Les élections de mi-mandat devraient avoir un impact majeur sur la politique étrangère américaine

Les habitants de l’Alaska votent par anticipation aux prochaines élections de mi-mandat, à Anchorage, en Alaska, États-Unis, le 1er novembre 2022. (AFP)
Les habitants de l’Alaska votent par anticipation aux prochaines élections de mi-mandat, à Anchorage, en Alaska, États-Unis, le 1er novembre 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Les élections de mi-mandat devraient avoir un impact majeur sur la politique étrangère américaine

Les élections de mi-mandat devraient avoir un impact majeur sur la politique étrangère américaine
  • Avec les Républicains en tête, le Congrès accepterait très probablement de vendre des avions F-16 à la Turquie, de limiter l'aide américaine à l'Ukraine et d'adopter une autre approche au Moyen-Orient
  • Un Congrès dominé par les Républicains tenterait également d'arrêter les efforts de l'administration Biden pour relancer l’accord sur le nucléaire iranien et œuvrerait à réparer les liens avec l’Arabie saoudite

Alors qu’approche le jour des élections américaines de mi-mandat, le peuple américain se prépare à voter pour décider qui remportera les 435 sièges à la Chambre, 35 des 100 sièges au Sénat, et 36 des 50 gouverneurs. Les élections de mi-mandat représentent un véritable test pour le président en milieu de mandat, et sont en fait un référendum sur sa politique.
Les deux partis politiques cherchent à accroître leur représentation dans les deux Chambres du Congrès. Les Républicains veulent reprendre le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants. Les Démocrates cherchent eux à conserver leur contrôle de la Chambre des représentants et à obtenir la souveraineté absolue au Sénat – les deux partis étant actuellement à égalité 50-50, et la vice-présidente Kamala Harris ayant un vote décisif – afin qu'ils puissent adopter tous les projets de loi et programmes du président Joe Biden, et soutenir sa politique locale controversée.
La victoire des Républicains au Sénat est quasiment inéluctable puisque Biden n'est pas un atout électoral pour les Démocrates en raison de sa faible cote de popularité.
Alan Abramowitz, politologue à l’Emory University, a déclaré à CNN que les Démocrates étaient confrontés à un gros problème puisque la situation dans le pays ne s’est pas améliorée aux yeux de la plupart des citoyens, indépendamment des lois qui ont été adoptées et des bénéfices qu’elles pourraient apporter à l'avenir. «Si l'inflation avait diminué par rapport à ce qu'elle était auparavant, ils seraient en meilleure position. Mais vous ne pouvez pas convaincre les gens que les choses vont mieux quand ce qu’ils vivent leur dit que ce n'est pas le cas», a-t-il affirmé.
Il ne serait pas inhabituel que les Démocrates ne maintiennent pas leur position le 8 novembre. Il est historiquement connu qu'à mi-mandat, les électeurs votent régulièrement contre le parti du président sortant. Par conséquent, il est peu probable que les Démocrates conservent le Sénat. Ils pourraient même peut-être perdre la Chambre.
Il suffit d’examiner le paysage géopolitique mondial actuel et l'économie internationale en difficulté pour se rendre compte que l’impact de ces élections se fera certainement ressentir au-delà des frontières américaines. Si les Républicains prennent le contrôle du Sénat, Biden sera confronté à d’importants obstacles pour faire approuver ses candidats à des postes de haut niveau en politique étrangère.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, Kiev a reçu des États-Unis des milliards de dollars d'aide militaire et humanitaire, ce qui pourrait changer sous la direction de la droite. Cependant, il serait toujours facile pour Biden de contourner le Congrès pour durcir les sanctions contre Moscou.
Un Congrès contrôlé par les Républicains ferait pression pour des mesures antichinoises plus strictes et présenterait des propositions plus agressives. Avec les Républicains en tête, le Congrès accepterait très probablement de vendre des avions à réaction F-16 à la Turquie, de remettre en question et de limiter l'aide américaine à l'Ukraine, et d'adopter une approche différente au Moyen-Orient.
Un Congrès dominé par le GOP (Grand Old Party) tenterait également d'arrêter les efforts de l'administration pour relancer l’accord sur le nucléaire iranien et pousserait à adopter une position ferme contre le régime de Téhéran pour ses actions inhumaines contre les manifestants civils.

Un Congrès dominé par les Républicains ferait pression pour une attitude ferme contre le régime de Téhéran

Dalia Al-Aqidi

Les relations américano-saoudiennes se sont détériorées au cours des deux premières années au pouvoir de Biden, alors que le parti républicain comprend le rôle crucial que joue le Royaume dans la région, en particulier compte tenu de l'agression iranienne. L’on s’attend par conséquent à ce que les dirigeants républicains tentent de réparer ces liens et de renforcer la coopération entre les deux gouvernements.
Les accords d'Abraham ont fait la fierté et le bonheur des Républicains sous le mandat de Donald Trump, et il ne fait aucun doute que le GOP continuerait à pousser l'administration Biden à les étendre pour inclure d'autres pays du Moyen-Orient. Cependant, appeler de nouveaux pays à normaliser leurs relations avec Israël ne se produirait que si ou quand un président républicain s’installait au 1 600 Pennsylvania Avenue.
Cela dit, les électeurs américains en 2022 n'ont aucun intérêt pour la politique étrangère alors que les familles ont du mal à joindre les deux bouts et à protéger leurs proches de la violence croissante dans les grandes villes américaines.

• Dalia Al-Aqidi est chercheuse principale au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi
Clause de non-responsabilité: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com