16 novembre, «Une journée particulière»

Des enfants des quartiers de Brooklyn et du Queens participent à un atelier sur l'immigration au Museum of Tolerance le 6 mai 2013 à New York. (Photo de JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Des enfants des quartiers de Brooklyn et du Queens participent à un atelier sur l'immigration au Museum of Tolerance le 6 mai 2013 à New York. (Photo de JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
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Publié le Mercredi 16 novembre 2022

16 novembre, «Une journée particulière»

16 novembre, «Une journée particulière»
  • Cette initiative de l’Unesco continue bon an mal an à mobiliser les consciences à travers le monde contre l’intolérance et ses différentes déclinaisons: le racisme, le sectarisme, le déni des droits humains
  • Si de nos jours, la journée du 16 novembre fait date surtout avec des événements sportifs ou culturels, elle marqua encore plus dans le passé l’histoire du monde…

16 novembre 1995 - 16 novembre 2022: cela fait vingt-sept ans que le monde est «invité» à fêter la «Journée internationale de la tolérance». En arabe: اليوم الدولي للتسامح ; en anglais: «International Day for Tolerance» ; en espagnol: «Día Internacional para la Tolerancia» ; en russe: «Международный день, посвященный терпимости».
Déclaration des principes: «La tolérance (…), c’est le respect et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains (…). Les peuples se caractérisent naturellement par leur diversité; seule la tolérance peut assurer la survie de communautés mixtes dans chaque région du globe» (1).

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Cette initiative de l’Unesco continue bon an mal an à mobiliser les consciences à travers le monde contre l’intolérance et ses différentes déclinaisons: le racisme, le sectarisme, le déni des droits humains. Une des plus célèbres commémorations, on la doit à la Norvège, dans la ville de Drammen, où se déroule depuis 2013 un Festival de bande dessinée pour la Tolérance universelle (2).
Mais, depuis des siècles, ce jour du 16 novembre est une date qui aura marqué et marque encore bien d’autres événements dans le monde, du plus symbolique au plus circonstanciel. Hasard de calendrier, rappelons qu’aujourd’hui même, 16 novembre 2022, à la date où paraît cette chronique, deux matches, dans le cadre de la préparation à la Coupe du monde, sont au programme: à Riyad, l’Arabie saoudite rencontrera la Croatie; la Tunisie, quant à elle, affrontera l’Iran – un match qui se jouera à huis-clos: selon Tunisie-Foot, la décision de ne pas diffuser la rencontre vient de la Fédération iranienne et «fait suite aux récents événements dans le pays». Ce même 16 novembre, la revue Mondes arabes présentera son premier numéro: «Comprendre les transformations des mondes arabes et musulmans» (3).

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Au passage, signalons cette curiosité: dans le calendrier chrétien, le 16 novembre est le jour de la Sainte-Marguerite. Un dicton populaire dit: «À la Sainte-Marguerite, forte pluie est maudite mais l'hiver arrive vite.» Or, sinistre coïncidence, c’est dans un pays musulman que ce dicton trouva l’an dernier, et encore un 16 novembre, une tragique illustration: ce jour-là, le 16 novembre 2021, des pluies diluviennes (8 millions de m3 d’eau!) et des tempêtes de poussière dévastèrent la province d’Assouan, en Égypte, drainant avec elles une invasion de scorpions, «venus trouver refuge dans les rues et les maisons des villes» (4), et faisant quatre victimes parmi les habitants… Quand on sait que, pour les astrologues, le 16 novembre se situe au 25e jour du signe du Scorpion, voilà bien de quoi troubler les esprits les plus rationalistes, non?
Dans un autre registre, le 16 novembre 2001, à Londres, sortie du film Harry Potter à l’école des sorciers. En 1922, toujours un 16 novembre, naquit le Portugais José Saramago, Nobel de littérature en 1998. Bien d’autres naissances marquèrent d’autres «16 novembre», comme celle, en 1930, de l’écrivain nigérian Chinua Achebe ; ou celle, en 1971, à Ifrane, du footballeur marocain Mustapha Hadji, «Ballon d’or africain» (1998).

