France: remue-ménage au sein de partis politiques traditionnels

Le député du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard (R), parle aux côtés du premier secrétaire du Parti socialiste français (PS), Olivier Faure, lors d'une conférence de presse de la coalition de gauche française Nupes (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) à l'Assemblée nationale française à Paris, le 21 septembre 2022. (AFP).
Le député du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard (R), parle aux côtés du premier secrétaire du Parti socialiste français (PS), Olivier Faure, lors d'une conférence de presse de la coalition de gauche française Nupes (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) à l'Assemblée nationale française à Paris, le 21 septembre 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 20 octobre 2022

France: remue-ménage au sein de partis politiques traditionnels

  • Ces dernières années, les partis politiques ont vu leur popularité se dégrader auprès des Français
  • Le Parti socialiste, qui a entamé sa «traversée du désert» pendant le mandat de François Hollande, tente de se relever après une «mauvaise décennie»

PARIS: Le bouleversement du paysage politique français, confirmé lors des élections présidentielle et législatives de cette année, a conduit à l’émergence de trois pôles principaux: Renaissance (parti de la majorité présidentielle), la Nupes (à gauche) et le RN (à l’extrême droite). 

En effet, la fin du duopole politique français composé depuis plus de cinq ans du Parti socialiste (PS) et des Républicains (ou LR, parti anciennement connu sous le nom d’«Union pour un mouvement populaire», ou UMP) ne signifie pas leur effacement.

Ces deux partis traditionalistes prouvent leur résilience: le PS résiste à la poursuite de son déclin, même s’il se range sous l’étiquette de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes), initiée par l’un de ses anciens élus devenu l’un de ses pourfendeurs, Jean-Luc Mélenchon. Quant au parti Les Républicains, il reste bien implanté dans le pays et il marginalise souvent ses adversaires lors des élections locales (municipales, départementales et régionales). Cette double réalité nous permet de mieux saisir la complexité de l’actuel paysage politique en France, qui demeure émietté et loin d’être parfaitement stabilisé.

Dans ce contexte, la lecture des changements au sein de partis classiques nous permet de dessiner les contours de l’évolution de l’opinion publique et de mieux appréhender l’avenir. Cela se justifie par le fait que, ces dernières années, les partis politiques ont vu leur popularité se dégrader auprès des Français, qui, pour beaucoup, ne voient plus leur rôle d’un œil positif ni bénéfique dans la résolution des grands enjeux. À cet égard, certaines études d’opinion sur la proximité partisane déclarée des Français depuis 2013 font apparaître une progression forte de la désaffiliation politique, qui se traduit par une spectaculaire hausse de l’abstention. Ce phénomène crée une masse électorale flottante et indécise, ce qui rend l’exercice électoral de plus en plus imprévisible.

La droite républicaine: un nouveau départ?

Après une sévère défaite lors de l’élection présidentielle et un résultat limité aux législatives, le parti Les Républicains tente de se refaire une santé en se mettant en quête d’une nouvelle direction.

Alors que l’élection pour la présidence du parti aura lieu le 3 décembre prochain, quatre principaux candidats s’affrontent:

Éric Ciotti, le député des Alpes-Maritimes , très marqué par sa proximité avec l’extrême droite et son action pour une ligne «droite et forte».

Serge Grouard, maire de la ville d’Orléans et ancien proche de Jacques Chirac. C’est le moins connu des concurrents. Il propose pour «un accord de gouvernement» avec le courant du président Macron afin derépondre aux urgences nationales.

Aurélien Pradié, secrétaire général du parti, député du Lot et représentant de la nouvelle génération, plaide pour un changement radical dans la ligne politique et cherche à rebâtir la droite populaire.

Bruno Retailleau, sénateur de Vendée, président du groupe LR au Sénat, est un conservateur proche de l’ancien Premier ministre François Fillon. Partisan d’une droite «populaire et patriote», il se pose en rassembleur et sauveur du parti, au point de tendre la main aux électeurs d’extrême droite.

Parmi ces quatre prétendants, Bruno Retailleau semble le mieux placé pour accomplir cette entreprise de recomposition de l’ancien parti majoritaire de droite.

Quel que soit le vainqueur, sa mission, qui consiste à redorer le blason d’un parti malmené après l’ère Sarkozy et les défaites aux élections présidentielles depuis 2012, sera semée d’embûches.

Le Parti socialiste: Olivier Faure vs mouvement Refondation

Le Parti socialiste, qui a entamé sa «traversée du désert» pendant le mandat de François Hollande, tente de se relever après une «mauvaise décennie».

Après un score catastrophique pour sa candidate, Anne Hidalgo, lors de l’élection présidentielle, le PS tente de sauver les meubles par le biais de son premier secrétaire, Olivier Faure, en s’associant à la Nupes. Après des résultats jusque-là mitigés, Faure est à son tour contesté par un mouvement soutenu par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et par Carole Delga vice-présidente du conseil régional de Midi-Pyrénées.

Ce mouvement veut refonder le Parti socialiste et a peut-être pour intention de renverser son premier secrétaire lors du prochain congrès, à travers une tribune signée par cent cinquante élus, dont Nicolas Mayer-Rossignol, le jeune maire PS de Rouen, l'un des maîtres d'œuvre de l'initiative.

Les contestataires socialistes entendent créer «un nouvel espoir à gauche». La toile de fond de leur mouvement est l’opposition à la ligne d’alliance avec la Nupes, mal perçue par une bonne partie de la base socialiste.

On le voit, ce remue-ménage actuellement à l’œuvre à droite comme à gauche pourrait renforcer la résilience des partis traditionnels au sein du paysage politique français.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».