Attentat d'Istanbul: Accusés, les combattants kurdes nient toute implication

La police turque a publié une photo de la femme non identifiée soupçonnée d'attentat à la bombe, arrêtée à Istanbul. (Police turque via Reuters)
La police turque a publié une photo de la femme non identifiée soupçonnée d'attentat à la bombe, arrêtée à Istanbul. (Police turque via Reuters)
Une équipe médico-légale de la police turque travaille sur les lieux après une explosion dans la rue piétonne animée Istiklal à Istanbul, le 13 novembre 2022 (Photo, Reuters).
Une équipe médico-légale de la police turque travaille sur les lieux après une explosion dans la rue piétonne animée Istiklal à Istanbul, le 13 novembre 2022 (Photo, Reuters).
Une équipe médico-légale de la police turque travaille sur les lieux après une explosion dans la rue piétonne animée Istiklal à Istanbul, le 13 novembre 2022 (Photo, Reuters).
Une équipe médico-légale de la police turque travaille sur les lieux après une explosion dans la rue piétonne animée Istiklal à Istanbul, le 13 novembre 2022 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Mardi 15 novembre 2022

Attentat d'Istanbul: Accusés, les combattants kurdes nient toute implication

  • Des images de la police partagées par les médias turcs ont montré une jeune femme en sweatshirt violet appréhendée dans un appartement
  • «La personne qui a posé la bombe a été arrêtée», a annoncé tôt lundi le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu. «D'après nos conclusions, l'organisation terroriste PKK est responsable» de l'attentat

ISTANBUL: La Turquie a enterré lundi les six victimes de l'attentat survenu dimanche dans la grande rue commerçante d'Istiklal à Istanbul, attribué par les autorités aux mouvements kurdes du PKK/YPG, qui démentent toute implication. 

Plus de 24 heures plus tard, l'opération n'a pas été revendiquée. 

La ville d'Adana (sud) a accompagné les funérailles de la petite Ecrin, 9 ans, tuée avec son père alors qu'ils attendaient ensemble la mère, entrée dans une des nombreuses boutiques de la rue. 

Les quatre autres victimes ont été enterrées à Istanbul. Le maire de la ville Ekrem Imamoglu a porté le cercueil d'une jeune femme tuée, avant d'aider, pelle en main, à le recouvrir de terre. 

Les six passants ont succombé à une explosion de TNT survenue dans l'artère bondée en ce dimanche ensoleillé. Plus de 80 autres ont été blessés, dont une vingtaine restaient hospitalisés lundi. 

Les autorités ont rapidement accusé les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés en Syrie, annonçant 47 arrestations dont celle de la poseuse de bombe, une jeune Syrienne de 23 ans qui aurait agi à leur demande. 

"D'après nos conclusions, l'organisation terroriste PKK est responsable" de l'attentat, avait affirmé dans la nuit de dimanche à lundi le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu. 

Mais le PKK, qui affronte Ankara depuis près de quarante ans, a assuré n'avoir "aucun lien avec cet événement": "Nous ne visons pas les civils et rejetons les opérations qui le font", a affirmé l'organisation via une agence de presse amie, Firat. 

PKK: cinq choses à savoir après l'attentat d'Istanbul

1- Qu'est-ce que le PKK?

Qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, le PKK livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984, un conflit qui a fait plus de 40 000 morts.

Le mouvement, d'obédience marxiste-léniniste, souhaitait à l'origine la création d'un Etat kurde indépendant. Il milite désormais pour une autonomie politique au sein de la Turquie.

Le PKK a ciblé à maintes reprises les forces de sécurité turques. Les attentats ont souvent été revendiqués par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical proche du PKK, comme le double attentat de décembre 2016 près du stade de foot de Besiktas, à Istanbul (47 morts dont 39 policiers et 160 blessés).

Des négociations avaient été engagées en 2013 entre le gouvernement turc et le PKK, mais Ankara et le groupe armé kurde s'affrontent de nouveau depuis la fin d'un fragile cessez-le-feu en 2015.

2- Quelle différence entre PKK et HDP?

Le gouvernement turc accuse le parti d'opposition prokurde de Turquie, le Parti démocratique du peuple (HDP), de liens avec le PKK - ce que le parti dément.

