En Irak, les divorces ont augmenté mais le stigmate pèse encore sur les femmes

La militante irakienne des droits des femmes Hanaa Edwar donne un entretien à l'AFP à Bagdad, le 10 octobre 2022. (AFP)
La militante irakienne des droits des femmes Hanaa Edwar donne un entretien à l'AFP à Bagdad, le 10 octobre 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 19 octobre 2022

En Irak, les divorces ont augmenté mais le stigmate pèse encore sur les femmes

  • Une union sur cinq se soldait déjà par un divorce durant la décennie 2004-2014, avec 516 784 séparations recensées pour 2,6 millions de mariages
  • Une étude sur les causes du divorce, publiée par le magazine mensuel du CSM, cite «la vie en commun avec la famille de l'époux, menant dans de nombreux cas à des ingérences négatives dans le couple»

BAGDAD: Après seulement un an de mariage, Manal s'est séparée de son mari car il n'était pas financièrement indépendant de sa famille. En Irak, plusieurs dizaines de milliers de divorces sont prononcés par la justice chaque année, un phénomène en hausse depuis plus d'une décennie.

Assurant lutter contre la tendance, les autorités judiciaires publient abondamment sur le sujet et avancent plusieurs explications: difficultés économiques, ingérences familiales intempestives, mais aussi mariages précoces aux conséquences désastreuses, et infidélités encouragées par les nouvelles technologies.

Manal, 33 ans, est divorcée depuis huit ans. Son ex-mari --et cousin-- raconte-t-elle, travaillait dans la boutique d'électroménager de son père.

"Il n'était pas financièrement indépendant, ça a provoqué des problèmes familiaux", poursuit-elle. La jeune femme aurait voulu vivre avec son mari seulement, par exemple, et non avec sa belle-famille.

"Il ne pouvait pas prendre de décisions tout seul", regrette-t-elle.

De retour chez ses parents, elle travaille pour une ONG féministe irakienne. À bientôt neuf ans, son fils, Adam, voit son père de temps en temps.

Dans le pays de 42 millions d'habitants, plus de 73 000 divorces ont été prononcés en 2021 par les tribunaux, un chiffre similaire aux statistiques de 2018 publiées par le Conseil suprême de la magistrature (CSM).

Une union sur cinq se soldait déjà par un divorce durant la décennie 2004-2014, avec 516.784 séparations recensées pour 2,6 millions de mariages, indique le site Internet du CSM.

«Il vaut mieux divorcer»

Une étude sur les causes du divorce, publiée par le magazine mensuel du CSM, cite "la vie en commun avec la famille de l'époux, menant dans de nombreux cas à des ingérences négatives dans le couple".

Dans le top trois figurent les mariages précoces. Ainsi, en 2020, 1 498 divorces enregistrés concernaient une adolescente âgée de moins de 15 ans. L'année suivante, elles étaient 2 594.

Il y aussi "la dépendance financière de l'époux vis-à-vis de sa famille", les difficultés d'accès à l'emploi et les "infidélités conjugales dues à Internet".

Hanaa Edwar, militante féministe engagée depuis cinquante ans pour les droits humains et la protection de la femme, évoque "les pressions financières sur les familles".

"Cela entraîne un poids psychologique et des problèmes", déplore-t-elle.

L'Irak n'ayant pas été épargné par la hausse des violences conjugales en pleine pandémie de coronavirus, Mme Edwar salue le courage de plus en plus de femmes qui choisissent la séparation.

"Il y a une prise de conscience chez les femmes, qui se disent que si les violences persistent dans leur vie et celle de leurs enfants, alors il vaut mieux divorcer".

Mais aux yeux d'une société irakienne largement patriarcale, hommes et femmes divorcés ne sont pas égaux.

Outre la douloureuse bataille pour la garde des enfants, les femmes s'exposent au "harcèlement sexuel" d'hommes s'arrogeant le droit de faire des avances aux divorcées, déplore la militante.

Par peur du qu'en-dira-t-on et du "stigmate", certaines familles refusent qu'elles travaillent ou sortent librement.

"Quant à l'homme, socialement tout est accepté. Aujourd'hui il divorce, le lendemain il se remarie".

«Il faut attendre»

"Les tribunaux ont enregistré une hausse des divorces, particulièrement au cours de la décennie écoulée", indiquait en 2019 un magistrat cité sur le site du CSM.

"Le divorce est devenu quelque chose de beaucoup plus courant qu'il ne l'était autrefois", reconnaît une assistance sociale recontrée dans un tribunal de la capitale irakienne, témoignant sous anonymat.

Chargée d'étudier les demandes de séparation présentées à son tribunal pour tenter une réconciliation avant le verdict du juge, la trentenaire, active dans ce domaine depuis huit ans, assure que "dans 10% des cas seulement nous parvenons à une solution et à l'abandon de la procédure".

Malgré sa première expérience, Manal n'exclut pas de se remarier. Mais, aujourd'hui, ses attentes ont changé et ses conditions aussi. L'époux potentiel devra accepter son enfant et ses ambitions professionnelles.

Un seul conseil à donner aux nouvelles générations, surtout aux femmes : "garantir son indépendance économique et ne pas se marier trop jeune", dit-elle.

"Il faut attendre, le mariage ne doit pas être la seule ambition dans la vie".


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.