80 ans, et maintenant? Biden fête un anniversaire loin d'être seulement symbolique

Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide. (AFP).
Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide. (AFP).
Short Url
Publié le Samedi 19 novembre 2022

80 ans, et maintenant? Biden fête un anniversaire loin d'être seulement symbolique

  • Joe Biden accuse indéniablement ses 80 années, et il encaisse avec une résistance incontestable une charge exténuante
  • La Maison Blanche n'a jusqu'ici pas dévoilé de projet particulier de célébration, et prépare plutôt le mariage, samedi, d'une petite-fille de Joe Biden

WASHINGTON : Jamais encore un président américain en exercice n'avait soufflé 80 bougies: Joe Biden fête dimanche un anniversaire loin d'être seulement symbolique, surtout avec son intention, affichée, de se représenter en 2024.

La Maison Blanche n'a jusqu'ici pas dévoilé de projet particulier de célébration, et prépare plutôt le mariage, samedi, d'une petite-fille de Joe Biden.

L'intéressé, lui, prend le parti d'en rire. "Je n'arrive même pas à dire quel âge je vais avoir", a-t-il blagué sur la chaîne MSNBC. "Je n'arrive pas à sortir les mots de la bouche".

Aux questions désormais insistantes sur son âge et sur le manque d'enthousiasme des Américains pour une nouvelle candidature, il répond immanquablement: "Regardez-moi" à l'oeuvre.

Or, pour qui le regarde, deux constats coïncident: Joe Biden accuse indéniablement ses 80 années, et il encaisse avec une résistance incontestable une charge exténuante.

Apte

Il y a un an, un bilan médical poussé n'avait trouvé que quelques maux bénins, concluant qu'il était "apte" à remplir sa fonction.

Cet homme longiligne ne fume pas, ne boit pas, fait du sport, et n'a pas eu de souci de santé majeur depuis une opération du cerveau en 1988.

Une étude publiée en 2020 par l'université de l'Illinois le classe même parmi les "champions du vieillissement", ces personnes qui, pour des raisons socio-économiques, d'hygiène de vie et d'hérédité, vieillissent mieux que la moyenne. Les chercheurs lui attribuaient même une espérance de vie théorique de près de 97 ans...

Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide.

Il s'en va souffler chaque weekend ou presque dans sa maison de famille; et sur certaines photos de famille internationales, avec d'autres dirigeants beaucoup plus jeunes tels que le président français Emmanuel Macron ou le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain a des allures de patriarche.

Les statistiques sont implacables: avec le nombre des années augmente le risque de déclin cognitif, de maladie, ou de séquelles après un accident même bénin.

Les moments de confusion et les problèmes d'élocution de cet ancien bègue sont tous répertoriés. Les républicains en font leur miel, à coups de montages vidéo et tweets assassins.

Où est Jackie?

Il y a quelques semaines, la Maison Blanche n'a pas réussi à expliquer pourquoi, pendant un discours, le président s'était adressé à une parlementaire défunte comme si elle était présente dans la salle, en demandant: "où est Jackie?"

Mais au-delà même de l'ambition personnelle de Joe Biden, une puissante dynamique politique pousse à une nouvelle candidature.

C'est en effet l'usage qu'un président américain se représente après un premier mandat. Comme par exemple Ronald Reagan, réélu en 1984 à l'âge de 73 ans, en dépit, déjà, de débats sur son âge.

La candidature d'un président en exercice "économise une primaire coûteuse et contentieuse", analyse Rachel Bitecofer, stratège démocrate, et permet une campagne plus efficace.

Pourtant, dans les sondages, une nette majorité d'Américains rejette l'idée d'une nouvelle candidature.

Une campagne "Don't run Joe"("Ne te présente pas Joe") a été lancée par une association représentant l'aile progressiste du parti démocrate, RootsAction, avec cet argument: "Un président n'est pas le roi de son parti et il n'a aucun droit automatique à la nomination".

Et la question se pose aussi de la capacité d'un président né pendant la Seconde guerre mondiale à mobiliser en 2024 les jeunes électeurs, ce même s'il a pris des initiatives qui leur sont favorables, sur la marijuana ou le financement des études.

Mais qui d'autre pour porter les couleurs du parti démocrate en 2024?

