A la veille de la clôture, intenses négociations à la COP27 sur les finances

Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse lors de la conférence sur le climat COP27 (Photo, AFP).
Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse lors de la conférence sur le climat COP27 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 novembre 2022

A la veille de la clôture, intenses négociations à la COP27 sur les finances

  • Les pays pauvres sont peu responsables des émissions de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement mais souvent très exposés aux conséquences de celui-ci
  • La présidence de la COP égyptienne devait de son côté publier dans la nuit ou vendredi un projet de déclaration finale

CHARM EL CHEIKH: Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé jeudi les pays rassemblés à la COP27 à trouver "un accord ambitieux et crédible" sur la compensation des ravages provoqués par le changement climatique, un sujet brûlant sur lequel butent les négociations, à un jour de la fin prévue de la conférence sur le climat.

"La manière la plus efficace de reconstruire la confiance est de trouver un accord ambitieux et crédible sur les pertes et préjudices et le soutien financier aux pays en développement", a-t-il déclaré en Egypte, à son retour du G20 à Bali. "Nous avons besoin d'action".

Les pays pauvres, peu responsables des émissions de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement mais souvent très exposés aux conséquences de celui-ci, réclament un accord dès la conférence de Charm el-Cheikh sur la création d'un mécanisme financier spécifiquement dédié à ces dommages. Mais les pays riches y sont très réticents.

L'Union Européenne a toutefois fait une ouverture lors d'une séance plénière tard jeudi soir, proposant "d'établir un fonds de réponse aux pertes et dommages", tout en insistant pour que la COP27 prenne aussi des engagements forts sur la réduction des émissions.

Ce fonds devrait être financé par "une large base de donateurs", a insisté le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Un mot-clé pour désigner les pays aux moyens financiers conséquents, parmi lesquels donc la Chine, alliée des pays en développement sur ce dossier.

Ce fonds ne serait en outre qu'un élément d'une "mosaïque" de financements à élaborer. Et seuls les pays "très vulnérables" pourraient en bénéficier.

Le représentant du Pakistan, Nabil Munir, qui assure la présidence du puissant groupe de négociation G77+Chine (plus de 130 pays en développement), a qualifié l'offre européenne de "nouvelle positive". Il a toutefois estimé que "beaucoup de divergences demeurent".

Le délégué de la Chine, premier émetteur mondial et deuxième puissance économique, s'est exprimé sans commenter la proposition européenne.

Les Etats-Unis, dont l'opposition à un fonds dédié est connue, n'ont pas pris la parole.

Une proposition de résolution sur les pertes et dommages a par la suite été publiée par les "facilitateurs" sur ce dossier. Elle liste trois options, dont une assez semblable à l'offre européenne. Une autre pourrait à terme déboucher sur un fonds, une dernière évoque seulement un renforcement des financements.

Le sujet des pertes et préjudices est rendu plus sensible encore par la multiplication des événements extrêmes dévastateurs, illustrée par le cortège d'inondations, sécheresses ou incendies géants de l'année en cours.

Les discussions financières se déroulent dans un contexte de grande méfiance, les pays riches n'ayant par ailleurs jamais tenu un engagement de 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an les financements aux pays pauvres pour l'adaptation au dérèglement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Milliers de milliards
Les sommes pour l'instant sur la table pour ces différents secteurs sont dérisoires par rapport aux besoins estimés, qui se chiffrent selon les experts en milliers de milliards.

La présidence de la COP égyptienne devait de son côté publier dans la nuit ou vendredi un projet de déclaration finale.

Un premier brouillon ne faisait que lister diverses propositions, notamment un rappel de l'objectif de limiter si possible le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Le brouillon soulignait également que les engagements actuels de diminution des rejets de gaz à effet de serre des différents pays sont loin de permettre de tenir cet objectif, appelant une nouvelle fois à les relever. Selon les analyses de l'ONU, les engagements actuels permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4°C d'ici à la fin du siècle.

Le sort réservé aux énergies fossiles sera également très surveillé. Plusieurs pays souhaiteraient voir mentionner un objectif de réduction du recours au pétrole et au gaz. Une mention semblable pour le charbon avait été in extremis atténuée lors de la dernière COP à Glasgow.

Une fois les différents projets de résolutions publiés, d'intenses négociations s'engageront avant un éventuel accord, qui doit se faire par consensus. La conférence doit théoriquement s'achever vendredi, mais les COP se poursuivent en général au delà des délais prévus.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.