A Marseille, l'école Bugeaud rebaptisée du nom d'un tirailleur algérien, Ahmed Litim

Benoit Payan, le maire de Marseille, donne une conférence de presse dans la ville portuaire de Marseille, dans le sud de la France, le 7 janvier 2021 (Photo, AFP)
Benoit Payan, le maire de Marseille, donne une conférence de presse dans la ville portuaire de Marseille, dans le sud de la France, le 7 janvier 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 10 novembre 2022

A Marseille, l'école Bugeaud rebaptisée du nom d'un tirailleur algérien, Ahmed Litim

  • L'école Ahmed Litim, située dans le très populaire troisième arrondissement de Marseille, portait jusqu'à présent le nom d'un colonisateur de l'Algérie, le maréchal Bugeaud
  • La ville a choisi «de donner aux enfants de Marseille l'exemple d'un héros plutôt que celui d'un bourreau», selon les mots du maire

MARSEILLE: Une école marseillaise nommée "école Bugeaud" a été officiellement renommée "Ahmed Litim", du nom d'un tirailleur algérien, par le maire de Marseille jeudi, a-t-on appris auprès de la mairie.

"Cette école de Marseille portait le nom d’un bourreau: Bugeaud. Aujourd'hui, nous lui donnons un nouveau nom, celui d'un tirailleur algérien, celui d'un héros qui a donné sa vie pour libérer notre ville.", a annoncé le maire socialiste Benoît Payan sur Facebook, publiant une photo de la nouvelle plaque.

L'histoire d'Ahmed Litim, a raconté le maire lors de la cérémonie de dénomination, c'est celle "d'un enfant d'Algérie (...) engagé, très jeune, dans l'Armée d’Afrique", mort le 25 août 1944, fauché par un obus allemand, en participant à libérer la ville.

L'école Ahmed Litim, située dans le très populaire troisième arrondissement de Marseille, portait jusqu'à présent le nom d'un colonisateur de l'Algérie, le maréchal Bugeaud, dont les crimes "ne doivent pas être effacés de notre mémoire", a mis en garde Benoît Payan. "L'Histoire de la France, c'est aussi celle de Bugeaud, de la colonisation ou de la collaboration. Cette histoire, nous continuerons de l’enseigner et de l'apprendre à nos enfants".

Mais la ville a choisi "de donner aux enfants de Marseille l'exemple d'un héros plutôt que celui d'un bourreau", selon les mots du maire.

"Nous saluons la position de la ville de Marseille qui a consisté à débaptiser l'école Bugeaud", a réagi auprès de l'AFP Samia Chabani, du centre de ressources sur l'histoire et les mémoires des migrations à Marseille, Ancrages.

Ancrages milite pour "que les civils ou militaires auteurs de violences et de guerre coloniale ne soient plus honorés dans l'espace public", et demande notamment que les associations valorisant l'histoire et "les mémoires des descendants des migrations postcoloniales" soient représentées à la commission des noms de rues.


Scandale des eaux minérales: l'enquête sénatoriale déplore «une dissimulation» de la part de l'Etat

L'affaire des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales, in fine révélée par la presse début 2024, a fait l'objet d'une "dissimulation par l'Etat" relevant "d'une stratégie délibérée", estime la commission d'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille. (AFP)
L'affaire des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales, in fine révélée par la presse début 2024, a fait l'objet d'une "dissimulation par l'Etat" relevant "d'une stratégie délibérée", estime la commission d'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille. (AFP)
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  • Nestlé Waters, dont la direction assure avoir découvert fin 2020 sur ses sites Perrier, Hépar et Contrex l'usage de traitements interdits pour de l'eau minérale, avait sollicité à ce sujet mi-2021 le gouvernement, puis jusqu'à l'Elysée
  • Dix-huit mois plus tard, un plan de transformation des sites était approuvé par les pouvoirs publics, remplacant les traitements interdits par une microfiltration fine par ailleurs controversée car à même de priver l'eau minérale de ses caractéristiques

PARIS: L'affaire des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales, in fine révélée par la presse début 2024, a fait l'objet d'une "dissimulation par l'Etat" relevant "d'une stratégie délibérée", estime la commission d'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille.

