80 ans, et maintenant? Biden fête un anniversaire loin d'être seulement symbolique

Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide. (AFP).
Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide. (AFP).
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Publié le Samedi 19 novembre 2022

80 ans, et maintenant? Biden fête un anniversaire loin d'être seulement symbolique

  • Joe Biden accuse indéniablement ses 80 années, et il encaisse avec une résistance incontestable une charge exténuante
  • La Maison Blanche n'a jusqu'ici pas dévoilé de projet particulier de célébration, et prépare plutôt le mariage, samedi, d'une petite-fille de Joe Biden

WASHINGTON : Jamais encore un président américain en exercice n'avait soufflé 80 bougies: Joe Biden fête dimanche un anniversaire loin d'être seulement symbolique, surtout avec son intention, affichée, de se représenter en 2024.

La Maison Blanche n'a jusqu'ici pas dévoilé de projet particulier de célébration, et prépare plutôt le mariage, samedi, d'une petite-fille de Joe Biden.

L'intéressé, lui, prend le parti d'en rire. "Je n'arrive même pas à dire quel âge je vais avoir", a-t-il blagué sur la chaîne MSNBC. "Je n'arrive pas à sortir les mots de la bouche".

Aux questions désormais insistantes sur son âge et sur le manque d'enthousiasme des Américains pour une nouvelle candidature, il répond immanquablement: "Regardez-moi" à l'oeuvre.

Or, pour qui le regarde, deux constats coïncident: Joe Biden accuse indéniablement ses 80 années, et il encaisse avec une résistance incontestable une charge exténuante.

Apte

Il y a un an, un bilan médical poussé n'avait trouvé que quelques maux bénins, concluant qu'il était "apte" à remplir sa fonction.

Cet homme longiligne ne fume pas, ne boit pas, fait du sport, et n'a pas eu de souci de santé majeur depuis une opération du cerveau en 1988.

Une étude publiée en 2020 par l'université de l'Illinois le classe même parmi les "champions du vieillissement", ces personnes qui, pour des raisons socio-économiques, d'hygiène de vie et d'hérédité, vieillissent mieux que la moyenne. Les chercheurs lui attribuaient même une espérance de vie théorique de près de 97 ans...

Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide.

Il s'en va souffler chaque weekend ou presque dans sa maison de famille; et sur certaines photos de famille internationales, avec d'autres dirigeants beaucoup plus jeunes tels que le président français Emmanuel Macron ou le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain a des allures de patriarche.

Les statistiques sont implacables: avec le nombre des années augmente le risque de déclin cognitif, de maladie, ou de séquelles après un accident même bénin.

Les moments de confusion et les problèmes d'élocution de cet ancien bègue sont tous répertoriés. Les républicains en font leur miel, à coups de montages vidéo et tweets assassins.

Où est Jackie?

Il y a quelques semaines, la Maison Blanche n'a pas réussi à expliquer pourquoi, pendant un discours, le président s'était adressé à une parlementaire défunte comme si elle était présente dans la salle, en demandant: "où est Jackie?"

Mais au-delà même de l'ambition personnelle de Joe Biden, une puissante dynamique politique pousse à une nouvelle candidature.

C'est en effet l'usage qu'un président américain se représente après un premier mandat. Comme par exemple Ronald Reagan, réélu en 1984 à l'âge de 73 ans, en dépit, déjà, de débats sur son âge.

La candidature d'un président en exercice "économise une primaire coûteuse et contentieuse", analyse Rachel Bitecofer, stratège démocrate, et permet une campagne plus efficace.

Pourtant, dans les sondages, une nette majorité d'Américains rejette l'idée d'une nouvelle candidature.

Une campagne "Don't run Joe"("Ne te présente pas Joe") a été lancée par une association représentant l'aile progressiste du parti démocrate, RootsAction, avec cet argument: "Un président n'est pas le roi de son parti et il n'a aucun droit automatique à la nomination".

Et la question se pose aussi de la capacité d'un président né pendant la Seconde guerre mondiale à mobiliser en 2024 les jeunes électeurs, ce même s'il a pris des initiatives qui leur sont favorables, sur la marijuana ou le financement des études.

Mais qui d'autre pour porter les couleurs du parti démocrate en 2024?

La vice-présidente Kamala Harris est peu populaire, d'autres démocrates en vue tels que le ministre des Transports Pete Buttigieg sont jugés trop inexpérimentés.

