Frankly Speaking: La coopération saoudienne et émiratie en matière d'énergie atomique peut servir de modèle

Christer Viktorsson, directeur général de l'autorité fédérale de réglementation nucléaire aux Émirats arabes unis,  lors de l'émission Frankly Speaking, le principal talk-show hebdomadaire d'Arab News consacré à l'actualité. (Photo, AN)
Christer Viktorsson, directeur général de l'autorité fédérale de réglementation nucléaire aux Émirats arabes unis, lors de l'émission Frankly Speaking, le principal talk-show hebdomadaire d'Arab News consacré à l'actualité. (Photo, AN)
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Publié le Dimanche 19 février 2023

Frankly Speaking: La coopération saoudienne et émiratie en matière d'énergie atomique peut servir de modèle

Christer Viktorsson, directeur général de l'autorité fédérale de réglementation nucléaire aux Émirats arabes unis,  lors de l'émission Frankly Speaking, le principal talk-show hebdomadaire d'Arab News consacré à l'actualité. (Photo, AN)
  • Christer Viktorsson, directeur général de FANR, estime que le développement de technologies qui rendent le monde plus durable mérite d'être soutenu
  • Il affirme que les leçons tirées de la centrale de Barakah aux EAU peuvent être utiles à tous les pays détenteurs de programmes d'énergie nucléaire civile

DUBAΪ: Alors que le monde est témoin du conflit qui fait rage entre la Russie et l'Ukraine, nombreux sont ceux qui craignent une escalade nucléaire imminente. Malgré cette menace, les acteurs du monde entier s'efforcent de garantir la mise en œuvre d'une énergie nucléaire sûre, selon le chef de l'autorité de régulation des Émirats arabes unis. 

Faisant référence aux catastrophes survenues dans l'ancienne Union soviétique en 1986 et au Japon en 2011, Christer Viktorsson rappelle que si l'énergie atomique peut être une entreprise dangereuse, « la sécurité nucléaire en général s'est considérablement améliorée depuis Tchernobyl. Elle s'est encore améliorée après l'accident de Fukushima et de nombreux progrès ont été accomplis en matière de sécurité. » 

Néanmoins, dans le contexte des combats en Ukraine, il indique : « Nous devrions tous être alarmés par la situation lorsqu'il y a un risque d'accident nucléaire. Nous avons vu des accidents dans le passé et beaucoup d'entre eux ont été catastrophiques et ont causé beaucoup de dégâts à l'environnement et la santé publique. » 

Viktorsson, actuellement directeur général de l'autorité fédérale de réglementation nucléaire aux Émirats arabes unis, a tenu ces propos dans « Frankly Speaking », le talk-show d'actualité d'Arab News qui interroge des décideurs politiques et des chefs d'entreprise de premier plan. 

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Le chef de l'autorité de régulation des Émirats arabes unis affirme qu'il y a beaucoup de choses à apprendre des pratiques des uns et des autres et que les leçons de la centrale de Barakah seront utiles à tous les pays ayant des programmes d'énergie atomique civile. (Photo, AN)

Ces réflexions sont intervenues avant la 27e conférence des Nations unies sur le changement climatique, ou COP27, qui a débuté dimanche à Sharm El-Sheikh, en Égypte. 

Les Émirats arabes unis, qui accueilleront le sommet sur le climat COP28, abritent la centrale nucléaire de Barakah, qui est la première installation commerciale de ce type dans le monde arabe et compte quatre réacteurs.

Dans la lignée d'une pléthore d'initiatives écologiques lancées par les pays du Golfe, la centrale contribuera à « limiter les émissions de CO2 (dioxyde de carbone) dans l'environnement. Et je pense que nous devrions tous soutenir le développement de technologies qui rendent le monde plus durable », a précisé Viktorsson. 

« Il ne s'agit pas d'une solution miracle. Si vous commencez à construire une centrale nucléaire et à la mettre en service, cela prend entre cinq et dix ans. Si vous voulez commencer avec une technologie plus avancée, cela peut même prendre plus de temps. Donc, cela fait partie d'une solution, je crois, mais ce n'est pas la seule. »

En décembre 2017, la milice houthie soutenue par l'Iran a affirmé avoir lancé un missile de croisière sur l'usine de Barakah. Si les Émirats arabes unis ont indiqué qu'aucun missile n'avait atteint l'installation, l'incident a démontré la nécessité de disposer des protocoles de sécurité les plus élevés. En février de cette année, Viktorsson a déclaré à l'agence de presse Reuters qu'il était convaincu que Barakah était bien protégée. 

