Adidas débauche le patron de Puma pour se sortir du marasme

Bjørn Gulden, PDG de Puma, lors de la conférence de presse annuelle de l'entreprise le 19 février 2020 à Herzogenaurach, dans le sud de l'Allemagne. (Photo, AFP)
Bjørn Gulden, PDG de Puma, lors de la conférence de presse annuelle de l'entreprise le 19 février 2020 à Herzogenaurach, dans le sud de l'Allemagne. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 08 novembre 2022

Adidas débauche le patron de Puma pour se sortir du marasme

Bjørn Gulden, PDG de Puma, lors de la conférence de presse annuelle de l'entreprise le 19 février 2020 à Herzogenaurach, dans le sud de l'Allemagne. (Photo, AFP)
  • Bjørn Gulden deviendra président d'Adidas à compter du 1er janvier 2023
  • Adidas, Puma: les racines de ces entreprises se trouvent dans la même bourgade du nord de la Bavière, à Herzogenaurach, où elle ont été fondées après la Seconde Guerre mondiale par deux frères ennemis, Rudof et Adolf, pionniers dans leur industrie

FRANCFORT: L'équipementier sportif Adidas s'offre une prise de choix en nommant à sa tête le Norvégien Bjørn Gulden, PDG de Puma, le rival de toujours, chargé de redorer les performances de la marque aux trois bandes. 

Bjørn Gulden deviendra président d'Adidas à compter du 1er janvier 2023, a annoncé mardi la firme bavaroise qui compte sur sa nouvelle recrue pour ouvrir "une nouvelle ère de force". Son contrat a une durée de 5 ans, a précisé un porte-parole. 

L'actuel patron de la marque aux trois bandes, Kasper Rorsted, dont le départ avait été annoncé cet été, va quitter l'entreprise cette semaine. L'intérim sera assuré jusqu'à fin décembre par le directeur financer Harm Ohlmeyer. 

Bjørn Gulden, 57 ans, dirigeait Puma depuis 2013, mal en point à son arrivée. 

Il a fait rebondir la marque au cougar, alors tournée vers le lifestyle, en optant pour le retour aux origines sportives et en communiquant avec force sur le sponsoring de vedettes mondiales comme le sprinter jamaïcain Usain Bolt. 

Le Norvégien, ancien footballeur professionnel au club allemand de seconde division du FC Nürnberg, a aussi fait grandir la présence de Puma dans le football, sport roi d'Adidas, en équipant notamment le club anglais de premier rang de Manchester City. 

Au mondial du Qatar qui s'ouvre fin novembre, six équipes nationales porteront la griffe Puma, contre une de plus pour Adidas. 

Rivalités fratricides 

Adidas, Puma: les racines de ces entreprises se trouvent dans la même bourgade du nord de la Bavière, à Herzogenaurach, où elle ont été fondées après la Seconde Guerre mondiale par deux frères ennemis, Rudof et Adolf, pionniers dans leur industrie. 

Quand la fabrique de chaussures Gebrüder Dassler ("Dassler Frères") implose en 1948, Rudolf part avec 13 salariés fonder l'entreprise Puma. Adolf conserve une quarantaine d'employés, ainsi que les machines, et mélange son surnom "Adi" avec son patronyme pour lancer Adidas. 

La suite est jalonnée de trahisons et coups bas. Aux JO de Mexico en 1968, Adidas fait bloquer à la douane les chaussures Puma. Dans les années 60 et 70, les salariés "pumeraner" et leurs rivaux, les "adidassler", ont chacun leur boulangerie en ville et ne se croisent jamais au restaurant. 

"Ces querelles sont aujourd'hui largement dépassées: dans des couples, des fratries on travaille dans chacune des deux entreprises", relativise une source chez Puma. 

Ces rivalités ne se remarquent guère que dans les deux clubs de football amateurs de la ville, chacun cramponné à sa marque. 

La concurrence reste âpre entre ces deux sociétés aujourd'hui cotées au Dax, la crème des valeurs allemandes. Adidas grimpait mardi de 4% en milieu d'après-midi, ayant déjà rebondi dès l'annonce des pourparlers avec M. Gulden. En revanche, Puma perdait 1,80%. 

Tâche difficile 

M. Gulden revient dans l'entreprise qui l'a employé de 1992 à 1999 en tant que vice-président dans la branche habillement et accessoires. 

Il va retrouver un groupe en difficultés financières qui a dû tailler cet automne dans ses prévisions de résultats pour 2022. La raison incombe surtout à la chute de ses ventes en Chine, où des dizaines de villes subissent des restrictions sanitaires liées au Covid-19, et au ralentissement sur ses marchés européens. 

Adidas doit aussi digérer la fin brutale de sa collaboration pourtant très lucrative avec Kanye West après des remarques à caractère antisémites proférées par le rappeur américain. 

M. Gulden a eu la confiance du conseil de surveillance d'Adidas en apportant "près de 30 ans d'expérience dans l'industrie des articles de sport et de la chaussure", a déclaré son président Thomas Rabe dans ce communiqué. 

Aussi, "le risque d'une clause de non-concurrence plus longue chez Puma", qui aurait pu retarder l'arrivée de M.Gulden chez Adidas, "a pu être écarté", écrivent les analystes de Deutsche Bank. 

La tâche qui attend la nouvelle recrue "n'est pas facile, mais la marque Adidas possède un important catalogue de designs et de franchises", ajoutent-ils. 

Avec l'élan à venir de la nouvelle direction "une résurgence de la marque au cours des trois prochaines années est possible." 


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
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  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.