"S'il y a une candidature concurrente à celle d'un président en exercice, c'est généralement une tête brûlée, une très forte personnalité (...). Le plus évident ce serait Bernie Sanders", explique Robert Rowland, professeur de communication politique à l'université du Kansas.

Sauf que le sénateur socialiste du Vermont est lui-même "plus vieux que Biden", à 81 ans.

Biden, un optimiste dans la bataille pour «l'âme» de l'Amérique

Il se voit en général, obstiné à défaut d'être flamboyant, optimiste à défaut d'être charismatique, de la "bataille pour l'âme" tourmentée de l'Amérique: Joe Biden, 46e président des Etats-Unis, fête dimanche ses 80 ans.

Cette "bataille", il se décide à la mener en août 2017 après une parade de l'extrême droite dans les rues de Charlottesville (Virginie, sud).

Mais derrière le vocabulaire martial, et même après une campagne pleine de fureur contre Donald Trump, ce centriste acharné, indécrottable modéré, ne rêve que d'armistice.

"Aujourd'hui, ici et maintenant, prenons un nouveau départ", dit Joe Biden lors de son investiture, le 20 janvier 2021 sur les marches du Capitole. Ce même Capitole pris d'assaut, le 6 janvier, par des partisans déchaînés de l'ancien président républicain.

Joe Biden, plus vieux président jamais élu aux Etats-Unis, sait que l'Amérique est hantée par la violence: celle des inégalités sociales et raciales, celle des attaques politiques, celle des morts par overdose et des tueries par armes à feu.

Classe moyenne

Mais il répète, au risque de sonner parfois comme un disque rayé, qu'il n'a "jamais été aussi optimiste".

Une fois investi, Joe Biden ne lance pas de grande loi sur l'avortement, les armes, l'accès au droit de vote, quitte à décevoir cette jeunesse et cette communauté afro-américaine qui lui ont donné leurs voix.

Le président a une autre priorité: réveiller le rêve américain de la prospérité, du droit à la "quête du bonheur" de la Déclaration d'indépendance.

Persuadé que la démocratie se joue aussi dans les fins de mois difficiles, il veut "donner un peu d'air" et de "dignité" à la classe moyenne, à coups de lourdes dépenses sociales et de grands projets d'investissements.

Le président s'adresse à cet électorat inquiet face à la mondialisation, que Donald Trump, milliardaire né dans une famille fortunée, a su en partie séduire.

Joseph "Robinette" Biden Junior martèle qu'il est, lui, un enfant de cette fameuse "Middle class".

Irlandais

Né le 20 novembre 1942 à Scranton, Pennsylvanie (nord-est), le président américain a une lointaine ascendance française, mais préfère revendiquer ses racines irlandaises.

La famille n'est pas pauvre mais son père, entrepreneur, connaît des cahots financiers. Cela fournira à "Joey", aîné de quatre enfants, moult anecdotes pour ses discours.

Tout comme un job de maître-nageur dans un quartier à majorité noire le rendra attentif au sort des Afro-américains, qui joueront un rôle déterminant dans ses succès électoraux.

Joe Biden a coutume de plaisanter que dans son milieu, l'on devenait policier, pompier ou prêtre: "Je n'avais pas les compétences requises, alors me voilà".

Ce sera donc la politique, après des études de droit, et sans aller combattre au Vietnam - Joe Biden a bénéficié de dérogations pour poursuivre ses études, et pour raisons médicales.

Le jeune homme longiligne au large sourire devient en 1972, à 29 ans, sénateur des Etats-Unis pour le parti démocrate.

Drames

Mais un mois après l'élection, sa femme Neilia meurt dans un accident de voiture, avec leur fille encore bébé.

Leurs deux autres enfants, Beau et Hunter, sont blessés, et c'est à l'hôpital que le nouveau sénateur du Delaware prête serment. L'Amérique se souviendra de cette triste image en 2015, quand Joe Biden, ravagé de chagrin, enterre son aîné chéri Beau, mort d'un cancer du cerveau.

Ces tragédies intimes ont façonné un président qui, après une fusillade, après une catastrophe, se fait le "consolateur en chef", distribuant gestes et mots de réconfort.

Son empathie, sa bonhomie, mais aussi ses gaffes deviendront des marques de fabrique pendant ses trente-six années au Sénat, puis ses huit années comme vice-président de Barack Obama.

