France: la consommation de fruits et légumes «déréglée», à l'image du climat

Dans une France baignée de douceur, les fruits et légumes d'automne peinent à trouver preneur et les producteurs souffrent. (Photo, AFP)
Dans une France baignée de douceur, les fruits et légumes d'automne peinent à trouver preneur et les producteurs souffrent. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 27 octobre 2022

France: la consommation de fruits et légumes «déréglée», à l'image du climat

Dans une France baignée de douceur, les fruits et légumes d'automne peinent à trouver preneur et les producteurs souffrent. (Photo, AFP)
  • Ce jeudi, les températures vont grimper jusqu'à 28°C dans le Sud-Ouest, une anomalie persistante en cet octobre, qui «sera sans doute un mois record en termes de chaleurs» pour Météo-France
  • «Il fait tellement chaud qu'on voit des fissures dans l'épiderme des pommes: c'est la porte d'entrée pour les maladies. Les fruits pourrissent jusque dans les frigos», s'alarme Françoise Roch

PARIS: Les endives dépérissent sur les rayons, les choux se rapatrient au frigo: dans une France baignée de douceur, les fruits et légumes d'automne peinent à trouver preneur et les producteurs souffrent. 

Ce jeudi, les températures vont grimper jusqu'à 28°C dans le Sud-Ouest, une anomalie persistante en cet octobre, qui "sera sans doute un mois record en termes de chaleurs" pour Météo-France. 

Sur le marché Cristal de Toulouse, "les clients demandent des fruits à jus comme les prunes, plus que des fruits vraiment de saison comme les pommes. Ils veulent encore moins des noix et des châtaignes", raconte Yves Hérisson, 60 ans, vendeur de primeurs venu de Gagnac-sur-Garonne, à 18 km de là. 

"En cette période, habituellement, on ferait davantage de potimarron, de poireaux", explique Nadim Attal, 55 ans, autre figure de ce marché. 

Même constat à Strasbourg, dans l'Est, où "c'est encore la saison des ratatouilles dans la tête des clients", se lamente Jacques Walter, primeur à Ostwald, dont les choux, installés sur ses étals du marché de la place Broglie, ne trouvent pas preneur. 

A la tête d'Interfel, qui rassemble tous les métiers des fruits et légumes, des producteurs aux distributeurs, Laurent Grandin décrit une filière mal en point: ses coûts de production se sont envolés, la sécheresse estivale a réduit les volumes, et la consommation, déjà freinée par l'inflation, se retrouve "en décalage". 

"On constate un dérèglement de la consommation, à l'image du dérèglement climatique", soupire-t-il. 

Au printemps, la précocité des récoltes avait déboussolé les consommateurs, notamment urbains, qui cherchaient à consommer local et de saison et ont parfois renâclé à manger cerises et abricots dès la mi-mai. Cet automne ce sont les températures estivales qui freinent les achats de légumes de saison. 

« Marché atone » 

Cette douceur est à double tranchant. Elle peut avoir quelques avantages, en prolongeant la croissance des produits de plein champ comme les haricots ou les courgettes... Mais le manque d'eau persistant inquiète, notamment dans le nord-est et le sud-est du pays. 

Le stress hydrique a favorisé cette année des productions précoces: des artichauts plus petits en Bretagne, des pommes de terre parfois rabougries au nord de la Loire. Les fruits sont arrivés souvent en abondance, mais "plus petits et plus sucrés, et donc plus difficiles à conserver", explique M. Grandin. 

"Il fait tellement chaud qu'on voit des fissures dans l'épiderme des pommes: c'est la porte d'entrée pour les maladies. Les fruits pourrissent jusque dans les frigos", s'alarme Françoise Roch, présidente de la Fédération des producteurs de fruits et productrice à Moissac (sud-ouest). 

"Le consommateur ne s'en rend pas compte parce qu'on fait le tri, mais nos pertes sont énormes, et on voit la consommation s'écrouler alors que nos coûts explosent", dit-elle. 

L'exemple typique est la pomme: la production française va augmenter de 12% cette année mais "le marché est atone", selon une note du service statistique du ministère de l'Agriculture. Et les prix sont eux orientés à la baisse du fait de la concurrence des pommes polonaises, qui arrivent en France pour compenser la perte des marchés à l'est de l'Europe en raison de la guerre en Ukraine. 

Une conjoncture explosive pour les producteurs qui se disent depuis des semaines "au pied du mur énergétique" face à la flambée du coût de stockage de leurs récoltes. 

"Il faudra bien stocker ce que les gens n'achètent pas", relève Françoise Roch. Pour les pommes et les poires, qui doivent être conservées entre 0 et 8°C, elle redoute en 2023 des frais de stockage en augmentation de 400%. 

Le pire, pour les producteurs, serait un hiver trop doux qui pourrait être suivi de gels fatals aux bourgeons. "Et sans coup de froid", prévient Mme Roch, "les arbres fruitiers repartent mal, avec de vilaines floraisons". 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.