclaré qu'il avait tenu des réunions constructives à Naplouse et à Jénine le 15 octobre avec des personnalités influentes, pour discuter de la détérioration de la situation sécuritaire et des moyens de rétablir le calme et de parvenir à une solution politique.

Il a également souligné la nécessité de réduire les tensions et de se concentrer sur des mesures tangibles et permanentes dans le but d’améliorer la situation.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a fait part de son inquiétude face à l'augmentation significative de la violence des colons israéliens contre les citoyens palestiniens au cours de la semaine dernière en Cisjordanie occupée.

Il a indiqué que cette violence était particulièrement intense, puisque des coups de feu étaient tirés sur les citoyens, des véhicules étaient détruits et les voies d'accès utilisées par les Palestiniens étaient bloquées.

Les colons ciblent et brûlent les maisons, détruisent les magasins, s'en prennent aux lieux et aux installations publics, aux agriculteurs, et poursuivent les cueilleurs d'olives, les empêchant d'accéder à leurs terres, volant leurs fruits et coupant leurs arbres.

De nombreuses familles palestiniennes craignent de cueillir leurs olives à proximité des colonies de peur d'être attaquées. Elles se limitent aux samedis ou aux fêtes juives, espérant pouvoir ramasser leurs récoltes sans risquer de voir apparaître des colons sur leurs terres.

Les attaques contre les Palestiniens ont coïncidé avec la forte répression des Forces de défense israéliennes (FDI) à Naplouse et à Jénine, ainsi que dans le camp de réfugiés de Shufaat à Jérusalem-Est.

Ibrahim Melhem, porte-parole de l'Autorité palestinienne, a déclaré à Arab News que les colons formaient une deuxième armée en Cisjordanie, sous la protection des FDI.

Des responsables sécuritaires et militaires israéliens ont exprimé leur inquiétude face à l'intensification des attaques contre les Palestiniens par des colons extrémistes, ce qui, selon eux, sape les efforts des FDI destinés à déjouer les attaques palestiniennes contre des cibles israéliennes.

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a annulé les permis d'entrée en Israël de 164 attaquants présumés et de leurs proches dans le district de Naplouse.

L'année dernière, les autorités militaires israéliennes ont empêché plus de 2 500 membres de la famille des attaquants d'entrer en Israël.

Par ailleurs, la famille du citoyen américano-palestinien âgé Omar Abdel Majid Asaad, tué par les FDI en janvier 2022, a rejeté l’offre de compensation financière israélienne de 141 000 dollars si elle renonce à son action devant les tribunaux israéliens et américains.

Asaad, 80 ans, qui possédait la nationalité américaine, est mort le 12 janvier après avoir été détenu, menotté et agressé par des soldats des FDI. Il était originaire du village de Jaljalia, au nord de Ramallah.

Nawaf Asaad, son frère, a déclaré que la famille avait refusé toute compensation financière en échange de la renonciation à son droit de demander des comptes aux auteurs de ces actes.

Il a souligné avoir donné instruction à l'avocat de la famille de poursuivre les procédures judiciaires jusqu'à ce que la loi suive son cours et que justice soit rendue.

«Nous n'abandonnerons l'affaire pour aucune raison», a-t-il déclaré.

«La mort de mon frère Omar ne peut être compensée par de l'argent. Il manque à sa femme et à ses enfants, et ses petits-enfants l'appellent et le cherchent encore à la maison», a-t-il confié.

Ibrahim Melhem a alors indiqué à Arab News: «Je respecte la décision de la famille d'insister pour que les tueurs soient poursuivis et traduits en justice, car ils sont conscients et certains que l'absence de procès signifie qu'un vieil homme comme leur père sera tout aussi tué à l'avenir par l'armée israélienne.»

«L'absence de justice signifie que le crime contre un autre de nos concitoyens se répétera», a-t-il ajouté.

Dans le même temps, Telegram a rejeté une demande israélienne de supprimer le compte du groupe de résistance palestinien armé Areen al-Osood, affirmant que la demande d'Israël était une «violation de la liberté d'expression».

Ce rejet intervient alors que la société américaine Meta – qui comprend les plateformes Facebook et Instagram – a supprimé les comptes du groupe militaire palestinien sur ses deux réseaux en réponse à une demande israélienne.

Ces comptes «par lesquels les extrémistes recrutent, planifient et encouragent le terrorisme, représentent un danger réel et immédiat», a affirmé une source israélienne haut placée.

Le 15 octobre, TikTok a fermé le compte d'Areen al-Osood à la demande d'Israël, bien que le groupe ait ensuite nié avoir des comptes sur l'application de partage de vidéos.

Les Palestiniens affirment que les réseaux sociaux cherchent à occulter le contenu et la réalité palestinienne, avec un parti pris évident pour Israël.

Areen al-Osood est devenu une source de préoccupation majeure pour les services de sécurité israéliens après que le groupe a mené des attaques contre les forces israéliennes et les colons à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.