Il n'a ni le "cool" ni l'aisance oratoire de ce dernier, mais Joe Biden compense en obstination ce qui lui manque en charisme. Enfant, il a corrigé seul un bégaiement en récitant des poésies.

Trois fois, il part à l'assaut de la Maison Blanche. En 1988, la tentative tourne court à cause d'accusations de plagiat. La même année, il est opéré d'anévrismes au cerveau.

Obstination

Joe Biden rebondit, malgré des prises de positions controversées - dont son vote pour la guerre en Irak de 2003.

En 2008, nouvel essai, il devient vice-président.

Quand viendra son tour de choisir, il fera de Kamala Harris la première femme, et la première asiatique et afro-américaine vice-présidente.

Elu sur une promesse de retour à la normale après la pandémie et Donald Trump, Joe Biden se montre, en début de mandat, à la hauteur: l'Amérique vaccine en masse, son économie se remet à rugir, elle "est de retour" sur la scène internationale.

Le président cultive une image d'homme proche des soucis et des plaisirs ordinaires - avec une fortune personnelle se chiffrant tout de même en millions de dollars.

Joe Biden ne goûte ni le clinquant ni les dîners sophistiqués. Il aime la glace - de préférence vanille aux pépites de chocolat - et les voitures - de préférence les Corvette.

Avec sa seconde épouse Jill Biden, soutien indéfectible et mère de sa fille Ashley, il couve un clan recomposé.

Pour ses petits-enfants, il est "Pop", un grand-père affectueux. Pour son fils cadet, il se veut un père compréhensif. Passé tourmenté, anciennes addictions, Hunter Biden est une cible du camp conservateur, qui lui reproche d'avoir entretenu des relations d'affaires jugées douteuses en Ukraine et en Chine.

First Lady

Jill Biden, elle, poursuit son activité de professeure d'université, du jamais-vu pour une First Lady, tout en redonnant à la Maison Blanche l'allure d'un foyer américain parfait: un chien, un chat, une balançoire, des décorations traditionnelles pour Noël et Halloween.

Mais dès qu'il le peut, Joe Biden s'en échappe pour passer le week-end dans sa maison du Delaware. Souvent, il n'en sort que pour aller à la messe.

Ce catholique fervent - néanmoins défenseur du droit à l'avortement - trouve dans la foi un secours contre le désespoir intime et face aux cahots de la présidence, qui se succèdent à partir de l'été 2021.

Il y a d'abord un retrait chaotique d'Afghanistan, puis une poussée historique d'inflation, qui font décrocher durablement sa popularité.

La presse s'interroge de plus en plus sur son âge. La Maison Blanche publie en novembre 2021 un rapport médical détaillé, concluant que le président est "apte" à assurer ses exténuantes fonctions. Mais sa démarche est plus précautionneuse, les soucis d'élocution ressurgissent, il a des moments de confusion.

Joe Biden n'en orchestre pas moins la réponse occidentale face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et fait voter de gigantesques réformes, cherchant à positionner l'Amérique en chef de file des démocraties face à une Chine conquérante.

2024

Joe Biden pose ses jalons malgré un Congrès qu'il ne contrôle, les deux premières années, que d'un cheveu. Et en étant confronté à une Cour suprême ultra-conservatrice, héritage de son prédécesseur, qui dynamite en 2022 le droit constitutionnel à l'avortement.

Est-ce la déflagration provoquée par cette décision? Ou l'aversion que suscitent certains candidats radicaux, fidèles à un Donald Trump qui se prétend toujours vainqueur de la présidentielle de 2020? Toujours est-il qu'en novembre 2022, aux élections de mi-mandat, le parti républicain n'inflige pas à Joe Biden la cuisante défaite attendue.

Le président, tout ragaillardi bien qu'il ait perdu le contrôle de l'une des chambres du Congrès, assure alors: "L'avenir ne pourrait pas être plus éclatant" pour l'Amérique. Et pour lui?

Le démocrate a toujours dit avoir l'intention de se représenter en 2024, mais il se donne jusqu'à début 2023 pour décider s'il repart au combat pour sauver "l'âme" de l'Amérique. Ou au moins pour tenir cette promesse toute simple, du pur Joe Biden, faite en mars 2022 devant le Congrès américain.

"Tout ira bien", avait-t-il dit. "We are going to be okay."


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.