Trump refuse de perdre, un trait de personnalité et un pari

Les Etats-Unis au lendemain des élections présidentielles. (AFP)
Les Etats-Unis au lendemain des élections présidentielles. (AFP)
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Publié le Mardi 10 novembre 2020

Trump refuse de perdre, un trait de personnalité et un pari

  • « Les traits qui ont permis à Donald Trump d'établir son modèle autoritaire sur la présidence - l'arrogance, la brutalité et l'idée qu'il doit être défendu face à ses ennemis - rendent difficiles le fait qu'il accepte sa défaite »
  • « Il est plus facile de dire que l'élection était truquée que d'admettre que sa politique a détourné les gens en nombre suffisant pour perdre »

WASHINGTON : Donné battu face au démocrate Joe Biden, Donald Trump refuse de concéder sa défaite. Le président américain est devenu un de ces « perdants » qu'il exècre et se retrouve menacé de poursuites judiciaires, mais sa posture pourrait aussi être un pari politique.

Alors que le décompte des voix de la présidentielle n'est pas terminé, le camp républicain multiplie les recours et Donald Trump lui-même a accusé les démocrates de lui avoir « volé » l'élection, sans toutefois apporter de preuves de la « fraude » qu'il dénonce.

« Les traits qui ont permis à Donald Trump d'établir son modèle autoritaire sur la présidence - l'arrogance, la brutalité et l'idée qu'il doit être défendu face à ses ennemis - rendent difficiles le fait qu'il accepte sa défaite », explique Ruth Ben-Ghiat, professeure d'histoire à l'université de New York.

« Il est plus facile de dire que l'élection était truquée que d'admettre que sa politique a détourné les gens en nombre suffisant pour perdre », ajoute cette spécialiste des dirigeants autoritaires, estimant que pour Donald Trump, un discours de défaite serait une « humiliation publique ».

Pour John Gartner, psychologue à Baltimore, le président sortant est un « narcissique néfaste » et pourrait mener une politique de « terre brûlée » pendant la période de transition qui s'ouvre jusqu'à l'investiture de Joe Biden en janvier.

Il a certes « perdu son pouvoir sur le peuple », mais « il conserve des partisans fanatiques qui sont dangereux », met en garde le spécialiste.

Les « perdants » de la guerre

Donald Trump a plusieurs fois refusé de dire s'il cèderait pacifiquement le pouvoir.

Il « doit s'assurer qu'il n'est pas perçu comme un +perdant+ mais comme la victime des forces de +l'Etat de l'ombre+ malfaisant qui se sont liguées contre lui depuis qu'il est au pouvoir », affirme Lawrence Douglas, professeur de droit à l'université Amherst et qui vient de publier un livre sur le président intitulé « S'en ira-t-il ? ».

C'est que l'ancien magnat de l'immobilier a hérité du caractère « dominateur » de son père, selon sa nièce Mary Trump, auteure d'un livre à charge sur le clan familial.

Mary Trump, psychologue, est la fille de Fred Trump Jr., décédé en 1981 à l'âge de 42 ans, des suites de son alcoolisme.

Selon elle, Donald Trump a appris « à mentir pour se mettre en valeur » après avoir été témoin des humiliations subies par son frère aîné, ce qui selon elle a contribué à faire de lui un menteur narcissique.

Début septembre, le magazine The Atlantic a affirmé que le président avait qualifié en 2018 des soldats américains morts pendant la Première Guerre mondiale de « perdants » et de « crétins ». 

M. Trump et la Maison Blanche avaient fermement démenti cette accusation, qui faisait toutefois écho à une polémique datant de la campagne de 2016.

La « marque » Trump 

L'homme d'affaires new-yorkais s'en était alors publiquement pris au très respecté sénateur républicain John McCain, héros de la guerre du Vietnam, où il a été fait prisonnier et torturé pendant plus de cinq ans.

« C'est un héros parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui ne sont pas capturés », avait-il déclaré.

Outre ces traits de personnalité, la réticence de Donald Trump à admettre sa défaite pourrait être plus prosaïque.   

Car hors de la Maison Blanche, son horizon judiciaire pourrait s'assombrir.

A New York, il est visé par deux enquêtes - une pour fraude fiscale, fraude à l'assurance et manipulations comptables, l'autre pour des prêts et des avantages fiscaux frauduleux - qui pourraient chacune lui valoir des poursuites. Il est aussi accusé par plusieurs femmes de harcèlement ou d'agressions sexuelles.

Enfin, en refusant de céder après avoir conquis plus de 70 millions d'électeurs, il conserve une posture d'homme fort qui pourrait lui servir s'il décidait, comme il en a le droit, de briguer un nouveau mandat en 2024.

Pendant quatre ans, Donald Trump « a réussi à tisser et renforcer un lien de rancœur partagée avec son électorat », dit encore Douglas Lawrence. 

Et malgré la défaite, la « marque » Trump attirera toujours ses partisans, estime-t-il.

 


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.