"Outre le manque de transparence de Nestlé Waters, il faut souligner celui de l’État, à la fois vis-à-vis des autorités locales et européennes et vis à vis des Français (...) Cette dissimulation relève d’une stratégie délibérée, abordée dès la première réunion interministérielle sur les eaux minérales naturelles le 14 octobre 2021. Près de quatre ans après, la transparence n’est toujours pas faite", souligne le rapport de la commission, rendu public lundi après six mois de travaux et plus de 70 auditions.

Nestlé Waters, dont la direction assure avoir découvert fin 2020 sur ses sites Perrier, Hépar et Contrex l'usage de traitements interdits pour de l'eau minérale, avait sollicité à ce sujet mi-2021 le gouvernement, puis jusqu'à l'Elysée.

Dix-huit mois plus tard, un plan de transformation des sites était approuvé par les pouvoirs publics, remplacant les traitements interdits par une microfiltration fine par ailleurs controversée car à même de priver l'eau minérale de ses caractéristiques.

"Malgré la fraude aux consommateurs que représente la désinfection de l’eau, les autorités ne donnent pas de suites judiciaires à ces révélations" de 2021, souligne le rapport.

Les sénateurs déplorent une "inversion de la relation entre l’État et les industriels en matière d’édiction de la norme": "Nestlé Waters adopte une attitude transactionnelle, posant explicitement l’autorisation de la microfiltration à 0,2 micron comme condition à l’arrêt de traitements pourtant illégaux".

Le rapport blâme "les échecs de l'interministériel", "le travail en silo", les ministères de la Consommation et de la Transition écologique écartés...

"En définitive, c’est au plus haut niveau de l’État que s’est jouée la décision d’autoriser une microfiltration sous le seuil de 0,8 micron", au terme d'une "concertation interministérielle", "dans la continuité des arbitrages pris par le cabinet de la Première ministre, Elisabeth Borne, mais sans que celle-ci ne semble informée", note le rapport.

"De son côté, la présidence de la République, loin d’être une forteresse inexpugnable à l’égard du lobbying de Nestlé, a suivi de près le dossier", ajoute la commission, qui se base sur "des documents recueillis par ses soins": elle "savait, au moins depuis 2022, que Nestlé trichait depuis des années".

Parmi les conséquences, l’industriel a pu continuer à commercialiser son eau sous l'appellation -lucrative- d'eau minérale naturelle. Dans le même temps, à ce jour, il n'y a pas "de vérifications exhaustives de l’absence de traitements interdits sur tous les sites de production d’eau conditionnée", relève le rapport.

La commission, parmi 28 recommandations, préconise un suivi qualitatif des nappes, "un contrôle effectif du niveau de prélèvement réalisé par les industriels minéraliers", un meilleur étiquetage pour les consommateurs.


Choose France: les principales annonces du Sommet

Le président français Emmanuel Macron (R) serre la main de Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, lors de la conférence sur les marchés mondiaux, avant le sommet Choose France, à Paris, le 15 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (R) serre la main de Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, lors de la conférence sur les marchés mondiaux, avant le sommet Choose France, à Paris, le 15 mai 2025. (AFP)
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  • Les centres de données sont particulièrement à l'honneur, avec plusieurs grands projets annoncés, ou confirmés après le Sommet sur l'intelligence artificielle de février qui avait reçu 109 milliards d'euros de promesses d'investissement privés
  • Un autre projet milliardaire, autour du fonds d'investissement émirati MGX, devrait aussi être confirmé, pour l'établissement d'un campus IA en Ile-de-France

PARIS: Un total de 37 milliards d'euros d'investissements étrangers en France, dont 20 milliards inédits, pour un total de 13.000 emplois directs ou indirects créés, seront annoncés lundi au 8ème sommet Choose France, selon l'Elysée.

Data centers à l'honneur

Les centres de données sont particulièrement à l'honneur, avec plusieurs grands projets annoncés, ou confirmés après le Sommet sur l'intelligence artificielle de février qui avait reçu 109 milliards d'euros de promesses d'investissement privés.

L'américain Prologis investira 6,4 milliards d'euros en entrepôts pour les marchés de Marseille, Lyon, Paris et Le Havre, et dans quatre data centers en région parisienne.

Le canadien Brookfield confirme une annonce de février, avec 10 milliards d'euros pour un site à Cambrai (Nord).

