Bousculade mortelle à Séoul: le chef de la police estime la réponse policière «insuffisante»

La police marche parmi les effets personnels récupérés sur les lieux d'une vague mortelle de foule d'Halloween qui a tué plus de 150 personnes dans le district d'Itaewon après qu'ils aient été exposés dans un gymnase pour que les proches des victimes puissent les récupérer, à Séoul le 1er novembre 2022 (Photo, AFP).
La police marche parmi les effets personnels récupérés sur les lieux d'une vague mortelle de foule d'Halloween qui a tué plus de 150 personnes dans le district d'Itaewon après qu'ils aient été exposés dans un gymnase pour que les proches des victimes puissent les récupérer, à Séoul le 1er novembre 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 01 novembre 2022

Bousculade mortelle à Séoul: le chef de la police estime la réponse policière «insuffisante»

  • Au moins 156 personnes, principalement des jeunes, ont été tuées, et des dizaines de personnes blessées, dans un mouvement de foule samedi soir lors de la première fête de Halloween depuis la pandémie à Séoul
  • Environ 100 000 personnes étaient attendues, mais en raison du caractère non officiel de l'événement, ni la police ni les autorités locales n'ont géré la foule de manière active

SEOUL: Les forces de l'ordre avaient reçu de multiples alertes avant la bousculade mortelle de Séoul, mais ont réagi de manière "insuffisante", a déploré mardi le chef de la police sud-coréenne.

La police savait "qu'une foule importante s'était réunie avant même que se produise l'accident, signalant un danger de manière urgente", a reconnu le chef de la police nationale Yoon Hee-keun.

Mais il a jugé "insuffisante" la manière avec laquelle ces informations avaient été traitées.

"Je voudrais saisir l'occasion pour présenter mes excuses sincères au public pour cet accident, en tant que ministre chargé de la sécurité des personnes", a déclaré pour sa part le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min devant le parlement, avant d'incliner la tête en signe de contrition devant les élus et les caméras.

Au moins 156 personnes, principalement des jeunes, ont été tuées, et des dizaines de personnes blessées, dans un mouvement de foule samedi soir lors de la première fête de Halloween depuis la pandémie à Séoul, dans le quartier cosmopolite d'Itaewon.

Environ 100 000 personnes étaient attendues, mais en raison du caractère non officiel de l'événement, ni la police ni les autorités locales n'ont géré la foule de manière active.

La police a reconnu lundi n'avoir déployé que 137 agents à Itaewon samedi soir, tout en soulignant que ce chiffre était supérieur à ceux des fêtes de Halloween des années précédentes.

Pendant ce temps, 6 500 policiers étaient pourtant mobilisés pour une autre manifestation dans la capitale sud-coréenne à laquelle n'ont participé que 25 000 personnes, selon les médias locaux.

Les forces de l'ordre sud-coréennes sont maîtresses dans le contrôle des foules, dans un pays où les nombreuses et fréquentes manifestations sont souvent encadrées par un nombre d'agents supérieur à celui des participants.

Mais dans le cas des festivités de Halloween à Itaewon, il n'existait pas d'organisateur désigné.

Les fêtards se sont rassemblés dans le quartier pour assister à des événements différents dans des bars, clubs et restaurants.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a jugé mardi que son pays devait améliorer d'urgence son système de gestion des foules nombreuses à la suite de la catastrophe.

"La sécurité des personnes est importante", a-t-il dit, "Qu'il y ait ou non un organisateur à un événement", a-t-il estimé lors d'une réunion gouvernementale.

M. Yoon a appelé le pays à acquérir des "compétences numériques de pointe" pour améliorer sa gestion des foules.

Mais des observateurs ont affirmé que ces outils existent déjà et n'ont pas été employés à Itaewon.

Bousculade mortelle le soir de Halloween à Séoul: le film des événements

Les enquêteurs sud-coréens tentent de reconstituer ce qui a déclenché la bousculade parmi les plus meurtrières des dix dernières années, le soir de Halloween dans les ruelles étroites du centre de Séoul.

