Les centrales énergétiques du Golfe ouvrent la voie à une industrialisation verte

Les pays du Golfe se sont engagés à atteindre les objectifs mondiaux en matière d’émissions de gaz à effet de serre (Projet vert de Riyad)
Les pays du Golfe se sont engagés à atteindre les objectifs mondiaux en matière d’émissions de gaz à effet de serre (Projet vert de Riyad)
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Publié le Samedi 22 octobre 2022

Les centrales énergétiques du Golfe ouvrent la voie à une industrialisation verte

  • Les membres du CCG veulent approvisionner l’Europe et l’Asie-Pacifique en énergie hydrogène respectueuse de l’environnement
  • L’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn se sont engagés à réduire à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre

DUBAÏ : Face aux effets aggravants des variations météorologiques éventuellement liées au changement climatique, de nombreux pays se sont fixé des objectifs. Ces derniers réduiraient à zéro leur émission de carbone d’ici 2050, dans l’espoir d’éviter que la Terre se réchauffe de 1,5 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.

L’Arabie Saoudite, le Koweït, Bahreïn, le Qatar, les Emirats arabes unis et Oman – les six pays membres du Conseil de coopération du Golfe – abritent près du tiers des réserves mondiales de pétrole et environ un cinquième des réserves de gaz naturel.

Dans le cadre d’une stratégie d’atténuation efficace du changement climatique, les États du CCG se considèrent comme les pionniers de l’économie hydrogène en dévoilant des plans ambitieux qui pourraient approvisionner l’Europe et la région Asie-Pacifique en carburant à faible émission et respectueux de l’environnement.

Les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite se sont engagés à réduire à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 et 2060, respectivement. Bahreïn s’est engagé à atteindre ce même objectif d’ici 2060.

Cette réduction à zéro signifie que toutes les émissions de gaz à effet de serre produites sont contrebalancées par le nombre égal d’émissions retirées de l’atmosphère.

Afin d’atteindre cet objectif important, une décarbonation rapide est nécessaire. En tant que nouveau vecteur énergétique, l’hydrogène peut jouer un rôle-clé dans la réussite de la décarbonisation des secteurs les plus compliqués, comme le transport maritime, l’aviation, la sidérurgie et la chimie.

Les pays du Golfe se sont engagés à atteindre les objectifs mondiaux en matière d’émissions de gaz à effet de serre (Projet vert de Riyad)
Les pays du Golfe se sont engagés à atteindre les objectifs mondiaux en matière d’émissions de gaz à effet de serre (Projet vert de Riyad)

Partiellement remplacer les combustibles fossiles par de l’hydrogène serait un grand pas vers la réalisation des objectifs de réduction des émissions de gaz à l’effet de serre fixés dans l’Accord de Paris, un traité international adopté en 2015 qui évoque l’atténuation ainsi que le financement et l’adaptation au changement climatique.

L’Agence internationale pour les énergies renouvelables a prévu dans un rapport publié en janvier que l’hydrogène pourrait couvrir 12% de la consommation mondiale d’énergie d’ici 2050 et que 30% de l’hydrogène pourraient être commercialisés à l’échelle internationale dans le même délai. Par conséquent, malgré les prix élevés du pétrole et les prix-records de l’essence aujourd’hui, les actifs fossiles pourraient être dévalués d’ici le milieu du siècle.

Tournés vers l’avenir, les pays du Golfe explorent les moyens de diversifier leurs économies et de se décarboner en produisant l’hydrogène à partir de leurs propres réserves combustibles fossiles, à partir desquels est d’ailleurs produit le captage du carbone ou l’hydrogène bleu.

Parmi ces pays, l’Arabie Saoudite envisage de s’étendre au-delà de l’hydrogène bleu, vers d’autres formes alternatives encore plus propres, telles que l’hydrogène vert, fabriqué en utilisant des énergies renouvelables pour diviser l’eau.

Le projet NEOM Green Hydrogen, qui sera mis en service en 2026, sera la plus grande usine d’hydrogène vert au monde entièrement alimentée par des énergies renouvelables. Selon le développeur et opérateur énergétique saoudien ACWA Power, le projet aura une capacité de production de 650 tonnes d’hydrogène par jour.

Selon les déclarations du ministre saoudien de l’énergie, le prince Abdel-Aziz ben Salmane lors du Forum économique mondiale de l’année dernière, l’Arabie Saoudite continue de développer son propre programme d’énergie renouvelable conformément aux règlementations de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Elle encouragera par ailleurs la production d’hydrogène rose.

L’hydrogène rose est produit par électrolyse à l’aide de l’énergie nucléaire. Cette année, le prince Abdel-Aziz a signé plusieurs accords d’utilisation des transports publics alimentés par des piles à hydrogène dans tout le Royaume.