L'américain Digital Realty confirme également des engagements pour des data centers à Marseille et Dugny (Seine-Saint-Denis), pour 2,3 milliards.

Un autre projet milliardaire, autour du fonds d'investissement émirati MGX, devrait aussi être confirmé, pour l'établissement d'un campus IA en Ile-de-France.

La France, souligne l'Elysée, est grâce au nucléaire un "paradis énergétique" pour des structures d'IA voraces en électricité.

Souveraineté

Toujours dans le cadre d'annonces contribuant, comme l'IA, à la "souveraineté", explique l'Elysée, des investissements seront présentés dans les réseaux - plus de 2 milliards pour l'irlandais Accenture, 2,5 milliards pour l'espagnol Cellnex, 100 millions pour l'américain Cisco -, les métaux rares - 110 millions d'euros, sans doute à Lacq (Pyrénées-Atlantiques) par le britannique Less Common Metals Ltd -, la défense - 100 millions en Occitanie pour des drones par le portugais Tekever, 25 millions pour des piles à hydrogène par le singapourien H3 Dynamics.

Culture

Alors que l'accent sera mis cette année sur les investissements dans le domaine de la culture et du tourisme, Netflix annonce 250 millions d'euros pour la production française, tandis que le fonds d'investissement saoudien Qiddiya signera un protocole d'accord sur "un projet majeur lié au tourisme et au divertissement en France".

Economie circulaire

L'entreprise américaine Circ, pionnière du recyclage chimique textile, va investir 450 millions d'euros pour sa première usine de dimension mondiale à Saint-Avold (Moselle) avec 200 emplois à la clé.

Dimanche, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher avait déploré que le modèle actuel du recyclage soit "à bout de souffle", face "au mur de déchets générés par l'ultra fast fashion".

Décarbonation de l'industrie

Huit annonces concerneront ce domaine, dont celle d'une joint venture entre le français H2V et l'allemand Hy2gen, pour un investissement d'1,5 milliard d'euros dans la production de carburant d'avion durable.

Mobilité

L'allemand Daimler Truck investira 92 millions d'euros dans son usine d'autobus électriques de Ligny-en-Barrois (Meuse) et recevra lundi matin, avant le sommet, la visite d'Emmanuel Macron.

Le chinois Windrose Technology (camions électriques) va investir 175 millions d'euros pour créer sa plus vaste usine européenne.

Le suisse MSC Croisières confirmera la commande de deux nouveaux navires aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire.

Finance

La fintech britannique Revolut investira un milliard d'euros dans les trois ans en France, et va ouvrir son nouveau siège social pour l'Europe de l'Ouest à Paris.

Adia (Emirats arabes unis) investit 600 millions d'euros dans le leader européen de l'hébergement de plein air ECG.

Le britannique Icon Infrastructure va consacrer 500 millions en fonds propres au secteur des infrastructures en France.

Quant au London Stock Exchange, il va implanter à Paris un nouvel administrateur d'indices de référence.

Amazon, Mars, Manpower, les géants américains sont là

Amazon annonce un plan de plus de 300 millions d'euros, notamment pour des entrepôts en Centre-Val-de-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, avec plus de 1.500 emplois en CDI à venir.

Le groupe agroalimentaire Mars Inc. investira plus de 100 millions d'euros dans la modernisation de ses sites existants.

Manpowergroup enfin va consacrer 200 millions sur trois ans à des projets d'innovation et de formation.


Le 8ème sommet Choose France attend un record de 20 milliards d'euros d'investissements

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de la conférence sur les marchés mondiaux, avant le sommet Choose France, à Paris, le 15 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de la conférence sur les marchés mondiaux, avant le sommet Choose France, à Paris, le 15 mai 2025. (AFP)
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  • Le 8ème sommet Choose France (Choisissez la France), évènement économique de prestige à Versailles destiné à attirer les investissements étrangers, devrait connaître un nouveau record cette année avec 20 milliards d'euros d'annonces
  • Deux cents patrons (BYD, Blackstone, Goldman Sachs, Ikea, BASF, le fond souverain d'Arabie saoudite PIF, Qiddiya, Damac, Mubadala...) ont confirmé leur participation à Choose France

PARIS: Le 8ème sommet Choose France (Choisissez la France), évènement économique de prestige à Versailles destiné à attirer les investissements étrangers, devrait connaître un nouveau record cette année avec 20 milliards d'euros d'annonces, a révélé Emmanuel Macron vendredi.

