Royaume-Uni: le nouveau Premier ministre affronte l'opposition au Parlement

Le tout nouveau Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak vit mercredi son baptême du feu au Parlement, face à une opposition travailliste au plus haut dans les sondages qui réclame des élections anticipées. (AFP)
Le tout nouveau Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak vit mercredi son baptême du feu au Parlement, face à une opposition travailliste au plus haut dans les sondages qui réclame des élections anticipées. (AFP)
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Publié le Mercredi 26 octobre 2022

Royaume-Uni: le nouveau Premier ministre affronte l'opposition au Parlement

  • Le Times estime que la plupart des ministres choisis ont «fait preuve de compétence dans l'exercice de leurs fonctions» et que le premier jour de Rishi Sunak «donne un sentiment de sérieux»
  • «Pendant ce temps, dans le monde réel», titre en Une le tabloïd The Mirror qui donne la parole à des Britanniques durement frappés par l'inflation, qui dépasse les 10%

LONDRES: Le tout nouveau Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak vit mercredi son baptême du feu au Parlement, face à une opposition travailliste au plus haut dans les sondages qui réclame des élections anticipées.

Pour la première fois, un chef de gouvernement originaire d'une ancienne colonie britannique fera face à la mi-journée aux députés de la chambre des Communes, lors de la traditionnelle séance de questions au Premier ministre, souvent très animée.

Le chef du Labour Keir Starmer l'a félicité mardi sur Twitter, mais sans ménagement: les Britanniques "ont besoin d'un nouveau départ et de s'exprimer sur l'avenir" du pays, confronté à une profonde crise sociale.

L'opposition travailliste, largement en tête dans les sondages, réclame quasiment tous les jours ces législatives anticipées, sans attendre fin 2024 ou début 2025 comme prévu, dénonçant la politique des conservateurs qui "ont mis en pièces l'économie".

Devenu mardi le troisième Premier ministre britannique en 50 jours et le cinquième depuis le Brexit en 2016, Rishi Sunak exclut un retour aux urnes qui se traduiraient quasi assurément par une cinglante défaite pour les conservateurs, depuis 12 ans au pouvoir.

Selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022.

Rishi Sunak a présenté mardi son gouvernement, pour lequel il a repris plusieurs ministres de Boris Johnson et Liz Truss. Le Mail salue "un cabinet d'unité" et décrit la performance de Sunak comme "digne d'un homme d'État et éloquent". C'est "le calme après la tempête - nous l'espérons", est-il écrit.

Le Times estime que la plupart des ministres choisis ont "fait preuve de compétence dans l'exercice de leurs fonctions" et que le premier jour de Rishi Sunak "donne un sentiment de sérieux".

"Pendant ce temps, dans le monde réel", titre en Une le tabloïd The Mirror qui donne la parole à des Britanniques durement frappés par l'inflation, qui dépasse les 10%.

Nouveau gouvernement 

Après avoir rencontré le roi Charles III qui l'a chargé de former un gouvernement, Rishi Sunak a annoncé mardi des "décisions difficiles" face à la crise économique et a promis de "réparer" les "erreurs" de Liz Truss, qui a quitté Downing Street après 49 jours au pouvoir, un mandat d'une brièveté sans précédent.

"Sunak et sa femme sont assis sur une fortune de 730.000.000 de livres. C'est deux fois la fortune estimée du roi Charles III. Ayez ça en tête quand il parle de prendre des +décisions difficiles+", a taclé la députée travailliste Nadia Whittome.

Partisan d'une réduction des dépenses pour freiner l'inflation, plutôt que d'un recours à la dette pour soutenir les ménages - politique privilégiée par Liz Truss, Rishi Sunak a reconduit à son poste le ministre des Finances Jeremy Hunt qui depuis sa nomination en catastrophe mi-octobre a ramené un semblant de calme sur les marchés.

Ce dernier doit présenter de nouvelles mesures budgétaires le 31 octobre, une date qui reste à confirmer par la nouvelle administration qui se met en place.

Retour des barons 

Rishi Sunak cherche à rassembler des députés conservateurs très divisés. A l'inverse de Liz Truss qui avait composé un gouvernement avec des figures loyales, il a rappelé au gouvernement les barons de son parti, y compris des soutiens de celle qui l'a précédé ou de Boris Johnson.

Dominic Raab - proche allié de M. Sunak - a quant à lui retrouvé son rôle de vice-Premier ministre et ministre de la Justice qu'il avait dû abandonner après la démission de Boris Johnson.

Suella Braverman, nommée en septembre ministre de l'Intérieur par Liz Truss et qui avait démissionné mercredi retrouve elle aussi son poste. Influente dans l'aile droite du parti, elle a une position très dure sur l'immigration.

En pleine guerre en Ukraine, les ministres de la Défense Ben Wallace et des Affaires étrangères James Cleverly ont également conservé leur portefeuille.

Pour son premier appel à un dirigeant étranger, Rishi Sunak s'est d'ailleurs entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky mardi soir et lui a assuré du "soutien inébranlable" du Royaume-Uni face à l'invasion russe. Il a aussi échangé par téléphone avec le président américain Joe Biden.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"


Espagne : l'homme clé d'un scandale de corruption garde le silence devant le Sénat

Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020
  • Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros

MADRID: L'homme de confiance d'un ex-ministre espagnol, très proche du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, a invoqué lundi son droit au silence devant une commission d'enquête mise en place par le Sénat qui l'entendait dans une affaire de corruption embarrassante pour l'exécutif.

Mis en cause pour son rôle dans un scandale lié à des achats de masques pour des administrations publiques durant la pandémie de Covid-19, Koldo Garcia était invité à s'exprimer pour la première fois publiquement sur cette affaire par cette commission du Sénat, dominé par le Parti populaire (PP, droite), principale formation d'opposition.

Bombardé de questions, cet homme à la stature imposante a invoqué son "droit à ne pas témoigner" en raison de la procédure ouverte par la justice sur ce scandale. "Par bon sens, je pense que je dois attendre" de "témoigner devant" le juge avant d'évoquer l'affaire, a-t-il expliqué.

M. Garcia a toutefois assuré avoir la conscience "très" tranquille. Visiblement agacé, il a dénoncé le traitement réservé à l'affaire par les journaux. "Médiatiquement, on m'a déjà crucifié vivant", a-t-il jugé.

Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020.

Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros.

L'affaire est très sensible politiquement, car Koldo García était l'homme de confiance de José Luis Ábalos, ministre des Transports de 2018 à 2021 et membre important du premier cercle de Pedro Sánchez - l'un des rares à lui être resté fidèle après son éviction en 2016 de la tête du parti socialiste à la suite de résultats électoraux désastreux.

Mi-mars, le chef de file du PP, Alberto Núñez Feijóo, avait accusé le Premier ministre d'avoir été "au courant" et d'avoir "couvert" l'affaire. "Nous sommes face à une très grave affaire potentielle de corruption qui touche votre gouvernement, votre parti et probablement vous-même", avait-il ajouté.

Le Parti socialiste, qui a promis d'enquêter sur cette affaire avec "une transparence absolue", a exclu M. Ábalos de ses rangs, tandis que le gouvernement a limogé un haut fonctionnaire du ministère des Transports qui avait géré l'achat des masques.

Comme le Sénat, la Chambre des députés, où les socialistes et leurs alliés sont majoritaires, a voté la création d'une commission d'enquête sur les affaires de corruption autour de contrats d'achat de matériel sanitaire, mais élargie à plusieurs autres affaires dont l'une implique le compagnon d'Isabel Díaz Ayuso, le présidente de la région de Madrid et une figure du PP.