La vice-présidente Kamala Harris est peu populaire, d'autres démocrates en vue tels que le ministre des Transports Pete Buttigieg sont jugés trop inexpérimentés.

"S'il y a une candidature concurrente à celle d'un président en exercice, c'est généralement une tête brûlée, une très forte personnalité (...). Le plus évident ce serait Bernie Sanders", explique Robert Rowland, professeur de communication politique à l'université du Kansas.

Sauf que le sénateur socialiste du Vermont est lui-même "plus vieux que Biden", à 81 ans.

Biden, un optimiste dans la bataille pour «l'âme» de l'Amérique

Il se voit en général, obstiné à défaut d'être flamboyant, optimiste à défaut d'être charismatique, de la "bataille pour l'âme" tourmentée de l'Amérique: Joe Biden, 46e président des Etats-Unis, fête dimanche ses 80 ans.

Cette "bataille", il se décide à la mener en août 2017 après une parade de l'extrême droite dans les rues de Charlottesville (Virginie, sud).

Mais derrière le vocabulaire martial, et même après une campagne pleine de fureur contre Donald Trump, ce centriste acharné, indécrottable modéré, ne rêve que d'armistice.

"Aujourd'hui, ici et maintenant, prenons un nouveau départ", dit Joe Biden lors de son investiture, le 20 janvier 2021 sur les marches du Capitole. Ce même Capitole pris d'assaut, le 6 janvier, par des partisans déchaînés de l'ancien président républicain.

Joe Biden, plus vieux président jamais élu aux Etats-Unis, sait que l'Amérique est hantée par la violence: celle des inégalités sociales et raciales, celle des attaques politiques, celle des morts par overdose et des tueries par armes à feu.

Classe moyenne

Mais il répète, au risque de sonner parfois comme un disque rayé, qu'il n'a "jamais été aussi optimiste".

Une fois investi, Joe Biden ne lance pas de grande loi sur l'avortement, les armes, l'accès au droit de vote, quitte à décevoir cette jeunesse et cette communauté afro-américaine qui lui ont donné leurs voix.

Le président a une autre priorité: réveiller le rêve américain de la prospérité, du droit à la "quête du bonheur" de la Déclaration d'indépendance.

Persuadé que la démocratie se joue aussi dans les fins de mois difficiles, il veut "donner un peu d'air" et de "dignité" à la classe moyenne, à coups de lourdes dépenses sociales et de grands projets d'investissements.

Le président s'adresse à cet électorat inquiet face à la mondialisation, que Donald Trump, milliardaire né dans une famille fortunée, a su en partie séduire.

Joseph "Robinette" Biden Junior martèle qu'il est, lui, un enfant de cette fameuse "Middle class".

Irlandais

Né le 20 novembre 1942 à Scranton, Pennsylvanie (nord-est), le président américain a une lointaine ascendance française, mais préfère revendiquer ses racines irlandaises.

La famille n'est pas pauvre mais son père, entrepreneur, connaît des cahots financiers. Cela fournira à "Joey", aîné de quatre enfants, moult anecdotes pour ses discours.

Tout comme un job de maître-nageur dans un quartier à majorité noire le rendra attentif au sort des Afro-américains, qui joueront un rôle déterminant dans ses succès électoraux.

Joe Biden a coutume de plaisanter que dans son milieu, l'on devenait policier, pompier ou prêtre: "Je n'avais pas les compétences requises, alors me voilà".

Ce sera donc la politique, après des études de droit, et sans aller combattre au Vietnam - Joe Biden a bénéficié de dérogations pour poursuivre ses études, et pour raisons médicales.

Le jeune homme longiligne au large sourire devient en 1972, à 29 ans, sénateur des Etats-Unis pour le parti démocrate.

Drames

Mais un mois après l'élection, sa femme Neilia meurt dans un accident de voiture, avec leur fille encore bébé.

Leurs deux autres enfants, Beau et Hunter, sont blessés, et c'est à l'hôpital que le nouveau sénateur du Delaware prête serment. L'Amérique se souviendra de cette triste image en 2015, quand Joe Biden, ravagé de chagrin, enterre son aîné chéri Beau, mort d'un cancer du cerveau.

Ces tragédies intimes ont façonné un président qui, après une fusillade, après une catastrophe, se fait le "consolateur en chef", distribuant gestes et mots de réconfort.