Les autorités ont arrêté des maires membres du HDP -- deuxième formation de l'opposition avec 56 députés -- dans un certain nombre de villes du sud-est de la Turquie, notamment dans la province à majorité kurde de Diyarbakir, à la suite de la tentative de coup d'État de 2016.

Des médias kurdes ont également été fermés et un certain nombre de journalistes arrêtés.

L'ancien leader du parti, Selahattin Demirtas, est emprisonné depuis 2016, accusé de diriger une "organisation terroriste". M. Demirtas a condamné dimanche l'attaque d'Istanbul depuis sa prison turque.

Le HDP reste sous le coup de procédures qui pourraient mener à son interdiction.

3- Les Opérations turques en Irak

L'armée turque mène régulièrement des opérations contre le PKK en Turquie et dans les zones montagneuses du nord de l'Irak, où le PKK dispose de bases arrières.

Depuis avril, l'armée d'Ankara y conduit l'opération "Griffe refermée".

Le mois dernier, des médias pro-kurdes ont affirmé que la Turquie y avait utilisé des armes chimiques, accusations fermement rejetées par Ankara.

Cependant, un commandant du PKK, Murat Karayilan, avait annoncé le 2 novembre la volonté du groupe de se venger.

4- Quels liens avec la Syrie?

La police turque a arrêté plusieurs dizaines de personnes après l'attaque de dimanche, dont une femme présentée comme Syrienne et soupçonnée d'être la poseuse de bombe.

Selon la police, elle a affirmé avoir agi sur ordre du PKK et être entrée en Turquie depuis le nord de la Syrie.

Le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu a accusé les forces kurdes des YPG, les Unités de défense du peuple, qui contrôlent la majeure partie du Nord-Est syrien, d'être responsables de l'attentat. "Nous estimons que l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané", a-t-il affirmé.

Ankara a lancé une série d'offensives en Syrie depuis 2016 visant les milices kurdes. Et depuis mai, le président Recep Tayyip Erdogan menace de lancer une nouvelle opération.

Pour ces raisons, la Turquie a "rejeté" lundi les condoléances des Etats-Unis, qui "soutiennent les terroristes" de Kobané en ayant armé les Unités de protection du peuple (YPG) contre les djihadistes du face au groupe Etat islamique.

5- Regain d'inquiétude en Turquie

L'attentat de dimanche attise les craintes d'une nouvelle campagne de terreur dans la société turque, à sept mois d'élections présidentielle et législatives annoncées en juin 2023.

Les Turcs gardent en mémoire la série d'attentats de 2015-2016, revendiqués en partie par l'EI et qui avaient fait près de 500 morts et plus de 2 000 blessés, lors de périodes pré-électorales.

« Ordre donné depuis Kobané » 

La principale suspecte, nommée Alham Albashir selon la police, serait entrée clandestinement en Turquie en passant par Afrine, dans le nord-est syrien, contrôlée par l'armée turque et des supplétifs locaux. 

Des images diffusées par la police turque montraient la jeune femme en sweatshirt violet, visage tuméfié, après son arrestation dans la banlieue d'Istanbul avec d'autres suspects. 

Selon M. Soylu, "l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané", ville du nord-est de la Syrie contrôlée par des mouvements kurdes alliés au PKK comme les YPG, les Unités de protection du peuple. 

Pour Ankara, les YPG et le PKK sont des mouvements "terroristes". 

Mais par un communiqué, les YPG ont également "démenti catégoriquement tout lien avec Ahlam Albashir". 

Kobané est restée célèbre pour la bataille qui, en 2015, a permis aux forces kurdes soutenues par la coalition occidentale de repousser le groupe djihadiste Etat islamique (EI). 

Dès dimanche soir, le président Recep Tayyip Erdogan et son vice-président Fuat Oktay avaient désigné "une femme" comme la responsable de l'attentat. 

Selon le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag, celle-ci "s'est assise sur un banc pendant 40 à 45 minutes et, une ou deux minutes après, il y a eu une explosion". 

Les médias turcs ont partagé l'image tirée d'une caméra de surveillance de l'avenue d'Istiklal, montrant une jeune femme en pantalon de treillis, coiffée d'un ample foulard noir, qui s'enfuit en courant dans la foule. 

