Macron rend hommage aux soldats de la guerre d'Algérie, 60 ans plus tard

 Le président français Emmanuel Macron a conclu mardi les commémorations du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie en rendant hommage aux soldats engagés contre les indépendantistes algériens. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron a conclu mardi les commémorations du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie en rendant hommage aux soldats engagés contre les indépendantistes algériens. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 01 novembre 2022

Macron rend hommage aux soldats de la guerre d'Algérie, 60 ans plus tard

 Le président français Emmanuel Macron a conclu mardi les commémorations du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie en rendant hommage aux soldats engagés contre les indépendantistes algériens. (Photo, AFP)
  • Le chef de l'Etat, optant pour une cérémonie sobre, a présidé une prise d'armes dans la cour des Invalides à Paris et décoré 15 anciens combattants, dont 11 appelés, sans prendre la parole
  • «La France dit sa profonde reconnaissance» à tous les combattants qui ont gardé «leur conscience républicaine», a déclaré le palais de l'Elysée dans un communiqué

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a conclu mardi les commémorations du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie en rendant hommage aux soldats engagés contre les indépendantistes algériens et qui portèrent "seuls", après 1962, "le poids de la mauvaise conscience" française face à ce conflit, selon la présidence. 

Le chef de l'Etat, optant pour une cérémonie sobre, a présidé une prise d'armes dans la cour des Invalides à Paris et décoré 15 anciens combattants, dont 11 appelés, sans prendre la parole. 

"La France dit sa profonde reconnaissance" à tous les combattants qui ont gardé "leur conscience républicaine", a déclaré le palais de l'Elysée dans un communiqué, par opposition aux tenants de "l'Algérie française" qui firent sédition pour tenter d'empêcher l'indépendance quand celle-ci devint inéluctable. 

Entre 1954 et 1962, près d'un million et demi d'appelés, engagés et supplétifs ("harkis") ont été mobilisés dans cette guerre qui longtemps ne fut qualifiée que d'"opération" ou d'"événements". 

A partir de 1961, outre le putsch manqué d'Alger, des militaires ont rejoint l'Organisation armée secrète (OAS) qui multiplia attaques et attentats pour tenter d'inverser le cours de l'Histoire. 

L'"immense majorité" de l'armée "refusa de violer les principes de la République française", quand une "minorité" répandait la "terreur", se livrant même au "terrorisme", a souligné la présidence française. 

Cette minorité a aussi "perpétré la torture, envers et contre toutes les valeurs" de la République, a rappelé l'Elysée. 

Au total, 23 196 soldats furent tués dans cette guerre, dont plus de 15 000 dans les combats et les attentats, et 60 000 blessés. 

Après l'indépendance, les Français se sont retrouvés confrontés aux révélations de torture commise par l'armée française pour tenter de neutraliser la rébellion du Front de libération nationale (FLN). 

Nombre d'entre eux - 6% des hommes au total ont été mobilisés - avaient aussi sacrifié deux à trois années de leur jeunesse dans cette guerre et ont préféré tourner au plus vite la page. 

"Durant des décennies d'embarras et de silence, tentées par l'oubli et le déni, ces hommes et ces femmes ont porté seuls le poids de notre mauvaise conscience face à cette guerre", a relevé l'Elysée. 

« Mémoire apaisée » 

La cérémonie de mardi matin s'inscrivait dans la série d'événements organisés depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir en 2017 pour tenter de "construire une mémoire apaisée et commune" autour de la guerre d'Algérie. 

Celle-ci continue à fracturer une partie du pays, jusqu'à l'Assemblée, entre soutiens à l'indépendance de l'Algérie, notamment à gauche, immigrés algériens et rapatriés - un million de Français ont quitté brutalement l'Algérie en 1962 - relayés en partie par l'extrême droite. 

Le président a ainsi reconnu que le mathématicien communiste Maurice Audin était mort sous la torture de l'armée française et que l'avocat nationaliste algérien Ali Boumendjel avait été "torturé et assassiné" par des soldats. 

En septembre 2021, il avait également demandé "pardon" aux harkis, combattants musulmans engagés auprès de l'armée française ensuite "abandonnés" par la France. Un projet de loi "de réparation" a été adopté début 2022. 

Le président a marqué lundi le 61e anniversaire du massacre de dizaines, voire de centaines de manifestants algériens pacifiques par la police à Paris le 17 octobre 1961, en dénonçant de nouveau des "crimes inexcusables pour la République". "La vérité est le seul chemin pour un avenir partagé", a-t-il réitéré. 

En janvier, par un autre geste fort, il avait exprimé "la reconnaissance" de la France envers les rapatriés. 

Il avait alors aussi exhorté à "regarder en face" le "massacre d'Oran du 5 juillet 1962" - jour de la proclamation de l'indépendance de l'Algérie - qui toucha "des centaines d'Européens, essentiellement des Français". 

Le travail de mémoire reste compliqué avec l'Algérie, notamment sur les disparus, et est régulièrement émaillé de tensions. 

Les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, soucieux de donner un nouvel élan à la relation franco-algérienne, ont toutefois annoncé en août la création d'une commission conjointe d'historiens pour travailler sur toute la période coloniale depuis 1830. 


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.