Les dons saoudiens et émiratis «continuent de sauver les gens de la faim», déclare le représentant du PAM pour le CCG

Mageed Yahia, représentant du PAM pour la région du CCG, , lors de l'émission Frankly Speaking, le principal talk-show hebdomadaire d'Arab News consacré à l'actualité. (Capture d'écran)
Mageed Yahia, représentant du PAM pour la région du CCG, , lors de l'émission Frankly Speaking, le principal talk-show hebdomadaire d'Arab News consacré à l'actualité. (Capture d'écran)
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Publié le Dimanche 19 février 2023

Les dons saoudiens et émiratis «continuent de sauver les gens de la faim», déclare le représentant du PAM pour le CCG

Mageed Yahia, représentant du PAM pour la région du CCG, , lors de l'émission Frankly Speaking, le principal talk-show hebdomadaire d'Arab News consacré à l'actualité. (Capture d'écran)
  • Mageed Yahia reconnaît l'importance des contributions du Golfe par rapport au Yémen lors de son intervention dans l'émission « Frankly Speaking ».
  • Il déclare que le PAM a besoin de «9 milliards de dollars supplémentaires car notre projection pour 2022 seulement est de 24 milliards de dollars»

DUBAΪ: Les pays du Golfe, en particulier l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, ont été félicités par le représentant régional du Programme Alimentaire Mondial pour leurs contributions « qui ont sauvé des vies et continuent de le faire, en rendant possible la distribution d'aliments nutritifs aux enfants, aux mères, aux mères allaitantes et aux femmes enceintes ».

Dans « Frankly Speaking », le talk-show hebdomadaire d'actualité d'Arab News, Mageed Yahia, représentant du PAM pour la région du CCG, a cité le Yémen déchiré par la guerre comme un exemple où l'Arabie saoudite et les EAU « se sont unis pour sauver nos programmes » en 2018 et empêcher la famine.

« Le plus grand impact de cette contribution, qui était d’un milliard de dollars pour les agences de l'ONU opérant au Yémen, a été d'éviter la famine. Et cela a réellement porté ses fruits dans la mesure où, depuis lors, la contribution des Saoudiens se poursuit. Encore une fois, cette contribution a permis de sauver des vies. »

Les propos de Yahia semblent contredire ceux du directeur exécutif du PAM, David Beasley, lors de sa récente visite en Islande, où il a publiquement reproché aux États du Golfe et à la Chine de « ne pas s'engager » dans la lutte contre la crise alimentaire mondiale.

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« La bonne nouvelle d'abord, c'est qu'éradiquer la faim en 2030 est possible. C'est quelque chose de faisable si le monde entier se mobilise. S'il y a une volonté politique, nous y parviendrons. Mais nous avons fait le chemin inverse ces cinq dernières années », déclare le représentant régional du PAM, Mageed Yahia, « si tout le monde s'unit ». (Photo fournie)

Affirmant que les « États du Golfe, qui réalisent actuellement d'énormes profits pétroliers », « n’en font pas assez », Beasley a déclaré à la télévision islandaise, selon le site officiel de l'ONU : « L'Islande n'est pas un grand pays, mais elle se surpasse. C'est un excellent modèle à suivre pour les autres pays ».

La description des deux pays du Golfe par Beasley va également à l'encontre du propre résumé du PAM sur les contributions mondiales de 2021 (au 21 juin 2022), qui montre que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont respectivement les septième et douzième plus grands donateurs. En fait, sur la base du nombre d'habitants, les deux États sont les deux premiers donateurs du PAM au niveau mondial.

En novembre de l'année dernière, le PAM a reçu « une contribution opportune et généreuse » de 16,8 millions de dollars de la part du King Salman Humanitarian Aid and Relief Center (KSrelief) d'Arabie saoudite pour aider les réfugiés syriens en Jordanie et soutenir les programmes de nutrition pour les femmes et les enfants au Pakistan.

La contribution saoudienne est arrivée alors que le PAM luttait pour obtenir des fonds afin de continuer à soutenir quelque 465 000 réfugiés vulnérables en Jordanie - la plupart d'entre eux venant de Syrie - et à aider plus de 66 000 enfants et femmes parmi les plus vulnérables au Pakistan.

Yahia a reconnu les multiples avantages de l'aide du Golfe au Yémen par l'intermédiaire du PAM. « Le résultat de cette aide est que nous préservons la vie des gens là-bas », a-t-il déclaré.

« La contribution saoudienne nous aide, bien sûr, à sauver des vies, mais aussi à fournir des aliments nutritifs spécialisés aux enfants, aux mères, aux mères allaitantes et aux femmes enceintes. Car si vous ne le faites pas aujourd'hui, vous en subirez les effets négatifs demain, (au niveau) de l'alimentation scolaire que nous fournissons. »

Il a ajouté : « Nous fournissons des repas scolaires à la fois dans le nord et dans le sud. Et c'est une activité de développement que nous menons. Ce que les Saoudiens et les Émiratis font avec nous au Yémen est important pour aider à sauver des vies et permettre la poursuite de la scolarité. »

« C'est quelque chose de très important pour les enfants là-bas. »

À la question de savoir combien de personnes ont pu bénéficier de l'aide conjointe de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, Yahia a répondu : « Nous parlons d'environ 40 millions d’individus au Yémen. C'est peut-être la moitié de la population, ou plus. »

Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont rapidement augmenté au début de l'année, la guerre en Ukraine ayant perturbé l'approvisionnement et la distribution des céréales et des engrais. Cette situation a suivi de près la pandémie du Covid-19, qui avait mis en évidence la vulnérabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales.

