Les femmes, grandes absentes au sommet du pouvoir chinois

Les femmes sont les grandes absentes du remaniement annoncé dimanche au sommet du Parti communiste (Photo, AFP).
Les femmes sont les grandes absentes du remaniement annoncé dimanche au sommet du Parti communiste (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 25 octobre 2022

Les femmes, grandes absentes au sommet du pouvoir chinois

  • Le Bureau politique, instance de décision du Parti communiste chinois (PCC), ne compte désormais plus de femme parmi ses 24 membres
  • Du jamais vu en un quart de siècle

PEKIN: Elles représentent la moitié de la population chinoise mais les hautes sphères du pouvoir leur restent inaccessibles: les femmes sont les grandes absentes du remaniement annoncé dimanche au sommet du Parti communiste.

Les choses semblent même s'aggraver: le Bureau politique, instance de décision du Parti communiste chinois (PCC), ne compte désormais plus de femme parmi ses 24 membres. Du jamais vu en un quart de siècle.

Au Comité central, sorte de parlement du parti, le pourcentage de femmes a reculé: il passe de 5,4% à 4,9% avec seulement 11 femmes sur 205 membres.

Quant au Comité permanent, rien ne change. Le groupe de sept personnes qui détient les rênes du pouvoir est toujours uniquement composé d'hommes.

"Les femmes continuent d'être fortement sous-représentées au sommet de la politique chinoise", se désolait dimanche la lettre d'information spécialisée Neican China.

"Pour mémoire, les femmes représentent 48,8% de la population chinoise et 29,4% des membres du parti communiste", soulignait-elle.

Seule femme présente jusque-là au Bureau politique, Sun Chunlan, 72 ans, a pris sa retraite.

«La moitié du ciel»

Vice-Première ministre en charge des politiques sanitaires, Mme Sun était régulièrement envoyée pour inspecter les villes confrontées à des rebonds épidémiques.

Ancienne cheffe du parti dans la province côtière du Fujian (est) et de la ville de Tianjin près de Pékin, elle était connue comme la "Dame de fer" en raison des mesures strictes qu'elle ordonnait sur son passage.

Mais Sun Chunlan restait une exception dans la politique chinoise, dominée par les réseaux de camaraderie masculine et un sexisme bien ancré qui a souvent coupé court à des carrières prometteuses, notent plusieurs analystes.

Loin du slogan proclamé dans les années 1950 par le fondateur du régime Mao Tsé-toung (1949-1976): "Les femmes portent la moitié du ciel".

"Je ne vois pas comment les femmes sont censées +porter la moitié du ciel+ en Chine si elles ne sont pas autorisées à faire partie du Bureau politique", s'interrogeait dimanche sur Twitter Jacob Gunter, analyste à l'Institut Mercator d'études chinoises (Merics).

Pour Minglu Chen, professeure à l'université de Sydney, "l'engagement du Parti communiste chinois envers les droits des femmes est plus un engagement pour améliorer leurs droits économiques".

L'idée du parti est "que les femmes rejoignent le monde du travail", avance-t-elle.

Mais, dans une société encore très conservatrice, même cette étape est parfois difficile à franchir: "Beaucoup de femmes disent avoir du mal à combiner les rôles de bonne mère, épouse et employée", note l'universitaire.

Pour progresser dans sa carrière, notamment en politique, il faut aussi souvent passer par des moments de socialisation, notamment lors de repas arrosés où l'atmosphère est essentiellement masculine.

Quotas 

C'est aussi vrai dans l'entourage de Xi Jinping.

"La plupart des anciens collègues masculins de Xi, dans les provinces du Zhejiang et du Fujian, font désormais partie du Bureau politique", observe Victor Shih, professeur de sciences politiques à l'Université de Californie de San Diego.

"Pourtant, aucune de ses ex-collègues femmes n'a réussi à entrer au Bureau politique, ni même à obtenir des postes de direction au niveau provincial", déplore l'universitaire.

"La discrimination (dont souffrent les femmes) aux niveaux les plus bas (du pouvoir) les empêche d'obtenir ensuite des postes plus élevés", souligne M. Shih.

La Chine a certes mis en place un système de quotas en 2001, exigeant la présence d'au moins une femme à tous les niveaux du gouvernement et du parti, hormis au Bureau politique. Mais faute de mécanisme de contrôle, il n'est pas vraiment respecté.

"Si un meilleur système de quotas avait été mis en place et strictement appliqué, alors on commencerait à en voir les fruits", estime Minglu Chen. La situation actuelle "est aussi le résultat de la domination d'un seul parti", estime-t-elle.

Depuis 1948, le Bureau politique du PCC n'a admis en son sein que huit femmes, dont seules trois ont atteint le poste de vice-Première ministre.

Médias et observateurs espéraient que Sun Chunlan soit remplacé par une autre femme. Soit Shen Yueyue, dirigeante de la Fédération des femmes chinoises, ou Shen Yiqin, cheffe du parti dans la province du Guizhou (sud).

Mais aucune femme n'a été promue.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Short Url
  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Short Url
  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Short Url
  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.