Dans la même veine, il a déclaré à Katie Jensen, l'animatrice de l'émission « Frankly Speaking », que « les centrales nucléaires modernes, notamment Barakah en particulier, disposent d'une protection physique très forte qui fait partie des exigences des Émirats arabes unis. Ensuite, bien sûr, la protection physique est intégrée à la centrale. 

« Mais le pays tout entier doit jouer le jeu pour assurer la protection physique d'une centrale nucléaire », a-t-il déclaré, ajoutant qu'en plus de la sécurité physique, Barakah est équipée de protocoles de cybersécurité solides et procède à de fréquents tests et exercices. 

Depuis des années, l'Arabie saoudite s'efforce de mettre en place un programme d'énergie atomique propre et sûr. Récemment, des représentants des Émirats arabes unis ont visité le projet de réacteur de recherche nucléaire du Royaume à King Abdulaziz City for Science and Technology. 

Les spécifications des réacteurs du projet saoudien ont été mises en place par KACST avec la participation du King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy, ou K.A.CARE, et d'experts internationaux, selon le site web Vision 2030 du Royaume. 

Le projet de recherche nucléaire, fondé par un décret royal en 2010, vise à construire « un avenir durable pour l'Arabie saoudite en développant une importante capacité d'énergie alternative entièrement soutenue par des industries locales de niveau mondial ». 

Depuis que le Royaume est devenu membre de l'Agence internationale de l'énergie atomique en 1962, il a respecté ses engagements dans le cadre de la « stratégie par étapes » de l'AIEA, qui est un plan en trois phases aboutissant à la construction et à l'exploitation d'une centrale nucléaire. 

Jusqu'à présent, l'Arabie saoudite a achevé la phase 1, qui implique une série d'études, et la phase 2, qui consiste en l'établissement de cadres et d'organisations réglementaires. 

En février de cette année, Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA, a déclaré lors d'une conférence virtuelle à Riyad que l'agence travaillait en étroite collaboration avec l'Arabie saoudite pour développer son programme d'énergie nucléaire. 

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Pendant des années, l'Arabie saoudite a travaillé à un programme d'énergie atomique propre et sûr. Récemment, des responsables des Émirats arabes unis ont visité le projet de réacteur de recherche nucléaire du Royaume à King Abdulaziz City for Science and Technology. (Photo, fournie)

« Nous avons maintenant un accord de coopération avec l'autorité de régulation en Arabie saoudite. Nous avons échangé des visites. Nous nous rencontrons régulièrement afin de partager des informations », a déclaré Viktorsson, physicien ayant plus de trois décennies d'expérience dans le domaine de la sûreté et de la réglementation nucléaires. 

« Nous partageons des informations sur la manière de construire une infrastructure et sur les types de réglementation nécessaires ». 

« Il y a beaucoup de choses à apprendre de l’expérience des autres. J’entends que les Émirats arabes unis ont récemment construit trois réacteurs et que l'Arabie saoudite commence à en bâtir. Donc, bien sûr, il y a beaucoup d'intérêts en commun. Et les EAU et le FANR sont prêts à partager, car l'un de nos principes est la transparence et l'ouverture à la technologie nucléaire civile. » 

Alors que l'Iran continue de faire avancer son programme nucléaire controversé, Viktorsson précise : « Je pense que les Émirats arabes unis sont déjà un modèle, et la coopération entre (les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite) pourrait être une autre façon dont deux pays voisins se soutiennent mutuellement par rapport aux volets pacifiques de l'énergie nucléaire ». 

« Dans la région, comme nous le voyons dans d'autres régions du monde, il y a beaucoup d'ouverture, de discussions et de coopération entre les autorités réglementaires. Et c'est quelque chose que nous introduisons maintenant aussi dans cette partie du monde. C'est très, très bénéfique ». 

