La mobilisation à TotalEnergies se fissure, encore une station service sur cinq en difficulté

 La fissure a été ouverte à Donges (Loire-Atlantique), qui a suspendu la grève (Photo, AFP).
La fissure a été ouverte à Donges (Loire-Atlantique), qui a suspendu la grève (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 20 octobre 2022

La mobilisation à TotalEnergies se fissure, encore une station service sur cinq en difficulté

  • Mercredi à 13H00, 20,3% des stations-service connaissaient des difficultés d'approvisionnement sur au moins un carburant (contre 24,8% mardi)
  • A l'issue de votes en assemblées générales, la mobilisation a de fait commencé à s'essouffler dans l'après-midi sur les sites grévistes du groupe TotalEnergies. La fissure a été ouverte à Donges (Loire-Atlantique), qui a suspendu la grève

PARIS: Après trois semaines de blocages, la mobilisation des grévistes français de TotalEnergies a commencé à faiblir avec la levée du mouvement dans plusieurs raffineries mercredi, sans lever l'incertitude sur l'approvisionnement en carburant à l'approche des vacances scolaires.

La grève a été suspendue à la raffinerie de Donges, dans l'ouest du pays, ainsi que sur deux autres sites pétroliers dans le Nord et les Bouches-du-Rhône, selon la CGT.

Mais le mouvement a été reconduit dans deux autres sites du groupe, en Normandie et dans le Rhône.

"Ils ne lâchent rien. Si eux, ils arrivent à faire quelque chose, ça va donner un grand signal dans toute la France", a lancé l'actrice Corinne Masiero, originaire du nord de la France, venue soutenir les grévistes, interprétant avec des camarades comédiens une saynète fustigeant le capitalisme et les multinationales.

"On espère que la direction sera attentive aux revendications des grévistes pour pouvoir sortir du conflit", a déclaré à l'AFP Benjamin Tange, de la CGT.

Ce syndicat est à l'origine de ce mouvement de grève, initié le 27 septembre, pour demander des hausses de salaires, sur fond de forte inflation et de super profits réalisés par TotalEnergies, avec la flambée des cours liée notamment à la guerre en Ukraine.

Un mouvement a aussi eu lieu chez Esso-ExxoMobil, avant d'être levé la semaine passée après la conclusion d'un accord salarial.

La CGT a annoncé avoir proposé mercredi matin un "protocole de sortie de fin de conflit" à la direction de TotalEnergies.

Une proposition qui selon le syndicat a été rejetée par la direction, ce que TotalEnergies, interrogé par l'AFP, n'a pas confirmé.

Cette proposition demandait "des négociations sur l'emploi et les investissements", "des négociations locales sur les problématiques spécifiques remontées par les grévistes", ainsi que des "garanties sur l'absence de répression vis-à-vis des grévistes", a expliqué à l'AFP Eric Sellini, coordinateur national de la CGT pour TotalEnergies.

Selon Pedro Afonso, délégué syndical CGT sur le site de Feyzin (centre-est), la direction générale a néanmoins indiqué vouloir rediriger "toutes les négociations en local". Selon lui, elle "ne ferait aucune obstruction aux directions locales pour négocier concernant les revendications locales des grévistes sur tous les sites français de TotalEnergies".

Pression sur le gouvernement 
En attendant, la reconduction du mouvement dans certaines raffineries et dépôts de carburant du groupe jette de nouvelles incertitudes sur la résorption des pénuries d'essence à quelques jours des vacances de la Toussaint.

Face aux pénuries de carburant, des Français ont commencé à annuler leurs séjours, au risque de remettre en cause la très belle arrière-saison espérée par le secteur du tourisme.

Au total, 20,3% des stations-service, contre près d'un tiers le week-end dernier, étaient encore en manque d'essence ou de diesel mercredi, avec des situations plus tendues dans certaines régions, selon le ministère de la Transition énergétique.

"La situation continue à s'améliorer nettement", a souligné la Première ministre Elisabeth Borne.

"Je sais que la situation est encore difficile pour beaucoup de nos compatriotes, mais la dynamique est là et je veux une nouvelle fois appeler les salariés grévistes à reprendre le travail", a-t-elle ajouté.

A quelques jours des premiers départs, la pression monte plus que jamais sur le gouvernement.

S'adressant aux Français, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a assuré mettre "tout en œuvre pour qu’ils puissent partir en vacances tranquillement".

Pour accélérer la cadence, le gouvernement a rouvert les vannes de sites bloqués à l'aide de réquisitions de salariés, la dernière visant de nouveau le site de TotalEnergies à Feyzin mercredi.

Alors que mardi le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, "fatigué" de s'entendre dire que son salaire a été augmenté de 52% l'an passé, avait pris les réseaux sociaux à témoin pour expliquer que sa rémunération était "constante depuis 2017" et "moins élevée" que celle des "autres majors" européennes et américaines, le gouvernement l'a exhorté mercredi plutôt à travailler "d'arrache-pied" pour résoudre le conflit social dans son groupe.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.