La greffe d'îlots pancréatiques, «très grand pas en avant» face au diabète

Ainsi, le Centre hospitalier régional de Lille (nord) est devenu, en décembre 2021, le premier établissement français à réaliser une telle greffe en soins courants, avant d'être imité par celui de Strasbourg. (AFP)
Ainsi, le Centre hospitalier régional de Lille (nord) est devenu, en décembre 2021, le premier établissement français à réaliser une telle greffe en soins courants, avant d'être imité par celui de Strasbourg. (AFP)
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Publié le Dimanche 13 novembre 2022

La greffe d'îlots pancréatiques, «très grand pas en avant» face au diabète

  • La technique consiste à implanter, dans le foie du patient, des îlots de Langerhans, cellules du pancréas responsables de la sécrétion d'insuline, prélevés chez un donneur non diabétique en état de mort cérébrale
  • Depuis son autorisation, le traitement se déploie dans l’Hexagone. Outre ceux de de Lille et Strasbourg, autres hôpitaux ont obtenu un agrément pour procéder aux greffes

STRASBOURG: Ce traitement était attendu de longue date par les patients atteints d'un diabète de type 1 particulièrement instable : après des années d'expérimentation, la greffe d'îlots pancréatiques, récemment autorisée par les autorités sanitaires, "change la vie" des bénéficiaires.

"C'est révolutionnaire". Valérie Rodriguez ne cache pas sa satisfaction. Le 24 octobre, au Centre hospitalier régional de Strasbourg (est), cette ancienne formatrice bancaire a été l'une des premières patientes en France à recevoir une telle greffe dans le cadre de soins courants (hors d'un projet expérimental et pris en charge par l'Assurance maladie).

Avant l'opération, elle avait testé tous les traitements proposés pour réguler son taux de sucre dans le sang, sans succès probant. "Je vivais en permanence avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête", explique à l'AFP cette énergique quadragénaire.

"Il y a la crainte du coma hypoglycémique : par exemple, il m'est arrivé de me resucrer (consommer rapidement des glucides, ndlr) en conduisant sur l'autoroute".

Depuis sa greffe, elle "revit". "Je n'ai plus ces variations de glycémie, mon corps se fatigue beaucoup moins. J'ai une pêche d'enfer, je me sens chanceuse. C'est génial cette technique", confie-t-elle peu avant la journée mondiale du diabète, lundi 14 novembre.

Cette "technique" consiste à implanter, dans le foie du patient, des îlots de Langerhans, cellules du pancréas responsables de la sécrétion d'insuline, prélevés chez un donneur non diabétique en état de mort cérébrale.

Si Valérie Rodriguez n'a pas ressenti d'effet indésirable particulier, elle souligne néanmoins que, comme pour toute greffe, cette intervention nécessite de suivre un traitement antirejet à vie. Soit, dans son cas, "7 cachets à prendre le matin et 6 le soir". "Face aux hypoglycémies et aux malaises à répétition, je préfère mon petit déjeuner aux pilules, il n'y a pas photo", assure-t-elle.

20 ans de recherche

Les premiers essais cliniques pour ce traitement ont eu lieu en 1999 au Canada puis en Europe, et se sont poursuivis pendant deux décennies. En 2020, en France, la Haute Autorité de Santé a donné son feu vert à cette pratique pour certains profils de patients, "chroniquement instables".

Ainsi, le Centre hospitalier régional de Lille (nord) est devenu, en décembre 2021, le premier établissement français à réaliser une telle greffe en soins courants, avant d'être imité par celui de Strasbourg.

"C'était très solennel, il y avait 15 personnes au bloc opératoire, tout le monde voulait y assister !", se remémore Valérie Rodriguez.

Pour les patients, "c'est un très grand pas en avant. Et pour nous médecins, c'est l'aboutissement d'une recherche clinique de très haut niveau, pluridisciplinaire, c'est une reconnaissance très forte", concède Laurence Kessler, professeure de diabétologie à l'hôpital de Strasbourg et membre de la Société francophone du diabète.

"A l'échelle d'une carrière, suivre les études chez l'animal, puis chez l'homme, et enfin le passage en soins courants, c'est très satisfaisant", raconte celle qui, en 1988, poursuivait déjà un master sur les îlots pancréatiques de rats.

Cette thérapie est indiquée pour quelques centaines de patients par an, selon Laurence Kessler, soit une infime minorité des 370.000 diabétiques de type 1 dénombrés par la Fédération française des diabétiques.

"C'est un petit nombre, mais c'est fondamental puisque ce sont des patients pour lesquels nous n'avons aucune alternative thérapeutique", insiste la diabétologue. "Et nous n'en sommes qu'au début : ce traitement peut être indiqué pour d'autre patients en échec de traitement, en cas de maladie du pancréas ou de mucoviscidose" par exemple.

Phase de déploiement

Depuis son autorisation, le traitement se déploie dans l’Hexagone. Outre ceux de de Lille et Strasbourg, autres hôpitaux ont obtenu un agrément pour procéder aux greffes.

"Les autorisations répondent à des impératifs de sécurité et de qualité pour les patients. Le savoir-faire se trouve aujourd'hui chez ceux qui ont déjà exercé cette activité dans le cadre de la recherche, mais il est accessible à de très nombreux laboratoires", souligne le professeur Michel Tsimaratos, directeur général adjoint de l’Agence de la biomédecine.

"Avec la greffe d'îlots, l'arsenal thérapeutique au service des patients s'enrichit, et c'est sans doute ce qu'il faut retenir", conclut-il.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.