Le Sommet de Riyad joue un rôle clé dans la reprise

L’envoyé de Pékin a déclaré que l’ordre du jour du sommet correspondait aux opportunités et aux défis auxquels tous les pays étaient confrontés. (Shutterstock)
L’envoyé de Pékin a déclaré que l’ordre du jour du sommet correspondait aux opportunités et aux défis auxquels tous les pays étaient confrontés. (Shutterstock)
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Publié le Vendredi 13 novembre 2020

Le Sommet de Riyad joue un rôle clé dans la reprise

  • Entre la Chine et le Royaume, il y a un consensus large et approfondi sur les principaux thèmes de ce sommet
  • En cette époque de mondialisation, les pays doivent s’unir et partager un destin commun, tandis que les problèmes de sécurité créent constamment de nouveaux défis

RIYAD: L’ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing, a souligné l’importance pour l’Arabie saoudite d’accueillir le G20 pour la première fois: « Les États arabes forment une partie importante de la communauté internationale, et le Royaume a une grande influence internationale et régionale en étant le seul membre arabe du G20. »

Chen Weiqing a déclaré que la Chine appréciait le rôle important que joue le Royaume dans les affaires internationales et la gouvernance mondiale en assurant la présidence du G20, ainsi que le travail qu’il a accompli pour coordonner la lutte internationale contre la Covid-19 et stabiliser l’économie mondiale.

« Nous sommes disposés à renforcer la coopération entre la Chine et le Royaume et à travailler avec les États arabes pour intensifier le dialogue, renforcer la synergie stratégique, mener une coopération trilatérale et multilatérale pour bâtir la relation sino-arabe sur l’objectif d’un avenir commun et parvenir à un développement mutuel », a déclaré Chen Weiqing à Arab News

Il a indiqué qu’en cette époque de mondialisation, les pays doivent s’unir et partager un destin commun, tandis que les problèmes de sécurité traditionnels et non traditionnels créent constamment de nouveaux défis.

« La pandémie de Covid-19 a posé des défis sans précédent au monde, nous faisant prendre conscience que la gouvernance mondiale, en particulier les problèmes et les faiblesses de la santé publique, nécessite des efforts concertés de la communauté internationale. »

Chen Weiqing a souligné l’importance de l’économie pour répondre à la crise mondiale et de gouvernance économique. « Les membres du G20 rassemblent les principales économies développées et émergentes, représentant environ les deux tiers de la population humaine, 86% du produit intérieur brut et 80% du commerce mondiaux. Quant à la gouvernance publique, le G20 devrait refléter la capacité de coordination internationale. »

« Dans les circonstances actuelles, le Sommet du G20 à Riyad, qui revêt une importance particulière, assume la mission importante de sortir le monde du brouillard de la pandémie à court terme et de parvenir à un développement inclusif, équilibré et durable pour l’économie et la société. »

Chen Weiqing a salué les efforts du Royaume pour diriger le G20 cette année, en particulier pendant la pandémie mondiale. « Depuis le début de cette année, le G20 a tenu plus de 100 réunions ministérielles et de groupes de travail, mené des discussions approfondies entre les pays membres sur des questions telles que la protection de la vie et de la santé et le rétablissement de la croissance économique, et pris rapidement des mesures sans précédent. »

« Nous apprécions l’attitude hautement responsable du Royaume ainsi que son organisation professionnelle et efficace et son travail de coordination en tant que présidence du G20 », a-t-il ajouté.

Chen Weiqing s’attend à ce que le sommet du G20 à Riyad débouche sur une série de résultats qui combineront les efforts internationaux pour lutter contre la Covid-19 avec la promotion de la reprise économique mondiale.

Il a déclaré que le sommet « enverra un signal de solidarité et de coopération au monde, réitérera notre engagement solennel à soutenir le multilatéralisme et la mondialisation économique, prônera notre esprit de consultation approfondie, de contribution conjointe et d’avantages partagés. Le sommet nous fera également travailler ensemble pour faire progresser la gouvernance mondiale post-pandémie et construire conjointement une communauté avec un avenir commun pour l’humanité, réaliser le développement et la prospérité communs et faire profiter à tous des opportunités du XXIe siècle. »

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L’ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing 

Le diplomate chinois a déclaré que les ordres du jour du sommet étaient conformes à la tendance actuelle du développement mondial et aux opportunités et défis auxquels tous les pays sont confrontés. « Ils montrent également une voie claire pour renforcer la démocratie dans les relations internationales et la gouvernance mondiale. »

L’autonomisation des personnes, la sauvegarde de la planète et la création de nouvelles frontières, qui font partie de l’ordre du jour, sont très importantes, a-t-il ajouté.

