«C'est pas Versailles ici!»: quand des militants éteignent la lumière

Vision de la place de la Concorde à Paris lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre 2024) (Photo, Twitter: @Paris2024)
Vision de la place de la Concorde à Paris lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre 2024) (Photo, Twitter: @Paris2024)
Short Url
Publié le Vendredi 21 octobre 2022

«C'est pas Versailles ici!»: quand des militants éteignent la lumière

  • A 21H00, une vingtaine d'activistes d'Extinction rebellion se mettent en cercle pour écouter un briefing avant l'action de la soirée dans le centre de la capitale
  • L'action du soir, qui se veut strictement non violente, vise les commerces allumés toute la nuit après le départ des clients et les écrans ou panneaux publicitaires lumineux

PARIS : «C'est pas Versailles ici!»: les enseignes lumineuses allumées en soirée dans des commerces parisiens vides ne sont pas du goût de militants de la cause climatique, qui patrouillent pour dénoncer ces entorses à la sobriété et vont parfois jusqu'à éteindre la lumière.

A 21H00, une vingtaine d'activistes d'Extinction rebellion se mettent en cercle pour écouter un briefing avant l'action de la soirée dans le centre de la capitale

«On évite absolument de partir en courant» en cas de rencontre avec les forces de l'ordre, prévient «Joad», un militant expérimenté qui énumère les risques juridiques et les consignes en cas de garde à vue.

L'action du soir, qui se veut strictement non violente, vise les commerces allumés toute la nuit après le départ des clients et les écrans ou panneaux publicitaires lumineux. Les outils sont répartis entre les militants, jeunes pour la plupart: affiches, rouleau adhésif, colle et cannes télescopiques, qui permettent d'atteindre un interrupteur pour éteindre certaines enseignes depuis l'extérieur des magasins.

«C'est bien de parler mais c'est bien aussi d'agir en fonction de nos convictions», témoigne «Sasha Weng», nouvelle dans l'organisation.

Après une demi-heure de préparation, deux groupes filent dans les rues de Paris. L'équipe de Joad s'engouffre dans le Marais, quartier vivant où les boutiques de vêtements de luxe ou de cosmétiques brillent pour la plupart de mille feux bien après leur fermeture.

- «Double discours» -

Un premier commerce de bijoux au style gothique voit sa vitrine recouverte d'une affiche au ton didactique: «Alors que des millions de personnes ont des difficultés financières pour se chauffer et s'éclairer cet hiver et que des coupures de courant sont à craindre, il ne nous semble pas raisonnable de laisser des commerces éclairés à des seules fins de publicité».

Suivront des dizaines d'affiches similaires scotchées sur des opticiens, chausseurs, parfumeurs, vendeurs de matelas... Un célèbre fabriquant de jeans voit son enseigne extérieure rouge subitement éteinte à l'aide d'une canne --même si les spots restent tous allumés à l'intérieur.

«C’est très symbolique parce qu’on est conscients que la dépense énergétique des panneaux lumineux ne représente qu’un tout petit pourcentage de la consommation énergétique du pays», admet «Pikou», qui milite depuis deux ans.

Mais il espère que le message passera face au «double discours» du gouvernement: «On demande d’un côté aux gens d'être plus sobres mais, de l'autre côté, on n'interdit pas aux entreprises de les pousser à la surconsommation».

Le gouvernement s'est pourtant déjà saisi du sujet: un décret généralise l'extinction des lumières des magasins et des publicités lumineuses entre 01H00 et 06H00 à partir du 1er juin 2023. La mairie de Paris va plus loin en demandant l'extinction des publicités lumineuses dans ses rues la nuit --de 23h45 à 06h00-- à partir du 1er décembre.

- «Honte» -

Les militants continuent de se faufiler dans les rues de Paris, parmi de nombreux badauds qui profitent de la douceur de l'automne et manifestent parfois leur soutien.

«Je suis totalement d'accord avec eux», approuve Federica, touriste milanaise, intriguée par le manège des militants, qui viennent d'éteindre un grand panneau publicitaire lumineux. Anna, une passante, soutient aussi la lutte contre les «dépenses inutiles», une «honte».

Quand l'enseigne d'une boutique de mode s'éteint à son tour, quelques applaudissements fusent dans la rue. «Bravo!» s'écrie une dame.

Un commerce qui vante la qualité environnementale de ses vêtements à grand coup de slogans («because there is no planet B») fait tiquer les militants. En cause: trois gros écrans lumineux dans la vitrine, bientôt recouverte d'affiches, apposées à la colle.

«On est dans une première phase de sensibilisation et de prévention», explique Joad, qui recevra le lendemain des messages positifs de certains commerces, prêts à éteindre plus tôt. «Pour les personnes qui continueront d'allumer et continueront ce gaspillage inutile, on passera à une phase 2 un peu plus audacieuse à partir de décembre», prévient-il.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Short Url
  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Short Url
  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.