Il y aura "plus d'une cinquantaine" de divulgations de projets, "et on passera le cap des vingt milliards d'euros", a déclaré le président français lors d'une interview à la presse régionale. Le record de 15 milliards d'euros de l'an dernier serait ainsi battu.

Les annonces devraient concerner des secteurs aussi divers que la technologie, la finance ou encore le tourisme.

La France vient d'être classée pour la sixième année consécutive premier pays européen pour les investissements étrangers par le cabinet EY, avec 1.025 projets enregistrés en 2024 devant le Royaume-Uni (853) et l'Allemagne (608).

Dans ces trois pays cependant, ce nombre de projets a reculé en un an, de 14% pour la France.

Celle-ci, de surcroît, ne figure qu'à la 3ème place du nombre d'emplois créés par projet (30), derrière l'Allemagne (48) et l'Espagne (125).

"Nous sommes très forts en termes de recherche et développement, activités moins intensives en emplois", souligne Emmanuel Macron dans l'interview.

Toutefois, "derrière, cela crée de l'innovation en France", secteur "clé", explique le président.

La France a déjà enregistré 109 milliards d'euros d'investissements privés, notamment étrangers, à horizon 2031, lors d'un sommet sur l'Intelligence artificielle en février.

- "Connaissance personnelle" -

Deux cents patrons (BYD, Blackstone, Goldman Sachs, Ikea, BASF, le fond souverain d'Arabie saoudite PIF, Qiddiya, Damac, Mubadala...) ont confirmé leur participation à Choose France, dont 19% viennent des Etats-Unis.

Depuis 2017, 178 projets, d'un montant total de 47 milliards d'euros ont été annoncés - dont "onze" seulement ont été abandonnés, selon Emmanuel Macron.

Le thème de cette année est "France, terre de créativité", avec deux séquences nouvelles, une sur le tourisme et l'autre sur l'audiovisuel.

Après s'être déroulé longtemps en janvier, au moment du Forum économique mondial de Davos, Choose France a lieu au château de Versailles chaque année en mai depuis 2022.

La présidence de la République explique que, "dans les décisions d'investissements que nous cherchons à attirer, la connaissance personnelle a beaucoup de valeur pour les patrons", qui apprécient "de pouvoir passer du temps de qualité avec les décideurs, dans un endroit magnifique".

L'an dernier, plus de 345 entretiens ont eu lieu entre dirigeants d'entreprises et autorités françaises.

Emmanuel Macron est au centre du Sommet, avec quatre déplacements en lien avec celui-ci. Lundi matin, notamment, il se rendra dans la Meuse à l'usine Daimler Buses de Ligny-en-Barrois, dont la production évolue actuellement vers des bus hybrides et électriques.

A Versailles, il rencontrera des chefs d'entreprise sud-coréens, et participera à deux tables rondes en petit comité, sur les minerais stratégiques et l'intelligence artificielle, avant de présider le "dîner de travail" final.

- "Ilôt de stabilité" -

Il rencontrera personnellement le magnat mexicain des affaires Carlos Slim, la présidente du constructeur automobile chinois BYD, Stella Li, et le patron de l'entreprise saoudienne Qiddiya.

"Etre premier (en Europe) (...) c'est vraiment le résultat de toutes les politiques mises en place depuis 2017" pour les entreprises, vante l'Elysée.

Le cabinet de conseil en stratégie Kearney ne classe pour sa part la France qu'au 3e rang de l'attractivité en Europe, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne, et au 7e dans le monde (en recul d'une place cette année).

Il la juge "impactée par la dégradation accélérée de sa trajectoire budgétaire" et par "une situation politique aux équilibres précaires depuis la dissolution" décidée en juin par Emmanuel Macron.

Il rappelle surtout que, pour la 13ème année consécutive, les Etats-Unis sont premiers du classement.

Cependant, note le cabinet, "face à une situation macroéconomique jugée très instable" et plus encore depuis les annonces de hausses de droits de douane américains par Donald Trump, "l'Europe apparaît comme un fragile mais possible îlot de stabilité".

Ainsi, 60% des hauts cadres du monde entier interrogés par le cabinet Kearney la voient comme leur premier choix d'investissement, un espoir pour le continent et pour la France.