Les femmes et les jeunes sont des éléments importants de l’économie et de la société, et l’Arabie saoudite est un pays dans lequel les jeunes constituent la majorité de la population. Le gardien des Deux Saintes Mosquées, le roi Salmane, a déclaré: « Les femmes représentent la moitié de la société. » Ses paroles sont en accord avec la Déclaration de Beijing de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes il y a vingt-cinq ans.

Sur le thème de la sauvegarde de la planète, l’ambassadeur a indiqué que tous les pays devenaient de plus en plus une communauté avec un avenir commun. « Nous espérons travailler avec toutes les parties pour construire un monde ouvert, inclusif, propre et beau, qui jouit d’une paix durable, d’une sécurité universelle et d’une prospérité commune. »

L’envoyé de Pékin a aussi déclaré que le Royaume avait façonné de nouvelles frontières en accueillant la Conférence sur l’initiative pour l’investissement futur et le Sommet mondial sur l’intelligence artificielle. « L’Arabie saoudite s’est engagée dans le développement durable grâce à l’innovation et à la diversification, reflétant la nature stratégique et tournée vers l’avenir de la Vision 2030 saoudienne. »

« Entre la Chine et le Royaume, il y a un consensus large et approfondi sur les principaux thèmes de ce sommet. Les agendas indiquent la direction de la réalisation d’un développement économique et social durable et apportent des solutions aux difficultés communes auxquelles est confrontée la société humaine », a-t-il insisté.

Alors que l’économie mondiale commence à se redresser, elle le fait de manière inégale, selon Chen Weiqing. Il avertit que le monde est témoin d’un unilatéralisme croissant, d’un protectionnisme, d’une incertitude énorme et de risques de récession croissants. Pour faire face à ces défis, les membres du G20 doivent travailler ensemble pour diriger la reprise de l’économie mondiale.

« Premièrement, nous devons approfondir notre coopération pour maintenir la stabilité et la liberté des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales. Nous devons également aider les pays en développement et les pays les moins avancés à construire une communauté mondiale de la santé pour tous. »

Le taux de croissance du PIB chinois en 2019 était de 6,11%, une baisse de 0,64% par rapport à 2018.

« Deuxièmement, nous devons rester fermes pour sauvegarder le système commercial multilatéral, soutenir le multilatéralisme et nous opposer au protectionnisme et à l’unilatéralisme, en respectant ainsi les valeurs fondamentales et les principes fondamentaux de l’OMC. »

« Troisièmement, nous devons aboutir au consensus de toutes les parties pour promouvoir la libéralisation et la facilitation du commerce et des investissements, en donnant une nouvelle impulsion à la croissance économique mondiale », a-t-il indiqué.

Le diplomate a déclaré que la pandémie avait frappé le marché du travail, en particulier pour les jeunes, les femmes et les handicapés. Dans le même temps, de nouvelles industries et formes d’entreprise soutenues par l’économie numérique, l’IA et le télétravail se développent rapidement, créant de nouvelles industries et de nouveaux emplois.

« Nous appelons toutes les parties à intensifier le dialogue et la consultation pour garder des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales stables, et à faire des efforts conjoints pour créer de nouvelles formes d’entreprise et de nouveaux emplois, dans le but de stabiliser le marché mondial du travail. »

Chen Weiqing précise que la Chine et l’Arabie saoudite sont de bons partenaires dans la construction d’un nouveau type de relations internationales, d’une économie mondiale ouverte et d’un environnement de développement pacifique entre les régions. « Nos deux pays avons maintenu une coordination et une coopération solides à long terme sur les grandes affaires régionales et internationales », a-t-il déclaré.