Son empathie, sa bonhomie, mais aussi ses gaffes deviendront des marques de fabrique pendant ses trente-six années au Sénat, puis ses huit années comme vice-président de Barack Obama.

Il n'a ni le "cool" ni l'aisance oratoire de ce dernier, mais Joe Biden compense en obstination ce qui lui manque en charisme. Enfant, il a corrigé seul un bégaiement en récitant des poésies.

Trois fois, il part à l'assaut de la Maison Blanche. En 1988, la tentative tourne court à cause d'accusations de plagiat. La même année, il est opéré d'anévrismes au cerveau.

Obstination

Joe Biden rebondit, malgré des prises de positions controversées - dont son vote pour la guerre en Irak de 2003.

En 2008, nouvel essai, il devient vice-président.

Quand viendra son tour de choisir, il fera de Kamala Harris la première femme, et la première asiatique et afro-américaine vice-présidente.

Elu sur une promesse de retour à la normale après la pandémie et Donald Trump, Joe Biden se montre, en début de mandat, à la hauteur: l'Amérique vaccine en masse, son économie se remet à rugir, elle "est de retour" sur la scène internationale.

Le président cultive une image d'homme proche des soucis et des plaisirs ordinaires - avec une fortune personnelle se chiffrant tout de même en millions de dollars.

Joe Biden ne goûte ni le clinquant ni les dîners sophistiqués. Il aime la glace - de préférence vanille aux pépites de chocolat - et les voitures - de préférence les Corvette.

Avec sa seconde épouse Jill Biden, soutien indéfectible et mère de sa fille Ashley, il couve un clan recomposé.

Pour ses petits-enfants, il est "Pop", un grand-père affectueux. Pour son fils cadet, il se veut un père compréhensif. Passé tourmenté, anciennes addictions, Hunter Biden est une cible du camp conservateur, qui lui reproche d'avoir entretenu des relations d'affaires jugées douteuses en Ukraine et en Chine.

First Lady

Jill Biden, elle, poursuit son activité de professeure d'université, du jamais-vu pour une First Lady, tout en redonnant à la Maison Blanche l'allure d'un foyer américain parfait: un chien, un chat, une balançoire, des décorations traditionnelles pour Noël et Halloween.

Mais dès qu'il le peut, Joe Biden s'en échappe pour passer le week-end dans sa maison du Delaware. Souvent, il n'en sort que pour aller à la messe.

Ce catholique fervent - néanmoins défenseur du droit à l'avortement - trouve dans la foi un secours contre le désespoir intime et face aux cahots de la présidence, qui se succèdent à partir de l'été 2021.

Il y a d'abord un retrait chaotique d'Afghanistan, puis une poussée historique d'inflation, qui font décrocher durablement sa popularité.

La presse s'interroge de plus en plus sur son âge. La Maison Blanche publie en novembre 2021 un rapport médical détaillé, concluant que le président est "apte" à assurer ses exténuantes fonctions. Mais sa démarche est plus précautionneuse, les soucis d'élocution ressurgissent, il a des moments de confusion.

Joe Biden n'en orchestre pas moins la réponse occidentale face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et fait voter de gigantesques réformes, cherchant à positionner l'Amérique en chef de file des démocraties face à une Chine conquérante.

2024

Joe Biden pose ses jalons malgré un Congrès qu'il ne contrôle, les deux premières années, que d'un cheveu. Et en étant confronté à une Cour suprême ultra-conservatrice, héritage de son prédécesseur, qui dynamite en 2022 le droit constitutionnel à l'avortement.

Est-ce la déflagration provoquée par cette décision? Ou l'aversion que suscitent certains candidats radicaux, fidèles à un Donald Trump qui se prétend toujours vainqueur de la présidentielle de 2020? Toujours est-il qu'en novembre 2022, aux élections de mi-mandat, le parti républicain n'inflige pas à Joe Biden la cuisante défaite attendue.

Le président, tout ragaillardi bien qu'il ait perdu le contrôle de l'une des chambres du Congrès, assure alors: "L'avenir ne pourrait pas être plus éclatant" pour l'Amérique. Et pour lui?