En conséquence, de nombreux observateurs ont conclu qu'il est très peu probable que l'ONU atteigne son objectif de développement durable visant à éliminer la faim d'ici la fin de la décennie. Yahia ne perd cependant pas espoir.

« La bonne nouvelle d'abord, c'est qu'éradiquer la faim en 2030 est possible. C'est quelque chose de faisable si le monde entier se mobilise. S'il y a une volonté politique, nous y parviendrons. Mais nous avons fait le chemin inverse ces cinq dernières années », a-t-il précisé.

« Nous avons constaté des progrès significatifs en 2015, lorsque le nombre de personnes souffrant de la faim a diminué, mais ensuite, il a commencé à augmenter. Les conflits sont le principal moteur de la faim dans le monde. Maintenant, nous le constatons au Yémen, en Syrie, en Afghanistan, au Soudan du Sud et dans le Sahel.

« Le deuxième est le climat. La production alimentaire, dans une large mesure, dépend du climat. Donc s'il y a un quelconque changement, la production alimentaire s’en trouve affectée. Actuellement dans la Corne de l'Afrique, en Somalie environ 3 à 4 millions de personnes sont déplacées à cause de la sécheresse. »

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Les contributions des États du Golfe ont été saluées par le représentant régional du Programme alimentaire mondial pour avoir évité la famine et protégé les enfants et les mères au Yémen. (Photo fournie)

Yahia a pris soin d'expliquer une énigme de la crise alimentaire mondiale : « Dans de nombreux cas, la faim n'est pas le résultat d'une pénurie mais plutôt d'une question d'accessibilité financière. La nourriture est disponible partout. Le monde produit plus que ce qui est consommé. Mais certaines communautés, 800 millions de personnes, n'ont pas les moyens de se procurer cette nourriture. »

Selon le directeur régional, dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord qui sont largement tributaires des importations de denrées alimentaires et d'engrais - en particulier dans les pays en crise comme le Liban, la Syrie et le Yémen - la flambée du coût de ces produits a fait augmenter la faim et la malnutrition.

« La dévaluation de la monnaie au Liban est énorme. L’inflation - celle des prix alimentaires -  est catastrophique », a déclaré Yahia. « Le Liban dépend dans une large mesure des importations alimentaires. Dans le même temps, le Liban accueille un million de réfugiés syriens. Donc tous ces éléments se conjuguent. »

Dans le cas du Yémen, la distribution de l'aide est également régulièrement perturbée par la milice houthie, soutenue par l'Iran, qui contrôle des pans entiers du pays, y compris la capitale, Sanaa. Yahia affirme que l'accès aux populations vulnérables représente la moitié de la bataille.

« Comme dans tout conflit, l'un des principaux problèmes auxquels nous sommes confrontés lorsque nous travaillons dans des zones de conflit est l'accès à la population », a-t-il souligné. « Et cela, bien sûr, prend peut-être 50 % de nos efforts pour négocier l'accès à cette population.

« Le deuxième problème est le nombre de personnes qui dépendent de notre aide alimentaire. Et maintenant, à cause du financement, du conflit qui se prolonge, nous prenons des décisions vraiment difficiles au Yémen en réduisant les vivres. »

Il a prévenu que la réduction de la quantité de nourriture que le PAM est en mesure de distribuer au Yémen est également le résultat d'une baisse du montant de l'aide financière fournie par les pays donateurs, en parallèle avec l'ampleur des besoins dans de multiples zones de crise à travers le monde.

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Avec de multiples crises qui se chevauchent et qui ravagent de vastes régions du monde en développement, le PAM manque de financement pour soutenir les projets existants, a déclaré Yahia à Katie Jensen sur Frankly Speaking. (Photo fournie)

« C'est principalement dû au fait que la crise dure, mais aussi aux crises qui surgissent dans différentes parties du monde et qui peuvent se rajouter à la situation au Yémen », a déclaré Yahia. « Mais, en fin de compte, nous devons garder le Yémen, la Syrie, le Soudan du Sud, tous ces endroits à la une des journaux afin que les gens n'oublient pas leur situation. »

L'une des façons dont le PAM vise à remédier aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement, au manque de financement et à améliorer l'accessibilité et de la nourriture est d'encourager la production de proximité.

« 80 % de la nourriture en Afrique est produite par les petits exploitants agricoles, mais malheureusement, certains d'entre eux se retrouvent bénéficiaires de notre aide », a-t-il déclaré. « Pourquoi ? À cause des pertes qu'ils subissent, parce qu'ils n'ont pas accès aux marchés. Il n'y a pas de chaîne d'approvisionnement logistique et les installations de stockage ne sont pas adéquates. Du coup plus de la moitié de leur récolte est perdue ». 

Afin de soutenir les agriculteurs locaux, le PAM compte sur les pays donateurs. Toutefois, selon Yahia, avec les multiples crises qui se chevauchent et qui frappent de vastes régions du monde en développement, l'agence ne dispose pas des fonds nécessaires pour soutenir les projets existants.

« Nous avons besoin de 9 milliards de dollars supplémentaires car notre projection pour la seule année 2022 est de 24 milliards de dollars », a-t-il déclaré. « Jusqu'à présent, nous avons levé environ 9 milliards de dollars. Nous savons que nous ne serons pas en mesure d'atteindre nos objectifs, mais le cas échéant, l'année prochaine, avec la crise qui se profile, nous aurons besoin de plus que cela «.

Yahia a ajouté : « À court terme, vous devez aider ces communautés. Vous devez sauver leurs vies. Malheureusement, à cause des conflits, à cause du climat, qui est une véritable menace pour la sécurité alimentaire à cause de l'économie, ce nombre continue de croître. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.