« Les deux pays travaillent ensemble pour lutter contre la Covid-19, ce qui a renforcé les relations bilatérales dans le cadre d’un lien commun. La coopération bilatérale n’a pas été interrompue en raison de la pandémie, mais elle s’est étendue à de nouveaux domaines tels que les soins de santé et les études géologiques, sur la base d’une coopération dans des domaines traditionnels tels que l’énergie. »

Il affirme que la Chine apprécie le rôle important du G20 et sa contribution à la construction d’un consensus international, à la solidarité contre la Covid-19 et à la promotion de la reprise économique mondiale sous la coordination de la présidence saoudienne du G20.

« Nous sommes impatients de travailler avec les membres du G20 pour jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance mondiale, soutenir la mondialisation économique et le système multilatéral international, aider les organisations internationales, telles que l’ONU et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à jouer un rôle majeur, améliorer les outils politiques, renforcer la surveillance des risques pandémiques et économiques et renforcer notre capacité à répondre aux crises. »

Chen Weiqing déclare que le sommet de cette année est un événement historique qui « montre à la communauté internationale l’image d’un Royaume confiant, inclusif, ouvert et prospère ».

Il ajoute: « Nous pensons que, sous la direction du roi Salmane et du prince héritier Mohammed ben Salmane, le Royaume continuera de progresser à mesure que les résultats du sommet sont mis en œuvre et la Vision 2030 saoudienne promue. »

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Kering vend sa beauté à L'Oréal pour se relancer

Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement. (AFP)
Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement. (AFP)
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  • L'information avait été dévoilée samedi par le Wall Street Journal: Kering cède au numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal sa division beauté, créée en 2023 avec notamment l'achat de la marque de parfums de luxe Creed pour 3,5 milliards de dollars
  • La cession, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, est saluée par les marchés à l'ouverture de la Bourse de Paris lundi, où l'action Kering gagnait plus de 5% dans les premiers échanges

PARIS: Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement.

L'information avait été dévoilée samedi par le Wall Street Journal: Kering cède au numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal sa division beauté, créée en 2023 avec notamment l'achat de la marque de parfums de luxe Creed pour 3,5 milliards de dollars.

La réalisation de l'opération est prévue au premier semestre 2026.

La cession, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, est saluée par les marchés à l'ouverture de la Bourse de Paris lundi, où l'action Kering gagnait plus de 5% dans les premiers échanges.

L'accord comprend également "l'établissement des licences de 50 ans pour les marques iconiques de Kering" (Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga), L'Oréal possédant déjà depuis 2008 la licence Yves Saint Laurent.

Le partenariat inclut "les droits de conclure un accord de licence exclusif d'une durée de cinquante ans pour la création, le développement et la distribution des produits parfum et beauté de Gucci, démarrant après l'expiration de la licence actuelle avec Coty, dans le respect des obligations du groupe Kering au titre de l'accord de licence existant".

Selon une note des analystes de HSBC, la licence arrive à expiration chez l'américain Coty en 2028.

Il est également inclus un "partenariat exclusif, prévu sous la forme d'une co-entreprise à 50/50, qui permettra de créer des expériences et des services combinant les capacités d'innovation de L'Oréal et la connaissance approfondie des clients du luxe de Kering".

"L'ajout de ces marques extraordinaires complète parfaitement notre portefeuille existant et élargit considérablement notre présence dans de nouveaux segments dynamiques de la beauté de luxe (...) Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga sont toutes des marques de couture exceptionnelles qui présentent un énorme potentiel de croissance", déclare le directeur général de L'Oréal, Nicolas Hieronimus, cité dans le communiqué.

"Etape décisive pour Kering"

"Cette alliance stratégique marque une étape décisive pour Kering", déclare son directeur général, Luca de Meo, cité dans le communiqué, "ce partenariat nous permet de nous concentrer sur ce qui nous définit le mieux : notre puissance créative et l'attractivité de nos Maisons".

Cette annonce survient un mois seulement après l'entrée en fonction de Luca de Meo, chargé de redresser le groupe malmené depuis plusieurs années par les difficultés de sa marque phare Gucci, qui assure à elle seule 44% du chiffre d'affaires et les deux tiers de la rentabilité opérationnelle mais n'en finit pas de traverser une mauvaise passe.

"Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s'impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques", avait déclaré Luca de Meo le jour de sa nomination le 9 septembre. .

