Israël: tractations et craintes après la victoire de Netanyahu

Un partisan du parti Likud se protège de la pluie avec une bannière électorale représentant son chef, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, avant un rassemblement électoral dans la ville de Migdal HaEmek, dans le nord d'Israël, le 23 octobre 2022, avant les élections de novembre. (Photo par Menahem KAHANA / AFP)
Un partisan du parti Likud se protège de la pluie avec une bannière électorale représentant son chef, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, avant un rassemblement électoral dans la ville de Migdal HaEmek, dans le nord d'Israël, le 23 octobre 2022, avant les élections de novembre. (Photo par Menahem KAHANA / AFP)
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Israël: tractations et craintes après la victoire de Netanyahu

  • Avec 64 sièges, le bloc de droite mené par M. Netanyahu, déchu du pouvoir en juin 2021 après 12 ans de règne continu, est arrivé en tête des législatives de mardi
  • L'annonce, jeudi soir, des résultats des législatives, les 5e en trois ans et demi, est survenue dans un contexte de regain de violences israélo-palestiniennes

JERUSALEM: Vainqueur des législatives, Benjamin Netanyahu a lancé les tractations avec ses alliés ultra-orthodoxes et d'extrême droite en vue de former un gouvernement qui pourrait être le plus à droite de l'histoire d'Israël, suscitant des inquiétudes internationales et locales.

"Où vont-ils?" titre vendredi le Yediot Aharonot, journal le plus vendu en Israël, avec les portraits de Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, et de la star montante de l'extrême droite, Itamar Ben Gvir.

Avec 64 sièges, le bloc de droite mené par M. Netanyahu, déchu du pouvoir en juin 2021 après 12 ans de règne continu, est arrivé en tête des législatives de mardi.

Son parti, le Likoud, a obtenu 32 sièges, ses alliés ultra-orthodoxes 18 et l'alliance "Sionisme religieux" 14, un record pour l'extrême droite.

"Cela va être un gouvernement sans précédent", prédit dans le Yediot Aharonot la chroniqueuse politique Sima Kadmon. "La plupart des portefeuilles importants seront entre les mains de fanatiques (...) Tout le monde sait que si seulement une fraction de ce qui a été promis est mise en oeuvre, cela va être un pays différent."

En face, le camp "anti-Netanyahu" mené par le Premier ministre sortant Yaïr Lapid (centriste) a obtenu 51 sièges.

En Israël, la montée de l'extrême droite suscite la «peur» de la minorité arabe

Star des dernières élections législatives, l'extrême droite s'apprête à faire une entrée sans précédent dans les arcanes du pouvoir en Israël avec pour but affiché de "renforcer l'identité juive" du pays au grand dam de la minorité arabe dans son viseur.

Il y a deux ans, le parti trublion de l'extrême droite Itamar Ben Gvir n'obtient que 0,42% des voix aux élections. Un an plus tard, le Premier ministre d'alors Benjamin Netanyahu pèse de son influence pour réunir M. Ben Gvir avec un autre ténor de l'extrême droite, Bezalel Smotrich, sous l'étiquette "Sionisme religieux", leur permettant de moissonner 5% des voix.

Aujourd'hui, cette liste s'est imposée comme la troisième force politique d'Israël avec près de 11% des voix, soit un demi-million de votes, un bond lié à la fois à une "droitisation" de la société et des tactiques récentes, estiment des analystes.

"Netanyahu a légitimé l'extrême droite car il avait besoin d'elle pour sa coalition, alors beaucoup d'Israéliens l'ont vue simplement comme une version plus dure de son parti le Likoud", explique à l'AFP Yossi Klein Halevi, chercheur à l'institut Shalom Hartman de Jérusalem.

"Ben Gvir a emprunté le manuel de l'extrême droite européenne, et en particulier celui de Marine Le Pen, afin de changer son image et apparaître comme une figure politique respectable et il a réussi à convaincre de nombreux électeurs qu'il était modéré", souligne M. Klein Halevi.

"Il n'y a pas de doute qu'il est un politicien talentueux (...) mais le fait d'avoir été placé dans un plus grand parti et d'avoir été endossé par Netanyahu a tout changé", renchérit Shlomo Fischer, spécialiste de la droite israélienne.

"Il y a (aussi) assurément un phénomène à long terme qui tient à ce que la société israélienne devient de plus en plus à droite et à certains égards, plus traditionnelle et plus nationaliste d'un point de vue ethnique et religieux", explique-t-il.

Ce nationalisme croît davantage en "périphérie" des grands centres, dans les "classes populaires", et se nourrit aussi du contexte sécuritaire lié au conflit israélo-palestinien, pense-t-il.

Ces élections ont en effet eu lieu sur fond d'un regain de violences et ont été les premières depuis l'embrasement généralisé dans les villes mixtes arabo-juives, à Jérusalem et en Cisjordanie occupée, sur fond de guerre à Gaza, en mai 2021.