La réponse des forces de l'ordre aux multiples alertes était "insuffisante", a reconnu le chef de la police nationale mardi, tandis que le ministre de l'Intérieur a présenté ses "excuses" pour le drame qui a fait 156 morts, des jeunes pour la plupart.

Voici le film des événements, reconstitué par l'AFP à partir des données officielles, de témoignages et des médias locaux:

Le 27/10: 100 000 personnes attendues

Le 27 octobre, deux jours avant la catastrophe, la police estime que 100 000 personnes fêteront Halloween dans le quartier d'Itaewon. Elle prévoit le déploiement de 200 policiers.

L'événement n'étant pas "officiel", les autorités locales ne prévoient pas de renforts.

Le 29/10 - 20H30: les premières alertes

Samedi 29 octobre, en milieu d'après-midi, des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup sont déguisées pour Halloween, envahissent les rues étroites d'Itaewon.

À 20H30 locales (11H30 GMT), la ruelle à l'épicentre de la cohue est bondée. Certains fêtards se blessent déjà en raison de la densité de la foule. "J'ai prévenu la police mais personne ne s'est présenté", a déclaré un employé d'une discothèque aux médias locaux. Il soutient avoir parlé deux fois à des policiers avant la catastrophe.

À 21H16, une femme diffusant des images en direct se rend dans un poste de police situé à 10 mètres de la ruelle et prévient que la foule est dangereusement dense. La police l'ignore, dit-elle dans une vidéo qu'elle supprime ensuite.

Le chef de la police nationale Yoon Hee-keun reconnaît le 1er novembre que les forces de l'ordre avaient reçu de "multiples alertes" signalant l'urgence d'un danger imminent sur place et juge "insuffisante" la manière avec laquelle ces informations ont été traitées.

Le 29/10 - à partir de 22H15: les appels d'urgence

À 22H00 (13H00 GMT), des personnes en haut de la ruelle en pente commencent soudainement à tomber, selon des témoins oculaires. Ceux qui se trouvent en bas de la rue ne peuvent plus sortir, face à une foule dense qui arrive en sens inverse.

Les gens tombent "comme des dominos", selon un témoin. Ils s'effondrent sur ceux qui les précèdent qui eux-mêmes se trouvent immédiatement piégés, piétinés et écrasés.

Entre 22H15 et 22H22, la caserne de pompiers de Yongsan reçoit plusieurs appels faisant état d'un "accident par écrasement" ou d'une bousculade. Les premiers secouristes arrivent avant 22H27.

Les appels de victimes signalant des difficultés respiratoires se multiplient - plus de 81 appels à l'aide à 22H43, au moment où les autorités déclarent un "ordre d'intervention d'urgence de premier niveau".

Sur place, les secouristes pratiquent des massages cardiaques dans la rue. Rapidement débordés, ils demandent de l'aide aux passants. A 23H00, un ordre de deuxième niveau est émis. Il est transformé en ordre de troisième niveau à 23H50.

Le président Yoon Suk-yeol ordonne aux fonctionnaires d'envoyer d'urgence des équipes d'assistance médicale pour les catastrophes.

Le 29/10 - avant minuit: encore des corps partout

Le président sud-coréen supervise ensuite une réunion de l'équipe de gestion des catastrophes.

Sur place, les secouristes et les passants s'efforcent de sortir les victimes de l'amoncellement de corps dans la ruelle.

"On les tirait mais on n'arrivait pas (à les sortir) car tous ces gens étaient entassés et cela créait un poids important", a déclaré à l'AFP Jarmil Taylor, pris dans la cohue en haut de la ruelle. "Il y avait des corps partout", a précisé ce militaire américain qui a participé aux secours, avec deux camarades.

Les secouristes ne réussissent à sortir toutes les personnes que bien après minuit.

"Cela faisait longtemps que les gens coincés là-dedans n'arrivaient plus à respirer", a déclaré à l'AFP Dane Beathard.