"Le nouveau directeur général de Kering semble déjà vouloir marquer les esprits. Luca de Meo a déclaré que le redressement du bilan constituait une priorité, et qu'une vente de la division beauté permettrait de réduire significativement l'endettement" du groupe, retient lundi Adam Cochrane, analyste de Deutsche Bank.

Kering a annoncé en juillet une chute de 46% de son bénéfice net au premier semestre, à 474 millions d'euros, un plongeon de 16% de son chiffre d'affaires, à 7,6 milliards d'euros, et un endettement de 9,5 milliards d'euros.

Cette vente à L'Oréal devrait permettre au groupe de diminuer sa dette. Les 4 milliards d'euros seront "payables en numéraire à la réalisation de l'opération prévue pour le premier semestre 2026", précise le communiqué.

L'Oréal versera également des redevances à Kering pour l'utilisation des marques sous licence.

L'Oréal a de son côté publié en juillet un chiffre d'affaires semestriel en hausse de 1,6% à 22,47 milliards. Les ventes semestrielles de sa division luxe ont progressé de 1% à plus de 7,65 milliards d'euros.

Le groupe de cosmétiques a également été cité en septembre dans le testament de Giorgio Armani, qui a demandé à ses héritiers de céder à moyen terme son empire à un géant comme LVMH, L'Oréal ou EssilorLuxottica.

L'Oréal possède la licence Armani pour les parfums et cosmétiques depuis 1988.


L’intelligence artificielle, levier d’émancipation pour les femmes selon la directrice de la DCO

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
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  • Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures
  • Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré

PARIS: Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures numériques, de renforcer la coopération internationale et d’intégrer cette technologie au cœur des stratégies nationales de développement.

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. »

« On voit de plus en plus de femmes s’intéresser à l’IA et aux algorithmes dans différents domaines ; il faut s’en saisir comme d’une opportunité », souligne El Haddaoui, dont l’organisation, fondée à Riyad en 2020, regroupe 16 États membres et compte plus de 40 partenaires issus des secteurs technologique et financier.

Œuvrant essentiellement autour de deux axes stratégiques — la résilience technologique et la prospérité numérique —, la DCO s’est vu accorder un siège d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies en 2022.

L’accès à l’intelligence artificielle n’est cependant pas uniforme à l’échelle mondiale, plaide El Haddaoui, dont l’organisation œuvre pour l’inclusivité numérique et technologique.
« Non, il n’y a pas d’égalité entre les pays, affirme-t-elle sans détour. Certains ont énormément investi dans l’IA et disposent des ressources nécessaires, tandis que d’autres en sont encore loin. »

Elle insiste sur l’importance de la coopération régionale pour réduire ces écarts : « Il faut échanger les bonnes pratiques et, surtout, soutenir les pays en retard par de grands investissements », souligne-t-elle, rappelant que « certains pays n’ont même pas la 5G, ce qui rend toute avancée en IA très difficile ».

Pour elle, la réduction de cette fracture nécessite des partenariats solides entre États, des échanges d’expériences et un appui financier ciblé, afin « de permettre à davantage de pays d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs priorités nationales ».

Cependant, les disparités ne sont pas seulement internationales, souligne El Haddaoui : elles sont également internes, car « dans certains pays, les zones rurales n’ont même pas accès à Internet, alors que d’autres régions abritent des hubs d’innovation très avancés », observe-t-elle.

Cette fracture numérique interne constitue, selon elle, un défi majeur. La solution passe par une stratégie globale d’éducation et d’inclusion : « Il faut prendre en compte l’éducation dès le plus jeune âge, développer des applications accessibles dans les langues locales et former les talents nationaux pour diffuser les connaissances liées à l’IA au sein même du pays. »

Ce n’est qu’une fois ces bases posées que la réduction de la fracture pourra s’étendre aux niveaux régional et mondial.

Interrogée sur le risque de voir le financement de l’IA se faire au détriment d’autres secteurs essentiels, El Haddaoui se veut rassurante : « Si l’intelligence artificielle est intégrée dans la stratégie numérique nationale et appliquée à tous les secteurs — santé, finance, économie ou éducation —, elle ne concurrence pas les autres investissements, elle les renforce », explique-t-elle.