«Entrepreneurs du dégoût»

Ce courant d'extrême droite remonte en Israël au rabbin extrémiste Meir Kahane, dont le mouvement Kach a été banni après l'assassinat en 1994 de 29 Palestiniens en train de prier à Hébron, en Cisjordanie occupée, par un de ses sympathisants, Baruch Goldstein.

Itamar Ben Gvir, qui a milité dans Kach, a longtemps eu un portrait de Goldstein dans son salon mais dit avoir pris quelques distances depuis.

Dans son ouvrage "Les émotions contre la démocratie", publié mi-octobre, la sociologue franco-israélienne Eva Illouz estime que le mouvement Kach avait cherché à recentrer le conflit entre Israéliens et Arabes "non plus sur la terre, mais sur les personnes".

"La question des compromis territoriaux a cessé d'être la question essentielle; ce qui importait désormais plus que tout c'était d'instaurer des lois empêchant dans les faits les Arabes d'intégrer la société israélienne et, a fortiori, de s'assimiler à elle", écrit-elle.

Or ce mouvement continue de vivre via des "entrepreneurs du dégoût" pour qui "la présence de non-Juifs dans le corps politique juif compromet la pureté du peuple juif dans son ensemble".

M. Ben Gvir a d'ailleurs fait campagne en taclant la présence d'un parti arabe dans la coalition sortante du centriste Yaïr Lapid.

«Peur»

La perspective de voir l'extrême droite au pouvoir inquiète des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948 et qui représentent aujourd'hui près de 20% de la population.

"Il y a énormément de frustration à voir Netanyahu former un gouvernement avec Ben Gvir. Les gens ont peur des mesures qu'ils vont mettre en oeuvre (...) et de voir les tensions s'accentuer dans les villes mixtes", explique à l'AFP Jaafar Farah, directeur de Moussawa, une ONG de défense des droits des Arabes israéliens.

"La population se demande comment la réconciliation (entre Juifs et Arabes) sera possible. Il n'y a pas vraiment d'espoir", souligne-t-il.

En Israël, la minorité arabe compte sur des partis à la Knesset, le Parlement. Ces formations ont obtenu mardi au total environ le même nombre de voix que l'extrême droite, un demi-million, mais fait élire moins de députés en raison de divisions internes.

Pour Feda Tabouni, partisane de la formation arabe Hadash/Taal, un constat s'impose après ces élections: "Israël devient de plus en plus raciste, fasciste (...) et cela mènera à plus de violence et d'humiliation".

Compliqués

L'annonce, jeudi soir, des résultats des législatives, les 5e en trois ans et demi, est survenue dans un contexte de regain de violences israélo-palestiniennes.

L'armée israélienne a frappé dans la nuit "des sites militaires" dans la bande de Gaza après des roquettes tirées de cette enclave palestinienne vers Israël. Et jeudi quatre Palestiniens, dont un assaillant, un combattant et un adolescent, ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.

L'enclave de Gaza est sous blocus israélien depuis plus de 15 ans et la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont occupés par Israël depuis 1967.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a exprimé jeudi sa "profonde inquiétude" face à ces violences et appelé à une désescalade.

Conformément à la loi électorale israélienne, les résultats définitifs des législatives seront transmis le 9 novembre au président Isaac Herzog, qui devra ensuite mandater officiellement le candidat ayant reçu le plus de recommandations de la part des partis pour former un gouvernement, vraisemblablement M. Netanyahu.

Ce dernier aura alors 42 jours pour former son équipe.

Selon les médias locaux, il a d'ores et déjà mandaté Yariv Levin, un de ses proches, pour entamer des pourparlers qui pourraient s'annoncer compliqués, avec la formation "Sionisme religieux" notamment.

Le chef de ce parti, Bezalel Smotrich, a indiqué vouloir le ministère de la Défense, et son n.2 Itamar Ben Gvir, celui de la Sécurité publique, deux postes clés à l'avant-scène du conflit israélo-palestinien.

Chez les ultra-orthodoxes, le chef du parti séfarade Shass, Arieh Dery, revigoré par ses onze sièges, lorgne sur les Finances ou l'Intérieur. M. Dery a été reconnu coupable de fraude fiscale en 2021 et avait auparavant été emprisonné pour corruption.

Israël: quatre ans de crise politique

Les principales étapes de la crise politique en Israël, de son début en 2018 aux élections législatives du 1er novembre, cinquième scrutin en moins de quatre ans.

Parlement sans majorité 

Après la démission en novembre 2018 du ministre de la Défense de l'époque, Avigdor Lieberman, chef du parti nationaliste Israël Beitenou (5 députés) opposé à une trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le gouvernement Netanyahu ne dispose plus que d'une seule voix de majorité au Parlement. Un mois plus tard, celui-ci est dissous et des élections convoquées.