Le démocrate a toujours dit avoir l'intention de se représenter en 2024, mais il se donne jusqu'à début 2023 pour décider s'il repart au combat pour sauver "l'âme" de l'Amérique. Ou au moins pour tenir cette promesse toute simple, du pur Joe Biden, faite en mars 2022 devant le Congrès américain.

"Tout ira bien", avait-t-il dit. "We are going to be okay."


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Short Url
  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.


Sénégal: la prise du pouvoir approche pour l'opposant antisystème Diomaye Faye

Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Short Url
  • L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%)
  • Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable

DAKAR: L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye pourrait être proclamé définitivement vainqueur de la présidentielle d'ici à la fin de la semaine, parachevant une ascension extraordinaire et express jusqu'au sommet de l'Etat.

Après des semaines de crise qui ont fait craindre un report de l'élection jusqu'à décembre ou une vacance du pouvoir, l'appareil s'emploie à rétablir à marche forcée la norme de transition réglée qui caractérise le pays et à rendre possible une passation conforme à la tradition entre le sortant Macky Sall et son successeur d'ici à la semaine prochaine.

L'organe chargé de proclamer les résultats finaux provisoires les a rendus publics mercredi alors qu'il avait jusqu'à vendredi pour le faire. L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%).

Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable.

Les candidats ont 72 heures pour saisir le Conseil, dit la Constitution. Mais le Conseil a décidé lui aussi de réduire les délais, probablement pour faire en sorte qu'une passation ait lieu avant le 2 avril, date officielle de fin du mandat de M. Sall.

Le Conseil a donné à tout contestataire jusqu'à jeudi minuit (vendredi 00H00 GMT) pour se manifester.

Il a invoqué "les circonstances exceptionnelles" ayant entraîné "la compression de tous les délais". Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars.

L'ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d'une passation avant l'expiration de son mandat.

Un transfert dans les temps importe dans un pays qui s'enorgueillit de ses pratiques démocratiques et qui est considéré comme l'un des plus stables en Afrique de l'Ouest secouée par les coups d'Etat.

En l'absence de contestation, "le Conseil proclame immédiatement les résultats définitifs du scrutin", dit la Constitution. En cas de recours, le Conseil a, théoriquement, cinq jours pour statuer.

Les adversaires de M. Faye ont reconnu sa victoire et aucun n'a jusqu'alors exprimé publiquement l'intention de soulever d'objection. Les résultats provisoires paraissent rendre la victoire de M. Faye irréfutable tout en confirmant la magnitude de ce qui s'apparente à un séisme politique.

«Dernier» Conseil 

Bassirou Diomaye Faye est le premier opposant à l'emporter dès le premier tour depuis l'Indépendance en 1960.

Jamais porté à une fonction élective nationale auparavant, il devrait devenir à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays de 18 millions d'habitants.

Son avènement pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il se présente comme l'homme de la "rupture" avec douze années de présidence Sall, du rétablissement d'une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger, et d'un "panafricanisme de gauche". Il fait voeu de combattre la corruption et l'injustice.

Face à l'éventualité d'une vacance de pouvoir, le président Sall a dit plusieurs fois qu'il serait parti le 2 avril, même si le Conseil constitutionnel a laissé la porte ouverte à une prolongation si nécessaire.

Le Conseil des ministres qu'il a présidé mercredi était le "dernier", selon le communiqué de ses services. Il a demandé au gouvernement de "prendre toutes les dispositions requises" pour préparer les dossiers de passation, en vue de "l’installation dans les meilleures conditions" du nouveau président, dit le communiqué.

Les trois dernières années de la présidence Sall ont été marquées par les retombées des crises globales, un farouche bras de fer avec l'opposition antisystème et les troubles intérieurs.

Le Sénégal a connu un nouvel accès de fièvre en février quand M. Sall a décrété l'ajournement de l'élection. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, et les lettres de créance démocratiques du Sénégal ont été examinées sous un autre jour.

M. Faye a lui-même été détenu des mois avant sa libération en pleine campagne électorale mi-mars.

Il a énoncé "la réconciliation nationale", la "refondation" des institutions et "l'allègement sensible du coût de la vie" comme ses "chantiers prioritaires". Il a pris soin de rassurer à l'étranger, attentif à ses promesses de reconsidérer ou renégocier les partenariats existants. Le Sénégal "restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive", a-t-il dit.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Short Url
  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.