Le 30/10 - 01H00: la dispersion difficile

La police tente d'éloigner les personnes, mais la foule est trop dense et ne se disperse pas facilement.

À 01H00 du matin, la police ordonne aux commerces de fermer.

À ce moment-là, les secouristes ont sorti des dizaines de personnes et, avec l'aide de passants, tentent désespérément de les réanimer, tandis que d'autres fêtards - vraisemblablement inconscients de la catastrophe en cours - continuent de danser et de faire la fête à proximité.

"Il y avait plus de 50 personnes allongées, mais je ne pouvais pas les regarder parce que la scène était épouvantable", a déclaré Choi, une femme qui a aidé à réanimer des victimes.

Vers 02H00, le président Yoon interdit tout accès à Itaewon, à l'exception des policiers et du personnel médical.

Le 30/10 - 03H00: le bilan explose

Vers 03H00 du matin, les pompiers annoncent 120 morts mais préviennent que le bilan va s'alourdir à cause du nombre important de blessés dans un état critique.

La station de métro Itaewon est rapidement encombrée par les personnes qui tentent de partir. Les autorités municipales déploient des bus supplémentaires à 03H50 pour évacuer la zone.

A 04H00, le bilan passe à 146 morts et 150 blessés. Mais des fêtards restent coincés et des métros supplémentaires sont acheminés jusqu'à la station Itaewon à 05H00.

Le 30/10 - 09H45: une enquête rigoureuse

À 09H45 dimanche, le président Yoon s'adresse à la nation dans un discours télévisé, déclarant que la catastrophe "n'aurait pas dû se produire" et promet une enquête "rigoureuse".

En date de mardi 1er novembre, le bilan s'élève à 156 morts, pour la plupart des jeunes femmes, et de nombreux blessés, dont certains sont encore dans un état critique. Il s'agit de l'une des pires catastrophes de l'histoire de la Corée du Sud.

La catastrophe pouvait être évitée 

La mairie de Séoul dispose d'un système de contrôle de la foule en temps réel qui utilise les données des téléphones portables pour prédire la taille de l'assistance à un événement, mais il n'a pas été utilisé samedi soir, selon les médias locaux.

Les autorités du district d'Itaewon n'ont pas non plus déployé de patrouilles de sécurité, les responsables ayant déclaré que l'événement d'Halloween était considéré comme "un phénomène" plutôt qu'un "festival", ce qui aurait nécessité un plan officiel de contrôle de la foule.

Cette nuit-là, des dizaines de milliers de personnes se sont engouffrées dans une ruelle étroite.

Des témoins oculaires ont décrit comment, en l'absence de police ou de contrôle de la foule, des fêtards désorientés ont poussé et bousculé, écrasant les personnes coincées dans la ruelle.

Selon les analystes, cette situation aurait pu être facilement évitée, même avec un petit nombre d'agents de police.

"Une gestion bonne et sûre de la foule n'est pas une question de ratio, mais de stratégie de la foule - pour une capacité, un flux et une densité sûrs" de l'affluence, a déclaré G. Keith Still, professeur de science des foules à l'université de Suffolk.

Pour l'expert sud-coréen Lee Young-ju, si la police locale savait qu'elle serait à court de personnel, elle aurait pu demander de l'aide aux autorités locales, voire aux habitants ou aux propriétaires de magasins.

"Ce ne sont pas seulement les chiffres", a déclaré à l'AFP ce professeur au département des incendies et des catastrophes de l'Université de Séoul.

"La question est de savoir comment ils se sont débrouillés avec ce nombre limité (de policiers) et quel type de mesures ils ont pris pour compenser" le manque d'effectifs, a-t-il estimé.

Dès le lendemain du drame, les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux contre les autorités, accusées de manque d'anticipation.

De nombreux utilisateurs ont accusé la police d'avoir complètement omis de contrôler la foule, laissant un trop grand nombre de personnes se masser autour de la station de métro Itaewon et dans les ruelles où s'est produit la bousculade mortelle.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
Short Url
  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Short Url
  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Short Url
  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.