Aux législatives anticipées du 9 avril 2019, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, et Kahol-Lavan (Bleu-Blanc), alliance centriste menée par l'ancien chef d'état-major de l'armée Benny Gantz, remportent le même nombre de sièges.

Fin mai, devant l'incapacité à former une coalition, le Parlement vote encore sa propre dissolution.

Netanyahu inculpé 

Le 17 septembre, le Likoud et Bleu-Blanc sont de nouveau au coude à coude à l'issue des législatives.

Le 21 novembre, M. Netanyahu est inculpé de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes.

Le 11 décembre, après les échecs de MM. Gantz et Netanyahu à former un gouvernement, les députés votent une nouvelle fois la dissolution du Parlement.

Nouvel échec 

Le 2 mars 2020, le Likoud obtient 36 sièges et Bleu-Blanc 33 aux élections.

Le 16, le président Reuven Rivlin charge toutefois M. Gantz de former un gouvernement car il avait rallié davantage d'appuis des autres partis.

N'ayant pas réussi seul, M. Gantz forme à la surprise générale un "gouvernement d'union et d'urgence" avec Benjamin Netanyahu pour faire face à la pandémie de coronavirus.

Le 7 mai, le président charge Benjamin Netanyahu de former le gouvernement d'union, auquel le Parlement accorde sa confiance le 17 mai.

Le 23 décembre, après l'échec de ce gouvernement d'union Netanyahu/Gantz à adopter un budget d'Etat, le Parlement est à nouveau dissous.

Et de 4!

Le 23 mars 2021, le Likoud arrive en tête des nouvelles élections, suivi cette fois par la formation Yesh Atid ("Il y a un futur" en français) de son rival, le centriste Yaïr Lapid.

A la date-butoir du 5 mai, Benjamin Netanyahu échoue à former un gouvernement. Le président charge Yaïr Lapid d'essayer à son tour.

Bennett Premier ministre 

Le 30 mai, le chef de la formation de droite radicale israélienne Yamina, Naftali Bennett, annonce son intention de rejoindre le camp de Yaïr Lapid, qui parvient à réunir une coalition hétéroclite, allant de la droite à la gauche, en comprenant - fait unique - une formation arabe.

Le 13 juin, Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 15 ans, dont 12 sans discontinuer, est écarté après un vote de confiance du Parlement à cette coalition inédite.

Dans un accord de rotation à la tête du gouvernement, Naftali Bennett devient Premier ministre, tandis que Yaïr Lapid prend la tête de la diplomatie.

Le 4 novembre, le Parlement adopte le budget 2021, le premier voté en trois ans. Le lendemain, le budget 2022 est adopté, une victoire-clé pour la coalition.

La coalition s'écroule 

Le 6 avril 2022, la coalition, tiraillée par des tensions internes, perd sa majorité avec le départ d'une députée du parti de M. Bennett.

Le 20 juin, MM. Bennett et Lapid annoncent la dissolution du Parlement.

Yaïr Lapid assure l'intérim du poste de Premier ministre jusqu'au scrutin fixé au 1er novembre. Naftali Bennett annonce qu'il ne se représentera pas.

Une majorité pour Netanyahu 

Benjamin Netanyahu et ses alliés de droite remportent la majorité des sièges au Parlement à l'issue des législatives du 1er novembre.

Avec 32 sièges pour le Likoud, 18 pour les partis ultra-orthodoxes et 14 pour une alliance d'extrême droite, le bloc de droite a remporté 64 sièges, sur les 120 du Parlement. En face, le bloc de Yaïr Lapid remporte 51 sièges.

"Qui est le maître!" 

Mais M. Netanyahu est conscient que propulser ces personnalités à des postes clés pourrait "endommager" ses relations à l'étranger, estime Shlomo Fischer, du Jewish People Policy Institute à Jérusalem.

"Il ne veut pas que MM. Ben Gvir et Dery mènent la danse", dit l'analyste à l'AFP. "Il est très prudent, il ne veut pas perdre sa légitimité internationale (...) Il pourrait essayer d'élargir sa coalition pour minimiser leur influence".

Alors que M. Ben Gvir multiplie les appels à faire usage de la force contre les Palestiniens et à "montrer qui est le maître" en Israël, les Etats-Unis ont dit, avant l'annonce de la victoire de M. Netanyahu, espérer que "tous les responsables israéliens continueront de partager les valeurs d'une société démocratique et porteuse de tolérance pour toute la société civile, en particulier les groupes minoritaires".

Du temps où il était Premier ministre avant 2021, M. Netanyahu s'était aliéné les alliés historiques d'Israël au sein du parti démocrate du président américain Joe Biden et avait travaillé en étroite collaboration avec l'ex-président républicain Donald Trump.

Le Royaume-Uni a lui aussi invité jeudi, avant l'annonce des résultats définitifs, "tous les partis israéliens à s'abstenir de tout langage incendiaire et à faire preuve de tolérance et de respect envers les groupes minoritaires".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.