Il est temps d'agir pour le climat, maintenant

Un ours polaire dort après avoir mangé des algues tôt le matin le long du rivage de la baie d'Hudson près de Churchill (Photo, AFP).
Un ours polaire dort après avoir mangé des algues tôt le matin le long du rivage de la baie d'Hudson près de Churchill (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 octobre 2022

Il est temps d'agir pour le climat, maintenant

Il est temps d'agir pour le climat, maintenant
  • Partout dans le monde, nous devons accélérer les mesures d'atténuation pour traiter le problème à la source
  • Lors de la conférence sur le climat COP27 en novembre, chaque pays devra exposer ce qu'il a accompli et ce qu'il entend entreprendre pour limiter l'augmentation de la température mondiale

Le monde en 2022 est tout autre que celui que nous connaissions auparavant. Après une pandémie dévastatrice, nous faisons maintenant face à une crise énergétique mondiale, déclenchée par la Russie qui ramène la guerre en Europe et transforme ses ressources énergétiques en arme, en isolant ses clients et en brûlant de manière destructive son gaz de réserve. Or, la crise climatique s'aggrave de jour en jour. Le réchauffement de la planète se rapproche rapidement de la barre des 1,5 degré Celsius que nous nous sommes engagés à éviter. Il s'agit d'un point de basculement qui menace les vies et les moyens de subsistance sur toute la planète.

Les effets perturbateurs et de plus en plus fatals sur tous les aspects de la vie ne font désormais plus aucun doute. Qu'il s'agisse de la dégradation des écosystèmes, de la disparition des forêts, de l'effondrement des glaciers, du recul des rivages, des incendies, des canicules, des inondations, des tempêtes ou de la sécheresse. Les changements auxquels nous sommes confrontés sont inéluctables. Aucun individu ne peut arrêter le changement climatique. Aucun vaccin ne viendra à la rescousse. Vous aurez beau essayer, vous ne pourrez pas négocier un accord acceptable avec la planète Terre. Pourtant, plutôt que d'alimenter le désespoir, l'apathie ou la résignation, nous devons donner de l'espoir et montrer notre détermination à agir pour le climat. Les solutions et les technologies sont à portée de main, mais nous devons planifier, investir avec détermination et, surtout, agir maintenant. Le temps presse.

Lors de la conférence sur le climat COP27 en novembre, chaque pays devra exposer ce qu'il a accompli et ce qu'il entend entreprendre pour limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré. Au sein de l'Union européenne, nos engagements sont inscrits dans la loi: nous réduirons nos émissions d'au moins 55 % d'ici à 2030 et atteindrons la neutralité climatique d'ici à 2050.

L'Union européenne ne prétend pas avoir toutes les réponses, et nous nous réjouissons d'écouter ce que les autres entreprennent pour réaliser leurs propres ambitions en matière de climat. En Europe, nous avons dû mettre en place des mesures exceptionnelles pour faire face à la crise énergétique provoquée par la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine. Nous avons également dû reporter une partie du démantèlement des centrales électriques au charbon comme mesure d'urgence transitoire pour l'hiver prochain. Mais si l'utilisation du charbon a temporairement augmenté dans un certain nombre de pays européens, les délais nationaux d'élimination progressive du charbon restent inchangés. Nous mettons en œuvre des objectifs d'efficacité énergétique beaucoup plus stricts et nous adopterons beaucoup plus rapidement les énergies renouvelables, en utilisant moins de gaz que prévu initialement. Nos engagements globaux pour le climat ne sont donc pas menacés. En réalité, nous avons augmenté nos ambitions quant au déploiement des énergies renouvelables au cours de cette décennie.

Certaines voix nous ont appelé à être «réalistes» et à mettre l'action climatique en veilleuse car il y a d'autres crises à gérer. Mais les troubles sociaux peuvent être combattus par l'action climatique. C'est la guerre d'agression injustifiée de la Russie en Ukraine et les importations coûteuses de combustibles fossiles qui font augmenter nos factures énergétiques. En Europe, cette situation a renforcé la volonté des citoyens de se débarrasser le plus rapidement possible des combustibles fossiles.

Il est clair que la crise climatique a un impact disproportionné sur ceux qui ont le moins, en Europe et dans le monde. À mesure que le changement climatique progresse, des millions de personnes risquent de perdre leur maison, leur approvisionnement en eau, leurs moyens de subsistance et même leur vie, comme en témoignent les graves inondations qui ont récemment frappé le Pakistan. Partout dans le monde, nous devons accélérer les mesures d'atténuation pour attaquer le problème à la source. Parallèlement, nous devons faire davantage pour soutenir l'adaptation au changement climatique et pour éviter et traiter les pertes et les dommages.

L'Union européenne reste le premier bailleur de fonds mondial pour le financement du climat, avec près de 28 milliards de dollars en 2020, et pour l'aide humanitaire. Les pays européens vont intensifier leurs efforts, mais nous ne résoudrons pas cette crise seuls. Les efforts et l'adhésion de tous les pays sont nécessaires, en particulier des grands pollueurs, ainsi qu'une mobilisation massive de fonds privés en complément des fonds publics.

Il est temps d'agir. Nous devons maintenant faire davantage que des promesses et obtenir des résultats. Démontrer notre réussite par la mise en application, influencer nos pairs et persuader les acteurs à tous les niveaux – de l'ONU à l'individu – de faire ce qu'ils peuvent. Pendant des siècles, nous avons vidé la planète de ses ressources et aujourd'hui, elle atteint ses limites. Il est temps pour nous d'arrêter les dégâts et d'empêcher la Terre de devenir inhabitable pour l'humanité. Les générations futures nous jugeront sur ce que nous faisons, alors faisons-le bien, et tout de suite.

 

Patrick Simonnet est l'ambassadeur de l'Union européenne auprès du royaume d'Arabie saoudite, du royaume de Bahreïn et du sultanat d'Oman. Twitter: @eusimonpa

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com