Frieze Londres: présence remarquée des artistes du Moyen-Orient

Les œuvres de neuf artistes sont exposées sur le stand de la galerie Athr à la Frieze de Londres. (Athr)
Les œuvres de neuf artistes sont exposées sur le stand de la galerie Athr à la Frieze de Londres. (Athr)
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Publié le Jeudi 20 octobre 2022

Frieze Londres: présence remarquée des artistes du Moyen-Orient

  • Arab News vous présente quelques-uns des meilleurs artistes de la région, ainsi que leurs œuvres
  • Une exposition solo de l'artiste libanaise Rania Stephan, In My Mind's Eye, a été présentée sur le stand de la galerie Marfa', à Beyrouth

LONDRES: Un éventail impressionnant d’œuvres du Moyen-Orient a été présenté à l’occasion de l'une des foires d'art contemporain les plus importantes du monde.
Frieze London s'est tenue à Regent's Park du 12 au 16 octobre. Arab News vous présente quelques-uns des meilleurs artistes de la région, ainsi que leurs œuvres.

Ahmed Mater

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Étude III (coupe à travers) (2022) d’Ahmed Mater. (Athr)

Mater, un artiste saoudien, a présenté sa nouvelle œuvre, Ashab al-Lal, une installation à grande échelle commandée pour Wadi AlFann à AlUla.
Un prototype a été exposé sur le stand d'Athr, une galerie de Djeddah. Il est composé de marbre Asiago Rosa Waterjet et présente un miroir en acier inoxydable sur sa surface intérieure. Il est accompagné de dessins multimédias qui détaillent le concept.
Ce médecin devenu artiste utilise un tunnel souterrain, des diapositives d'archives et des miroirs pour créer l'illusion optique d'un mirage dans le désert.
Retraçant le développement de l'Arabie saoudite depuis sa fondation, en 1932, jusqu'au boom pétrolier des années 1960 et 1970, l'œuvre de Mater reflète les changements dont ont fait preuve l'individu, la communauté, la société et le monde.
Alors que les visiteurs voyagent dans le temps, l'histoire du désert sert de guide pour imaginer notre avenir.

Sarah Abu Abdallah

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Fortitude (2020) de Sarah Abu Abdallah. (Athr)

Fortitude (2020), de l'artiste saoudienne Abu Abdallah, est également exposée sur le stand de l'Athr.
Les sculptures en résine de tomate contiennent de véritables graines de ce fruit qui proviennent de la ville natale de la créatrice, Qatif, dans la province orientale. Cette culture indigène dont se chargeaient des générations d'agriculteurs a quasiment disparu à cause de l'urbanisation.
«L'idée est de préserver la nature en tant que partie intégrante de l'identité et de la culture de chacun», a déclaré Sarah Abu Abdallah.
Attirant le regard par sa combinaison astucieuse de matériaux synthétiques et organiques, l'œuvre invite également les spectateurs à réfléchir à notre rôle dans le changement climatique.

Aymane Yosri Daydban

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Soil (2015) d’Aymane Yosri Daydban. (Athr)

Daydban, un artiste palestinien qui habite à Djeddah, a apporté à Frieze un morceau de sa patrie, littéralement et métaphoriquement, avec son œuvre Soil (2015).
La terre, façonnée en un cercle sur du papier siliconé, provient de sa ville natale, Kafer Malek, à Ramallah.
Il explique que son œuvre se concentre sur le récit national palestinien, d’où le sens et l’importance de cette poignée de terre, que des pèlerins lui ont donnée, par l'intermédiaire de son cousin, en Palestine. Ce pays est pour Daydban «un paradis qui résonne en moi chaque fois que je ne peux pas m’y rendre».
L’œuvre symbolise ainsi son lien inextricable avec sa patrie, malgré la distance qui le sépare d'elle.

Rania Stephan

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Exposition solo In My Mind's Eye de Rania Stephan. (Galerie Marfa')

Une exposition solo de l'artiste libanaise Rania Stephan, In My Mind's Eye, a été présentée sur le stand de la galerie Marfa', à Beyrouth.
Ces œuvres multimédias ont été inspirées par la fascination qu’éprouve l’artiste pour les voyages dans l'espace. L'alunissage de Neil Armstrong a été la première image qu'elle a vue à la télévision.
L'exposition de Stephan s'inspire fortement de la science-fiction. Dans son téléviseur peint à la main, Lift Off (2022), Stephan utilise une boucle vidéo du film Woman in Moon (1929) de Fritz Lang pour évoquer le nombre réduit de femmes dans l'exploration spatiale.
Cette créatrice considère la science-fiction comme un «objectif inspirant pour comprendre notre présent».

Reza Aramesh

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«Action 218» (2022) et «Action 210» (2022), de la série Site of the Fall: étude du jardin de la Renaissance par Reza Aramesh. (Galerie Dastan)

Quatre sculptures de Reza Aramesh, un Iranien, ont été particulièrement remarquées lors de l'exposition de la galerie Dastan, à Téhéran. Elles font partie de sa série en cours Site of the Fall: Study of the Renaissance Garden, qui porte sur la représentation de la violence dans les médias.
Après avoir effectué des recherches approfondies sur les reportages de guerre et de conflits, Aramesh a extrait des images de corps et de poses et il les a recréées sous forme de sculptures humaines en marbre blanc de Carrare.
Contrairement aux statuaires de la Renaissance, qui aimaient mettre en scène des nobles et des personnages mythologiques, Aramesh représente souvent la classe ouvrière, des personnes de couleur et des hommes vulnérables du Moyen-Orient, d'Asie et d'Afrique.
Taillées dans la pierre, ses sculptures entendent glorifier la force et la résilience de l’individu.

Jumana Manna

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Old Bread (Fence) (2021) de Jumana Manna. (Hollybush Gardens)

Old Bread (Fence) (2021) de Manna, une artiste palestinienne qui habite à Berlin, était exposée au stand de Hollybush Gardens, à Londres.
Sur une plate-forme métallique basse reposent des morceaux de pain en céramique, principalement du taboun et du Jerusalem ka'ek, qui font référence à la coutume palestinienne qui consiste à laisser les restes de pain dehors afin que tout le monde puisse les prendre.
Ce geste est lié aux traditions culturelles et religieuses qui désapprouvent le fait de jeter de la nourriture.
L'œuvre de Manna évoque également l'insécurité alimentaire dont souffrent les Palestiniens en raison des conditions politiques d'occupation.
Il s'agit de l'une des œuvres les plus puissantes de Frieze. En effet, elle parvient à exprimer les connotations sociales, sacrées et émotionnelles de ces restes de pain. Leur texture pourrie évoque la culpabilité que nous ressentons lorsque la nourriture est gaspillée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).