Elle met toutefois en garde contre une approche sectorielle trop étroite : « Dans les pays où l’investissement est concentré uniquement sur l’IA sans vision transversale, le risque existe. Il ne faut pas répéter les erreurs commises lors de la transformation digitale dans certaines régions. L’IA doit être pensée comme une stratégie cross-industry, présente dans tous les secteurs et non en silo. »

Pour cette raison, ajoute-t-elle, la DCO travaille avec de nombreux États membres, dont le Maroc : « Nous sommes présents sur le terrain dans plusieurs pays membres afin d’accompagner le développement numérique local », précise-t-elle.


La ministre de la transition numérique marocaine: l’IA une opportunité pour l’émancipation des femmes

L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
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  • Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies
  • En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés

PARIS: L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail.
C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, qui voit dans cette technologie une opportunité majeure pour réduire les fractures sociales et économiques, à condition de s’y préparer dès maintenant.

Nommée ministre en 2024, Seghrouchni est une pionnière de l’intelligence artificielle. Elle est même décrite par certains comme « l’Elon Musk du Maroc », mais elle se distingue de ce dernier par son engagement éthique et son attachement à l’inclusion et à la justice sociale liées à l’avènement des nouvelles technologies.
Dans le cadre de ses fonctions et responsabilités, elle poursuit sa quête d’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, au profit de tous.

Présente à Paris à l’occasion de la 16ᵉ édition des Rencontres économiques, organisées par l’Institut du monde arabe, la ministre a insisté, en réponse à Arab News en français, sur la nécessité d’intégrer les femmes dans cette révolution technologique.
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée dans tous les secteurs de la vie professionnelle : la santé, l’agriculture, l’art, la culture, le droit ou encore la fintech », indique-t-elle. « Et si les femmes maîtrisent l’intelligence artificielle, elles peuvent accéder à un marché de l’emploi beaucoup plus vaste. »

Selon la ministre, l’IA permet aux femmes d’améliorer leur productivité et d’accéder à des ressources jusqu’ici moins accessibles, comme la traduction automatique, les calculs complexes ou la recherche d’informations ciblées : « autant d’usages concrets qui peuvent faciliter leur insertion professionnelle ».
Elle met également en avant le potentiel des outils d’IA pour les femmes entrepreneures, dirigeant des petites ou moyennes entreprises, qui peuvent ainsi s’appuyer sur le commerce électronique pour dépasser les limites des marchés locaux.
« Il existe aujourd’hui des plateformes qui permettent aux femmes d’accéder à un marché global grâce à l’intelligence artificielle », explique-t-elle.

La formation à l’IA représente un investissement, concède la ministre, mais celui-ci reste accessible et rentable. De nombreux programmes, soutenus par des organisations internationales ou des initiatives nationales, visent à réduire cette barrière financière.
« Nous avons lancé un programme qui s’appelle Elevate pour le commerce électronique : il aide gratuitement des femmes à accéder à ces plateformes », précise-t-elle. Et même si certaines formations sont payantes, les coûts restent modérés « au regard du retour sur investissement potentiel ».

La ministre reconnaît cependant l’existence de plusieurs niveaux de fracture : alphabétisation, numérique, et désormais intelligence artificielle.
Mais elle estime que « la question n’est pas de savoir s’il va y avoir une fracture, mais si nous allons pouvoir maîtriser ces technologies pour ne pas rester sur le bord du chemin », car il ne s’agit pas de subir ces transformations, mais « de les utiliser comme leviers de réduction des inégalités ».

Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies. En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés.
Le pays a lancé des plateformes de formation, un programme de soutien aux start-up, ainsi qu’un vaste réseau d’instituts de recherche et de développement baptisé Jazari.

« Rien n’arrive tout seul », rappelle la ministre. « Le coût est là, mais aussi la volonté d’apporter les moyens humains, financiers et techniques nécessaires. C’est un grand chantier que nous voulons mener à bien, avec la détermination des femmes à monter dans ce que j’appelle le train de l’IA. »

La métaphore est claire : l’intelligence artificielle avance rapidement, et il faut savoir monter à bord au bon moment. En misant sur la formation, l’accès aux outils et l’accompagnement des femmes, la ministre entend faire de l’IA non pas une nouvelle ligne de fracture, mais une voie d’émancipation et d’ouverture.