Les sources d’énergie renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne joueront un rôle- clé alors que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se lancent dans le voyage vers une réduction à zéro (Reuters)
L’initiative Saudi Green vise à réduire l’empreinte carbone du Royaume en préservant les habitudes naturelles, grâce à des développements tels que le projet d’hydrogène vert qui sera construit dans la région Oxagon de NEOM (Photo fournie/NEOM)

Au début du mois dernier, l’IRENA  a rejoint 14 entreprises mondiales afin de mettre en place une nouvelle alliance visant à décarboner les industries et à aider les pays à atteindre les objectifs de réduction à zéro, conformément à l’Accord de Paris.

L’alliance pour la décarbonation de l’industrie a été dévoilée lors du Forum d’investissement de l’IRENA sur les transitions énergétiques à Bali, en Indonésie, le 1er septembre.

Le directeur général de l’IRENA, Fransesco La Camera, s’est exprimé lors de l’évènement : « L’action climatique a besoin des leaders de l’industrie ».

« Cette alliance représente l’engagement croissant de l’industrie mondiale à agir sur la décarbonation et à débloquer les opportunités qui découlent de l’industrialisation verte grâce aux énergies renouvelables et à d’autres technologies liées à la transition, comme l’hydrogène vert ». 

Il a ajouté : « En nous unissant, nous envoyons un message clair de solidarité avant la COP27  (Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques) et nous invitons de nouveaux partenaires à rejoindre notre vision commune.»       

La première réunion de l’alliance devrait avoir lieu de la réunion COP27 de cette année, tenue à Sharm el Sheikh en Égypte en novembre. Les membres de l’alliance comprennent Taqa d’Abu Dhabi, l’Italien Enel Green Power, l’Egyptien Taqa Arabia, Eni et Technip Energies.

En bref

  • La journée mondiale de l’énergie est célébrée chaque année le 22 octobre afin de sensibiliser à l'utilisation de l’énergie, son abordabilité, sa sécurité et sa durabilité.
  • Lancée en octobre 2021, l’initiative Saudi Green a mis en place 60 programmes pour réduire les émissions, planter des arbres de 10 mètres et protéger les habitats.
  • L’Arabie Saoudite a également lancé la Middle East Green Initiative, une alliance régionale unique en son genre afin de lutter contre le changement climatique.
  • Le Royaume est également impliqué dans la Global Ocean Alliance, visant à protéger au moins 30% des océans d’ici 2030.

Karim Amin, membre du conseil d’administration de Siemens Energy a déclaré en s’adressant au forum de Bali : « Nous devons réduire de toute urgence les émissions de gaz à effet de serre si nous voulons lutter contre le changement climatique ».

« Représentant plus d’un quart des émissions mondiales, le secteur industriel en est le deuxième émetteur et nécessite une décarbonation rapide. Les partenariats sont essentiels à cet égard ».

« Avec nos technologies, chez Siemens Energy, nous cherchons constamment à créer de la valeur avec nos partenaires vers un avenir à faible émission de carbone. Je suis convaincu que l’alliance pour la décarbonation accélèrera cette dernière en installant un forum d’échange pour les partenaires industriels, technologiques et du savoir ».

Lors de la COP26 à Glasgow en 2021, l’IRENA a dévoilé la plateforme de financement de l’accélération de la transition énergétique (ETAF) d’un milliard de dollars afin de soutenir de nouveaux projets d’énergie renouvelable dans les pays en développement. Masdar – Abu Dhabi Future Energy Co. – et le Fonds d’Abu Dhabi pour le développement soutiennent la plateforme.

En juin, l’IRENA a signé des accords avec l’ADFD et Masdar afin de fournir l’investissement de base de 400 millions de dollars à l’ETAF.

La Camera a déclaré à Arab News : « Le défi climatique est universel. Il nécessite une transformation rapide et holistique de notre système énergétique et la décarbonation des processus industriels est une partie importante de ce défi ». 

Saudi Aramco et Air Products ouvrent la première station de ravitaillement en hydrogène du Royaume (Photo fournie)
Saudi Aramco et Air Products ouvrent la première station de ravitaillement en hydrogène du Royaume (Photo fournie)

« Cependant, cela présente également une grande opportunité. Il s’agit d’une tâche difficile qui nécessite les plus hauts niveaux de coopération entre les leaders de l’industrie. Dirigée par l’IRENA et le secteur privé, cette alliance jouera un rôle déterminant dans la coordination des efforts et ouvrira la voie à la réduction à zéro ».

Concilier leurs engagements environnementaux ambitieux avec leur dépendance actuelle aux hydrocarbures sera à la fois un défi et un voyage coûteux pour l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Pour ces deux pays, le voyage commence par la décarbonation de leur production de pétrole et de gaz afin de réduire leur empreinte-carbone et d’augmenter leur production nationale d’énergie verte.

Cela ne signifie sûrement pas qu’ils cesseront complètement de produire des hydrocarbures. Comme l’a souligné l’expert en énergie du Moyen-Orient, Ruba Husari, dans un article pour l’Institut du Moyen-Orient, bien que la demande de pétrole et de gaz se poursuive au-delà de 2050, « et bien qu’à des niveaux inférieurs à ceux d’aujourd’hui – leur objectif de réduction à zéro n’équivaut pas à zéro pétrole et gaz ». Leur transition sera plutôt différente de celle des autres pays et se déroulera à un autre rythme.

