Chômage en hausse aux Etats-Unis mais les créations d'emplois gardent le rythme

Depuis plus d'un an, le marché du travail est tendu à cause d'une pénurie de main d’œuvre. Les employeurs peinent à recruter, et augmentent les salaires pour attirer les candidats et retenir leurs salariés, ce qui contribue à faire grimper les prix. (AFP).
Depuis plus d'un an, le marché du travail est tendu à cause d'une pénurie de main d’œuvre. Les employeurs peinent à recruter, et augmentent les salaires pour attirer les candidats et retenir leurs salariés, ce qui contribue à faire grimper les prix. (AFP).
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Chômage en hausse aux Etats-Unis mais les créations d'emplois gardent le rythme

  • Dans un communiqué, le président américain Joe Biden s'est félicité des emplois créés, signe selon lui «que la reprise de l'emploi demeure solide», alors que le chômage reste à un niveau «historiquement bas»
  • «L'inflation reste notre principal défi économique», a ajouté M. Biden, assurant «savoir que les familles américaines se sentent pressurées»

WASHINGTON: Le taux de chômage est reparti en légère hausse en octobre aux Etats-Unis, mais les créations d'emplois ont gardé un rythme élevé, des tendances qui ne reflètent pas encore les effets de la  politique monétaire de la Fed contre l'inflation.

Selon les données publiées vendredi par le ministère du Travail, le taux de chômage a progressé de 0,2% sur un mois en octobre, à 3,7%, restant cependant proche des niveaux observés depuis le mois de mars.

Les créations d'emplois ont en revanche conservé un rythme encore élevé, même si elles ont baissé par rapport à septembre, avec 261 000 emplois créés le mois dernier contre 315 000 le mois précédent, selon les données révisées (263 000 annoncées initialement).

Les créations concernent en premier lieu les secteurs de la santé, des services techniques et de l'industrie.

Dans un communiqué, le président américain Joe Biden s'est félicité des emplois créés, signe selon lui "que la reprise de l'emploi demeure solide", alors que le chômage reste à un niveau "historiquement bas".

"L'inflation reste notre principal défi économique", a ajouté M. Biden, assurant "savoir que les familles américaines se sentent pressurées".

"Les emplois se sont maintenus grâce au secteur public mais le ralentissement se poursuit du côté du secteur privé, ce qui vient confirmer la tendance baissière observée depuis le début de l'année", a noté Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Dans un cas comme dans l'autre, les données dépassent les attentes des analystes, qui anticipaient un chômage à 3,6% mais seulement 220 000 créations d'emplois, selon le consensus publié par Briefing.com.

Certes "le marché de l'emploi ne montre pas encore de véritable signe d'ajustement au rapide resserrement monétaire" mené par la Fed, a estimé dans une note Rubeela Farooqi, cheffe économiste au cabinet HFE, mais les signes d'un ralentissement sont visibles, puisque "le taux d'activité a baissé et le salaire horaire moyen est en repli".

Dans la foulée de la publication des chiffres de l'emploi, Wall Street a ouvert en hausse vendredi, les investisseurs espérant une accalmie dans la politique monétaire de la Fed.

Marge de manoeuvre pour la Fed

La situation de l'emploi est scrutée à la loupe car elle est un des signes attendus des effets de la lutte contre l'inflation. Une relative dégradation du marché du travail est ainsi, paradoxalement, souhaitée et attendue.

Depuis plus d'un an, le marché du travail est tendu à cause d'une pénurie de main d’œuvre. Les employeurs peinent à recruter, et augmentent les salaires pour attirer les candidats et retenir leurs salariés, ce qui contribue à faire grimper les prix.

Mais les signes d'un durcissement du marché de l'emploi semblent s'être multipliés cette semaine, même si le nombre d'inscriptions au chômage est resté quasi stable par rapport aux semaines précédentes.

En particulier, l'indicateur de l'emploi dans les services est passé sous la barre des 50% jeudi, signe d'un marché qui tend à se contracter, et d'une attitude plus prudente des entreprises malgré le manque de main d'oeuvre.

Les salariés américains réussissent encore à négocier des hausses de salaire qui leur permettent d'absorber une partie de l'inflation.

La hausse des salaires a un impact sur la productivité américaine, en baisse sur un an (-1,4%) selon le bureau des statistiques du ministère du Travail, une première depuis 1982, avec un effet sur le ralentissement économique.

Elle fait également craindre le risque d'une possible boucle prix-salaires qui viendrait nourrir encore plus l'inflation.

"Je ne pense pas que nous assistions à une boucle prix-salaires", avait cependant tempéré mercredi le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, "je ne pense pas que les salaires soient la cause de la hausse des prix. Mais si cela se produit, là nous aurons un problème".

Mercredi, le Comité monétaire de la banque centrale américaine, la Fed, (FOMC) avait annoncé une hausse de 0,75 point de pourcentage de son taux directeur, désormais situé dans une fourchette de 3,75% à 4,00%, son plus haut niveau depuis janvier 2008.

Les effets de ce resserrement monétaire prendront du temps, a prévenu M. Powell, qui a également jugé "très prématurée" toute "pause" dans la hausse des taux, même si le FOMC est ouvert "à modérer ses hausses dès la prochaine réunion".

Un faible taux de chômage est considéré par les investisseurs comme le signe d'une économie robuste, ce qui donne à la Fed une marge de manoeuvre plus importante avant de risquer de plonger l'économie dans une potentielle récession.


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.