M. Soylu a donné un tour diplomatique à la crise lundi en affirmant que la Turquie "rejetait" les condoléances des Etats-Unis qui "soutiennent les terroristes" de Kobané. 

Lundi, l'avenue d'Istiklal, principale artère piétonne d'Istanbul qui avait été fermée après l'explosion, était totalement rouverte au public. 

Mais tous les bancs de l'avenue -- entièrement pavoisée lundi du drapeau rouge de la Turquie -- avaient été retirés. 

PKK et Otan 

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, dont les Etats-Unis et l'Union européenne, s'est rendu coupable par le passé de nombreux attentats sanglants sur le sol turc. 

Malgré les démentis, un haut responsable turc a indiqué à l'AFP que des éléments orientent vers "des unités au sein d'une organisation de jeunesse affiliée au PKK". 

En décembre 2016, un groupe radical proche du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), avait revendiqué un double attentat près du stade de foot de Besiktas, à Istanbul, qui avait fait 47 morts dont 39 policiers et 160 blessés. 

Le PKK est par ailleurs au coeur d'un bras de fer entre la Suède et la Turquie qui bloque depuis mai l'entrée de Stockholm, accusé de mansuétude envers le PKK, dans l'Otan. 

Ankara réclame l'extradition de plusieurs de ses membres. 

L'armée turque mène régulièrement des opérations transfrontalières, dans les zones montagneuses du nord de l'Irak notamment, pour poursuivre les combattants kurdes. 

Le mois dernier, des accusations relayées par l'opposition et des médias pro-kurdes, démenties par les autorités, ont évoqué l'emploi d'armes chimiques contre les combattants du PKK. Ceux-ci ont publié une liste de 17 noms, accompagnés de photos de personnes présentées comme des "martyrs" tués par des gaz toxiques. 


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
Short Url
  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Short Url
  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Défense civile de Gaza annonce cinq morts dans une frappe israélienne sur un abri

Vue générale des maisons détruites dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2025. (AFP)
Vue générale des maisons détruites dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Une frappe israélienne a touché une école servant d’abri à Gaza, faisant cinq morts selon la Défense civile; l’armée israélienne dit avoir visé des « suspects » et enquête sur les victimes
  • Le cessez-le-feu du 10 octobre reste fragile, avec des accusations mutuelles de violations, tandis que des médiateurs internationaux poussent vers une nouvelle phase du plan de paix

Gaza, Territoires palestiniens: La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi qu'une frappe israélienne sur une école transformée en abri pour personnes déplacées avait fait cinq morts, tandis que l'armée a affirmé avoir ouvert le feu sur des suspects.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que cinq corps avaient été retrouvés après un bombardement israélien sur l'Ecole des martyrs de Gaza, utilisée comme abri dans le quartier de Tuffah, dans l'est de la ville de Gaza.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que "pendant des opérations dans le secteur de la Ligne jaune dans le nord de la bande de Gaza, plusieurs individus suspects ont été repérés dans des structures de commandement à l'ouest de la Ligne jaune".

En vertu du cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas après deux ans de guerre, les forces israéliennes se sont retirées à l'est de cette ligne de démarcation.

L'armée a ajouté que des soldats avaient "tiré sur les individus suspects pour éliminer la menace" et dit être "au courant des allégations concernant des victimes", allégations qui sont "en cours d'examen".

L'armée "regrette tout dommage causé à des personnes non impliquées", a-t-elle ajouté.

Le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, basé sur le plan du président américain Donald Trump, reste fragile et les deux camps s'accusent mutuellement de violations.

L'émissaire américain Steve Witkoff devait participer à une réunion vendredi à Miami, en Floride, avec des représentants de la Turquie, du Qatar et de l'Egypte, médiateurs et garants de la trêve.

Les médiateurs appellent à présent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase du plan de paix, qui prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"Notre population attend de ces pourparlers que les participants s'accordent pour mettre fin aux excès israéliens et stopper toutes les violations", a déclaré à l'AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé jeudi qu'au moins 395 Palestiniens avaient été tués par des tirs israéliens depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Trois soldats israéliens ont également été tués dans le territoire depuis la trêve.

Israël attend encore le retour d'un dernier corps d'otage retenu à Gaza avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase de l'accord.