Si de nos jours, la journée du 16 novembre fait date surtout avec des événements sportifs ou culturels, elle marqua encore plus dans le passé l’histoire du monde… Ainsi, plus près de nous, le 16 novembre 2019, est désormais connu comme la date du cas «zéro» de la pandémie de Covid-19 (à Wuhan, en Chine centrale). Sans remonter aux calendes grecques (sic), il y a plus d’un siècle, le 16 novembre 1917, en France, Georges Clemenceau, surnommé «Le Tombeur des ministères» (dont celui de Jules Ferry), fut réélu président du Conseil. C’est encore un 16 novembre (1943) que fut arrêté Missak Manouchian, le chef du célèbre groupe des FTP-MOI (Les Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée), unités de la Résistance contre l’occupant nazi en France).
Toujours en France, le 16 novembre 1944, à Colombier-Fontaine (Bourgogne-Franche-Comté), la rue du 16-Novembre-1944, qui s’appelait auparavant «rue du Cimetière», fait référence à la libération de la ville, occupée jusqu’alors par les troupes allemandes, comme il est dit dans ce témoignage, désabusé: «Le 16, personne ne se trouvait là pour acclamer les soldats qui venaient délivrer le pays, pas une fille pour un petit baiser à ces fantassins fourbus et gelés (…) Personne» (5).
Le 16 novembre 1945, sept mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, fut créée l’Unesco. Et c’est toujours un 16 novembre, de l’année 1948, que le Conseil de sécurité des Nations unies signa un document fatidique, sur la Palestine: la «Résolution 62», émanation du monde dit «libre» qui tint ainsi à corriger une «injustice» en commettant une autre «injustice», laquelle, depuis trois quarts de siècle, attend toujours réparation. Sept ans plus tard, le 16 novembre 1955, le roi Mohammed V rentra au pays, après un exil forcé qui le tint, durant plus de deux ans, éloigné de son pays, après avoir été «déposé» le 20 janvier 1953 par la France coloniale… L’événement fut si important dans l’histoire du pays que ce jour du «16 novembre» a donné son nom à des rues, des boulevards ou des places dans une dizaine de villes du royaume…
En Algérie, c’est encore un 16 novembre (1995) qui fit la une des journaux: le général à la retraite Liamine Zeroual fut élu président de la République, sur un taux de participation qui laissa les commentateurs sans voix: malgré les menaces des GIA (Groupes islamistes armés), trois électeurs sur quatre s’étaient rendus aux urnes, donnant ainsi la victoire au candidat Zeroual (61%) contre le candidat des Frères musulmans (25%).
Ainsi, voilà une journée bien particulière, en effet, qui aura marqué durant tant d’années l’histoire de notre monde, et ce, dans tous les domaines, se jouant parfois même des aléas de la nature…

(1) Source: Nations unies.
(2) http://universaltolerance.org/en/what-we-do/articles/item/154-the-first-international-universal-tolerance-cartoon-festival
(3) Cf. https://www.aplv-languesmodernes.org/
(4) https://t.co/Q7I6gjwmHH - https://www.sudouest.fr/redaction/insolite/egypte-des-pluies-torrentielles-provoquent-une-invasion-de-scorpions-500-personnes-piquees-6968513.php
(5) Évacuation de 1944, d'après un texte de M. Ernest Herzog, juillet 2000: https://www.colombierfontaine.fr/evacuation-de-1944-111.html#

Salah Guemriche, essayiste et romancier algérien, est l’auteur de quatorze ouvrages, parmi lesquels Algérie 2019, la Reconquête (Orients-éditions, 2019); Israël et son prochain, d’après la Bible (L’Aube, 2018) et Le Christ s’est arrêté à Tizi-Ouzou, enquête sur les conversions en terre d’islam (Denoël, 2011).

Twitter: @SGuemriche

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.