Lors du Youth Green Summit à Riyad en octobre 2021, le prince Abdel-Aziz a annoncé son objectif de devenir le plus grand producteur d'hydrogène au monde.

Durant la même année, Saudi Aramco, la compagnie nationale de pétrole et de gaz naturel a publié son premier rapport de développement durable, détaillant son projet vers la réduction à zéro. Selon le rapport, son ambition était de décarboner ses opérations et d’atteindre « une empreinte nette nulle d’ici 2050 sur l’ensemble de ses actifs exploités en propriété exclusive».

Le rapport a reconnu que ce serait « un énorme défi » d’atteindre des émissions opérationnelles nettes nulles tout en développant ses activités pour répondre à la demande énergétique mondiale.

Aramco a fixé des objectifs préliminaires pour 2035, prévoyant de réduire les émissions de carbone de 10,2 kilogrammes d’équivalent dioxyde de carbone par baril d’équivalent pétrole (CO2e/bep) en 2018 à 8,7 kg de CO2e/bep d’ici 2035, soit une réduction de plus de 15%.

La stratégie d’entreprise d’Aramco est basée sur « sa capacité à produire le pétrole le moins cher et le moins carboné et son intention de travailler avec les clients tout au long de la chaine de valeur afin de proposer des produits qui soutiennent leurs ambitions en matière de carburants à faible émission de carbone ».

Depuis le lancement de Vision 2030 en 2016, l’Arabie Saoudite a pris de mesures importantes afin de renforcer l’action climatique et la protection de l’environnement en s’appuyant davantage sur les énergies propres et en compensant les émissions.

Lancée lors du premier forum de l’initiative verte le 23 octobre 2021, l’initiative verte saoudienne est composée de plus de 60 initiatives, dont la première vague implique des investissements d’une valeur de 700 milliards de SR, (soit 187 milliards de dollars, 1$ = 1,01 euro) afin de contribuer à la croissance d’une « économie verte ».

Une nouvelle alliance mondiale vise à aider les pays, y compris ceux du Moyen-Orient, à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris en accélérant la transition énergétique (Archives AN)
Une nouvelle alliance mondiale vise à aider les pays, y compris ceux du Moyen-Orient, à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris en accélérant la transition énergétique (Archives AN)

Dans le cadre de leur stratégie de réduction à zéro, les Émirats arabes unis ont l’intention d’investir 600 milliards de dirhams émiratis (163,37 milliards de dollars) dans des projets portant sur l’énergie propre et renouvelable au cours des trois prochaines décennies.

Le 12 septembre, le Cabinet des Émirats arabes unis a approuvé une version mise à jour de la deuxième contribution nationale déterminée, fixant un objectif plus élevé pour 2030 (de 31%) de réduction des émissions à l’échelle de l’économie, ce qui représenterait une augmentation par rapport aux 23% initialement soumis en 2020.

Des annonces supplémentaires ont été faites sur la contribution sectorielle à cet objectif.

Evita Moawad, consultante internationale en énergie renouvelable et en décarbonation, a déclaré à Arab News : « Les Émirats arabes unis ont été le premier pays du Golfe à s’engager à atteindre la réduction à zéro d’ici 2050 et ont d’ailleurs défini des objectifs intermédiaires pour 2030 ».

« Il est important que les objectifs des Émirats arabes unis et d’autres pays soient conformes à la limite de réchauffement de 1,5 degrés Celsius de l’Accord de Paris. Durant les prochaines étapes, le plan vers la réduction à zéro sera défini pour les différents secteurs et un cadre propice pour avancer vers la décarbonation sera créé.

Elle a ajouté que : « Les Émirats arabes unis ont déjà remporté des succès dans l’approvisionnement en énergie propre ; des efforts sont actuellement nécessaires dans d’autres secteurs comme l’industrie et les transports. De tels efforts ont d’ailleurs commencé. Par exemple, les Émirats arabes unis sont l’un des cinq pays à avoir jusqu’à présent rejoint l’initiative de décarbonation industrielle profonde du ministère de l'Energie propre, active depuis le début de cette année ».

Afin de parvenir à la décarbonation, tous les aspects de l’économie d’un pays doivent changer, y compris la façon dont l’énergie est générée et les biens sont produits et livrés. La Camera a souligné que « cela nécessite une approche dynamique de la transition énergétique, intégrant de nouvelles solutions et technologies au fur et à mesure qu’elles deviennent disponibles ».

Il a d’ailleurs salué la mise à jour récente des Émirats arabes unis de leur NDC, la qualifiant de « belle démonstration du leadership du pays avant la COP28 ».

La session annuelle 2023 de la conférence COP se tiendra vers la fin de l’année à Expo City Dubaï. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com