Plateformes de cryptomonnaies: Binance renonce à racheter FTX, à l'avenir incertain

Le co-fondateur et PDG de Binance, Changpeng Zhao (Photo, AFP).
Le co-fondateur et PDG de Binance, Changpeng Zhao (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 10 novembre 2022

Plateformes de cryptomonnaies: Binance renonce à racheter FTX, à l'avenir incertain

  • Après avoir mené un audit des opérations de FTX, «nous avons décidé de ne pas donner suite à l'opération d'acquisition de FTX.com», a expliqué Binance dans un tweet
  • La compagnie y mentionne également l'apparition d'informations de presse sur une mauvaise gestion des fonds des clients par FTX

NEW YORK: La plateforme de cryptomonnaies Binance a indiqué mercredi qu'elle ne viendrait finalement pas à la rescousse de sa rivale FTX.com, soulevant des questions sur la survie même de cette dernière et créant de nouveaux remous dans le monde des devises virtuelles.

Binance, numéro un sur son créneau, avait annoncé mardi qu'elle envisageait de racheter FTX.com afin de l'aider à se sortir de graves difficultés.

Mais après avoir mené un audit des opérations, "nous avons décidé de ne pas donner suite à l'opération d'acquisition de FTX.com", a expliqué l'entreprise dans un tweet.

La compagnie y mentionne également l'apparition d'informations de presse sur une mauvaise gestion des fonds des clients par FTX et sur des enquêtes engagées par les autorités américaines.

"Au début, notre espoir était de pouvoir aider les clients de FTX à fournir des liquidités, mais les problèmes échappent à notre contrôle ou dépassent notre capacité à aider", a relevé Binance.

L'avenir de FTX.com, et de son fondateur Sam Bankman-Fried, est désormais incertain.

La société n'avait pas dans l'immédiat répondu à une sollicitation de l'AFP.

Mais selon l'agence Bloomberg, qui cite une personne proche des discussions, Sam Bankman-Fried a dit aux investisseurs de FTX.com que sans un apport imminent de cash, l'entreprise devrait déposer le bilan.

La plateforme a besoin de jusqu'à 8 milliards de dollars et tente de les trouver en faisant un emprunt, en cédant des parts ou une combinaison des deux, aurait ajouté l'entrepreneur.

Retraits impossibles

FTX était pourtant considérée encore récemment comme un acteur solide du secteur. Son fondateur est une figure dans le monde des cryptomonnaies, et FTX avait été valorisée, lors de sa dernière levée de fonds en janvier, 32 milliards de dollars.

Mais des doutes ont émergé ces derniers jours sur ses comptes et sur ses relations avec le fonds d'investissement en cryptomonnaies Alameda, également fondé par Sam Bankman-Fried.

Le patron de Binance, Changpeng Zhao, affirmant que FTX lui avait demandé de l'aide en raison d'une "importante crise de liquidités", a signé mardi une lettre d'intention pour racheter FTX.com, qui ne comprend pas la branche américaine FTX.us.

Il avait toutefois aussi précisé qu'il conduirait pendant quelques jours un audit, procédure habituelle lors des opérations de fusion-acquisition, avant de confirmer son intention.

"Chaque fois qu'un acteur majeur d'un secteur fait faillite, les consommateurs en souffrent", a souligné Binance mercredi, suggérant ainsi que les clients de FTX.com pourraient pâtir de la situation.

Sur la page d'aide de la plateforme s'affichait le message suivant: "FTX est actuellement incapable de traiter les retraits. Nous vons déconseillons fortement de faire des dépôts."

Ces turbulences secouent le secteur des cryptomonnaies, déjà échaudé ces derniers mois par plusieurs faillites et la préférence des investisseurs pour des actifs moins risqués.

Le bitcoin a ainsi chuté mercredi sous la barre des 16 000 dollars pour la première fois en deux ans.

Plus de réglementation

La situation de FTX s'est dégradée en quelques jours.

L'article d'un site spécialisé a d'abord évoqué les investissements massifs d'Alameda dans la cryptomonnaie propre à FTX, le FTX Token (FTT), reflet d'une comptabilité boiteuse. Changpeng Zhao a, peu de temps après, annoncé qu'il vendait ses réserves de FTT, que Binance détenait dans le cadre d'une sortie du capital de FTX.

Sam Bankman-Fried avait alors qualifié les critiques sur la santé financière de sa compagnie de "rumeurs non fondées" et assurait encore lundi: "FTX va bien".

Mais les clients de la plateforme l'ont entendu d'une autre oreille et ont commencé à retirer en masse leurs fonds. Sam Bankman-Fried s'est alors tourné vers son rival pour tenter de sauver les meubles.

Une requête étonnante de la part de cet entrepreneur, qui était encore récemment comparé à un chevalier blanc après avoir proposé en juin de venir à la rescousse des sociétés liées aux devises numériques BlockFi et Voyager Digital.

Il était aussi connu pour faire régulièrement du lobbying auprès des responsables politiques à Washington pour une réglementation accrue du secteur des cryptomonnaies.

Binance affirme mercredi sur Twitter que l'écosystème des cryptomonnaies se "renforcera" au fur et à mesure que "des cadres réglementaires seront développés" et que le secteur "continuera d'évoluer vers une plus grande décentralisation".


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.