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Christer Viktorsson rappelle que si l'énergie atomique peut être une entreprise dangereuse, « la sécurité nucléaire en général s'est considérablement améliorée depuis Tchernobyl. Elle s'est encore améliorée après l'accident de Fukushima et de nombreux progrès ont été accomplis en matière de sécurité. » (Photo, AN)

Selon Viktorsson, la sécurité est la priorité absolue de FANR et des Émirats arabes unis en matière d'énergie nucléaire. Depuis 2008, la politique nucléaire du pays « souligne que les EAU vont se conformer aux normes internationales les plus élevées en matière de sécurité et de non-prolifération. Et nous mettons cela en œuvre dans le choix du site de la centrale de Barakah. » 

« Nous avons évalué le site, qui est sûr. Nous avons supervisé la construction de la centrale de Barakah, tout le temps avec nos inspecteurs. Nous supervisons maintenant l'exploitation. » 

Barakah est soumise à des protocoles de sécurité et de réglementation rigoureux, a précisé Viktorsson. Huit inspecteurs résidents travaillent en étroite collaboration avec les opérateurs, et surveillent les activités quotidiennes d'exploitation, de maintenance et de réparation. 

En outre, le siège de la FANR à Abu Dhabi dispose d'écrans qui surveillent chaque réacteur et il fait fréquemment fonctionner des simulateurs pour se préparer à tout scénario possible à la centrale. Des laboratoires surveillent également les niveaux de radiation des poissons, de l'eau, de l'air et du sable autour de Barakah. 

« Les Émirats arabes unis ont signé et adhéré à la convention sur la sûreté nucléaire, à la convention sur les déchets radioactifs, à la convention sur la protection physique - tous les instruments qui, en réalité, sont là pour soutenir la sécurité et la non-prolifération », a déclaré Viktorsson. 

Ces derniers mois, les responsables de l'AIEA ont exprimé leur crainte que les combats en Ukraine ne provoquent un accident nucléaire catastrophique à la centrale atomique de Zaporijjia, la plus grande d'Europe. Depuis des mois, la centrale est sous contrôle russe et exploitée par des ingénieurs ukrainiens. 

L'emplacement et l'exploitation d'une centrale nucléaire ne sont pas les seuls défis à relever en matière de sécurité ; l'élimination et le stockage des déchets nucléaires est une autre question à laquelle les pays qui se dotent de capacités électronucléaires doivent s'attaquer. 

Selon Viktorsson, il existe différents types de déchets nucléaires produits par les centrales. L'une des catégories est celle des déchets d'exploitation, qui sont des vêtements, des outils et des équipements contaminés par la radioactivité et qui nécessitent un certain type de traitement, mais qui sont classés comme « déchets de faible et moyenne activité » et peuvent être stockés facilement. 

Le défi, explique Viktorsson, est l'élimination et le stockage du combustible nucléaire usé. 

« C'est une autre histoire, car ce combustible est dangereux pendant des milliers d'années et nous devons nous assurer de trouver le moyen de prendre en charge ces déchets. De nombreuses recherches ont été menées dans le monde et nous bénéficions de l'expérience d'autres pays, notamment des Émirats arabes unis.  Par ailleurs le gouvernement travaille actuellement à l'élaboration d'une politique d'élimination sûre du combustible nucléaire usé », a-t-il poursuivi. 

Selon Viktorsson, depuis 2008, les EAU se sont engagés à adopter « une attitude très responsable à l'égard de la sécurité des déchets radioactifs, la même attitude que pour la centrale nucléaire. » 

Toutefois, ajoute-t-il, « la décision à prendre à ce sujet n'est pas urgente. Nous avons presque cent ans avant de devoir décider de la solution finale pour le combustible nucléaire usé. On peut penser que la technologie va se développer. Nous pourrions donc trouver une façon plus intelligente de nous occuper des déchets nucléaires que de les enfouir dans le sol. Mais les Émirats arabes unis veillent à ce qu'ils soient traités de manière sûre et à ce qu'ils n'endommagent ni l'environnement ni les êtres humains. » 

En plus de diversifier les sources d'énergie et l'économie des EAU en dehors du pétrole et du gaz, le programme nucléaire du pays a apporté des avantages sociaux, selon Viktorsson. Il a indiqué que la main-d'œuvre de FANR est composée de 44 % de femmes et de 72 % d'Émiratis. 

« Il est important que nous utilisions toutes les compétences qui existent dans le pays, et beaucoup de jeunes femmes et de jeunes hommes souhaitent rejoindre FANR et l'industrie nucléaire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.co


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.